Nous

2 minutes de lecture

C'est un souvenir au goût de champagne.

Celui d'un jour lumineux, chaleureux, un beau jour d'été.

Il fait chaud, mais tous nos amis et nos familles sont réunis.

La journée est passée comme un tourbillon, il est déjà 4 heures du matin, et les gens partent, fatigués mais heureux.

J'ai 29 ans, et aujourd'hui, je me marie.

Entre deux coupes de champagne, on nous souhaite "plein de bonheur", et surtout "bientôt un bébé, hein !"

______________________________________________________________________________________________________________________

C'est un autre jour, un jour morne et fade, un jour de murs gris et d'attente sur des chaises en plastique.

Aujourd'hui, j'ai 33 ans, et depuis 4 ans, l'enfant tant désiré n'est toujours pas là.

Alors, tant bien que mal, on se décide à passer entre les mains des médecins pour donner un coup de pouce à la nature.

On nous a dit : "La PMA, c'est le parcours du combattant, préparez-vous."

Mais ce qu'on ne dit pas, et ce qui fait le plus mal, c'est ... les remarques.

Il y a les mesquines : "Ben alors, vous savez pas comment on fait ou quoi ? (hin hin hin + regard en coin)", "Faut s'y mettre, c'est tout !"

Les psychologisantes : "Faut pas y penser", "Tu y penses trop" et sa variante : "T'y penses peut-être pas assez, tu le veux vraiment ce gosse en fait ?"

Les médicales : "Après 2 ans sans résultats, vous êtes officiellement un couple stérile" (ouch), "Tout va bien chez Madame, le problème vient donc de vous, Monsieur" (re-ouch, ramasse tes dents, mon chéri), "Oui ça fait 3 fois que vous faites cet examen, mais il faut le refaire quand même, ah ben oui c'est long mais c'est comme ça".

Les pas intéressées : "Ah, vous en avez marre ? Vous verrez ça avec la psychologue, moi c'est pas mon rayon."

Les assassines : "En fait je voulais pas d'enfant, mais comme je suis tombée enceinte par accident, bon, ben on a décidé de le garder".

Et surtout, ce qu'on ne dit pas, c'est la souffrance.

Le ventre vide, quand celui des AUTRES est plein, sans problème, sans faire exprès, même.

Les crises de larmes sans fondement, parce que tout est toujours là, dans un coin de la tête, toujours.

Ne pas vouloir fêter son anniversaire, parce que qu'est-ce qu'on a à fêter, à part une autre année d'échec ?

La terreur que la copine, la voisine, la cousine, annonce sa grossesse avant nous.

Pleurer quand on voit une naissance - encore une - sur Facebook.

Se déconnecter, petit à petit. De tout. De tous.

La PMA, c'est un gros sac de souffrance à porter à deux.

Mais heureusement parfois, on est plusieurs à le porter : les amis, la famille, même les collègues, qui facilitent les choses.

En espérant, surtout, "bientôt un bébé".

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Luvina ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0