Chapitre 10

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Un bol de lait recouvert de céréales au chocolat me fait face lorsque j’ouvre les yeux. Commençant à être habituée, j’attrape mon petit déjeuner devant la porte, puis la cuillère posée à côté. Pourquoi autant d’attention ? Je ne comprends toujours pas.

Je ne sais pas si c’est normal, mais je n’ai aucunement l’impression d’avoir peur. Je suis séquestrée dans cette sinistre pièce et, pourtant, je ne me sens pas menacée.

Tout en me nourrissant, je réfléchis à un plan d’évasion et me rappelle aussi que je suis censée aller au lycée pour passer une année de plus à ne rien faire et espérer, cette fois-ci, décrocher mon baccalauréat.

Certains de mes amis et professeurs vont s’inquiéter de mes absences répétées et de mon silence radio. Ils appelleront ma mère. J’espère qu’elle pourra leur répondre. À vrai dire, je ne sais pas du tout ce qu’elle est devenue et j’essaie de ne pas y penser. C’est impossible qu’elle aille mal. Elle ne peut pas me laisser tomber. Pas comme mon père qui m’a abandonnée juste après ma naissance.

Pour l’instant, mon plan se résume à faire en sorte que mon agresseur m’ouvre la porte. Je pourrai à ce moment m’échapper et courir le plus vite possible. Il ne s’y attendra pas. Cependant, il faut qu’il baisse sa garde et que je le berne suffisamment. Ça va être délicat.

Je vais tout faire pour y parvenir. Dans quelques jours, je sombrerai dans la folie, si je ne suis pas morte de peur d’ici là. Mes crises de claustrophobie sont de plus en plus vives. Mes souvenirs sont douloureux. C’est à cause d’eux tous ces problèmes.

Après avoir vidé mon bol, je le rince et l’entrepose dans un coin pour ne pas attirer les insectes. Bon, il est l’heure de sortir d’ici !

Quinze minutes plus tard, je décide de frapper des coups secs et puissants contre la porte. Je regarde la fenêtre au même moment et distingue un soleil déjà haut dans le ciel. Ça va fonctionner, j’en suis convaincue.

— Ouvrez-moi ! J’ai… J’ai du mal à… Respirer. S’il… S’il vous plaît, dis-je en faisant semblant de tousser.

Espérons que ce stratagème soit suffisant pour baisser la vigilance de mon offenseur.

Une poignée de minutes s’effiloche sans qu’il ne se passe le moindre mouvement.

Une brusque sensation de chute se manifeste. Sur le coup, je crois à mon mensonge. Ma respiration est fluide pour l’instant, mais des vertiges m’embarquent subitement. La faiblesse gagne mon corps. Je m’assieds à terre et m’éloigne de la porte blindée en chancelant. Mes membres répondent difficilement. Je m’allonge entièrement. Ce n’est pas une crise de claustrophobie. Rien n’a pu la provoquer dans les évènements précédents. Les sensations sont différentes.

Je suis désemparée. Tout est au ralenti autour de moi. Mes yeux se ferment d’eux-mêmes. Je ne connais pas ce sentiment d’inhibition.

Après réflexion, il est similaire à ce que j’ai vécu la dernière nuit chez moi, avant d’arriver dans cette cave nauséabonde. Mon cerveau refuse de cogiter plus longtemps. Il s’endort, suivi par mon corps tout entier. Je m’envole encore une fois. Est-ce la mort qui m’accueille ?

Au moment de m’évanouir, mon ouïe capte une succession de bruits distincts, lointains ; le grincement de la porte métallique, relayé par des pas calmes et proches.

Tu as échoué Alice.

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