16. Problème d’orientation

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Malcolm

Quel con ! Non, mais vraiment, là, je crois que je suis un champion du monde ! Ou alors, c’est juste que je ne m’assume pas et que j’ai vraiment peur d’être recyclé si je me fais prendre en train de fauter avec une femme. Et pourtant, ce n’est pas l’envie qui m’a manqué hier pendant la fête. J’avais même réussi à m’isoler avec Jade qui avait l’air plus que prête à franchir le rubicon. Mais non, il a fallu que mon cerveau bloque et me paralyse, et je me suis retrouvé à parler d’enquête. Sérieusement, je suis sois complètement fou de prendre des risques, juste pour finir à lui poser la question la plus con du monde, soit complètement con. Vraiment con. Con. Con. Con. Je m’en veux tellement que j’en serais presque à demander mon recyclage juste pour réussir à passer au-delà de ma frustration et de la colère que je ressens contre moi-même.

Je tourne et retourne dans mon lit, incapable de me rendormir malgré l’heure matinale. Et je me pose tout un tas de questions sur qui je suis réellement, si j’ai vraiment ma place sur cette île vu qu’il semblerait que je n’adhère plus à l’un des principes de base sur la séparation entre les hommes et les femmes. Et d'où vient cette attirance pour Jade ? J’essaie de me passer en tête les visages et les corps des autres femmes que j’ai pu “fréquenter” mais je n’y arrive pas. Mon esprit semble s’être fait une barrière mentale et me renvoyer toujours et irrémédiablement vers Jade.

Trois heures plus tard, mon réveil me tire de rêves vraiment pas très conventionnels alors que je n’ai même pas eu conscience de me rendormir tellement ils avaient l’air réels. Franchement, si mes songes sont déjà aussi excitants, qu’est-ce que ce serait si j’expérimentais faire l’amour à Jade en vrai ? Quand je pense que j’ai fait capoter le moment où j’aurais pu en profiter ! Il faut que j’arrête tout ça et la venue de Christopher ce matin devrait m’aider. On s’est croisés hier soir, après le petit épisode avec Jade, et il a vu que je n’étais pas dans mon état normal. Et je crois qu’il s’est aussi invité chez moi pour avoir une excuse et s’éloigner de son bébé pendant quelques heures. Bref, au moins, je vais pouvoir penser à autre chose qu’à Jade et à son sourire charmeur, qu’à la Doc et à ses formes excitantes, qu’à cette femme qui me fait rêver et fantasmer.

Je me prépare rapidement et me mets à la cuisine pour pouvoir accueillir mon ami de la meilleure des façons. J’ai pris quelques patates douces que je vais faire cuire avec des épinards et des épices, et je suis en train de nettoyer tous ces légumes quand Chris pénètre dans la cuisine.

— Oh, tu es déjà là ! Tu as frappé ? Je n’ai rien entendu. Désolé, je n’ai pas fini de tout préparer.

— J’ai frappé, oui. Il faut croire que tu écoutes toujours la radio de l’île trop fort, sourit-il. Tu vas bien ?

— Oui, ça va, je suis content de te voir et je suis désolé si je t’ai un peu inquiété hier soir, ce n’était pas voulu et tu me connais, je me fais souvent des montagnes de pas grand-chose.

— Et c’est quoi, la montagne, cette fois ? Tu l’as déjà franchie ou tu veux une oreille attentive ?

— Oh non, je ne l’ai pas franchie, même si ce n’est pas l’envie qui me manque ! rétorqué-je du tac-au-tac. Et si tu es là, ça m’étonnerait que tu te contentes d’écouter la radio avec moi ! Je te connais bien, tu sais ?

— Pitié, il faut absolument que je parle d’autre chose que de couches sales et de biberons, rien qu’une heure. Alors, oui, c’est clair que je veux tout savoir sur la montagne, rit-il. Il est mignon ?

Ouh là, il attaque dur avec sa simple question. Je lui réponds quoi ? Je fais comme si c’était un mec ? Je lui mens ou je lui fais confiance ?

— Disons que la personne qui m’intéresse, j’en ai rêvé toute la nuit… Tu vois comme je suis foutu ?

— Eh bien… Tu crois que tu lui plais aussi ?

— Oui, hier soir, quand tu m’as capté, je crois qu’elle était prête à me sauter dessus. Et c’est moi qui ai mis le holà. Je sais, ajouté-je rapidement, ça ne me ressemble pas du tout.

— Heu… Tu dis toujours “elle” pour “la personne”, rassure-moi ?

— Et si je ne suis pas en mesure de te rassurer, tu réagis comment ?

— Wow… Attends, tu.. Wow… bafouille-t-il. Tu fantasmes sur une femme ?

J’hésite un instant avant de répondre mais je me dis qu’après tout ce qu’on a vécu, je peux être honnête avec lui.

— Ça se pourrait bien, oui. Il y a de quoi être perturbé, tu vois.

— Nom de… Mais… Qui ? Et pourquoi ? Mais t’es malade ? Tu veux finir recyclé ? Malcolm, qu’est-ce qui te prend ? s’affole-t-il, sa voix ayant perdu quelques octaves au fur et à mesure de son questionnement.

— Qui, ça n’est pas important parce que je ne veux pas agir sur ce fantasme. Et pourquoi, si je savais, je pourrais faire quelque chose, mais là, je ne contrôle rien. Peut-être que ce serait mieux de me faire recycler, non ? Il doit y avoir une erreur de programmation quelque part…

— Ah ça, c’est clair ! Hors de question que tu trempes ton asticot dans une nana, Malcolm, joue pas au con, vraiment. Il y a des rumeurs sur ce qu’on fait aux traîtres, sur l’île, tu ne te rappelles pas ? Ton service trois pièces est trop agréable pour finir à l’étude au Conseil, mon pote.

— Et tu proposes quoi ? C’est pas comme si je pouvais y faire quelque chose, grommelé-je en mettant tout ce que j’ai préparé dans une casserole.

— J’en sais rien, moi. T’arrête de la regarder, déjà. Et puis, tu commandes plus de chocolat pour compenser, ou tu te piques avec une aiguille à chaque fois que tu penses à elle. Tu bouffes ces horreurs de substitut de viande que fait Louis à la ferme en pensant que c’est un délice. Merde, je sais pas, moi, mais tu te sors ça tout de suite de la tête.

— Tu crois que dans toutes les conneries que tu viens de dire, il y en a une qui fonctionnerait vraiment ?

— Je sais pas… Tu peux aussi t’épiler un poil de barbe chaque fois que tu penses à elle. Ça doit piquer. Je te proposerais bien les poils du bas, mais bordel, j’ai mal rien que de l’imaginer, ricane-t-il.

— Je crois que toi, tu fantasmes trop sur les mecs imberbes, mon Chou. Ça me rappelle quand on sortait ensemble, ce type de remarques, rigolé-je.

— En parlant de ça, t’as pas un mec avec qui prendre ton pied ? Peut-être que te soulager ne te ferait pas de mal.

— Non, le dernier avec qui j’ai passé un peu de bon temps, il ne m’a pas rappelé depuis. Il a dû trouver meilleure chaussure à son pied.

— Ok… Je peux me dévouer alors, en souvenir du bon vieux temps, sourit-il en me faisant un clin d’œil.

— Tu ferais ça ? demandé-je, un peu interloqué. Mais… et Marc ? Et je te rappelle que je suis toujours barbu, ça n’a pas changé, ça.

— Ce ne serait pas non plus le bagne, rit-il. C’était plutôt pas mal, toi et moi. Et puis, Marc… s’il ne sait rien, il ne sera pas blessé ?

— Je ne sais pas, Chris… Ce n’est pas sérieux… et pas cool pour ton partenaire…

— Ça va, c’est pas grand-chose. Franchement, qui est fidèle, ici ? Bon, OK, y en a, c’est vrai, grimace-t-il, mais… on ne s’est jamais promis la fidélité totale. On a juste dit qu’on évitait de déraper, et que le plus important devait rester notre couple. Tu vois ? Techniquement, j’ai le droit. Et j’en ai envie, putain. Allez, Malcolm, rien qu’une fois ? Pour te faire oublier cette dangereuse tentation.

Chris me connait trop bien et il sait comment me faire craquer car en parlant, il a ôté sa chemise et son short et il se retrouve devant moi dans un petit boxer bien moulant qui ne fait rien pour cacher sa virilité. Il sait que ce sexe, je l’ai tellement touché, caressé, léché, que normalement, je ne vais pas résister, et il m’entraîne déjà vers la chambre, un grand sourire aux lèvres quand je ne résiste pas. Et si c’était vraiment ça, la solution ?

Une fois arrivé dans ma chambre, il se couche sur le lit et s’installe confortablement après avoir ôté son dernier vêtement. Il est nu, il est beau et son sexe est une vraie invitation à la débauche. Il a vraiment un bel attribut, long et fin, juste ce qu’il faut pour démultiplier le plaisir, et ses muscles sont parfaitement dessinés. Il se caresse, attendant que je me déshabille à mon tour.

— Tu sais que tu es plutôt beau gosse, toi ? gloussé-je en voyant qu’il s’amuse avec son sexe entre ses doigts. Difficile de te résister.

— Oui, je te remercie. Je me regarde tous les jours dans le miroir, tu sais, me lance-t-il en souriant. T’es pas mal non plus, mais trop habillé pour que je puisse vraiment juger la marchandise.

J’ôte mon tee-shirt rapidement et j’enchaîne avec mon short et mon caleçon qui se retrouvent rapidement au sol. Malgré tout ce qu’on a pu vivre ensemble et la vision qu’il m’offre, nous sommes tous les deux surpris de voir que mon excitation n’est pas du tout à la hauteur de la sienne. Je me saisis de mon pénis et le caresse un peu mais aucune réaction ne se fait voir.

— Il va falloir que tu m’aides, je pense, expliqué-je en venant me coucher à ses côtés.

— Eh bien dis-donc… J’avais souvenir de te donner plus envie que ça, pouffe Chris en empaumant ma hampe pour me masturber. Je ne suis plus à ton goût, c’est ça ?

— Oh si tu es magnifique.

Et pourtant, je suis un peu désespéré de voir que malgré toute sa bonne volonté et son doigté, mon sexe reste flasque et mou. A peine s’il grossit un peu sous l’effet mécanique de ses caresses. Et même quand Chris essaie de joindre sa bouche et ses lèvres à ses caresses, la réaction est minime. Je bande mou et ce manque de réaction me fait encore plus flipper que mes réactions envers Jade.

— Je suis désolé, Chris, mais je ne dois pas être dans le bon mood. Si tu veux, je vais m’occuper de toi pour ne pas que tu sois frustré.

— Non, non, ça va, laisse tomber. Il doit me manquer des seins et… une vulve, grimace-t-il. T’es dans la merde, là, je crois.

Dès qu’il prononce ces mots, sous nos yeux médusés, mon corps réagit et mon sexe se dresse fièrement. J’ai en tête l’image de Jade à la place de Chris et immédiatement, je suis au garde à vous.

— Oh putain… Tu as raison, Chris… Je… Tu veux en profiter maintenant que… que c’est réveillé ?

— T’es sérieux ? J’aurais l’impression d’abuser de toi, là… et puis tu risques de débander plutôt, ouais. Donc, vraiment une femme ? J’ai hâte de suivre les péripéties de ta vie, là, ricane-t-il.

— Je suis vraiment désolé, Chris… Je ne sais pas ce qui m’arrive, ça ne s’était jamais produit, tout ça. Je suis complètement perdu.

— C’est rien, je t’en veux pas. Ça aurait pu être sympa, j’en conviens, mais c’est comme ça. Par contre, il faut vraiment que tu fasses gaffe, Malcolm…

— Je sais… Je vais essayer de l’éviter au maximum, comme ça, j’aurais pas la tentation. Et merci de ne pas m’en vouloir, je te jure qu’en temps normal, c’est toi qui m’aurais fait bander comme ça.

— Les temps ne sont plus normaux. C’est le début de la révolution, apparemment !

— Je ne sais pas si c’est une révolution car j’ai bien l’impression que je te fais toujours de l’effet. Je crois qu’il y a juste un souci pour moi. Je suis dans la merde, là.

— Peut-être qu’il faudrait que tu craques une fois pour être débarrassé de cette envie, qui sait… Bon, discrètement, en sécurité pour que vous ne vous fassiez pas attraper, mais… une fois le fantasme réalisé, ça n’aura plus le même attrait.

— Oui, peut-être, soupiré-je alors qu’il se rhabille déjà. Ou alors, je suis foutu et il faudra soit que je passe au recyclage, soit que je m’exile ailleurs. Ni l’une, ni l’autre de ces options ne m’enchante vraiment.

— Vivre dans l’illégalité peut être aussi très excitant, glousse-t-il. Y a pire. Tu vis de manière écologique, tu ne peux pas être parfait. Et je suis sûr que tu n’es pas le seul à être attiré par une femme, Mal. C’est comme ça que l’être humain a été conçu à la base, non ?

— Je suppose, oui. Mais si le Conseil apprend ça, je suis bon pour la case “passer par la case départ”, moi.

— Eh bien, assure-toi d’avoir pris ton pied d’ici là, pour ne pas regretter ! Faut que la case départ en vaille la peine, quand même.

Il me fait une bise sur ma joue barbue, non sans se frotter outrageusement la peau après, ce qui a le mérite de me tirer un sourire, et me laisse seul avec mes doutes, mes fantasmes, mon corps qui ne me répond qu’à moitié. Suis-je condamné à toujours penser à Jade pour mes futures relations si je veux bander un peu ? Ou alors, peut-être qu’il faut faire comme il l’a conseillé, soigner le mal par le mal et céder à la tentation une fois ?

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