Nocturne. 

Une minute de lecture

La nuit, Mathias sortait courir. Il relevait la capuche de son sweat gris anthracite et se laissait absorber par l'obscurité. La lueur des quelques réverbères lunaires projetait très peu d'ombres et conférait au paysage portuaire, un air fantômatique. Il longeait le vestige herbu de la voie ferrée unique en direction du Moulin blanc, comptant chaque pas, ressentant la foulée et la gravité, ainsi que l'augmentation de son rythme cardiaque. Il s'installait alors dans une cadence quasi méditative, tandis que ses ondes cérébrales passaient en mode alpha.

Puis il faisait le tour du rond-point, un peu avant le bâtiment aux allures futuristes dans lequel il travaillait, et retournait dans son abri de béton.

C'était le meilleur moment pour lui, l'heure où les tensions retombent, quand seule la présence océane exhale tout son parfum. Alors il pouvait rentrer et trouver le sommeil, rempli de solitude iodée et d'obscurité.

Au petit matin, avant de reprendre le travail, il passait une heure à s'entrainer. Ex-commando et combattant redoutable, il n'oubliait pas ce rituel guerrier indispensable à son équilibre. Sac de frappe, Mook-jong et kubotan : arme redoutable aux mains d'un expert, dont un exemplaire lui servait de porte-clé.

Mathias était un tueur.

Il ne l'oubliait pas.

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