Angor

2 minutes de lecture

Il était une ville à l'est de l'orient
et tous ceux qui y vivent ne dorment pas lanuit
n'y règne aucun soleil n'y passe plus de saisons
que celles sur la peau les soleils de leurs chants
la ville est comme un rêve et j'ai rêvé souvent

Angor
c'est son nom
c'est son sang
c'est mon corps qui se perd en dedans
Angor veut dire encore
dans une langue bien trop loin
qui abîme ma bouche sur des bouches étrangères
ouvertes
pour se nourrir
de miel de lait de chair
Angor veut dire encore
elle en veut toujours plus
le vin au bord des lèvres des ventres affamés
des rêves d'amour tués des histoires assassines

Elle s'endort sur
des sièges des viols des rapines
et des festins royaux où pleurent sur la table
les poissons dans leurs plats les hôtes dans leurs fables
on mange avec les doigts il faut que ça soit dit
on mange aussi les rois il faut que tu le saches
avant demain matin survivre à cette nuit
sur les murs du banquet je vois danser les ombres
des trahisons passées des couteaux sous les ongles

Angor a faim
Angor est désir
son ventre gronde

Je dévale ses ruelles
le cœur en pavillon
je croise je croise
des cortèges de la loi
la mariée était en blanc
il y avait des cierges du fer des chants
et des dents contre l'interdit
Mazal tov !
pour chasser le monstre qui me suit
à la fête de l'insignifiance
sauver la blancheur
dévorer qui je suis
et ce qui ne me tue pas je le suerai jusqu'à l'os
jusqu'au sang jusqu'à la lie
sixième sommeil de minuit
le sacrifice commence

Je cours dans les venelles où gisent des peaux meurtries
vaillantes prostituées elles rient tant que je fuis
la chaleur de la fièvre qui les mena ici
qui ne lâcha jamais ni leur cœur ni l'oubli

Ne lâche pas ma main
tout en haut des remparts
sur le chemin de ronde
du souffle que je perds
va et poste une sentinelle
pour ce que c'est toi que j'ai choisi
retiens ma nuit
ici c'est pour mourir qu'on s'aime
ici c'est pour naître qu'on se meurt
meurt moi trop fort
fais moi voir le jour
fais moi retrouver le goût de l'or
des mots et de l'ivoire
apprend à mes poumons et apprend à mes mains
apprend donc à ma peau comment naître de toi
comment tenir entier quand c'est toi qui me tiens
Angor Angor
baptise moi de ton nom
si plein d'ailleurs si loin
où la nuit bat sans fin

Il était une ville à l'est de l'orient
et tous ceux qui y vivent ne dorment pas la nuit
n'y règne aucun soleil n'y passe plus de saisons
que celles sur la peau les soleils de leurs chants
la ville est comme un rêve et j'ai rêvé souvent

Note : Les italiques sont les titres de romans qui ont inspiré ce poème.

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