26. Le moulin du Paradis

9 minutes de lecture

Malcolm

Les deux amoureux nous ont raconté comment ils en sont arrivés à se mettre en couple et à construire cette petite cabane dans la forêt pour abriter leurs ébats. Je suis surpris de voir que leurs récits, que je pensais inventés, sont tous plus ou moins autobiographiques, cela m’excite au plus haut point quand je me rappelle certains passages un peu chauds. Surtout quand ils écourtent nos échanges, voulant profiter du peu de temps qu’ils ont ensemble… Nous les laissons en train de s’embrasser et nous prenons le petit chemin qu’ils nous ont indiqué et qui serpente dans la forêt. Nous marchons en silence, perdus dans nos pensées.

— Tu te rends compte que ça fait trois ans qu’ils sont ensemble ? demandé-je soudainement, faisant sursauter Jade qui semble revenir brusquement à la réalité.

— C’est juste… dingue, en fait, non ? Comment on peut vivre cachés comme ça ? Je… ils sont trop mignons ensemble, en tout cas, ils ont l’air faits l’un pour l’autre.

— Tu me prends pour un fou si je te dis que ça me donne encore plus envie de nous donner une chance à nous deux ?

— Non, me répond-elle après avoir gardé le silence pendant ce qui m’a paru être une éternité. Je dirais que… j’y ai pensé aussi, en fait.

— Attends, c’est vrai ? demandé-je en l’attrapant par l’épaule pour la stopper. Tu crois vraiment que toi et moi, on pourrait imaginer une vie comme la leur ?

— Je ne sais pas. C’est pas une vie, de se cacher, mais…

— Mais ça te fait envie aussi, on dirait… commencé-je. Viens, je vais te montrer un endroit que tu ne connais pas, continué-je en la relâchant avant de la précéder sur un petit chemin de terre, maintenant que j’ai reconnu où nous nous trouvions.

Elle me suit et le silence est revenu. A un moment, il faudra bien qu’on se parle, qu’on s’explique, qu’on aille au-delà des sentiments qu’on ressent l’un pour l’autre, mais ce n’est pas encore pour tout de suite. Je profite de l’instant présent où le chemin est un peu escarpé pour lui tenir la main, frôler ses jolies jambes nues ou ses bras. Ce sont de petits plaisirs annonciateurs de bien d’autres qui le seront davantage, j’en suis convaincu. Enfin, nous arrivons près de l’endroit que je veux lui faire découvrir.

— Tu me fais confiance, Jade ?

— Je ne serais pas là si ce n’était pas le cas, mais tu vas réussir à me faire flipper.

— Ferme les yeux, s’il te plait, et accroche-toi à mes épaules. Je vais te guider et tu ne les ouvriras que quand je te le dirai, d’accord ?

— Heu… est-ce que je t’ai dit que j’aimais bien avoir le contrôle sur tout ? Parce que là, tu me proposes un lâcher prise et… bon OK, soupire-t-elle en s’exécutant. Si je tombe, je t’étripe, c’est clair ?

Je souris car je vois qu’effectivement, elle est toute tendue, et me penche vers elle pour déposer un petit baiser rapide sur ses lèvres et lui chuchote “tout ira bien” avant de l’attirer à ma suite jusqu’à la clairière que j’apprécie tant. On n’entend que le bruit de l’eau et le grincement de la roue du moulin qui tourne devant nous.

— Ouvre les yeux, je te présente le paradis sur Terre, dis-je en observant avec attention sa réaction.

— Notre île est déjà un p… me fait-elle remarquer avant de s’interrompre brusquement pour tourner sur elle-même à plusieurs reprises. Oh… c’est le moulin de tes poèmes ?

Alors, là, je suis ébahi. Elle reconnaît immédiatement l’endroit et la première chose dont elle parle, c’est de mes compositions sur cet endroit ? C’est incroyable, ça.

— Oui, mais… c’est comme ça que tu te l’imaginais d’après mes textes ?

— Je ne sais pas, sans doute, oui, même si… c’est encore plus apaisant que tes mots, sans vouloir les dénigrer, bien sûr.

— Tu veux dire que je n’ai pas réussi à rendre la perfection de ce lieu ? Pourtant, quand j’évoque le roulement lent de la roue portée par le doux torrent, c’est déjà pas mal tranquille, non ?

— Je dis juste que rien ne peut rendre ce lieu à la perfection, si tu veux mon avis. Quoique… “Je me souviens de l’odeur des pins, emportée par le vent”, souffle-t-elle en approchant de l’eau. “De ce bon vieux moulin et du bruit du torrent…”

Que c’est sensuel de la voir réciter mes vers, de l’entendre prononcer ces mots produits par toutes les sensations ressenties dans ce lieu magique. Elle continue comme emportée par la féérie de l’endroit.

Je ne ressens que de la joie, je ne suis que félicité

Et je me réjouis à chaque fois de pouvoir m’y ressourcer

Cette roue au son hypnotisant qui tourne et grince de manière rythmée

Me fait perdre la notion du temps et m’incite grandement à rêver

Je sais qu’un jour prochain, je reviendrai avec le partenaire de ma vie

Que notre avenir sera serein car entouré de cette merveilleuse magie

Je prononce ce dernier vers en même temps qu’elle en posant ma tête sur son épaule et en l’enlaçant tendrement. C’est un sentiment incroyable qui me touche beaucoup de savoir qu’elle a non seulement lu mes poèmes mais qu’en plus, elle les a mémorisés. Je la serre dans mes bras et elle se love contre mon torse avant de tourner ses magnifiques yeux verts en direction des miens. Nos lèvres se trouvent à nouveau, irrémédiablement attirées les unes vers les autres, et nous nous embrassons accompagnés par le pépiement des oiseaux qui nous survolent. A cet instant, j’ai l’impression de faire totalement partie de la Nature qui nous entoure et c’est un moment que je voudrais voir gravé dans mes souvenirs jusqu’à mon dernier voyage vers l’au-delà.

— Eh bien, je ne savais pas que tu connaissais mes poèmes aussi bien ! Je suis flatté… et encore plus sous le charme.

— Et moi, je suis jalouse de ne jamais avoir pu découvrir cet endroit plus tôt. Et aussi de ta façon de décrire les choses, j’avoue. J’aimerais avoir cette capacité à poser les mots aussi justement que toi.

— Je crois que tous ces mots, je ne les ai écrits que pour toi. J’ai vraiment la sensation que pour moi aussi, c’est la première fois ici. Tout a l’air tellement plus intense maintenant que tu es là. Tout a l’air tellement plus réel et plus tangible parce que tu es à mes côtés. Le Paradis sur Terre se révèle encore plus en présence d’un ange comme toi.

— Comment est-ce que je peux rivaliser avec ça, hein ? Tu t’entends ? rit-elle doucement. Ce n’est vraiment pas juste.

— Arrête de dire des bêtises, ce qui ne serait pas juste, ce serait de ne pas partager toutes ces sensations que tu inspires chez moi. J’ai vraiment envie de voir si tout ce que Zoé et Oliver décrivent dans leurs livres est vrai ou pas. Tu crois qu’ils exagèrent quand ils décrivent le plaisir qu’ils ressentent à deux ?

— Pourquoi est-ce qu’ils exagèreraient ? Tu trouves le sexe ennuyeux et insatisfaisant, toi ?

— Non, mais j’ai peur de ne pas être à la hauteur de tes attentes quand je lis à quel point ça peut être intense aussi entre deux personnes de sexe différent.

— Il suffit de communiquer, le poète, non ? Toi qui es si habile de ta bouche… enfin… avec tes mots, quoi, tu vois ce que je veux dire, bafouille-t-elle en rougissant. J’imagine qu’en communiquant, en apprenant ce que l’autre aime, ça doit être aussi agréable qu’avec une personne du même sexe. A minima…

— Eh bien, puisqu’il faut que je communique, laisse-moi te dire que tu m’attires beaucoup et que je suis très tenté par une mise en application de nos lectures communes des pratiques de Zoé et Oliver.

— Tu es sûr de toi ? Je veux dire… C’est quand même interdit, souffle-t-elle en glissant ses mains sous mon tee-shirt.

— Ce n’en est que plus excitant… Je crois que je n’ai jamais été aussi sûr de moi qu’en ce moment, ajouté-je en retirant mon haut.

— Très bien, alors on dit merci à Murielle de nous avoir interrompus… parce que ce lieu est bien plus agréable pour une expérience inédite, sourit-elle en enlevant à son tour son tee-shirt et sa brassière.

C’est elle qui prend l’initiative de se saisir de mes mains et de les porter à ses seins que je touche pour la première fois. Elle accompagne mes gestes et je comprends rapidement qu’elle souhaite que je caresse ses mamelons et que je malaxe sa poitrine de mes grandes mains. Je réalise avec amusement que ses tétons se dressent et durcissent lorsque mes doigts insistent sur eux. Je ne résiste pas à la tentation et je viens poser mes lèvres dessus, faisant d’abord passer ma langue avant de les sucer, ce qui a l’air de la faire réagir à toute force quand j’entends le gémissement qu’elle lâche déjà.

Je sens alors ses doigts glisser dans mon short et saisir mon sexe qu’elle caresse délicatement, comme si elle avait peur de me faire mal. J’arrête un instant de m’occuper de sa jolie poitrine et je me débarrasse de mes vêtements qui finissent éparpillés au sol. C’est à mon tour de l’accompagner dans ses gestes afin qu’elle comprenne qu’il faut qu’elle se montre plus vigoureuse et que ma verge ne va pas souffrir d’un excès d’attention, bien au contraire. Je n’en reviens pas à quelle allure les choses ont escaladé et accéléré.

Elle est vraiment divine et j’ai l’impression de découvrir avec elle ce que veut dire faire l’amour. Elle n’a l’air aucunement gênée par le fait que ce soit notre première fois et je sens sa langue et ses lèvres parcourir mon cou, remonter jusqu’à mon oreille qu’elle lèche et suçote avant de revenir à ma bouche dont elle se saisit en plongeant son regard dans le mien. Je fais à mon tour preuve d’un peu d’audace et fais descendre sur ses jolies jambes bien galbées son short, découvrant ainsi une magnifique toison de la même couleur auburn que ses cheveux.

Nous voilà nus tous les deux, prêts à franchir le Rubicond, à ne respecter aucun interdit. Juste un homme et une femme qui ont envie l’un de l’autre. Je m’assois par terre, au milieu de ce décor féérique, de cette prairie verdoyante, à l’ombre de ce moulin qui m’a tant inspiré et Jade s’installe à califourchon sur moi, positionnant son sexe tout contre le mien. Même si c’est dans l’ordre naturel des choses, je suis surpris quand elle se met à frotter ses lèvres intimes sur mon sexe et non ses fesses. Et là, pas besoin de lubrifiant, ses simples mouvements suffisent à bien humidifier mon membre dressé dont le gland commence à s’enfoncer légèrement en elle.

Elle s’appuie sur le sol de chaque côté de ma tête et je l’attrape par les hanches pour l’encourager à s’enfoncer davantage sur moi, ce qu’elle fait en se mordillant la lèvre inférieure de manière sensuelle. C’est la première fois que je fais l’amour à une femme et c’est tout simplement magique. Je n’ai jamais rien ressenti de pareil avec aucun mec et je profite de la douce sensation d’être enserré dans son intimité que je sens se contracter sur ma verge. Elle m’offre à nouveau un de ses tétons à lécher et commence à onduler sur moi. Le rythme de notre étreinte s’intensifie rapidement et je sens en elle la même impatience, la même envie de découvrir l’extase provoquée par nos mouvements que nous parvenons à coordonner afin que le désir monte en nous de manière forte et puissante.

Dans ce combat sensuel et érotique, je suis le premier à céder et je sens mon sexe se contracter en elle avant de se détendre totalement, expulsant par la-même mon sperme qui vient se déverser en elle. Mon orgasme entraîne rapidement le sien et j’ai le plaisir de voir tout son corps trembler contre le mien, je ressens son intimité se contracter violemment autour de ma queue qu’elle semble vouloir vider totalement. Moi, le poète, je me retrouve sans mot pour décrire le bonheur ressenti à cet instant. Moi, l’homme de lettres, je ne sais pas comment un jour je pourrai retranscrire ce sentiment unique et merveilleux de ne plus faire qu’un avec son partenaire. Moi, le simple représentant masculin de cette merveilleuse union, j’ignore si je pourrai un jour m’éloigner de cette magnifique femme qui vient de m’offrir une extase si parfaite.

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