Et puis un jour ...

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Et puis un jour ...

Un jour ordinaire, un jour d'entre les jours, dans un nouveau bureau (encore) avec un nouveau médecin (encore), on parle du protocole. Car oui, ça y est, on a réussi, on a été bien sages, on a produit toutes les preuves qu'on peut tenter la Fécondation In Vitro, et on parle enfin du protocole.

On cause prises de sang, prise d'hormones, échographies, planning, bref, le blabla habituel. On commence à connaître, à force.

Mais une question me tracasse, au sujet d'une étape :

  • C'est douloureux ?
  • Ah ben oui, c'est douloureux Madame. Mais si vous le voulez vraiment ce bébé, vous n'avez pas le choix.

Pas le choix ? PAS LE CHOIX ?? Pas le choix de quoi ? De ne pas souffrir ? De ne pas pleurer encore une fois sur une table d'examen - parce que oui, ça m'est déjà arrivé, et pas qu'une fois, désolée d'avoir des sentiments, hein !

Alors comme ça, on est déjà punis par la "Nature" (si bien faite pour les autres, si mal pour nous) de ne pas avoir d'enfant, il faut EN PLUS souffrir pour ça ? C'est quoi, une double peine ?

Non.

Non, non et mille fois non.

Heureusement, les vacances arrivent. On part, pour se vider la tête et se retrouver. On met tout à plat. La souffrance, la fatigue, le manque de considération. Tout.

Et on se rend compte que ça fait des mois qu'on n'en peut plus. Qu'on a failli divorcer cent fois, parce qu'on est exténués, qu'on est tellement à fleur de peau tous les deux qu'on ne supporte plus rien. Qu'on s'est petit à petit isolés du monde, des amis, de la famille, de tout ce qui nous rendait heureux ... Avant.

  • On arrête ?
  • On arrête.

Quand le médecin rappelle, on le lui dit. Poliment. Presque sans émotion.

A l'autre bout de la ligne, un blanc.

Puis :

  • Mais ... Pourquoi ?
  • Depuis qu'on a commencé, on est malheureux. Alors, on préfère en rester là.
  • Vous pourriez voir le psychologue ...
  • Non merci.
  • Bon ... Au revoir, alors.
  • Au revoir.

En raccrochant, je prends conscience que ça y est, c'est fini.

Et la tension accumulée depuis des mois s'envole, me laissant presque vide. Je pleure, longtemps, en repensant à tout ça, à tout ce que nous avons enduré, depuis si longtemps.

Quand je relève la tête, je suis calme. En paix. Et fière de moi, fière de nous, qui avons su dire que non, on ne traite pas les gens comme des objets.

Un jour, peut-être, nous recommencerons, avec une autre équipe.

En attendant, il est temps de nous retrouver, ensemble, enfin.

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