L’insupportable madame Dureuil-Petit  

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La journée de Jeanne-Micheline débutait toujours de la même manière. Après avoir enfilé son infâme manteau en léopard, la vieille dame attendait six heures précises pour monter au dernier étage et frapper à toutes les portes.

- On se lève, paresseaux ! criait-elle.

Car oui, madame Dureuil-Petit de Pimlinpinpin se faisait un devoir de jouer les réveil-matins en réveillant tout l'immeuble dès les premières lueurs du jour. C'était là son travail disait-elle avec une fierté non dissimulée.

Ce qui provoquait force grognements et marmonnements râleurs où il était question de malédiction et de vieille sorcière.

Mais ce n'était pas tout. Aussitôt après, elle retournait dans sa loge, prenait son balais et se mettait à nettoyer le hall. Mais jamais les étages. Non mais parce qu'il ne fallait pas pousser mémé dans les orties non plus. Elle avait déjà du mal avec son arthrose à monter au dixième tous les matins alors elle n'allait pas s'amuser à remonter à nouveau.

Armée de son vieux balai plus poussieureux encore que le sol, elle nettoyait plus ou moins correctement. A grands renforts de gestes brusques pour bien voler les cochonneries partout bien évidemment. Après ce ménage plus que sommaire, Jeanne-Micheline allait chercher sa pelle et la balayette et... ah que nenni ! Elle préférait tout mettre sous le paillasson de ce pauvre monsieur Gygo qui chaque matin devait ramasser la saleté de là-dessous. Et comme c'était un bien brave homme, il n'osait s'en plaindre.

Satisfaite d'avoir mener à bien cette tâche, madame Dureuil-Petit retournait dans sa loge et allumait la télévision pour pouvoir regarder les infos matinales et râler contre les politiques.

Oui, Jeanne-Micheline était une insupportable vieille peste et ce pour le plus grand malheur des habitants de l'immeuble. Jamais gentille, toujours méchante comme disait le bon vieux diction.

Surtout lors de la distribution du courrier. Car oui, cela interrompait toujours les précieux "Douze coups de midi" et la concierge allait distribuer les lettres et pubs et prenant bien soin de les laisser sur le paillasson. Et pour les colis, elle les ouvrait d'abord pour voir le contenu et allait les jeter dans la porte du destinataire.

Ensuite, elle ne bougeait plus de sa loge de la journée. Et quelqu'un venait la trouvait, soit elle ne répondait pas soit elle disait quelque chose mais de manière peu aimable. Et si elle devait vraiment se déplacer pour régler le problème, c'était avec une mauvaise grâce évidente.

Tout le monde dans l'immeuble avait quelque chose à dire au sujet de cette mégère. Et pour des raisons diverses et variées: le manque de sympathie, le bruit, le nettoyage mal effectué ou encore les colis abîmés à cause d'elle.

- Pourquoi personne ne la renvoie ? se plaignaient les gens.

Et bien, c'était difficile de trouver une concierge compétente et personne ne trouvait de remplaçant à Jeanne-Micheline. Aussi, la vieille dame doit rester à son poste.

Et pourtant, ce serait peut-être mieux qu'il n'y ait pas de concierge. De plus, Jeanne-Micheline avait une tendance à jurer comme un charretier. Ce qui faisait une bien singulière musique d'ambiance dans les couloirs. Un mélodie peu harmonieuse et désagréable aux oreilles. Et si quelqu'un s'en plaiganit, il avait une leçon de morale bien particulière de la part de la concierge.

- Je fais ce que je veux. C'est mon immeuble et si ça vous plait pas, aller voir ailleurs ! disait-elle d'un air menaçant.

Ce qui faisait que le malheureux locataire devait renoncer à la joute verbale après des menaces de mort proférées par la vieille. Il rentrait alors dans son appartement, la queue entre les jambes.

Et après madame de Dureuil-Petit osait dire qu'elle faisait son travail correctement. C'était vraiment se moquer du monde et un comble tout de même.

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