Chapitre 11 : Douloureuse vérité

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Ymittos - Janvier 2015

Les jours qui suivent sont un véritable enfer pour moi. Je dois concilier ma mémoire humaine et celle de la déesse. Alan est d'une aide précieuse, mais je sens qu'il évite certains sujets. Il détourne la discussion lorsque je demande pour la première fois ce qu'il est advenu de mon autre apprenti. Je n'insiste pas pour le moment, ayant comme un mauvais pressentiment. Pour l'instant, il y a plus important à faire. Je comprends avec horreur que le temps que j'ai passé en sommeil est un temps où le cercle s'est lui aussi mis en torpeur, attendant mon retour. La guerre étant maintenant plus que présente sur le monde terrestre, je ne peux plus attendre et ordonne à Alan de remettre le cercle sur les rails, pendant que je nous cherche des alliés.

Le temps nous est compté, si j'ai retrouvé la mémoire, d'autres dieux vont la retrouver eux aussi. Tout s'est passé exactement comme je l'avais craint. La dispute entre Zeus et Hadès, la colère de Thanatos, le déséquilibre et la malédiction. Gérer ma vie humaine en sachant qui je suis, que je ne changerais plus de corps à volonté m'est étrange. Je préfère ne pas m'attarder sur ce détail, mais sur le moyen de retrouver les autres dieux, ceux qu'Alan n'a pas identifiés. Il a joué les espions pour moi avec génie, je dois l'avouer. Ils sont forcément tous sur Ymittos, car bien que Hadès soit puissant il n'est pas la magie, il n'est pas moi, il a dû les rassembler.

C'est la tête remplie de toutes ces pensées que je me rends dans l'appartement d'Alan, sans utiliser de magie. Lorsque je frappe à la porte, je me sens encore comme dans un rêve. J'ai presque l'impression qu'il va m'ouvrir et m'apprendre que je me suis trompée. Lorsque je vois sa tête ébouriffée apparaître dans l'encadrement de la porte, j'hésite un instant entre l'envie d'éclater de rire et celle de fuir. Il capte mon regard et il me sourit de manière presque idiote. Ce sourire qui caractérise tous les hommes de sa famille qui se cachent derrière ce masque. Je suis presque obligée de lui sourire en retour alors que j'entre dans l'antre du professeur, car il est professeur dans cette vie-là.

Je fais comme si je n'avais pas remarqué le désordre de l'endroit, ni ses figurines de super-héros. Je passe ma main sur mon front alors que se superpose à mes yeux une vision d'une chambre encombrée de parchemin, un Alan endormi sur un bureau. L'époque change, mais en fin de compte, les personnes restent les mêmes, ce qui me rassure. Je reste plantée au milieu de la pièce les bras croisés alors que mon ancien apprenti s'affaire à libérer de la place sur le canapé sachant pertinemment que je ne l'utiliserais pas. Je n'attends pas, demandant les nouvelles tout de suite...

-Où en somme-nous Alan ? Parle-moi de nos sorciers !

Il se redresse passant sa main dans ses cheveux avec un petit soupir qui n'annonce rien de bon. J'ai trop de souvenirs en tête, me rappelant que je le connais presque par cœur. Enfin, il se retourne pour se laisser tomber sur le canapé avec une grimace peu engageante.

-Des sorciers ? Tout au plus mes six apprentis et j'ai beaucoup à leur apprendre en peu de temps... Cela ne pèse pas bien lourd.

Je me mordille nerveusement la lèvre. Six sorciers en ville. C'est bien trop peu. Il me regarde, attendant mes réactions alors je hoche la tête, consciente qu'il ne nous reste plus que les soutiens que je vais pouvoir récupérer. Il va me falloir jouer serré, l'ennemi a de l'avance, je peux le sentir alors même que je ne sais toujours pas qui il est. Je prends une grande inspiration avant de lui demander sans exprimer la moindre émotion :

-Très bien, six, c'est trop peu, tu as raison. J'ai besoin de toi pour aller voir le chef des chasseurs d'Artémis. Conclus avec eux, un pacte de non-agression, la même chose avec les Neuris, nous n'avons pas besoin qu'il nous tire dans les jambes.

Je sors de mes poches deux plis scellés que je tends à mon nouveau dirigeant du cercle.

-Ceci t'aidera dans ta mission, je m'occupe d'Hadès, Zeus et Arès. Nous devons retrouver notre place neutre avant que le réveil ne soit chose faite pour tous les dieux... Alan...

J'hésite un instant, puis le fixe. Je devais poser la question, je devais savoir. Cette fois, il ne peut pas éluder la question avec de la colère. Tant pis, si la réponse ne me convient pas. J'en ai la conviction maintenant, je n'aimerais pas les réponses, mais je me refuse d'avancer sans avoir toutes les informations. Au regard qu'il me renvoie, je sais qu'il attend la question que j'ai sur le bout de la langue depuis mon réveil. Il comprend qu'il ne peut y échapper. Son regard ne soutient pas le mien pour la première fois. Il fixe la table basse en face de lui alors qu'il prend la parole d'une voix qui se veut en colère, mais où je perçois de la résignation.

-Il nous a trahi Hécate.....

[...]

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