Spank & décompte

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 La piaule était bien, suffisamment grande pour y être saoul sans devenir fou. Les deux lits étaient côte à côte jouxtant un petit salon où se trouvaient tables basses, fauteuils et canapé. Une petite cuisine baignait dans le fond accompagnée d’une salle de bain aussi lumineuse que grande. Baignoire et douche à l’italienne. Les WC étaient séparés et le balcon donnait vers la mer. Ellie s’approcha du lit pour y poser son sac à main. Je la suivis comme un chien et d’un coup de paume, elle se retrouva à quatre pattes sur le matelas robe à moitié retroussée. Elle marqua un temps d’arrêt, très court, et docilement se cambra pour me laisser seul aux commandes. Ni le lieu, ni l’heure, ni Ellie n’avaient d’importance. Une démence soudaine parcourait mes veines pourtant tranquilles et passait de mes mains à ma bouche sans l’ombre d’un remords. La route avait été longue. Ces quinze jours de repos me revenaient dans la gueule sur des démons hurlants. Moi qui aimais la faire ramper, je me jetais sur elle pour lui saisir les cuisses et les ouvrir comme une naissance. Ma main gauche caressa un instant son échine, de façon brève, et d’une poigne d’homme autolâtre, prit plaisir à la cambrer au possible. Elle ne disait mot et obéissait sagement à mes invectives. J’avais une furieuse envie de la corriger. Furieuse envie de la voir rougir sous mes coups et la mater autant qu’il me plairait.

— J’ai besoin d’un bon dresseur, finit-elle par me dire.

— …

— Ma chatte brûle d’envie, s’il te plaît …

Ses paroles me déroutèrent. J’aimais mener la danse et bien qu’ayant le bon rôle, quelque chose m’échappait.

— Tu vas compter les coups, me remercier pour chaque et implorer le suivant.

— T’attends quoi pour commencer …

J’aurais tué pour avoir trois grammes de scotch en plus dans le sang. Mon désir s’était mu en crainte et nos âges s’inversaient. Une première claque s’abattit sur sa peau tendre et résonna dans la chambre.

— Une … Merci David.

— Oublie mon prénom. Merci me va très bien.

— Deux !… Merci monsieur …

— Oublie monsieur.

— Trois !… Trois …… j’en veux encore…

J’en profitais pour lui retirer sa robe et lui passer ma ceinture autour du cou n’en tenant que le bout d’une main. J’avais peut-être serré un peu fort mais la gamine réclamait.

— Cambre-toi mieux que ça salope. Mords l’oreiller si tu veux mais divertis-moi.

La quatrième claque qui s’abattit laissa sur sa fesse gauche une striure pourpre. La béatitude qui l’habitait m’encourageait à continuer.

— Quatre !!

— Il en reste seize… Tu vas regretter d’en avoir initié le jeu.

— Cinq !…

Six, sept, huit, neuf, dix …

Elle encaissa jusqu’à la vingtième les larmes aux yeux. Dans la chambre se consumait sa croupe et bientôt je n’entendis plus que son cœur bouillir d’une fureur sourde. J’en devinais les battements tant celui-ci voulait quitter sa gorge. J’étais en nage. Vieux bouc aux dents de loup. Pathétique.

— J’ai soif David…

— Je nous commande à boire.

— Merci.

— Tu lui ouvriras tel quel, nue, les yeux brillants, et tu refermas la porte après qu’il t’ait servie.

— Mais…

— Mais quoi ?

— Qu’est-ce qu’il va penser de moi ?

— Rien. La surprise et l’envie d’en profiter prendront le pas sur toute réflexion. Il ira dans la foulée tituber et t’insultera avant de sombrer. D’ailleurs tu vas l’appeler. Tu sais très bien ce que je bois.

Ellie resta quelques secondes absente avant de prendre le combiné. Elle me regarda, me sourit, passa un doigt entre ses cuisses avant de le porter à sa bouche et composa les touches. Ses yeux scintillaient de la même lueur que l’après-midi passée dans sa chambre. Elle était peut-être faite pour ça. Subir l’esprit salace d’un homme la dominant. Le type de l’accueil répondit machinalement au téléphone et demanda en quoi il pourrait nous aider.

— Bonsoir, vous auriez du scotch à nous monter ?

— […]

— Bourbon, c’est très bien.

— […]

— Oui, une bouteille, vous l’apportez ?

— […]

— Faites vite, il ne m’a pas encore sautée et on est venu pour ça.

Elle raccrocha et me regarda.

— J’ai été comme il faut ?

— Tu mériterais qu’on reparte pour une série. Branle-toi un peu. Je veux que ça coule sur tes cuisses quand tu lui ouvres. Donne-moi l’un de tes strings.

Elle fouilla dans son sac pour m’en tendre un. Je le portais à ma bouche et crachai dedans.

— Ça sera son pourboire.

Je lui rendis après l’esquisse de son sourire. J’étais debout les tempes battantes, et malgré une furieuse envie d’être soulagé, nous attendions tous les deux amoureusement que le groom vienne nous rincer. Ellie, une main entre les cuisses, me fixant d’un regard de pute et moi comme une ordure songeant au reste de la nuit.

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