3 - Le progrès est une idée fausse

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Le consommant impose fatalement à la rationalité son sacro-saint droit à la consommation, présenté comme un droit indiscutable au plaisir, à l’innocence, à l’idiotie. Une idée moderne constamment entretenue par le spectacle de la marchandise et ses innombrables publicités. Ce droit à la consommation, c’est un constant « je veux » enfantin où besoins, caprices et névroses se marient en un même vouloir imaginaire. Un droit révélant sa nature après une courte analyse, où il apparaît comme un droit à la mise en esclavage, un droit aux meurtres, à la destruction, à la faiblesse collective, à la nuisance, un droit à l’écocide, à la décadence collective, un droit à la pollution, bref : un droit indiscutable à la fin du monde. Un droit pourtant revendiqué par les consommant comme naturel, un légitime droit au bonheur.

Le consommant est incapable de lui donner son véritable nom, d’endosser une telle contrainte : il n’en a pas besoin. Lui, le produit de l’extérieur et de l’impersonnel, à bâtit l’ensemble de son économie d’âme sur cette promesse : il ne supporte pas de devoir s’en priver. Comme l’enfant, le consommant à un besoin viscéral du besoin, de l’omniprésence du désir. Il est nécessaire pour lui de contenir sa misère dans la projection future, dans une nouvelle situation hypothétique que lui emmènerait sa nouvelle marchandise.

La consommation est une constante promesse non tenue : chaque manque, profond ou non, se voit attribuer comme remède un objet – parce que incapable de spiritualité, le consommant associe la douleur au seul mal qu’il peut comprendre sans danger, au seul manque constamment nourri : celui de la marchandise. Mais aucune marchandise ne saurait répondre aux douleurs, alors rien ne change : le consommant est obligé de croire en une autre marchandise, de se créer un autre besoin factice, encore un manque. Que faire d’autre ?

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Le caprice est la conséquence la plus visible des névroses de la conservation : elle est une folie cherchant un besoin, à tout prix un autre manque pour parvenir à dévier les forces conscientes vers la sécurité, pour maintenir le spectacle dans une promesse de bonheur. C’est là une réévaluation du monde vulgaire par l’instinct que le consommant ne remet jamais en question : il le prend pour une force personnelle, légitime – dès lors, pourquoi lutter ?

Un bonheur jamais réalisé, puisque le consommant cache en lui une peur profonde, totale et insurmontable du bonheur. Il ne faut jamais douter de la dualité de l’homme et de sa capacité à se juger inconsciemment : la conservation se projette avec sincérité et sait que l’intérêt du bonheur n’est pas dans l’accomplissement, que le caprice et les besoins sont en soit une fin : une fois accomplis, ils ne vont bien sûr rien résoudre. Comment la réalisation d’un caprice dans une société marchande peut jouer un rôle de médecin ? Le consommant repart toujours déçu du bonheur vécu – pour la simple raison que le bonheur n’existe pas.

La croyance au bonheur demande beaucoup d’énergie, elle est trop contradictoire, irrésoluble, arbitraire pour être rationnellement maintenue. Remettre sur pied un consommant après la reconnaissance d’un bonheur comme un leure est suffisamment risqué et usant pour que la conservation s’en protège – elle transforme donc le bonheur en promesse constante. D’où l’apparente contradiction entre la prétention au bonheur et l’incapacité du consommant à le réaliser, aussi accessible soit-il.

Contredire l’idée du bonheur marchand, c’est affronter le spectacle, son éducation, ses névroses, son identité : dès lors, il y a encore soumission mécanique par l’instinct dans la décadence.

Que la conservation soit capable de transformer un rien en hystérie, qu’elle ait cette pleine puissance de la réévaluation, qu’elle soit si apte à séduire : c’est là base de toute spiritualité, c’est résister à cela qu’on appelle si souvent la noblesse de l’âme – chose devenue si rare aujourd’hui, tant elle a besoin de force pour s’affirmer contre le monde moderne.

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L’épanouissement social par la culture transcendante, l’humilité imposée par un monde inaltérable, le développement personnel dans la solitude et le calme, la force constante de la communauté : autant de privilèges et besoins humains accaparés par la marchandise. Entre ces droits abondants d’hier et nous, la marchandise créé un manque : au lieu d’avoir accès directement à la satisfaction de nos besoins, ils nous sont redistribués sous la forme servile du narcotique – voilà le progrès de la société moderne.

Le consommant assimile son plaisir humain à la marchandise, puisque l’ensemble de ses expériences personnelles poussent à cette conclusion. Son instinct se croit dépendant d’elle, il ne peut se sentir en sécurité qu’auprès d’elle. La conservation fait là encore preuve d’association primitive idiote entre le symbolisme et le réel. De quoi l’homme à-t-il besoin pour s’accomplir ? Il ne se pose pas la question, il ne connaît pas l’abstraction : pour lui, seul compte la survie et ses vieilles mécaniques de survie jamais remises en cause – qu’importe la rationalité. Il accorde une valeur à la marchandise comme il le ferait pour le feu : sauf qu’aujourd’hui, tout un environnement est créé pour le tromper, l’affaiblir.

Dès lors, le consommant est dupe en prétendant que la marchandise possède de la valeur : ce qu’il ressent de fort dans la marchandise, ce n’est qu’un échantillon livide de ce qui est naturel en communauté. Ce qui était hier transcendant est refourgué aujourd’hui en tant que narcotique, une merde si bien présentée qu’il feint d'ignorer son origine : on aime jamais autre chose que la puissance, que la satisfaction personnelle. Si la société entière prétend que la jouissance passe par l’objet, c’est quelle est devenue le faux monnayeur de l’humanité.

N’ayons pas peur d’une telle condamnation : la société capitaliste ne renferme en elle ni valeur, ni création, encore moins de nécessité. L’enjeu d’une société réside en deux points seulement : l’organisation de la production matérielle pour la jouissance et la préservation de la culture par la jouissance. Le reste – le spectacle, la marchandise, le pouvoir – ne tient aujourd’hui qu'à notre incapacité à organiser l’abondance gratuite et notre faiblesse spirituelle à contrer la décadence – la modernité ne répond à aucun besoin, elle est la conséquence des névroses, et de rien d’autre.

Comment alors décemment chérir la consommation ? Son plaisir ne tient qu’en un travestissement usant, décadent, idiot, affaiblissant de l’homme. Elle apparaît comme le nihilisme le plus structuré contre nature humaine : aimer la consommation, c’est nier la grandeur de l’homme, c’est se détruire soi-même. Rejeter la marchandise est une promesse faite à l’avenir : renouer avec l’ennui, la nature, la contrainte, voilà ce qu’il y a de plus prétentieux aujourd’hui, les premiers principes révolutionnaires, ce qu’un orgueil sain devrait vouloir conquérir.

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Ce qui fut hier méditation forcée a été mécanisé, les contraintes sociales menant au développement personnel ont été internetisés, ce qui fut hier travail individuel pratique, nécessaire et polyvalent a été industrialisé : au nom du confort, on a éliminé tout processus non efficient pour la production. Une caractéristique du capitalisme est là : qu’importe le moyen, la seule valeur de la production se trouve dans son prix de fabrication.

En découle ceci : la finalité d’une action est devenue sa réalité concrète. On n’accorde aucune importance au processus menant à la marchandise, alors qu’il est le fondement historique du développement spirituel humain. Tout intermédiaire entre la volonté et la fin a été détruit – toutes entraves aux caprices fut résolument enlevé.

L’action a perdu de son caractère social, méditatif, solitaire. La société y a extraite la fierté, le développement long du désir, l’identité. L’esprit du compagnonnage fut vendu pour la banalisation de l’abondance, pour des super-marchés où sont quotidiennement organisé la destruction du lien entre l’homme et sa survie. La production fut même dépersonnalisée, rien n’oblige le consommant à concevoir l’ensemble du travail nécessaire à sa situation matérielle – de la même façon, son rôle productif dans la société qui est rendu totalement abstrait, inutile.

Le lien entre l’homme et sa survie, entre l’homme et sa production, entre l’homme et sa consommation a été réduit à une unique abstraction : son rapport avec l’argent. Plus rien n’a de sens, de réalité : la causalité de l’action est résumé par un soi-disant besoin monétaire. La sécurité, elle, s’est rendue étrangère de la technicité, de la simplicité, de l’organisation, des contraintes naturelles : seul l’argent compte – c’est bien plus simple que l’autonomie effective. La réponse au “pourquoi fais-je cela” se résume maintenant à des maximes morales – car bien sûr, rien au monde ne peut justifier humainement autrement ce gâchis monstrueux qu’est l’économie capitaliste.

Comment peut-on sous-estimer de telles révolutions dans le processus de développement de l’être humain ? Comment peut-on nier une telle violence permanente ? Par le culte au confort, le capitalisme a rendu la nature abstraite – voilà le plus grand crime infligé a l’humanité.

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La modernité à développé cette capacité à détruire tous ce qui peut créer une fierté non marchande. La philosophie, la science, l’autonomie de l’âme, la jouissance : aucun d’eux n’a de valeur. Sa fierté, le consommant la tire de l’égo, de son rôle, de ses biens. Il oppose un paraître pour justifier la décadence : toujours il se trouve un “je suis” pour le conforter dans le spectacle, pour l’empêcher de penser et d’agir hors de lui. Le “je suis”, cette volonté d’affirmation s’impose comme le premier outil de conservation, comme son écho fatal lors d’une mise en danger.

Le consommant est un malade, un névrosé, pris au piège de ses propres instincts et de sa société : s’il n’a pas les armes et le courage de s’affirmer par ses seuls moyens, c’est par le caprice identitaire qu’il se sauvera. Il fera comme si ce qu’il est aujourd’hui est tout entier son soi, comme s’il s’agissait là d’une nature, sans discutions possible, sans contradiction visible. Le “Je suis”, c’est l'incantation finale, la fin du débat, des réflexions, l’éternel limite de la zone de confort : il est usé et répété par les consommants, par les publicités, par la culture marchande. Et à chaque fois qu’un consommant l’utilise, c’est toujours dans un état de panique, de férocité, d’agression ou de défense. Le consommant mord par la morale comme un chien défendant sa gamelle : il se protège de l’ennemi.

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Le problème, ce n’est pas uniquement le sacré transféré à la technologie, c’est aussi la présence de la technologie dans le processus de développement humain, qu’importe la valeur accordée. L’essence même de la technologie est une opposition à la nature, une arme donnée aux caprices pour s’affirmer malgré elle. Ce qui était hier interdit par la nature est aujourd’hui devenu une nécessité grégaire : chaque fantasme et désir peut se réaliser, chaque contrainte, chaque ennui peut être fuit d’un geste mécanique – et tout cela est constamment célébré par le culte de l’objet.

Ce qui a historiquement construit l’esprit humain comme la solitude, l’ennui et l’impuissance face au temps long – un formidable “c’est ainsi” lancé à la nature – est aujourd’hui court-circuité par la technologie. Avant, rien ne pouvait donner autorité aux caprices, ni les imaginer ou les vouloirs, encore moins les réaliser. L’impuissance était organisée, le retour au spirituel motivé à chaque instant par le réel lui-même. La nature dominait.

Aujourd’hui, si l’on veut attendre un quelconque niveau de développement personnel, il ne faut pas compter sur la nature pour nous l’imposer : l’effort hier d’acceptation de la nature et de la contrainte est devenu un rejet de la société toute entière, contre l’éducation, contre toutes les forces perverses agissant sur nous. On est obligé aujourd’hui de rassembler nos forces à l’édifice d’un mur morale pour se protéger de la marchandise et du spectacle. On doit personnifier ce qui était hier délégué à la nature, on doit s’user aux combats, déceler partout les germe de la décadence et les traces de puissance, on doit être méfiant, apte à la douleur, aux rejets, aux échecs, à la perdition et la contradiction de tous ce qui parait aujourd’hui comme la vérité. Toutes les forces utilisées pour retrouver cet état de fait de la nature était hier consacré à la hauteur spirituelle.

La technologie condamne les hommes à lutter contre le spectacle, c’est-à-dire des forces symboliques, contre des manipulations d’instincts, elle nous oblige à nous perdre sans guide dans ce jeu de force rendu si flou et confus par la conservation, si personnel, si subtil. Bref, au lieu de nous élever, la technologie nous use, elle nous prive de notre destin…

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Première mesure révolutionnaire : rendre à l’humanité sa belle nature - faire d’elle l’assassin du progrès.

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La décadence a toujours lutté dans une guerre à mort contre l’ennui, contre l’art éternel de la solitude –celle-ci est trop habile pour construire des êtres autonomes, calmes, satisfaits. Mais une ultime révolution technologique a finalement permis à la décadence de se libérer de ses dernières barrières : les écrans et internet ont officiellement assassiné l’ennui. Dorénavant, à chaque moment de doute où la solitude met en face de l’être ses névroses et la violence de sa société – ce danger naturel approchant – le caprice de la diversion n’a plus qu’une main a plonger dans une poche pour être satisfait.

Le portable est devenu l’arme des consommants, sa protection du quotidien à chaque instant de son existence. C’est lui qui rythme sa journée, l’accompagne dans chaque tâche, le rendant toujours plus incapable d’affronter quoique ce soit d’un peu haut : il est aujourd’hui devenu noblesse d’aller aux toilettes sans l’assistance morale de son précieux téléphone. Ainsi, jamais la nature n’entrave plus le spectacle : l’écran, véritable drogue léthargique, où son et image s’amusent à tromper l’instinct sur la définition du réel ; où l’empathie projetée remplace les véritables relations sociales ; ou les émotions projetées trompent les sens et les rendent personnels ; où la lumière use le consommant jusque tard dans la nuit, juste pour être assez fatigué pour dormir sans pensées, dormir, au mieux, frustré. Mais l’essentiel est sauvé : aucune raison ne viendra commenter cette journée, cette semaine, cette vie. L’insomnie existentielle, bâtisseuse de philosophe, s’est transformée en un assommoir de lumière bleue, de fausses explosions et de pornographie.

Les consommants font semblant, ils remplissent leurs besoins humains d’une piètre façon certes, mais aussi si accessible et partager par tous. Ils se satisfont juste assez pour que leurs manques ne les poussent surtout pas à l’action, à l’initiative, à l’idiosyncrasie : il se gardent juste assez mollusques et conventionnels pour rester tranquille, sans danger – puisqu’ils sont rendus à un tel niveau de violence muette qu’un simple geste en trop les feront chuter. Et pourquoi se prendraient-ils pour des fous ? Chaque minute, le téléphone vibre pour les rappeler au faux monde du spectacle – comme un écho lointain.

Grâce à l’écran et aux réseaux, la marchandise parle et permet de leur faire ressentir des émotions par procuration : puisque factuellement, plus rien d’autre ne peut couvrir leurs manques affectifs dans cette société. L’écran parait comme la sécurité : le sentiment est librement accessible, sans limite à travers la technologie. Le consommant n’a plus à affronter le danger de la passion, de l’amour, de dépaysement : il a acquis son droit à l’extinction, au vide, au simulacre – et l’utilise à chaque instant. Alors qu’importe au fond l’effondrement de la civilisation – le spectacle continue, quoi qu’il arrive.

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Chaque apprentissage est prit en charge soit par la marchandise, soit par l’un de ses subterfuges : de sorte que l’ensemble de l’expérience d’adaptation, d’autonomie, d’expansion de l’action ou de la connaissance est relié de fait au spectacle. Par les révolutions permanentes des rapports sociaux par la technologie, l’apprentissage est en constante évolution et ne peut être assuré que par la marchandise : c’est elle qui dicte et transmet les pratiques grégaires, les moyens de survie économique, etc. Plus aucun rapport d’éducation inter-générationnel n'a aujourd’hui de valeur : les vieux et leur monde sont en tout point incompatibles avec celui des consommants – et les vieux d'aujourd’hui n’ont jamais été aussi jeunes.

La tradition, l’échange humain, la survie de la culture communautaire par la communauté, cela a été détruit par la modernité. En communauté, l’autorité découle de la seule réalité possible : la discussion, les rituels, l’initiative et l’œuvre personnelle. Le consommant lui est incapable de concevoir la concrétisation de l’action, de la culture : il doit recevoir un ordre, on doit lui parler avec des mots abstraits – la nation, l’argent, l’économie. L’autorité, pour lui, émerge nécessairement du symbolisme marchand : que tout est nécessairement le produit d’initiative ou de non initiative – aller au-delà de la valorisation du spectacle – voilà qui lui est totalement étranger.

L’apprentissage passe par le neuromarketing, par le jeu des névroses et des narcotiques, par l’abondance de l’information symbolique hors de toute réalité : soit le domaine d’excellence de la société capitaliste mettant en concurrence toute autres formes de transmission. Avec l’aide précieuse de l’état qui à détruit méthodiquement l’éducation populaire, la transformant en une alliée objective de la décadence, en la dépolitisant, en la privant de son caractère révolutionnaire.

Le consommant est alors rendu incapable d’apprendre en dehors du spectacle – renforçant donc le danger apparent d’un monde sans marchandise, l’enfonçant encore plus dans ses mécanismes pervers et décadents. La conservation, puisqu’elle n’a jamais connu rien d’autre que cela, assimile la consommation comme le seul moyen d’apprentissage, comme une forme d’éternel sécurité, une force d’adaptation face aux temps et aux révolutions qui a mainte fois prouvé sa compétence.

Le progrès impose une constante évolution des rapports sociaux, de plus en plus rapides et violents : il paraît à l’instinct une nécessité absolue de se maintenir dans l’éducation marchande, pour ne pas être mis hors jeu. C’est cela la sécurité, c’est vers quoi les valeurs tendent instinctivement.

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Il y a une mesure de la santé ne souffrant pas d’inconstance : l’altérité, cette capacité à se projeter hors de son existence, vers l’autre, puis l’autre loingtain, d’une autre culture, d’une autre époque. Ce que Nietzsche appelait le “sens historique”. Il est nécessaire pour y parvenir de cultiver depuis longtemps des instincts apaisés, laissant sans peur la projection s’appliquer ici et là sans en ressentir un danger.

Comment être partout en sécurité ? En étant indépendant de toute morale, de tout système, de n’être dépendant pour soi que de soi même. C’est là le meilleur moyen de légéreté : avec le sens historique, nos actions sont libres d’aller vers la hauteur, la noblesse, le jeu, la joie, la tentative : il n’y a plus l’obstacle éternel de l’instinct et des valeurs - c’est cela je crois, le seul véritable sens de la liberté.

L'altérité, chez le consommant, est une falculté atrofiée à l’extrême : il s’est rendu aveugle d’elle, de toute réelle empathie : que ce soit envers l’autre à coté de lui, mais plus encore envers les anciens et les autres civilisations. Il ne parvient jamais à imaginer la moindre petite alternative à son quotidien ou sa culture : il trouve toujours un “je suis” pour s’en sauver - c’est en cela qu’il en est incapable. Il ne fait que moquer, juger, moraliser - bref, il fuit l’épreuve de l’altérité, et ne questionne jamais sur cette étrange habitude.

Il est devenu, par la même occasion, incapable de tout vers l’avenir, d'anticiper en tant qu’individu et encore plus en tant que peuple : même cela, le mot “peuple”, le consommant est trop miséreux pour le comprendre…

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Il faut bien considérer le consommant comme un être terrifié de la nature, de son être, de tout ce qui ne colle pas au spectacle : il vit une tourmente et un danger dont il est incapable de sentir l’émotion – mais son être entier est le fruit de ces névroses. Il est l’opposé de la légèreté, de la joie, de la jouissance : il est une machine lancée qui ne sait pas et ne peut pas s’arrêter sans tomber – il est une panique, une économie délirante, une faiblesse. Rassurons-nous d’une chose : dans nos futures universités, ce sera ce type d’homme par lequel nous étudierons avec le plus de précision et de facilité la décadence – nous voilà témoins de l’histoire en mouvement.

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