Qu'est-ce qu'il m'arrive?

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Mia

Le reste de la journée est passée à une vitesse éclaire. Les cours ce sont enchainés les uns après les autres. J’ai assisté à tous les cours, assise à mon banc, devant les professeurs qui défilaient. Ma main écrivait mais mon esprit, quant à lui, vagabondait, pensif. Je n’ai jamais été dans cet état. Et je n’aime vraiment pas ça!

En temps normal, j’aime toujours garder le contrôle de tout mes actes. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'alcool ne m'a jamais fait rêvée. Pourtant, il y a quelque chose en lui qui m’attire terriblement. Je n’arrive pas à déterminer quoi. C’est juste inexplicable. Je m’abandonne de temps en temps à penser, peut-être même espérer, qu’il ait ressentit la même chose que moi tout à l’heure. Je dois devenir folle. Jusqu’à présent, je n’ai jamais eut besoin de personne et cela ne risque pas de changer maintenant. Mia Wilson est indépendante et l'a toujours été.

A la fin de la journée, je rentre chez moi, comme à mon habitude. J'aime ces moments dans le bus scolaire car on peut discuter tous ensemble. L'ambiance y est unique, on chante, on rigole et tout le monde fait des rencontres. Ici, il n'y a pas de premier de la classe, d'intello, de sportif, d'artiste,... il y a juste des collégiens.

Sauf que cette fois-ci, pour la première fois, je décide de rester seule au fond du bus avec mes pensées comme seule compagnie. Il y a des flash dans ma tête: le regard de mon père, l’image de ma mère souffrant dans ce lit et la chaleur montant dans mes veines. Je repense à ce moment, au commencement. Je n’ai jamais été tendre envers ma mère, mais elle non plus. Alors, pourquoi tout d’un coup ça m’inquiète autant? Pourquoi ce sentiment de culpabilité me ronge-t-il autant? J’ai l’impression que ma tête va exploser... Puis, son doux et beau visage me remet tout doucement les pieds sur terre.

Le bus s’arrêta au terminus. Un bruit de klaxon retentit pour me sortir de mes pensées.

- On se réveille là dedans! Je n’ai pas toute la journée, crie une grosse voix à l’avant du bus scolaire.

Je me dépêche de rejoindre les portes du bus. Et puis, en un sursaut, je saute de celui-ci. J’ai encore une petite marche avant de rentrer chez moi.

Mes parents ont toujours voulu une maison pas trop proche des grands axes routiers et ils ont trouvé un bijoux à ce niveaux-là. Notre rue est l’une des plus chère des environs, ça a toujours été important pour eux d’étaler nos richesses, peu importe la façon. Je hais ça plus que tout. Ce n’est pas le moment de penser à ce qui ne va pas entre mes parents et moi, au final ce n’est pas si important pour l'instant. Je regrette les moments où il n'y avait que ça qui me préoccupait.

Après 30 minutes de marche, me voilà dans ma rue. Il faudrait être aveugle pour ne pas remarqué le camion de déménagement devant chez moi. Pour une telle maison, il n’est pas si grand que ça, me dis-je. Cela me fera bizarre de ne plus la voir à l'abandon, elle est inhabitée depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Elle m'a toujours fait peur, pas par manque d'entretient comme pour certaines maisons dites "hantées". Au contraire, celle-ci est bien en ordre grâce au jardinier qui vient tout les mois retailler les haies. C'est plutôt comme si j'avais toujours un mauvais pré-sentiment en passant à proximité de la maison au numéro 13.

Je me dépêche de passer devant, ne voulant pas être obligée de devoir faire un faux sourire aux nouveaux arrivants. Je lève ma main pour pouvoir serrer la poignée de ma maison. Lorsque je l’ouvre, un bruit de machine familier retentit dans mes oreilles. Celui-ci est régulier, suivant un tempo comme les basses d’une musique douce. Je pousse la porte pour pouvoir rentrer à l’intérieur. Mon nez se retrousse à l’odeur, elle sent toujours le brulé.

Lorsque je rentre dans le salon, j’aperçoit ma mère allongée et sans défenses sur ce qui ressemble à un lit d'hôpital. Cela me fait toujours aussi drôle de la voir dans cette état, si faible et si... pathétique. Mon père est endormi dans le canapé jusqu’à ce qu’il entende la porte claquée. Il émerge désormais de son sommeil. Je me rapproche de ma mère sans y prêter d’attention.

- Comment va-t-elle?

Ces mots sortirent automatiquement de ma bouche. Pourtant la réponse est évidente, comment ça pourrait aller? Cela n’a pas perturbé mon père pour autant.

- Il y a eut quelques petites complications aujourd’hui à la clinique. Ces soins vont durer plus de temps que prévu. J’ai donc décidé qu’elle les suivra ici, ça nous permettra de l’accompagnée au mieux.

Je voyait qu’il pesait ces mots, pourtant il sait que je ne suis plus sa petite fille qu’il faut à tout prix préserver. Je réprime l’envie de le lui faire remarquer. Je décide de changer de sujets.

- Tu as vu qu’on a de nouveau voisin?

C’est la premières choses à laquelle j’ai pensé. Son regard trahis son air surpris. Il comprends que je veux changer de sujet, c’est évident. Il n’a pas l’air de vouloir parler d'autre chose. Il se blottit dans le fauteuil en me tournant le dos. Il a l’air brisé. Je n’avais jamais remarqué à quel point, malgré leur nombreuses différences, ils sont amoureux l’un de l’autre. C'est touchant. Il fini quand même par me répondre.

- Oui, je leur ai donné un coup de main pour leurs meubles tout à leur avant l'appel de l'hôpital.

Ca fait longtemps que nous n’avons pas eu une conversation normale lui et moi. Sans dispute et sans prise de tête. Je décide de continuer.

- Donc, tu les as déjà vu, ils ont l’air sympa?

Je m’en fou un peu de le savoir, on a jamais eu beaucoup d’interaction avec nos voisins à part, bien sûr, les bonjours matinaux. Il me réponds dans un chuchotement à peine audible.

- Oui, très sympa...

A peine quelques minutes plus tard, des ronflements retentissent. Je soupire, je sent que je vais devoir préparer à manger moi-même. Je n’ai pas beaucoup de courage ce soir, alors, je me contente de réchauffer de vieux reste de pâtes.

Je monte manger ça dans ma chambre. Mes parents ne voudraient surement pas mais ils ne peuvent rien dire si ils ne le savent pas. Je pourrais réveiller mon père pour manger mais il est à ramasser à la petite cuillère pour l’instant et je n’ai vraiment pas besoin de m’en occuper par dessus le marché. Il est déprimé et il me déprime.

Une fois dans ma chambre, il me vient une envie pressante de dessiner. Je monte le son de ma radio portable, attrape mon carnet de dessin favori et un crayon bien taillé. Je ferme les yeux, laissant mes doigts se détendre autour du morceau de bois. Je ne réfléchis plus à rien. Mon subconscient prend le dessus sur mon conscient. Tous mes nerfs se détendent pendant cette procédure relaxante. Mes doigts sont libres comme l’air sur le papier, faisant aléatoirement des courbes et des gribouillis sur celui-ci.

Après un moment de relaxation intense, je décide de rouvrir les yeux.

Ce que je vois me laisse sans voix. Je ne m’y attendait pas. Le fait de savoir ce que j’ai fait sans vraiment le vouloir me fait peur. Je cligne des yeux avec l'espoir que ce soit une illusion.

Lui. Son doux visage me fixant, posé sur ma feuille de papier. Ses traits nettement tracés sur le papier.

Un frisson me parcoure la colonne vertébrale, puis se propage dans tout mon corps. Suivi d'une douce chaleur réconfortante. Cette chaleur étant de plus en plus forte, je déchire la feuille du carnet pour la serrer contre moi, je ressent le besoin de l'avoir au plus proche de moi.

Et là, c'est la stupeur! Celle-ci se désagrège entre mes doigts dans un nuage de fumée. Elle a été dévorée par les flammes. Il n'en reste plus rien.

Bon sang, que m'arrive-t-il?

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