Résurrection

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La nouvelle est dans tous les journaux. Dans un sol martien, à l’université de Wageningen aux Pays-Bas, on vient de cultiver des tomates, des pois chiches, des haricots, et beaucoup d’autres choses. Cette nouvelle est-elle aussi importante que l’arrivée d’un Rover sur Mars ? A voir la couverture des médias, on pourrait le penser. C’est que, voici un événement qui dépasse la simple dépose d’un Rover sur un objet stellaire. Quelque chose d’humain.

Un grain de haricot a germé.

Comment ne pas se sentir concerné ? Le Temps nous dévore, comme Chronos ses enfants, mais la vie sort vainqueur de l’épreuve de la transformation, et du temps – du moins aime-t-on le penser. Le grain de haricot : défi aux Lois. Ce qui explique si bien la fascination des grands, et des petits. Jack monte vers le Château de l’Ogre, là-haut dans les nuages, le long d’une tige de haricot magique, et en revient avec l’Oie aux Œufs d’Or. Lointain cousin du Songe de Jacob, le défi angoissé aux forces du monde a besoin d’une force protectrice.

Arbre. Evidence humaine, catégorie incertaine. Il groupe tant de familles végétales. La projection anthropomorphe est une évidence. Le caractère sexué, la longévité, le bois qui tient debout, la double ramification aérienne et souterraine, et la taille, l’élévation. Le double ancrage symétrique portant fruits et graines autour d’un pilier central : métaphore des alliances claniques et de la redistribution. L’arbre jaillit aux sources élevées, aux sources profondes. Il n’a qu’un habit de science.

Ce qu’est l’arbre - ou ce qu’il a été dans un passé lointain de notre patrimoine linguistique - cela s’entend, et, pour moi, cela vaut preuve.

Arbre, en effet. Le mot n’est que sonorités rugueuses, âpres, saillantes, pleines d’aspérités. Arbre. Pourquoi ce mot, pourquoi l’avoir gardé, pourquoi continuer à l’aimer ? Arbre, mot tactile, que l’on sent rugueux sous les doigts comme sous la langue. Le redoublement du « r » lui donne un caractère préhensile, manipulable, réversible. Arbre. Choc et ressac, chemin de racines, fouaillement de la terre, élargissement, jaillissement aux sources célestes de l’Eternité. Le mot n’est pas technique. C’est un mot d’homme, poli par l’usage de la langue tel un galet, et laissé, pourtant, tel que nous le connaissons, complexe, saillant. Vrai. Et s‘il faut aujourd’hui - comme de tout temps - un totem auquel attacher nos vertus, pour moi, ce sera celui-là.

Arbre de Vie - arbre symbole - entre Ciel et Terre, dont il suce les sucs. En sortant de la dormance, la graine pousse ses ramifications antipodiques. Ici ou ailleurs, sur terre ou sur mars - un jour peut-être – le vivant est, et sera, résurrection.

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