La zone concentrait sans doute un potentiel à la fois neutre et puissant pour l'imaginaire, du plus lubrique fantasme, à l'esprit le plus torturé. Qu'on la traverse en voiture rapidement, ou en petites foulées sportives, arnaché de technologie, elle ne laissait personne indifférent. On remontait la rampe vers le bas de la rue de Siam, péniblement, s'attendant à voir quelque crucifié, le front maculé de sang, tomber sous le poids d'une massive croix de bois.

Bagnards ou romains l'avaient connu sous un autre aspect, cité stratégique, quelles que furent les époques. Mathias n'était-il pas l'un d'eux, revenu d'entre les morts pour assouvir on ne sait quelle vengeance ?

Il cherchait peut-être à répondre à cette énigme, enfouie au plus profond de sa mémoire, ressentant ce lien étrange, viscéral, tellurique,...

La tension qui l'animait n'était pas humaine. Elle ne s'éteindrait jamais, même après sa mort.

Ce n'était pas le goût du sang,...non ; même pas le goût de tuer,... C'était autre chose.

Du fond des eaux brassées par un flux puissant, plus au large ; comme un écho, partait une longue et poignante plainte, presque un sanglot.

Il faudrait d'autres sacrifices pour apaiser son mal ; beaucoup d'autres.