Journal de Clara

2 minutes de lecture

03/09/2017

Demain, c’est la rentrée et j’aurais aimé que mes vacances durent plus longtemps. La vie est calme et douce chez Papy et Mamy. Et Théo y apporte de la vie. Je n’ai pas vu l’été passer. Voilà deux ans que je suis rentrée à la maison et que je retourne chez Papy et Mamy pour les vacances.

Je revois la psy mercredi. Elle me tape sur les nerfs, me prend pour une gamine et rien n’a changé ici.

Maman est toujours malade, elle ne guérira jamais. Alors ça n’ira jamais mieux. Je sais que Papa galère à nous faire vivre toutes les deux en prenant soin de Maman, même si l’infirmier vient et même si elle visite l’hôpital toutes les semaines. Je sais aussi que, les vacances, Maman les passe à l’hôpital. Ils m’envoient chez Papy et Mamy pour ne pas que je la vois comme ça, pour que j’ignore le fait qu’elle va si mal que vivre à la maison n’est qu’un choix égoïste. Mais je ne suis pas stupide, je vois les choses autour de moi. Aujourd’hui, Papa a paniqué quand elle s’est mise à tousser. Ce n’était qu’une petite toux, mais il a voulu me déposer chez les voisins pour me « protéger » de la vision de ma mère malade. Je ne suis pas stupide. Je vois Maman s’éteindre un peu plus chaque jour. Je vois que Papa est constamment sur les nerfs, qu’il dort peu, qu’il ne sait plus comment s’occuper de moi. Je vois tout ça et je ne rêve que d’une chose : retourner en vacances. Parce que, quand je suis là-bas, c’est comme si Maman n’était pas si malade que ça (après tout, ils prennent soin d’elle à l’hôpital), comme si Papa était encore doux et attentif, comme si la vie qui m’attendait à la maison était encore heureuse. Ils ont hésité à me renvoyer chez Papy et Pamy, je les ai entendus en discuter encore hier. Mais le médecin dit qu’il vaut mieux que je sois auprès d’eux, que je suis bien assez grande pour comprendre, que je ne dois pas être mise de côté parce qu’on est une équipe. Sacrée équipe… Papa croit que ça ira mieux si je ne suis au courant de rien, Maman me regarde avec un sourire triste aux lèvres et seul le médecin semble capable de voir que j’ai juste envie de me barrer de cette ambiance de merde. Mais Maman a besoin de moi et j’ai besoin d’elle. J’aimerais qu’elle puisse se réjouir pour de vrai de ma réussite scolaire, qu’elle puisse nous emmener en voyage comme avant, simplement qu’elle sourit avec les yeux… Parfois, je vois dans ses yeux la souffrance d’être encore en vie… Ça ne va faire que s’empirer, c’est le principe d’une maladie dégénérative. Ça craint. Elle n’a même pas 40 ans…

J’ai envie de me barrer, loin.

Je fuis dans le théâtre et je n’y prends même plus goût. Depuis quand est-ce que j’ai arrêté de te raconter mes journées en scènes, journal ?

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