Habitude

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Je dois dire maintenant que je suis habitué à voir tout le monde en petite tenue, même si Gloriam dénote un peu vu sa morphologie, la bière coule à flot, Aziz et Cynthia boivent comme des trous. Taïba fait l'arbitre et David lui boit tranquillement de son côté avec Gloriam qui a les yeux rivés sur la bataille qui a lieu, Shusendo et Max sont les seuls absents, Cynthia me demande en me voyant arriver :

–Rose ! Tu nous rejoins ?

–Vous voulez pas savoir pour Ken ?

Taïba me répond :

–Cynthia te l'avait pas dit, elle a piraté la radio de la police ?

–Je comprends maintenant pourquoi vous buvez, bon, je dépose mes affaires et je vous rejoins.

Je monte les escaliers et dépose mes affaires, je me mets en petite tenue moi aussi ; bon, je garde quand même mon tee-shirt, je descends les escaliers pour rejoindre les autres. Quand j’arrive au deuxième étage, je vois Shusendo entrer dans sa chambre en furie, en claquant la porte d’une telle force que celle-ci reste entrebâillée. Alors que je me dirige doucement vers la porte, j’entends Shusendo crier :

–Comment ça !? Comment ça “c’est pas grave” !?

Je jette un regard à l’intérieur par l’entrebâillement. Shusendo est dos à moi et regarde son bureau et ses étagères.

–馬鹿 !

Il jette à terre les affaires déposées sur le bureau, puis le renverse :

–Tu meurs à petit feu ! Tu ne peux déjà plus marcher !

Il frappe son étagère du poing :

–Dis-le que ça t’énerve ! Dis-le que ça te fait chier ! Dis-le que c’est toi qui l'as tué ! Dis-le que tu l'as tué pour une raison égoïste !

Le poing ensanglanté après avoir détruit une partie de son étagère, il se met à genoux et sanglote :

–Pendant combien de temps, tu vas vivre comme ça ? Jusqu'où ça ira ?

Il frappe le sol et se recroqueville sur lui-même :

–Quand est-ce que ça s'arrêtera ? Jusqu’à quand tu vas subir ça !?

Me sentant impuissante face à sa colère, j’essaye de le rejoindre pour le consoler, mais une main me retient. Je tourne la tête : c’est Max qui me fait non de la tête. Pourquoi veut-il que je le laisse seul ? Face à mon impuissance, je baisse la tête. Max pointe l'escalier du doigt, me faisant signe de descendre. Je lui obéis à contrecœur et descends rejoindre les autres. Taïba qui est en train de tirer une bière me demande :

–Alors que veut la demoiselle ?

–À boire, j'en ai besoin.

Elle me tend une chope de bière :

–Qu'est-ce qui s'est passé ?

–J'ai vu quelque choses dont je n'aurais pas dû être témoin.

–Ah ! Je connais qu'un seul et unique remède pour oublier.

–Quoi donc ?

–Boire cul sec ! Encore et encore !

Elle sort une deuxième chope pleine et la lève pour porter un toast, je fais de même :

–À notre effacement réussi et à ta prochaine amnésie !

–À la nôtre !

J'ai continué à boire avec les autres en faisant des concours à celui qui fini le plus vite sa bière, Gloriam nous demande au bout d'un moment :

–En fait, ça fait quoi exactement l'alcool ?

Cynthia lui répond :

–Brup ! L'alcool, hip désa, désigne, euh désinhibe nos fonctions primaires, ouais, désinhibe.

Je crois que Cynthia a trop bu, comme nous tous, Gloriam lui répond :

–Mes fonctions primaires marchent très bien chez moi.

–C'est trop cool ! Alors comme ça tu peux boire indéfiniment l'alcool hip, sans en ressentir les effets, oh oh oh jamais rien entendu de si drôle !

–Je pense que tu as trop bu Cynthia, lui dit David.

–Oh ça va ! J'ai juste à monter les marches et à aider Aziz avec ses bras.

Aziz se met à avoir un fou rire :

–Ah ah ah ! T'imagine le truc, tu prends mes bras et tu fais le boulot avec.

Je le regarde bizarrement :

–Qu'asse que, qu'est-ce peu, arh ! Qu'est-ce que tu racontes ?

–Moi ? Rien ! Ah ah ah !

Taïba nous dit :

–Bon aller, on va tous emmener A-Aziz à sa chambre, parce que chuis pas vraiment sûr qu'on y arrive après.

–Gloriam, tu peux t'assurer qu'on aille tous dans nos chambres ? Demande David.

–Pourquoi ?

Je lui réponds :

–Mais parce que t'es sobre ! Sobre comme un chameau !

–Les animaux peuvent-ils être saouls ?

Cynthia rigole :

–Nous sommes des animaux Gloriam !

–Mais oui, tous des animaux ! Ajoute Aziz.

–Aller, on se bouge maintenant, sinon je vais jamais réussir à dormir dans mon lit, nous dit Taïba en essayant de se relever.

Aziz dit en se relevant d'un coup :

–C'est parti pour l'aventure.

Il essaie de se diriger vers les escaliers, David arrive et le soutien suivi par Cynthia qui commence à chanter :

–Sweet dreams are made of this !

Aziz continue :

–Who am i to disagree ?

David fait de même :

–I travel the world and the seven seas !

Taïba les rejoints :

–EVERYBODY'S LOOKING FOR SOMETHING !

Je leur demande :

–Bordel, vous chantez dans quelle langue ?

Cynthia me répond :

–Juste la meilleure chanson qu'ont pu créer ses putains d'Anglais !

Je lui dis un peu étonnée :

–Encore un coup de ses putains de rosbeef !?

–Ouais ! Aller, on recommence ! Sweet dreams…

Ils se mettent à chanter tous en même temps, moi, je chante sur le même air :

–Je ne comprends absolument pas les paroles !

Nous montons comme ça en chantant Gloriam nous surveillant, nous arrivons dans la chambre d'Aziz, David, Cynthia et Aziz s'écroulent sur le lit, David dit la voix étouffée par le matelas :

–Hum ton lit est doux.

Aziz relève la tête et retombe immédiatement :

–Oh j'suis bien ! Oh j'bouge plus ! Oh oh oui, c'est bon !

Taïba me demande :

–Tu peux aller chercher la grosse boîte noire dans la salle de bain, s'tio plaît Rose. Je vais essayer de les retirer du lit.

Elle se jette sur eux en criant :

–CATCH !

Ils gémissent de douleur, moi, je vais dans la salle de bains, qui ressemble à la mienne, mis à part que le miroir devant l'évier qui est fissuré de partout, surtout en son centre. Il y a un petit pense-bête sur le coin du miroir avec marqué "pensé à changer le miroir. Encore", la grosse boite noire est dans le coin bien visible, je l'agrippe, elle est beaucoup plus lourde que prévu, je peine à l'emmener jusqu'au lit, tout le monde s'est relevé, Cynthia se tient à gauche d'Aziz et Gloriam se tiennent à sa droite, ils ont chacun un de ses bras, Cynthia fait :

–Et là, tu tournes vers ta gauche.

Elle tourne le bras d'Aziz et le retire, je suis bouche bée, Gloriam lui a du mal à tourner le bras :

–Qu'est-ce qu'il y a Gloriam ? Tu as besoin d'un coup de main ?

Cynthia lui tend le bras qu'elle vient d'arracher, Gloriam fini de tourner le bras et le retire :

–Tu vois, j'ai réussi sans ton aide !

Aziz lui dit :

–Ouha ! T'as une sacrée poigne !

–Trop fort ! Tope là !

Cynthia montre le bras qui a la paume tendue, Gloriam frappe avec l'autre bras, David et Taïba eux prennent les jambes d'Aziz et les enlèvent, j'ai l'impression que ma mâchoire va se décrocher tellement je suis étonnée par ce que je vois :

–T'es un augmenté Aziz ?

Ils me regardent tous surpris par ce que je viens de dire, Aziz regarde son corps puis me dit :

–Bah du coup là, je ne suis plus qu'un tronc, mais oui, je suis un augmenté.

–Comment s'est arrivé ?

Cynthia s'affaire autour de lui et sort de nouveau membre de la boîte que j'ai ramenée, ils sont complètement noirs métalliques :

–J'ai participé à la révolte des enfants. Aveuglé par ma colère, j'ai tué, j'étais un pantin programmé uniquement pour être une machine à tuer, ce que tu vois, c'est ce qui reste du garçon fou qui a été arrêté par une bombe.

Cynthia met les nouveaux membres et les bidouilles, je demande :

–C'est pour ça que tu t'es énervé quand t'a appris que Ken et Hugh y avaient participé, tu es une augmentée Cynthia ?

Elle me répond, les yeux rivés sur les membres qu'elle installe :

–Non pourquoi ?

–Aziz m'a dit que ça te concerne toi et lui ?

–Pour tout t'avouer, j'étais une médecin de guerre, c'est pour ça que tu m'as vue sortir de l'ambassade américaine et c'est moi qui ai opéré Aziz.

Ils se sont tus tous les deux, Cynthia fini son travail dans le silence et Aziz reste muet. Une fois le travail terminé, je monte au troisième avec Taïba, je lui demande :

–Quand tu les as rencontrés, ils étaient déjà comme ça, n'est-ce pas ?

Elle me répond sur un ton mélancolique :

–Aziz peinait à marcher à l'époque et Cynthia voulait absolument partir le plus loin possible, mais son cœur lui dictait de rester auprès d'Aziz.

–Hum, je vois.

Elle passe sa main dans mes cheveux et m’ébouriffe en me réconfortant :

–Tu ferais mieux de ne pas t'en préoccuper, demain, tu dois bosser, je te le rappelle.

–C'est vrai, j'ai failli oublier.

Je rentre dans ma chambre fatiguée par ma journée, dormir me fera le plus grand bien.

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