II.

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Pourtant, six mois plus tard, le marchand était sans nouvelle d'Antranik.

Il s'inquiéta et convoqua Zinzillon, le chevalier-dandy, qui, lui aussi, n'était chevalier que de nom puisqu'il montait un poulet géant mais surtout parce qu'il s'était reconverti dans l'ambassade itinérante et l'espionnage intermittent.

Autant Zinzillon avait fière allure avec ses longs cheveux bouclés, sa moustache cirée, ses habits de valeur, son chapeau emplumé et sa rapière au côté dont le pommeau était recouvert de feuilles d'or et incrusté de pierreries, autant Antranik ne ressemblait pas à grand-chose. En effet le larron était petit, trapu, courtaud et velu, et il ne prêtait à sa vêture qu'un soin très accessoire. Zinzillon aimait, pour sa part, se parer de couleurs criardes et autres fanfreluches variées afin qu'on le voie de loin. Il était toujours apprêté, propre et soigné, à la pointe de la mode, souvent en avance, et parfois même un peu trop si l’on considère les pompons de velours mauves et jaunes qui pendouillaient de son pourpoint.

Maître Bronulf expliqua la situation à Zinzillon et lui demanda d'aller voir ce qui se passait en Adésiderata. Le dandy accepta de bon cœur bien qu'ayant du mal à comprendre le sens et le but de cette étrange communauté. Vivre sans désir, cela était une idée bien saugrenue, ces gens devaient être quelque peu dérangés.

— Non pas, fit Maître Bronulf, ils ont une philosophie différente.

— Une philosophie de gratte-cul, oui ! objecta Zinzillon, qui deux jours plus tard, se mettait en route.

Juché sur son fier gallinacé, ayant loué les services d'un guide, Zinzillon traversa le Marmouv’ et, après avoir échappé à une embuscade de brigands, une nuée de sangsues sauteuses et autres joyeusetés létales de cet acabit, il déboucha dans le Sud. Il se dirigea alors droit vers l'ouest. Zinzillon parcourut cette terre verte et guillerette, couverte de champs rayonnants et de villages tranquilles, sans encombre. A la différence du Nord, le Sud n'avait pas de structures politiques de grande ampleur. Ce n'était qu'une succession de villages paisibles et prospères, autonomes les uns par rapport aux autres et vivant, à l'inverse du Nord là aussi, dans une paix relative. « A part ça, se dit Zinzillon, les gens sont habillés comme des ploucs, ici ! »

Enfin, il arriva en vue d'Adésirata.

Quelques semaines plus tard, Maître Bronulf se fit annoncer le retour de Zinzillon par son valet. Il le fit installer dans son cabinet de travail, se fit servir du thé aux épices ainsi que quelques biscuits au miel et l'interrogea.

— Alors, avez-vous trouvé Antranik ?

— Si fait, fit Zinzillon.

— A-t-il réussi ?

— Non pas.

— Il a échoué ?

— Pas exactement. Il a renoncé.

— Renoncé, s'exclama le marchand, mais comment cela se fait-ce ?

Et, prenant son ton le plus docte, Zinzillon lui raconta son arrivée en Adésirata et ce qui s'était ensuivi.

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