93. Antoine

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Je vais directement prendre une douche en rentrant des cours. Le fait qu’il soit 17 heures ne me perturbe pas particulièrement, j’ai fini ma journée. Et par fini ma journée, j’entends que je vais passer cinq ou six heures à ne rien faire de productif ou de social. Ecrire peut-être ? À voir.

Je me perds pendant de longues minutes à apprécier la pluie d’eau chaude qui m’effleure les épaules et le torse de ses innombrables caresses. Des fragments d’idées viennent, puis se font emporter par les flots.

J’aime vraiment l’eau. J’ai toujours eu une certaine affinité pour cet élément, avec en particulier un véritable amour pour les chaudes et violentes pluies tropicales de mon enfance au Brésil. Je soupire en repensant à cette époque plus simple et plus insouciante, où je ne me préoccupais pas de petites choses insignifiantes comme ma place dans le monde ou le sens de ma vie. Comme tous les enfants, j’était plus… vivant.

Je monte encore un peu la température de l’eau sans doute déjà trop chaude, et je laisse les gouttes se refroidir un tout petit peu, passer sous la limite de l’insupportable en traversant mes cheveux. J’inspire encore plusieurs fois l’air chargé de vapeur avant de couper le débit.

Me revoilà devant mon ordinateur. Je n’ai plus du tout envie d’écrire, je n’ai pas non plus l’envie de regarder quelque chose, de lire ou de lancer un jeu. Un étrange vide de désir tandis que je considère les couleurs pastel de mon fond d’écran, un tableau sur lequel un navire est arrimé à un ponton solitaire au bord d’une île, flottant sur une mer remplie d’étoiles. J’imagine être dans ce navire, un simple observateur dans un monde trop grand, dans une vie en pilote automatique. Rien de très différent de mon quotidien finalement.

Ce n’est que quand l’écran s’éteint tout seul que je me secoue de mes pensées.

Peut-être bien que je vais écrire finalement.


Je ne suis qu’un fantôme, une ombre bienveillante.

Dans un monde trop rapide, une plume tremblante.

Comment se faire entendre, sans avoir l’air délirant ?


De mondes différents, séparés par un écran.

Peut-être miraculeusement, que pourtant on se comprend.


Mais j'écris et ne dis rien, simple poème sans espoir.

Entends-tu quelque chose, à travers mes lettres noires ?


Je l’envoie à Hélène sans me laisser le temps d’hésiter. C’est sans doute un drôle de message à envoyer à minuit passé mais… Trop tard, on verra bien.

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