Le long du chemin...

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La pluie qui tombe...
La musique dans les oreilles...
Le cœur pincé...
Les yeux au loin...
L'esprit embrumé...
Un parfum de nostalgie...
Une impression de rêve...
Un brin de mélancolie...

Puis... Tout se dessine.

  • Cela apparaîtra "commun" aux premiers
  • Cela rappellera de bons moments à d'autres
  • Cela laissera indifférent les derniers...

Une chaleur envahie l'atmosphère…
Envoûtante, enivrante...
Les flammes crépitent...
Inspirant à pleine bouffée, à pleine gorgée, cette brume invisible aux parfums chocolatés...

Électriques, les frissons glissent des épaules aux orteils, courant de haut en bas, enlaçant les hanches, enveloppant délicatement, comme emplis de pudeur, les fesses qui se raidissent, jusqu'à ce que ce frisson accélère, pour défaire de toutes leurs forces les jambes jusqu’aux extrémités, dénudées, s'en éjectant tel un éclair allant attiser l'âtre enflammé de ce lieu mystérieux.

Un calme apaisant...
Un bien-être engourdissant...
Les yeux se ferment...
Le rêve m'envahit...
Un rêve, la réalité...
Tout se confond...
Dans un mélange des plus savoureux...

Les paupières lourdes qui semblent grandes ouvertes, envoyant le regard au loin, bien plus loin que cette vieille fenêtre grinçante, offrant un paysage d'une immensité enivrante, proposant l'infini à portée de main, l'impossible devient accessible, le regard, perçant l'horizon, agrippe l'esprit et le jette au loin, s'envolant au milieu de nuée de papillons, s'ouvrant telles des ailes immenses lorsqu'un bel oiseau chantant virevolte en jouant avec cet esprit curieux de toute cette agitation.

Tout s’accélère, porté dans ce vent, le souffle court tellement la vitesse devient folle, le cœur bondit, et… Tout s’arrête, lentement, les papillons prennent leur distance, observent cet esprit qui découvre avec stupeur cet immense arbre sur lequel l’oiseau se pose, délicatement, au bout d’une branche habillée de feuilles aux nervures dorées et parfaitement dessinées… Majestueux, cet arbre domine cette étendue, cette nature aux parfums élégants, permettant à cet esprit aventurier de se prélasser, profitant de ce moment idéal…

Le rêve s’estompe, la réalité refait surface…
Le printemps fait place à l'été...
Les fleurs s'épanouissent...
La viande grillée parfume les déjeuners au soleil...
Les éclaboussures fraîches sur les peaux brûlantes et dorées...
Les feuilles bruissent au rythme de la légère brise qui crée cette chaire de poule si agréable sous les rayons chauds du soleil...

Du temps, une éternité...
Du temps, qui passe si vite..
Du temps, à dévorer...
Du temps, à prendre...
Du temps, pour s'évader...
Du temps, pour créer...
Du temps, pour vivre...
Du temps, que nous aimons adorer...
Du temps, plus précieux que tout...
Du temps, à recevoir, à offrir...
Du temps, pour réfléchir…
Du temps, pour s'amuser...
Du temps, pour délirer...
Du temps, pour découvrir...
Du temps, on en a tant...
Du temps, il y en a si peu...
Du temps, il en faut…
Du temps, il y en a…
… Évadons-nous...

Une pendule dans le coin de la pièce, la trotteuse qui "tic", qui "tac"...
Si lentement que s'en est berçant, une douce mélodie qui se murmure discrètement, un chant muet qui hurle la force d'une vie, un silence reposant, et un brouhaha tendre qui rassure d’une présence, de ne pas être seul…

Ce livre qui me fait de l’œil, j’inspire fort, et d’un coup, je m’y plonge à nouveau, avalant les mots, dévorant les pages, m’imprégnant de cet univers créé pour moi, simple lecteur, je relève les yeux parfois, admirant ce feu de bois qui danse pour moi, avalant une gorgée de ce nectar fumant à mes côtés, me glissant un peu plus encore sous ce tissu si doux qui me recouvre…

Où en étais-je… Ah oui, là, au milieu de cette phrase, reprenons la lecture, mmmmh…

Le temps des blés est revenu…
Le rouge de coquelicots éphémères surgis…
Un coup de vent décoiffe…
Un coucher de soleil brûle l’horizon…
L’odeur des foins fraîchement coupés…

Mes sens en éveil…

Au détour d’un chemin, ce vieil homme au regard triste, au sourire apaisant, au souffle fatigué, romps un bon morceau de ce pain frais. Le son de la croûte qui se fends, de la mie qui se déchire voluptueusement, cette odeur fraîche alors qu’il y dépose une généreuse portion de tapenade, offrant à mon nez un mélange presque sensuel de parfum gastronomique.

« Tiens mon enfant, tu auras besoin de force sur ce chemin… »

Mon sourire en remerciement, alors que je me saisis de ce repas improvisé, portant à ma bouche qui salive déjà d’impatience de savourer ce mets si simplement offert. Mes yeux ne quittent pas ce vieillard qui sourit à pleines dents en me voyant bouchée par bouchée me délecter de son cadeau parfumé. Mes yeux pétillent, mes sourcils largement levés, à chaque déglutition de ce que ma langue décide désormais d’appeler la meilleure chose qui lui est arrivée… Mes mains portent à mon visage ce morceau de pain, mes doigts caressent la mie délicate, râpent la croûte brune, la chair de poule envahit mes bras chaque fois que mes papilles réagissent aux saveurs offertes.

« Doucement mon enfant, tu as tout le temps, savoure, profite, ne te brûle pas d’impatience… »

Cette tapenade, qui coule d’un côté, remplissant les alvéoles de cette mie gonflée, enveloppe alors mon index que je porte à ma bouche pour le lécher, ne voulant rien gaspiller de ce moment si intense…

« Tiens, reprends-en, continue ton chemin, le chemin est beau, tu l’apprécieras encore mieux le ventre plein »

Le cœur serré par cette rencontre, par ce moment, je ne peux que venir l’enlacer dans mes bras, déposant une larme de bonheur dans le creux de son cou ridé, inspirant avec délice le parfum de cet homme, que la providence a mis sur mon chemin. Je romps ensuite la tranche qu’il m’offre encore, lui en rendant un morceau.

« Tout cela ne sera parfait que s’il est partagé de bon cœur, fermez les yeux, savourez-le, respirez encore longtemps et reposez-vous, vous offrez tant aux voyageurs, prenez soin de vous »

M’éloignant, revigoré, le cœur gonflé, l’esprit plus fort que jamais, murmurant ce mot que la brise légère portera aux oreilles de mon bienfaiteur.

« Merci… »

Je continue mon chemin... Parcourant le sinueux tracé que ces cailloux forment sous mes pieds, je marche, regardant au loin ce chêne centenaire qui semble vouloir me rencontrer... Il me fait alors sortir du sentier, pour m'enfoncer dans ces blés, leurs épis me caressent le visage, m'emmènent jusqu'à ce tronc massif, imprégné d'une histoire qui semble effarante de mystères et d'aventure...
Je m'assois, et, enveloppé de ces blés, caressé par cette mousse, j'écoute ce chêne me conter tout ce que ces années lui ont permis d'apprendre, de vivre, par le bruissement de ses feuilles, les craquements de ses branches, je me laisse envahir par la solennité de ce moment unique.

J’entre dans ce lieu…
La porte grince…
Ca me rappelle quelque chose…
Ce canapé au cuir abîmé…
Cette couverture, est-ce un plaid ?...
Ce fumet, cette tasse, fumante…
J’y suis !...

Me voilà chez moi, ce voyage si spécial m’a ramené ici, si prêt d’où je suis parti, je l’ai retrouvé, ce coin, ce coin de ma tête, ce lieu où je ne suis jamais seul, cette évidence que j’avais trop longtemps laissée de côté, ce petit salon confortable, me revoilà, apaisé, reposé, je m’assois, je me recouvre, je savoure regardant les murs, ces 4 pans de souvenirs desquels transpirent des moments parfaits, des joies, des peines, des difficultés, des sentiments, ma gorge se noue de bonheur, ma respiration devient intense de joie, je souris...

Venez… Venez tous… Viens… Viens vite…
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