31. Divine tentatrice

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Jade

J’observe Malcolm évoluer dans mon chez-moi comme si c’était tout à fait normal et me surprends à trouver ça beaucoup trop agréable. Je déteste que nous nous cachions comme ça. J’ai quand même dû aller fermer le volet de la baie vitrée au cas où quelqu’un passerait sur le petit chemin derrière la maison, en faire de même pour la fenêtre de la cuisine, et verrouiller ma porte. Sait-on jamais… Et ça m’agace. Oui, j’aimerais vraiment comprendre pourquoi tout ceci est interdit. Oh, je les ai lus, les livres d’histoire sur le monde et l’oppression des femmes, mais ne sommes-nous pas capables d’évoluer ? Je les ai suivis, les cours où on nous disait combien les hommes peuvent être brutaux, dominateurs et autoritaires, combien la femme vit mieux sans devoir rendre des comptes aux mâles. Mais ici, à l’abri de ma maison, à chaque fois que nous passons du temps ensemble, j’ai bien du mal à voir Malcolm comme un homme qui pourrait prendre le dessus sur moi. Je ne vois qu’un spécimen très attrayant et attirant qui me considère comme son égale. Et qui me dévore littéralement des yeux, au passage. J’ai l’impression, en croisant son regard, que je pourrais lui demander tout ce que je veux, en fait. Si c’est ça, se faire dominer, je ne dis pas non, moi. Au contraire.

Je dépose le gratin devant lui et fais “malencontreusement” tomber mon gant à ses pieds, m’obligeant à m’accroupir pour le récupérer. J’en profite pour prendre appui sur sa cuisse de ma main, et la remonte lentement en attrapant le fuyard qui me permet de constater que son excitation ne diminue pas du tout.

— Excuse-moi, soufflé-je en me mordillant la lèvre. Je te sers ?

— On peut passer tout de suite au dessert ?

Ses mains se font à nouveau baladeuses et je les sens remonter le long de mes jambes nues jusqu’à mes fesses qu’il se met à nouveau à pétrir.

— Ça suffit, ris-je en le repoussant. Un peu de tenue quand même, on passe à table.

Je dépose un baiser sur sa joue et me retrouve en moins d’une seconde à califourchon sur lui. Ok, je n’ai vraiment aucune résistance, aucune volonté, mais je savoure ce nouveau baiser et ses mains qui se promènent le long de mon dos nu pour agripper fermement mon fessier.

— Ce n’est pas moi qui me promène à moitié nue, Mademoiselle, mais j’adore quand tu es comme ça, toute belle contre moi.

Je me presse contre son torse et mordille sa lèvre inférieure avant de me lever brusquement. Manquerait plus que ce soit moi qui craque, tiens.

— Et alors ? Tu ne peux pas résister à un corps nu ? Je pensais que les hommes étaient forts, pourtant, le provoqué-je en m’installant en face de lui.

— Je ne sais pas… Avec toi, j’ai l’impression que je suis totalement à ta merci. Tu es irrésistible, Jade.

— Et si, moi, je veux un homme fort, comment on fait ?

— Tu me demandes de te résister, c’est ça ? demande-t-il avec un sourire.

— Je te propose un deal, oui… Si tu résistes jusqu’à ce que la vaisselle soit faite après le repas, je te laisserai me faire tout ce que tu veux cette nuit. En revanche… si tu craques, tu finiras sans aucun doute attaché et les yeux bandés dans mon lit, lui lancé-je en me parant de mon regard le plus provocateur possible.

— Tout ce que je veux, hein ? D’accord, je vais résister.

La fraîcheur du dossier de la chaise dans mon dos me semble bien insuffisante pour éteindre le feu qu’il vient d’allumer en moi. Et, forcément, je sais que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’il perde la raison et me saute dessus. Si j’ai toujours été plutôt libre, sexuellement parlant, ouverte aux expériences et peu timide, j’avoue que je me surprends à avoir encore plus envie de jouer avec lui.

C’est comme ça que je me retrouve, alors qu’il se sert, à renverser accidentellement – ou pas – mon verre d’eau sur mon tablier alors que je le portais à ma bouche. Je me lève brusquement, presque refroidie par l’eau qui a imbibé mon tablier et coule dans mon décolleté, pour m’essuyer à peu près avant de m’approcher de Malcolm et de lui tourner le dos.

— Tu veux bien défaire le nœud, s’il te plaît ? Je n’y arrive pas…

— Tu es diabolique, Chérie, répond-il fébrilement en dénouant mon tablier avant de passer ses mains sur mes hanches, presque avec hésitation.

Je me concentre sur mon objectif pour ne pas lui sauter moi-même dessus, et me retourne pour enlever le morceau de tissu sous ses yeux qui passe sur l’entièreté de mon corps à plusieurs reprises avant qu’il ne se racle la gorge et se rajuste.

— Si j’étais vraiment diabolique, j’aurais fait ça, susurré-je à son oreille en récupérant son verre pour renverser quelques gouttes d’eau sur ma poitrine.

L’effet désiré est plus que réussi. Outre mes tétons qui se tendent et ma peau qui se couvre de chair de poule, les gouttes glissent le long de ma peau et Malcolm n’en rate pas une miette. Je m’échappe cependant lorsqu’il lève les mains dans ma direction et me poste derrière lui pour déposer mes lèvres sur sa nuque. Je profite de la distraction pour lui retirer sa chemise déjà ouverte, que j’enfile sans la fermer avant de finalement retourner m’asseoir à ma place. Les pans cachent ma poitrine mais chaque mouvement que je fais en commençant à manger menace de la révéler à ses yeux gourmands. Je ne sais pas si c’était une bonne idée, parce que son odeur emplit mes narines et mon propre regard est attiré par sa peau nue… Et j’adore porter sa chemise, j’avoue.

— Elle me va bien, non ? lui demandé-je innocemment en ajustant le col.

— Un rien te va… Je crois que je suis de plus en plus prêt à finir ligoté dans ton lit…

Et moi, je ne suis pas sûre de vouloir l’y attacher. J’aime beaucoup trop sentir ses mains sur mon corps, ses doigts s’enfoncer dans mes hanches charnues, la façon délicieuse dont il empaume mes seins… Peut-être que c’est moi qui devrais lui sauter dessus, en fait. Mais j’aime trop gagner pour lâcher prise.

Je me relève au bout de quelques minutes pour aller récupérer un élastique pour mes cheveux dans la salle de bain. J’ai l’impression que son regard qui me suit pourrait brûler ma peau tant je le sens sur moi, et j’avoue qu’encore une fois, j’adore ça. J’aime ce climat de tension, et j’apprécie encore plus qu’on ne fasse pas que se sauter dessus rapidement comme lors de nos dernières petites rencontres au cabinet ou à la bibliothèque. Les baisers volés, c’est bien, les petits coups vite faits, c’est chaud, le secret de l’interdit, ça a son charme, mais ce moment-là me plaît encore davantage. Et je ne boude pas mon plaisir en revenant dans la salle, les bras levés en l’air pour nouer mes cheveux, sa chemise qui ne cache plus grand-chose de mon corps et ses yeux pleins d’envie, d’un désir qu’il semble refouler avec difficulté.

Quand je dessers la table et m’approche de lui pour déposer la coupelle de fruits, je manque une fois de plus d’agilité et fais tomber une cuillère au sol. Un petit “oups” malicieux sort d’entre mes lèvres et je me tourne dos à lui pour me pencher et la ramasser. J’entends sans mal son grognement et n’ai pas le temps de réagir que ses mains agrippent mes hanches, et je me retrouve assise sur la table, sa bouche contre la mienne, son corps glissé entre mes cuisses et ses mains qui malaxent mes fesses presque avec brutalité. Il est chaud, cuit à point, et il m’est difficile d’ignorer son sexe bandé contre mon intimité qui doit nous implorer de le libérer. Et moi… je me liquéfie contre lui, littéralement. Je ne suis plus que soupirs quand sa bouche plonge dans mon cou pour le lécher, le mordiller, l’embrasser, plus que gémissements quand ses mains s’attaquent à mes seins tendus et presque douloureux de désirs.

Je ne mets pas bien longtemps à déboutonner son pantalon pour libérer sa virilité que j’empaume sans attendre. Nouveau grognement de sa part qui envoie un courant électrique de mon téton qu’il mordille jusqu’au centre de mon plaisir. Je crois qu’il est hors de question pour moi de l’attacher ce soir, dans mon lit. Ce sera une magnifique occasion de remettre ça, un autre soir. J’aime bien trop tout ce qu’il me fait, là, tout de suite, pour le priver de sa mobilité.

Je m’accroche à lui pour me déplacer davantage au bord de la table et soupire à nouveau de contentement en pressant son sexe contre le mien. Je me caresse contre lui, nous masturbe, comme si aucun de nous n’était prêt à passer à l’étape suivante alors que, soyons clair, il pourrait me pénétrer dans la seconde sans aucun problème. Si j’ai toujours aimé le sexe avec les femmes, je n’ai jamais autant mouillé qu’avec cet homme…

Pas de mots, à peine quelques regards, nos lèvres qui se cherchent, nos mains qui se promènent, et je finis par agripper son fessier sans doute musclé par le vélo en lui susurrant un “prends-moi” qui me vaut un regard plus brûlant que jamais. Malcolm ne se fait pas prier et je sens son gland se faire une place entre mes replis. Le peau à peau… bien loin de nos petits jouets entre femmes, de la sensation de leurs doigts qui s’immiscent en moi, sentir sa hampe m’envahir avec lenteur, ou comme ici avec vigueur, me fait juste un effet de dingue. Tout comme le sentir prendre possession de mon corps encore et encore, sans relâche, avec passion et sans cesser de vénérer mon corps. Il a les mains baladeuses et je ne suis pas en reste, sa bouche appelle la mienne et inversement, et mon pouls s’emballe rapidement tandis que le plaisir enfle au creux de mon corps.

Je jouis la première, fort. A la seconde où je sens son pouce venir titiller mon clitoris sensible, je suis incapable de retenir le cri qui naît au fond de ma gorge et qui surplombe le bruit de nos corps qui s’entrechoquent en rythme. J’ai encore la lucidité nécessaire pour voir ses mâchoires se serrer tandis qu’il poursuit ses assauts en moi et m’entraîne sur une pente ascendante du plaisir alors que je ne suis toujours pas redescendue. Mon second orgasme me terrasse et ses derniers coups de reins accompagnent sa jouissance alors qu’il se déverse en moi en gémissant.

Le sexe avec Malcolm… je n’ai même pas les mots pour le décrire et je me demande comment Zoé et Oliver peuvent le faire dans leurs romans interdits. Et je suis heureuse de pouvoir profiter de ce moment post-orgasmique où nous nous enlaçons tendrement et où nos caresses se font plus douces et câlines. Cet interdit du Conseil est la pire chose possible, parce que je me rends compte, à cet instant, qu’il ne me prive pas seulement de sexe, mais aussi d’une relation amoureuse. Oui, il est fort probable que je sois en train de tomber amoureuse de Malcolm…

— Ça valait le coup de te frustrer pendant le repas, murmuré-je en nichant mon nez dans son cou.

— Oui, mais j’ai perdu… Tu as réussi à me faire craquer, perfide tentatrice ! Je suis prêt pour la sanction, soupire-t-il avant de m’embrasser à nouveau.

— J’ai bien envie de la reporter, juste pour que tu reviennes me rendre visite, souris-je. J’hésite, vraiment.

— Parce que tu crois que tu as besoin de ça pour me faire revenir ? demande-t-il en laissant ses doigts pianoter sur ma peau nue.

— Promis ? Parce que si c’est le cas, on grimpe au premier tout de suite.

— Je te suis, Beau Bijou. Où tu vas, je vais, et personne, pas même le Conseil, ne pourra nous séparer.

Il faut espérer, parce que moi je n’ai aucune envie que tout ça s’arrête. Comme ce soir. J’ai l’impression que je pourrais passer ma nuit à l’accueillir en moi, juste pour partager encore ces moments d’intimité et le sentir plus proche que jamais. Et c’est un peu l’état d’esprit dans lequel nous sommes quand nous montons finalement les marches pour rejoindre mon lit. Et, honnêtement, si pouvoir lui faire à peu près tout ce que je veux, l’aguicher alors qu’il ne voit rien, le caresser, le frôler sans qu’il puisse jamais faire quoi que ce soit d’autre que parler est plutôt excitant, je le détache en le chevauchant pour pouvoir retrouver ses mains sur mon corps et tout le plaisir qu’elles me provoquent.

Je dois avoir un sourire béat et un air niais en me lovant contre lui, encore essoufflée de notre dernier round, mais j’assume. Liz a eu la meilleure idée du monde de me prévenir suffisamment tôt qu’elle allait dormir chez Mathilde.

— Tu m’as épuisée, j’ai l’impression de ne même plus avoir la force de pouvoir réfléchir…

— Franchement, c’est trop bon. C’est terrible comme c’est intense. Tu crois que c’est pour ça qu’ils l’interdisent, au Conseil ? Ils ont peur qu’on passe notre temps à faire ça plutôt qu’à nous occuper d’écologie ?

— Peut-être, ris-je. Mais maintenant que j’y ai goûté, je ne veux plus m’en passer, moi.

Je dépose un baiser au coin de ses lèvres et l’abandonne le temps d’aller me nettoyer rapidement. Malcolm est à moitié endormi lorsque je remonte, et je ne tarde pas à le rejoindre et me caler contre lui alors qu’il m’enlace. Sa main se promène paresseusement sur ma chute de reins, m’accompagnant vers le sommeil..

Le réveil est brutal, bien loin d’une caresse ou d’une avalanche de baisers, je me redresse brusquement dans le lit en entendant cogner à la porte en bas. Malcolm a les yeux ouverts à mes côtés, et je pense que la panique qui se lit dans son regard doit être à l’image de celle que je ressens. Je me lève et attrape de quoi m’habiller en vitesse avant d’aller regarder par la fenêtre. Évidemment, totalement inutile, je ne vois rien, et ça cogne encore brusquement.

— J’arrive ! crié-je en me tournant à nouveau vers mon amant. Tu restes là ? Je… je n’ai pas mon téléphone, si ça se trouve c’est juste une urgence.

— Je ne bouge pas. De toute façon, si c’est une patrouille, je n’ai aucun moyen de fuir.

Je dépose un baiser bruyant sur ses lèvres et dévale les escaliers rapidement pour tomber nez à nez avec Mélissa. Je retiens un soupir de soulagement, sentiment rapidement évincé par l’inquiétude de la jeune maman pour sa petite fille. J’espère que Malcolm entend ce qui se dit, parce que je ne prends pas la peine de remonter l’avertir, je récupère mes affaires et enfile ma casquette de Doc. Fin de la parenthèse féérique.

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