Ce n'était qu'un accident...

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Seule, encore plus seule. Seule dans ses pensées, seule dans ce couloir, mais surtout, seule dans ce cauchemar. Cette fille est si insignifiante dans ce grand couloir blanc qu'aucun passant n'y prête attention.

Ce qu'il s'est passé? Elle ne s'en rappelle pas. Elle a beau essayer, la seule chose dont elle se souvient c'est la colère ardente qu'elle a ressentie avant de se retrouver ici.

Elle repense à la soirée de la veille. Elle regrette les mots tranchants qu'elle a pu lancer sous le coup de l'émotion. Ceux qui seront, peut-être, les derniers qu'elle lui aura adressés. Elle donnerait tellement pour les enlever et pour changer le déroulement de cette altercation.

Elle était dans sa chambre, seule dans son monde. Munie d'un carnet dans une main et d'un crayon dans l'autre. Elle aime ces moments où elle peut voir le monde à travers ses coups de crayon. Sur ses feuilles de papier, l'univers lui parait moins complexe qu'en réalité. Il est arrêté à un instant précis, limité par les bords de sa feuille, tout en mettant en avant un seul point de vue. Elle se perd parfois à penser à comment serait celui-ci s'il s'arrêtait à ses dessins. Dans la réalité, on ne peut pas dire que tout est noir ou blanc et ça rend tout trop difficile à son goût.

Tout d'un coup, une voix l'interpella et la fit sortir de ses pensées.

- Mia Jennifer Wilson! Il faut que tu descendes maintenant! criait quelqu'un en dessous de l'escalier.

Elle sursauta n'aimant vraiment pas être interrompue. La jeune fille n'avait aucune envie de descendre, elle décida donc de prendre tout son temps. Elle y allait avec les pieds de plombs. De toute façon, quoi qu'elle fasse, elle savait très bien comment ça allait finir. C'est toujours pareil avec sa mère.

- Ah! La taupe est enfin sortie de son trou à ce que je vois, miracle ! Lâchait-elle en un souffle.

Son air ironique l'exaspérait. La colère monta aux joue de Mia. Si sa mère continuait, elle ne pourrait pas l'écouter beaucoup plus longtemps sans rien faire. Mais l'adolescente continua toutefois à regarder cette femme aux cheveux couleur or.

- L'école recommence bientôt, Mia. Alors, profite de tes derniers jours: sors, amuse-toi, va faire la fête,... enfin, sois une ado normale pour une fois dans ta vie

Elle marque une pause voyant la colère sur le visage de sa fille. Avant de reprendre son monologue.

-Par exemple, moi, quand j'avais le même âge que toi, je...

Mia ne prit même pas la peine d'écouter la fin de sa phrase. Sa mère ramène toujours tout à elle. Mia connait ses récits par coeur. A l'époque, sa mère était la fille parfaite, la petite pompom girls dont tous les garçons rêvaient. La fille populaire à la grosse tête. Et maintenant, elle veut que sa fille soit comme elle mais elle ne comprend pas que Mia n'est pas comme elle et ne le sera jamais.

Mia en avait vraiment marre. La colère montait en elle. Elle ne pouvait plus rester impassible face à la situation et à ses propos. Elle se retourna et remonta les marches deux par deux. Une fois à l'étage, elle fit quelques enjambées et rentra dans sa chambre à la vitesse d'un cheval de course. Puis, Mia claqua la porte le plus fort possible derrière elle. Un bruit assourdissant retentit dans le couloir avant de résonner dans l'entièreté de l'habitation. Elle est enfin dans cet endroit si rassurant: sa chambre. Cela lui fait du bien. Elle peut enfin essayer de se calmer et de reprendre ses esprits.

Malheureusement, le repos fut de courte durée. Un bruit de machine se fit entendre dans le couloir. Elle se retourna en un bon et ce qu'elle vit la laissa sans voix. La porte disparu sous ses yeux choqués, laissant place à un homme roux et barbu. Derrière celui-ci, cachée par sa grande taille, se tenait sa mère. Elle avait l'air abattue mais surtout en colère.

- Si tu ne sais pas fermer une porte correctement, alors autant l'enlever, non? disait-elle d'un air satisfait.

La colère monta en Mia plus que jamais. Son sang bouillait. Elle ne pouvait plus rester sans rien dire. Sa génitrice savait à quel point l'intimité qu'elle trouve dans sa chambre est sacrée pour sa fille. Alors, cette dernière fit ce qu'elle aurait voulu faire depuis si longtemps, elle a dit ce qu'elle pensait!

- Tu sais, maman, peu importe ce que tu fais, je ne serai jamais comme toi! Je ne le voudrais pour rien au monde de toute façon! Si tu savais comme ce serait tellement plus facile sans toi! lui cria-t-elle à la figure.

La vérité sorti enfin de sa bouche. Et bon sang, qu'est-ce que ça lui fit du bien. Elle vit la douleur dans ses yeux qui se transforma peu à peu en une colère noir. Son père, quant à lui, ne bougea pas d'un poil. Surement surpris par sa réponse brusque et sans détour. Un silence malaisant s'installa entre eux. Après ce qui lui paru une éternité, sa mère cassa le silence. Elle avait la larme à l'oeil.

- Tu viens de passer d'une semaine à un mois sans porte, ma chère. J'espère que ça te fera réfléchir. Lâche-t-elle avec toute la colère dont elle est capable.

Elle avait à peine fini sa phrase qu'elle partit vers le rez-de-chaussée. Son père la regarda un instant dans les yeux, l'air triste. Il n'aime pas quand elles se disputent mais, malheureusement, ça arrive de plus en plus souvent ces derniers temps. Après un moment, il décida de suivre sa femme dans le couloir. A mi-chemin, il se retourna.

- Ça te fera du bien, Mia, crois-moi. Il marque une pause. Tu nous as pas laissé le choix.

Ce fut ses derniers mots avant de partir.

Evidement, il n'ira jamais à l'encontre d'une décision prise par sa chère femme. Il n'oserait pas, se disait-elle.

Il fallait qu'elle se calme, la chaleur avait atteint ses joues. Elle repensa aux techniques que sa psy lui avait enseignées quand elle était petite pour pouvoir gérer les phases comme celle-ci. Alors, elle s'assit en tailleur sur son grand lit blanc et ferma les yeux. Elle laissa l'obscurité l'envahir. "Allez Mia, on inspire et on expire. Et on recommence encore et encore." se répèta-t-elle pour elle-même. Elle essayait de penser à autre chose, n'importe quoi. Par exemple, le petit chat qu'elle a reçu pour ses quatre ans. Il était si mignon. Il était toujours près d'elle où qu'elle soit et quoi qu'elle fasse. Elle arriva petit à petit à se calmer grâce à ce souvenir. Son coeur battait de moins en moins vite et ses respirations étaient de plus en plus lentes.

Jusqu'à ce qu'un courant d'aire frais venant du couloir fit tomber une de ses magnifiques mèches de cheveux crollée devant son visage et ses yeux bleus Labradorite. Cela lui rappela l'épisode qui venait de se produire et le trou qui laissait place à une vue sur le mur beige du couloir. Ce n'est plus de la colère mais de la rage qu'elle ressentait maintenant. Elle voyait rouge, et ce n'était peut-être pas qu'une expression au final. Elle attrapa ses draps avec ses doigts et les serra le plus fort qu'elle pu. La chaleur devenait insupportable. Elle ne contrôlait plus rien, la colère prenait entièrement possession de son corps. Cela devait être ce que ressent un volcan en rentrant en éruption, se disait-elle.

Et puis, c'est le noir. Le noir complet.

Elle fixe cette porte fermée dont elle connait chaque recoins maintenant. La dernière chose dont elle se souvienne, c'est les cris de son père, les plaintes de sa mère et cette puissance. Ceux-ci résonnent encore dans sa tête. Elle se rappelle qu'on l'appelait mais son corps ne réagissait pas... Ce sentiment d'impuissance la rend folle...

Une larme coule sur ses joues.

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