LA VÉRITÉ EST AU FOND DU BOCAL À COOKIE

de Image de profil de HemlocKHemlocK

Avec le soutien de  KamiNomegumi, Bella Leff 
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Le président s’était assis le plus confortablement possible dans la cabine du Falcon et tentait de garder tout le calme qu’imposait sa fonction même si, en relisant le message envoyé six heures plus tôt par son homologue américain, il ressentait l’impérieux besoin de boire quelque chose de particulièrement sec et corsé. À côté de lui, KamiNomegumi, sa collaboratrice secrète regardait par le hublot les lumières la base de Villacoublay qui faiblissaient tandis que l’avion prenait de l’attitude.

Elle était si secrète qu’elle faisait partie du club hermétiquement fermé des éminences grises de tous les puissants de ce monde et dont tout le monde, en dépit du web et des journaux à sensation, ignore l’existence et font d’une phrase la pluie ou le beau temps sur les gouvernements. En fait son travail était si secret qu’à certains moments, en particulier le matin avant d’avoir bu son café (d’une marque secrète), elle-même ne savait pas trop ce qu’elle faisait en réalité.

Il lui demanda de le laisser seul un petit moment pour relire le message (et éventuellement avaler un cognac) ce message, une banale lettre sur un papier tout aussi banal, lui avait été remise en main propre par un coursier que les services de l’Élysée avaient authentifié comme membre de la NSA.

Recevoir une information de cet acabit par une simple lettre lui avait d’abord semblé un peu bizarre, mais en y réfléchissant un peu c’était particulièrement judicieux : À une époque où tout transite par internet et qu’il est notoirement établi que n’importe quel adolescent quelque peu calé en ordinateurs arrive à se balader tranquillement sur les serveurs de la CIA, de la NSA ou encore du MI6 (pour ne rien dire de cette passoire qu’est le FBI) avec bien plus de facilité qu’il ne lui en faut pour piquer en douce la carte de crédit de ses parents (du moins si l’on en croit les meilleures séries américaines, les sites complotistes ou les forums pour geeks en tout genre, c’est dire si tout ça est sérieux !)

La prudence la plus élémentaire conseille donc d’éviter comme la peste toute espèce de communication numérique si l’on veut éviter une autre histoire à la Wikileaks.

Aussi, en revenir aux bonnes vieilles missives papiers par courrier traditionnel écrites au stylo plume sur un papier à lettres sans entête ou, mieux encore, à la plume d’oie sur un parchemin bruni comme au temps des trois Mousquetaires ou du Vicomte de Bragelonne ; et bien cela relève du simple bon sens !

De toute façon le message, à cryptage asymétrique, avait été authentifié et nul doute était possible, il venait bel et bien du bureau ovale.

En substance, et une fois décodé, il disait ceci :

« Rapports Condon et Blue Book falsifié. Tout est absolument vrai sur l’existence des EBE — venez de suite — Urgence mondiale —

IMPORTANT : vérifiez que vous avez tous les objets de la liste avec vous, puis veuillez manger ce message ».

Ayant lu et relu ces deux lignes, il s’exécuta puis se servit enfin un double cognac pour essayer de se détendre et au passage mieux faire descendre le message de la maison blanche.

Il prit note de demander ce qu’était un ou une EBE et de prier le secrétaire de la maison blanche d’utiliser la prochaine fois un papier au grammage plus fin et si possible de meilleur goût ou en tout cas plus propice à la mastication.

Comme tout le monde, il avait entendu parler du Blue Book et de la commission Condon, une petite formation là-dessus était même prévue dans le cursus présidentiel : mais il avait un pays à faire tourner et des tas de problèmes à résoudre pour s’encombrer l’esprit avec des histoires d’ovnis ou de petits hommes verts à dormir debout et, à moins que ces derniers soient des électeurs potentiels, il se fichait bien de leur existence et les laissait volontiers à l’imagination des auteurs de SF ou de blockbusters américains.

Cela dit, le président américain, tout progressiste et décontracté qu’il fût, n’était pas du genre à faire des plaisanteries, surtout si elles impliquent de laisser tomber tout un pays et un ministère à moitié en crise pour aller à Washington sur l’heure. C’était déjà inquiétant, mais ce qui le troublait davantage c’était la liste jointe au message et dont le contenu reposait dans une autre cabine :

Que voulait faire l’américain avec deux bourriches d’huîtres, du foie gras, des escargots, du cassoulet au confit de canard, du gratin dauphinois, de la bouillabaisse, des pieds et paquets, de la charcuterie lyonnaise, cinquante sortes de fromages, des cannelés, du Far breton, des crêpes, des assortiments de vins fins…. La liste était très, très longue et il avait dû activer tous les relais de la cuisine présidentielle.

L’intendant de l’Élysée en avait piqué une crise quand on lui avait dit de faire préparer le tout en si peu de temps, sans lui en donner la raison par-dessus le marché :

– Tout ça pour dans à peine trois heures ? Mais c’est un vrai repas pour un sommet international que vous me demandez, c’est intenable, les cuisiniers vont me passer à la moulinette !

– Urgence mondiale ! lui fut-il répondu.

Le malheureux Vatel des temps modernes n’eut donc d’autre choix que de s’exécuter et fonça vers les cuisines en maugréant, aussi désespéré que si on lui avait commandé un ragout d’ornithorynque.

Méditatif, le président en était réduit aux conjectures : c’était un peu tôt pour le dîner du réveillon, un peu tard pour un pique-nique dans les jardins de la maison blanche et il concevait difficilement un casse-croûte improvisé dans le bureau ovale, mais, et surtout, quel rapport avec le reste ?

Il se tourna vers Mme KamiNomegumi qui lisait avec beaucoup d’attention un épais magazine, en se penchant un peu il en vit la couverture fluo bleue et verte criarde, dans le plus pur style new-âge des années 70, avec un petit extraterrestre juste sous son titre : Applepies & Conspiracies.

– Ça m’a l’air très intéressant, dit-il pour engager la conversation.

– Évidemment, c’est la meilleure revue complotiste qui existe, je n’en manque jamais un numéro ! C’est le journal que toutes les éminences grises dignes de ce nom lisent régulièrement pour se tenir au courant.

– Je vois, je vois, mais pourquoi Applepies ?

– Ho, c’est parce qu’ils ont aussi un excellent supplément pâtisserie !

– Hum, dites-moi, Mme KamiNomegumi, pendant que nous y sommes qu’est-ce qu’un ou une EBE ?

– Ne vous en faites pas monsieur, tout vous sera expliqué en détail et en temps utile dès notre arrivée à Washington. Ho, puis-je s’il vous plait avoir un peu de cet excellent cognac moi aussi ?

Science-fictionHumourAventurePresidentielleUSAExtraterrestresDéficookies
Tous droits réservés
6 chapitres de 4 minutes en moyenne
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En réponse au défi

Histoire loufoque

Lancé par KamiNomegumi

Bonsoir à tous, j'espère que vous allez bien ! ^^

Alors voilà mon tout premier défi que je propose :

J'ai envie de lire des histoires complètement loufoques !

Mais quand je vous dis complètement loufoques, ça peut partir dans n'importe quoi !

Et pour pimenter un peu les choses : des petites contraintes !

Il faudra que l'histoire comporte ces mots :

Extra-terrestre ; sous-marin ; licorne ; ornythorinque et KamiNomegumi

Mouahahahah ! J'ai hâte de lire vos histoires complètement folles !

A vos claviers ! :D

Commentaires & Discussions

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