30. Stratégies d'évitement

8 minutes de lecture

Malcolm


Je me regarde dans le miroir et la vision qui s’offre à moi serait vraiment amusante si le risque que je vais prendre n’était pas aussi important. Nous avons en effet convenu avec Jade que j’aille la retrouver chez elle ce soir, parce que Liz va chez sa nouvelle amie, mais si je me fais surprendre par une patrouille, je risque d’avoir des soucis. C’est pour cela que je me suis affublé d’une perruque que j’ai confectionnée moi-même. De près, ça ne donne vraiment rien et ne trompera personne, c’est sûr, mais j’espère qu’avec l’obscurité, si on me regarde de loin, ça fera illusion. Je l’ajuste et envoie un bisou théâtral à l’image que je reflète avant de pouffer. Au moins, si je me fais arrêter et que ma photo se retrouve dans la gazette, cela fera rire les lecteurs. Quelle meilleure façon de finir recyclé ?

J’enfourne mon vélo et suis content de voir que l’air n’est pas trop frais. Je dissimule ma perruque sous mon casque et me lance vers la forêt derrière les maisons où je compte traverser la ligne de démarcation entre la partie des hommes et celle des femmes. Avec la recrudescence des gardes, il faut vraiment prendre de nouvelles précautions si on ne veut pas se faire prendre par la patrouille. Quelle idée j’ai eue de m’enticher d’une femme en ces temps troublés où le Conseil renforce sa surveillance ! Mais bon, honnêtement, je ne le regrette pas du tout. Jade est tellement… Alors que je fais l’effort de pédaler dans la montée, mon cerveau se met en branle et quelques vers s’incrustent dans mon esprit.

Jade, tu es l’astre qui éclaire mon existence

Tu es le bijou qui illumine ma vie de sa présence

Les sentiments que je ressens pour toi sont intenses

J’ai trouvé mon chemin, avec toi, finie l’errance

Cependant, je n’ai pas le temps de continuer à rêver car j’entends devant moi le petit couinement caractéristique d’un vélo mal réglé. Sans réfléchir, je me dirige rapidement vers le petit fossé où je me cache en espérant que les personnes qui arrivent ne m’ont pas entendu. Je bloque même ma respiration alors qu’un petit groupe de femmes en uniforme pédalent lentement sur le chemin. Je n’avais même pas réalisé que j’avais déjà franchi la frontière et suis soulagé de les voir s’éloigner sans m’être fait surprendre. C’était moins une. Par mesure de sécurité, je patiente encore quelques instants avant de reprendre mon vélo et de frotter un peu la terre qui s’est déposée sur mes vêtements. J’espère que Jade ne m’en tiendra pas rigueur. Entre ça et la perruque, je crois que je n’ai jamais été aussi sexy.

Le reste du trajet se déroule sans incident et je pousse la porte qui donne sur l’arrière de la maison de Jade. Je laisse mon vélo dans le jardin et m’avance doucement vers la grande baie vitrée. J’ai bien fait de rester prudent car, contrairement à ce que m’a dit la maîtresse de maison, son invitée est encore là. La jolie blonde est en train de finir de se préparer, elle a enfilé une jolie robe moulante et est en train de coiffer sa longue chevelure blonde. C’est aussi une belle femme même si je constate qu’elle ne me fait aucun effet particulier. Je ne suis donc pas tombé sous le charme de toutes les femmes mais bien d’une seule. Rassurant ? Ça pourrait l’être si pour le Conseil, cela changeait quelque chose…

Lorsqu’enfin Liz sort, je pénètre dans le salon et referme la porte vitrée derrière moi. Je me demande où est Jade quand je l’entends appeler depuis la salle de bain.

— Malcolm ? Donne-moi une minute, j’arrive !

— Non, c’est Liz, lui lancé-je en prenant une petite voix.

J’ouvre la porte de la salle de bain et passe la tête recouverte de la perruque. J’ai le plaisir de la découvrir en train de s’essuyer et de passer sa serviette le long de son corps si voluptueux. La première chose que je vois, ce sont ses jolies fesses, bien rondes et bien bombées. Elle se retourne en entendant ma voix et j’ai le droit au superbe spectacle de ses longues jambes galbées et de son visage d’ange qui s‘éclaire en me voyant. Seule sa poitrine est dissimulée par la serviette et franchement, je ne regrette pas d’avoir pris des risques pour venir la retrouver.

— Tu es passé chez le coiffeur avant de venir ? glousse-t-elle. C’est fou, ça te va plutôt bien, en fait. Mais… même sans la barbe, je suis désolée de te dire que tu ne ressemblerais absolument pas à Liz, Beau Poète.

— Je savais que ça te plairait, dis-je en l’enlevant. J’ai le droit à un baiser ou je dois attendre que la princesse soit habillée ?

— Un baiser ? Ça doit pouvoir se faire, oui, sourit Jade en se lovant contre moi pour m’embrasser sans attendre.

La serviette est tombée et je profite de cette jolie femme nue collée contre moi. L’effet sur mon corps est immédiat et j’ai beau me concentrer sur ce baiser que nous échangeons, sur nos langues qui s’enroulent dans un ballet à peine coordonné, je ne peux contenir le désir que je ressens et ma partenaire, coquine, se frotte contre mon érection avant de me repousser, le sourire aux lèvres.

— Oh, c’est déjà fini ? demandé-je en posant ma main sur ses jolies fesses.

— Toutes les bonnes choses ont une fin, non ? Et puis… le repas n’est pas prêt et j’ai vraiment faim. Et tu es habillé, moi totalement nue, ce n’est pas très juste. On a toute la nuit pour le reste, aussi agréable soit le fait de s’embrasser, il va falloir se décoller un peu à un moment donné.

— Tu es sûre que tu ne veux pas profiter d’une petite mise en bouche ? Parce que je n’ai pas vraiment envie de m’éloigner de toi, tu sais ?

— Un peu de self-control, quand même, rit-elle en tirant sur mon tee-shirt pour m’attirer contre elle. Tu m’as manqué… C’est dingue d’être si proches sans pouvoir se parler ou se toucher…

Du self-control ? Sérieusement ? Alors que je sens ses doigts parcourir mon torse ? Que son corps sublime est contre le mien ? Là, je n’ai qu’une envie, lui faire l’amour tout de suite contre le lavabo ou la porte de la pièce. N'importe où en fait et c’est ce que je m’apprête à faire quand elle me surprend en stoppant le baiser que nous avions repris et s’échappe de mes bras pour sortir de la salle de bain en riant.

Je la suis dans sa cuisine où elle enfile déjà un tablier qui est recouvert de gravures de scènes érotiques entre femmes. Elle éclate de rire en voyant mon air surpris et je me penche pour mieux voir certains détails.

— Mais où as-tu trouvé ce tablier ? Ça a l'air intéressant, ce que vous faites entre femmes avec vos jouets !

— Ça l’est, oui. On a appris à se passer des hommes, que veux-tu, et puis… une femme qui s’occupe du corps d’une femme… On se connaît d’entrée, même si chacune a ses points faibles et ses zones érogènes.

— Tu veux dire que tu pourrais te passer de moi ?

Je me colle dans son dos alors qu'elle allume le four et glisse mes mains sous son tablier pour empaumer ses seins. Ma bouche se pose dans son cou et je sais que c'est le genre de petites attentions qui l'excitent vraiment.

— Bien sûr que je pourrais me passer de toi, rit-elle en se tortillant sous mes caresses. Je ne t’ai pas attendu pour avoir du plaisir ou jouir, ni pour avoir droit à ces agréables attentions. La vraie question, c’est de savoir si j’aurais envie de me passer de toi. Et la réponse est non, au cas où tu en douterais.

Ses tétons qui se dressent entre mes doigts et ses fesses qui ondulent contre mon érection sont des témoignages concrets de ce désir omniprésent entre nous. Je sais qu'elle adore sentir ma barbe au contact de sa peau mais, alors que je pense qu'elle va enfin céder à mes avances lorsqu'elle ne retient pas un petit gémissement, elle se dégage de mon étreinte et me laisse pantelant de frustration.

— Tu as décidé de me torturer toute la soirée ? Ou alors, je dois remettre ma perruque pour te faire craquer ?

— J’aime bien l’idée de te torturer, honnêtement, sourit-elle innocemment en croquant dans un bâtonnet de carotte qu’elle vient de couper sans me quitter des yeux.

— Tu sais que je suis déjà fou de toi et que tu n'as pas besoin de ça pour me faire craquer ?

— Donc, j’arrête de me laver, j’arrête de me faire jolie et je ne fais plus d’effort, c’est bon ?

— Non, j'adore quand tu m'excites comme ça. Je te préviens juste que quand je vais craquer, ça risque d'être intense.

— Tant mieux, ça me donne encore plus envie de ne pas tout t’offrir dans la seconde. J’aime quand c’est intense, chuchote-t-elle à mon oreille avant d’aller ouvrir le réfrigérateur.

Bien entendu, la coquine se penche en avant et offre à ma vue le spectacle de ses fesses nues et de son intimité qui doit être trempée, je parierais. Elle a clairement envie de jouer avec moi et je suis prêt à m'amuser avec elle. Quand elle se redresse, un bol de salade à la main, je la plaque contre le frigo et enfouis ma tête entre ses seins. Je la serre fort contre moi et m'amuse à frotter mon menton barbu sur les pointes dressées. Quand elle se cambre contre moi, je la relâche et me fais violence pour m'éloigner d'elle.

— Tu veux que je mette la table, Chérie ? demandé-je en déboutonnant le haut de ma chemise.

— Heu… Oui, je veux bien. Tout se trouve dans le placard près du frigo, souffle-t-elle avec un sourire en coin. Je vois que tu es joueur, toi aussi.

Je finis d'ouvrir ma chemise et mime un bisou que je souffle vers elle en souriant. Je me dirige vers le placard en dandinant du popotin, à la fois amusé et excité.

— Disons que quand on me cherche, on me trouve, Jolie Cuisinière.

— J’ai hâte de te trouver dans mon lit, mais… j’aime trop jouer pour t’y attirer tout de suite, me lance-t-elle en se penchant outrageusement sur la table pour déposer le saladier.

Elle sait vraiment jouer car elle ondule lascivement sur la table, sans me quitter des yeux. Je dois mobiliser toute mon énergie pour ne pas me jeter sur elle.

— Si tu continues comme ça, tu vas me trouver bien avant qu'on aille au lit, dis-je d'une voix rendue rauque de désir.

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0