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Jeudi de septembre, 16h30. La cloche sonna la fin de l’heure dans l'école primaire Jules Verne. Il faisait encore très doux, l'été étirait ses derniers rayons dans un prolongement tiède dont raffolaient les écoliers. Ils avaient repris depuis 15 jours mais les vacances s'accrochaient encore à leurs chaussures, dans leurs cheveux défaits et dans les devoirs qu'ils faisaient sur un coin de table, à la hâte. Brunilde, 12 ans, tignasse lourde ramenée en une queue de cheval très haute, sortit la première de la cour. Comme toujours, elle attendit son petit frère au moins cinq minutes. Ambroise était aussi solaire que Brunilde était solitaire. A la popularité dont elle aurait pu prendre ombrage, elle préférait une solitude mesurée.

Ambroise rejoignit sa sœur et demanda :
_ C'était comment ta journée ? Nous, on a étudié des trucs bizarres en SVT, des espèces d'insectes vieux de ch'ai pas combien d'années qui étaient là avant nous ! Tu te rends compte ?
_ Ouaip.
Ils avaient 3 ans d'écart et c'était la dernière année qu'ils partageaient avant que la grande ne parte au collège. Sans se l'avouer, Brunilde redoutait de lâcher la main de son frère, elle n'était pas totalement certaine d'être prête à entrer dans la cour des grands. Toute à ses réflexions, elle ne remarqua pas que le ciel avait changé de teinte pour se muer en mer grise, que la luminosité avait subitement baissé pour plonger la rue dans une pénombre inhabituelle. La petite fille releva la tête et scruta le ciel avec appréhension, une boule de terreur se logea dans sa poitrine. Brunilde avait toujours eu peur des orages et être dehors alors que l'un d’eux éclatait, demeurait sa hantise. Elle attrapa la main de son frère et pressa le pas. Ambroise surpris par ce changement de comportement rechigna un peu. Il n'eut pas le temps d'interroger sa sœur car le ciel se zébra trois fois d'un éclair luminescent. Brunilde attendit le coup de tonnerre qui devait résonner derrière mais rien ne vint. Les nuages gonflés d'une eau qui ne tarderait pas à tomber, s'amoncelèrent au-dessus de leurs têtes. Les éclairs traversèrent les nuages comme s'ils rebondissaient. Un chien gémit dans le jardin derrière une clôture voisine, les sens chahutés par la montée de la tempête à venir. Les enfants étaient à quelques rues de chez eux à peine, un sprint bien maîtrisé les ramènerait en lieu sûr en un rien de temps. Le frère et la sœur se regardèrent, hésitèrent puis d'un hochement de tête se mirent à courir au moment où les premières gouttes éclatèrent sur l'asphalte.

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