Pour des raisons pratiques et d'anonymat, nous appellerons nos personnages principaux Juana et Julio. Toute ressemblance avec des personnes réelles ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Après une éternité à se regarder comme deux abrut... euh comme deux personnes qui commencent à tomber amoureuses (oui, c'est bien ça), ils se mirent en marche, direction le restaurant chinois du quartier. Sa sœur et elle étaient des habituées. Mme Chan sera sans doute surprise de la voir débarquer seule avec un homme séduisant (comme quoi, tout est relatif).

En effet, elle resta coite en les voyant entrer. Le contraste était pour le moins saisissant. La jeune prof d'art paraissait encore plus petite aux côtés de son nouvel ami, mais ils formaient un beau couple malgré tout (Mme Chan, vous n'allez pas vous y mettre, vous aussi ?). Elle arrêta son petit-fils, lui prit un plateau des mains avant de se diriger à leur table: ''C'est bon, Jacky. Je m'en occupe. Laisse-faire Mamie"

Elle se dirigea vers ses clients, un large sourire plaqué sur son visage. Mme Chan était ravie de voir enfin Juana aux bras de ce bel homme. Elle s'était toujours demandé pourquoi une jeune femme comme Juana restait obstinément célibataire. À l'évidence le vent avait tourné pour la jeune professeure et la propriétaire du restaurant ne pouvait que s'en réjouir.

"Juana ! Ravie de vous voir ! Vous allez bien ?" Puis, en laissant un regard langoureux dérivé vers Julio, elle glissa d'une voix gourmande :

" Oh ! Mais qui est ce bel étalon ?

— Un collègue de travail." répondit une Juana, rouge jusqu'aux oreilles.

— Si tu n'en veux pas, je pourrais m'en contenter, tu sais ?"

La maîtresse de l'établissement lança un clin d’œil peu discret à Julio, qui vira à l'écarlate à son tour. Et oui, nos deux tourtereaux n'étaient pas les seuls à avoir faim, si vous voyez ce que je veux dire...

''Mamie, s'il-te-plaît...'' intervint Jackie, avant de prendre les commandes. L'adolescent se sentait d'autant plus gêné que Juana avait été son enseignante quelques années auparavant. Mme Chan se rendit alors derrière le comptoir, prétextant ranger je ne sais-quoi, aux premières loges pour espionner vous savez-qui.

— Alors, qu'est-ce-que je vous sers à boire ? Ce soir, en plus du buffet, nous proposons de nouveaux plats. J'ai essayé d'y mettre une petite touche artistique, rit-il. N'hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez.

— Je te ferai des retours sur le visuel, mais je suis sûre que ce sera délicieux, comme d'habitude, sourit Juana, remerciant intérieurement son ancien élève d'avoir mis fin à cette situation gênante. Je vais prendre un thé au jasmin, s'il-te-plait. Et pour le plat, fais-moi la surprise !

— Je me sens d'humeur téméraire, moi aussi ! Je vais prendre la même chose, s'il-te-plait. C'est sympa comme endroit, constata Julio, alors que Jackie s'empressait d'aller chercher les boissons avant que sa grand-mère ne s'en charge.

— J'aime beaucoup. C'est en quelque sorte notre repère, à ma soeur et à moi (à mon incroyable et merveilleuse soeur et à moi). Au fait, je t'invite. Prends-ça comme un cadeau de bienvenue, s'il-te-plaît, ajouta Juana, faisant immédiatement taire les protestations de son ami.

Ils se turent quelques minutes, se souriant mutuellement. Le silence entre eux n'était aucunement gênant. Ils n'avaient pas forcément besoin de mots pour s'exprimer.

Cependant, Julio, désireux d'en savoir plus sur sa nouvelle collègue qui l'intriguait tant, engagea la conversation.

— On a beaucoup parlé de moi, tout à l'heure et...

— C'est mon tour, tu veux dire ?

— Dis-moi tout ! plaisanta Julio.

— Tu en sais déjà beaucoup. Tu sais que j'ai une jumelle avec qui je partage tout. Que j'aime flâner dans le quartier, rendre visite aux Caroll et discuter avec eux. Et, que je raffole de tout ce qui contient des nouilles et de la sauce d'huître. C'est à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur moi !

— Tsss... Tu t'en sortiras pas aussi facilement.

— Je regrette, je ne suis pas si intéressante que ça. Enfin, il y a bien un ou deux secrets, mais ne compte pas sur moi pour te les révéler de but-en-blanc !

— Pas avant le troisième rendez-vous, murmura un Julio taquin, en lançant un clin d'oeil à Juana.

Jackie arriva avec les boissons et les plats. Les deux collègues étaient les seuls clients, ce soir. Mais la rapidité du service n'était pas uniquement due à cela. Et oui, Mme Chan était aux aguets !

— Poulet Tsao revisité avec ses nouilles sautées et soupe de champignons au tofu. Bon appétit !

Ils attaquèrent leur festin, Julio se démenant avec ses baguettes en voulant imiter Juana.

Est-ce nécessaire de préciser qu'il faillit éborgner la jeune femme ? Ma foi, quelle technique de séduction douteuse et primitive !

Ils échangèrent rires et plaisanteries. Quelle délicieuse soirée... (Quelle phrase à la c**, surtout)

Mais, à l'instar de Cendrillon devant rentrer aux douze coups de minuit, ils durent partir. Le charme de cet instant passé ensemble perdurerait sans doute jusque dans leurs songes. (Deuxième phrase à la c**)

En se levant, la jeune femme fit malencontreusement tomber sa veste. Tel un chevalier servant, Julio l' épousseta avant de la poser délicatement sur les épaules de sa demoiselle en détresse. Leurs regards se croisèrent... Un moment hors du temps. (Jamais deux sans trois)

Ils félicitèrent Jackie pour ses talents culinaires et se dirigèrent vers la caisse.

En payant l'addition, Juana prit du poulet et une boite d' Ha Kao pour sa soeur. Parce que, oui ! Sa soeur bien-aimée crevait la dalle (et c'était peu de le dire) à force d'avoir rédigé trois chapitres et un bonus de sa romance à la noix toute la journée. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour faire plaisir à son éditrice ? Je vous jure...

Merci à Chuck Mac Cracker, le gentleman de Scribay, pour son aide :) Petits bonus à quatre mains, fort sympathique à écrire !

Il me semble que Jules a des cousins... (clin d'oeil) Donc si ça vous intéresse...

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