Paulette la rescapée [Par KagomeAohane]

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La veille des nones de maius, par une nuit sans lune où les hurlements des loups affamés se mêlaient au vacarme des lames s’écrasant contre les falaises blanches en haut desquelles une ville se dressait, isolée et défiant la mer déchaînée depuis sa hauteur, Paulette naquit. En résumé : le 4 mai, vers 1h du mat’ (elle avait décidé de faire chier le monde depuis le début), une sale gosse est née dans une charmante ville portuaire du Cotentin, non loin de l’EPR de Flamanville et de l’usine de retraitement de La Hague, ce qui explique qu’elle ne soit pas très normale sous tous les points de vue. Ces événements eurent lieu environ un an après la naissance d’une jeune fille aux cheveux de feu qui serait nommée Larousse (grande originalité dans ce prénom) et serait liée avec Paulette par un lien étrange : elles seraient stalkées par le même mec, l’une au collège et l’autre au lycée, comme si une sorte de malédiction les poursuivait toutes les deux.

Bref, mais tout ça on s’en fout pour l’instant. Paulette avait été prise en charge à sa naissance par le Professeur Chaîne (voilà pourquoi elle aimait bien les menottes), qui avait mené des expériences sur elle pour étudier sa mystérieuse résistance à la douleur, et avait ainsi découvert son goût immodéré pour l’alcool, en particulier le champagne. Cependant, comme elle devenait un peu chère à entretenir, il décida de proposer à bébé Paulette (âgée de tout juste 5 mois) une boisson moins chère et plus adaptée à l’alimentation d’un nourrisson : l’eau. Mais comme il était con, il avait pris de l’eau déminéralisée, ce qui eut pour effet que 1) Paulette refusa d’en boire (pas folle quand même) et 2) il eut une chiasse carabinée.

Les années passèrent, et à l’âge de 15 ans, Paulette en avait tellement marre du Professeur Chaîne (qui lui avait parlé en allemand pour une raison obscure) qu’elle lui assena un coup de pied retourné à un endroit stratégique comme elle était trop petite pour atteindre sa tête, et le Professeur s’écroula, mortellement touché. Enfin libre de ses mouvements et de boire ce qu’elle voulait, Paulette avisa le placard à apéros de son détenteur (envers lequel elle n’avait absolument pas développé de syndrome de Stockholm) et prit la première bouteille qui lui tomba sous la main. Par un heureux hasard, il se trouva que cette bouteille contenait un délicat breuvage aussi doux que le miel, aussi pétillant que la champagne, aussi facile à boire que de la bière : du rhum (attendez mais non c’est tout l’inverse…) Cette boisson lui redonna courage et confiance en l’avenir : qui n’aurait pas cru en l’avenir après avoir vu des éléphants roses ?

Ensuite, Paulette sortit du laboratoire du Professeur Chaîne pour enfin revoir la lumière du jour. Une fois à l’air libre, elle manqua devenir aveugle car elle n’était pas habituée au soleil et la lumière lui brûla les yeux comme une otaku qui a passé 48 heures à regarder des animés dans le noir sans dormir. Mais une fois ce léger désagrément effacé par une bonne gorgée de rhum, devenu officiellement sa nouvelle boisson énergisante, Paulette retrouva toutes ses capacités. Elle décida de partir à la recherche de ses parents qu’elle n’avait plus vus depuis son enlèvement d’aller à l’école. Elle fit donc irruption dans une salle de cours random, traumatisa les germanistes en hurlant des insultes apprises auprès du Professeur Chaîne, déroba subtilement les aiguilles de tricot de la gardienne qui tricotait paisiblement dans sa loge, en profita pour prendre sa tenue de disco des années 50 qui traînait dans son armoire (elle détestait ses vêtements actuels, trop banals à ses yeux) et s’enfuit de façon magistrale.

Enfin, épuisée par cette rude journée dont elle avait déjà oublié la moitié des événements, Paulette chercha un endroit où se reposer. Le lycée, où un mec bizarre l’avait suivie après son passage dans le cours d’allemand et dont elle n’avait pu se débarrasser sans avoir recours au même type de violence que contre le Professeur Chaîne, ne lui semblait pas être une bonne option. Après avoir erré comme une âme en peine dans les rues tortueuses de la ville où elle croisa trois personnes louches qu’elle suivit quelques temps, intriguée, elle s’arrêta devant le portail de la déchetterie communale. Les déchets ne l’attiraient guère, mais elle n’avait plus d’autre choix. La maison où étaient rentrés les trois personnes louches était verrouillée, elle n’avait pas pu entrer par effraction… Alors, Paulette se choisit un petit coin pour s’asseoir, entre une pile de revues de photos de filles 3D et un vieux radiateur. Là, en contemplant les étoiles scintillantes et la lune ronde, son cœur s’apaisa. Elle but d’une traite le fond de sa bouteille de rhum et s’endormit du sommeil du juste, affalée sur son tas de déchets. Le lendemain matin, elle fut réveillée par les trois personnes louches, et c’est ainsi que Paulette devint membre des Guerriers de l’Arc-en-Ciel.

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