Commencement (1)

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Je me réveille avec une violente migraine, je suis affalée sur un canapé, toujours le nombril a l'air. Une bonne odeur de cuisine assaillit mes narines, j’ouvre lentement les yeux et me relève :

–Oh Bordel de merde ! Qu’est-ce qui s'est passé ?

–Tu as été incroyable hier ! Tiens un peu d'eau. Me dit Taïba qui me regarde avec un grand rictus sur les lèvres.

Elle s’est habillé de manière normale, elle porte un simple pull blanc en col roulé et un jean ; elle me tend un verre d’eau en plastique, je prends le verre et regarde les alentours, la pièce est propre. On ne dirait pas que ce qui s’est passé hier était réelle. Sur la table basse il y a des cendriers propres avec des briquets, il y a deux fauteuils à côté du canapé où je suis, à droite, il y a une cuisine ouverte. Je vois Cynthia et Max cuisiner ensemble ; Cynthia qui s'est habillé comme la veille sans la veste et Max lui porte un tee-shirt bleu avec un symbole anarchiste rouge et un pantalon noir ; à gauche les escaliers pour monter aux étages supérieurs, derrière, il y a une grande table à manger et dans le fond de la pièce il y a un énorme tag sur le mur. J’arrive à lire “ONE KINGDOM”, je regarde Taïba :

–Merci ! J’ai fait quoi hier ?

Je commence à boire le contenu du verre. Elle a un drôle de goût son eau, elle me répond :

–Tu as battu Aziz, je ne pensais pas que quelqu’un pouvait le battre, tu as bu plus que lui et tu es tombée juste après ta vingtième chope !

Ce goût est vraiment bizarre, on dirait de l'alcool… Mais c'est de l’alcool ! Je brise le verre en hurlant :

–Ce n’est pas de l’eau !

Max me dit :

–C’est bon, calme-toi princesse !

Il ouvre le frigo et prend une bouteille en verre, il verse le contenu dans un verre et me le donne :

–Tiens ton eau.

Sa bouteille est bizarre, je prends le verre et sens son contenu, c’est de l'alcool , j'en suis sûre et certaine. Je dépose le verre et saisis l’un des briquets posés sur la table, j’allume le briquet au-dessus du verre, le liquide prend feu, je leur demande en montrant du doigt le verre :

–Pourquoi l’eau s'enflamme-t-elle ?

Max me répond d’un air assuré :

–Bah ! L’eau est inflammable, tout le monde le sait !

Taïba acquiesce elle aussi :

–Oui, tout le monde le sait !

Je me lève en prenant mes affaires et m’habille. Une fois mon corps caché par mes vêtements, je sors mon téléphone et l'allume, onze heures quarante-cinq apparaît sur l'écran, il n’y a aucune autre information, pas d’appel en absence, ni de message, Taïba regarde par-dessus mon épaule :

–Personne ne s’inquiète, n’est-ce pas ?

–Non. Dis-je en soupirant.

Taïba me prend dans ses bras :

–J’ai le remède qu’il faut pour cela.

Son étreinte me réchauffe et me fait du bien, après quelques secondes, elle s’écarte violemment et dit :

–Ok ! Break time prend une grande inspiration !

Je me tourne vers elle et fais ce qu’elle dit, puis elle reprend soudainement son étreinte :

–Break time over !

Son attitude béa déteinte sur moi, je me sens bien mieux, je me sépare de son étreinte :

–Merci.

Cynthia nous prévient :

–Le repas va être prêt !

–Tu as besoin d’aide ? Lui demande Max.

Elle lui répond :

–Oui, s'il te plaît.

–Je vais envoyer un message à Shu ! Déclare Taïba.

–Parfait ! Rose va prévenir Aziz, il est derrière le tag, me dit Cynthia.

–Quoi ? Je veux dire, on vient à peine de se rencontrer.

–Ne t'en fais pas, on va pas te laisser crever de faim et puis on va te garder à l'œil pour l'instant, pour notre sécurité. Va prévenir Aziz maintenant, s'il te plaît. Me répond Cynthia.

–Il y a une porte au fond du salon, j'ai tagué dessus. M'informe Max.

Je me résigne, j'ai l'impression d'être tombé dans un piège, je me déplace vers le tag et remarque une porte camouflée, je leur dis :

–C'est bon, j'ai trouvé !

C'est une porte coulissante, je l'ouvre et une musique assourdissante me vrille les oreilles, je dirai que c'est du métal, mais je n'y connais rien à ce genre musical. Je me bouche les oreilles pour atténuer le bruit, je vois Aziz qui porte une tenue professionnelle de barman en train de détruire des déchets à la batte de baseball, bouteilles, meubles, parpaings, tout y passe. Je suis partagée face à ce carnage qui est effrayant et excitant. Je cherche du regard ce qui produit ce bruit, je vois une radio avec deux énormes basses, je me rapproche de la radio. Je ressens les pulsations dans tout mon corps, j'appuie sur le bouton arrêt, la musique s'arrête net et laisse place au silence. Aziz s'est arrêté en même temps que la musique, il me regarde, on dirait un fou furieux, il est essoufflé et transpire, je lui dis pas vraiment rassurée par ce que je viens de faire :

–On va manger.

–Oh ! C'est juste pour ça.

Il dépose la batte et prend l’une des serviettes qui pendent sur le porte-serviette à côté de moi, il s'essuie et me sourit :

–Bon allons-y.

Je le suis et ferme la porte emprisonnant le carnage derrière moi. Nous nous rapprochons de la cuisine, Taïba en ressort les bras chargés de vaisselle, de ce que je vois ça a l'air lourd, Aziz s'approche d'elle :

–Laisse-moi les porter, pense un peu à ton dos.

–Merci Aziz, c'est lourd.

Elle lui donne la pile de vaisselle et ils commencent à mettre la table, je les aide en demandant :

–Il est où David et celui que vous appelez Shu ?

Taïba me répond :

–Shu est occupé avec quelqu'un, il arrivera après manger et David lui travaille, il devrait descendre d'une minute à l'autre.

–Il fait quel travail ?

–Il est autoentrepreneur, graphiste et audiovisuel, mais là, il s'occupe du design de nos masques.

–Graphiste et audiovisuel ?

Aziz me répond :

–Il fait des dessins, de l'animation et de la vidéo. En gros, c'est un artiste.

–Je vois et vous avez tous un boulot ?

–Non pas vraiment, nous sommes tous des étudiants, nous avons nos petits boulots pour payer le loyer, me dit Max.

–Et David est autoentrepreneur ?

–Il arrive à conjuguer les deux, mais il fait souvent des nuits blanches quand il s'y prend au dernier moment.

Cynthia arrive avec le plat et le dépose sur la table, des morceaux de viande baignent dans une sauce jaune onctueuse :

–Qu'est-ce que c'est ?

–Du poulet au curry ! La meilleure combinaison qui soit ! Me dit Cynthia tout sourire.

Je sens l'odeur qui envahit mes narines. J'entends mon ventre qui grogne, tout le monde me regarde :

–Et bah, on a faim ? Me demande-t-elle ironiquement.

Je fais une moue du visage et croise mes bras :

–C'est pas comme si j'avais envie de manger le plat en entier.

Elle rigole, Taïba, elle me pince la joue :

–Oh, tu es trop mignonne quand tu boudes.

–Allez, assieds-toi.

Aziz me dit cela en s'asseyant, je prends une chaise et m'assieds, c'est Max qui sert la nourriture, nous mangeons tout avec appétit :

–C'est très bon, dis-je au groupe.

Aziz me prévient :

–Et encore, tu n'as rien vu, ça , ce sont juste les amuse-gueules, tu verrais les repas de fête, tous ensemble ont fait des merveilles.

J'entends des bruits de pas descendre de l'escalier, je tourne la tête, une jeune fille blonde aux yeux bleus et en jupe bleue descend et vient vers nous ; elle est très jolie, j'ai une impression de déjà-vu, elle s'assoit à table en disant :

–Bonjour tout le monde !

Même sa voix me dit quelque chose, je me désaltère, Max se lève, prend une cuillère du poulet au curry et demande :

–T'en veux David ?

Je recrache tout :

–Quoi ?!

Tout le monde me regarde avec incompréhension, je montre l'inconnu du doigt :

–David ?!

–Oui, c'est bien moi, tu pourrais arrêter de me montrer du doigt s'il te plaît.

–Tu es une femme ?!

Ils me regardent tous comme si je venais d'une autre planète, je les regarde en demandant :

–Quoi ?!

–J'ai toujours été un homme, me dit David.

–Mais pourquoi alors tu…

Taïba me coupe légèrement agacé par ma remarque et change de sujet :

–Du coup ça avance comment les masques ?

–Bien, j'aurai fini de le dessiner demain, si on l'efface vite.

–Tu n'oublieras pas de me donner le croquis, pour que je puisse le donner à notre fournisseuse.

–J'oublierais pas, Shu rentre à quelle heure ?

–Vers treize heures trente.

–Boh ça me laissera le temps de continuer mon croquis.

Il mange avec appétit son assiette, je suis choquée par le fait qu'il n'y ait que moi qui soit choquée, ils mangent comme de-ci de rien était, Cynthia demande à Aziz :

–Tu as fait les devoirs pour demain ?

–Ouais et toi ?

–Faut que je les fasse, dit-elle désespérer.

Max amusé leurs dits :

–Ah ! Des devoirs ? Bande de faibles !

–Parce que toi, tu les fais peut-être ? Lui demande Taïba.

–Pas le moins du monde.

–Tu vas finir par louper ton année si tu continues comme cela. Préviens David.

–Avec quinze de moyenne… pas moyen ! Badam tss.

Il imite une batterie, je lui demande :

–C'était censé être une blague ?

–Non… en fait si…

Il baisse la tête, Aziz demande :

–Taïba, tu en es où toi ?

–J'ai rien à rendre, mes cours , on dirait le club med, je me demande pourquoi je continue à y aller, j'apprendrai plus vite ici et toi David ?

–Ma deadlines est pour vendredi, j'ai le temps.

–Rose ? Tu avais quelque chose à rendre cette semaine ? Me demande Max.

Je regarde mon assiette, je lui réponds pas vraiment convaincu :

–Non, je crois pas.

–D'ailleurs, tu étudies quoi ? Me demande David.

–Je fais un cursus général, je ne sais pas quoi faire plus tard.

–Pas facile d'avoir les idées claires parfois, me dit Aziz.

–Et vous, vous étudiez quoi ?

Max est le premier à me répondre :

–Moi, je crois que j'étudie les maths… mais j'en vois pas beaucoup cette année.

Au même moment, Cynthia s'est levée et me montre un sac bandoulière avec marqué “science des organisations et des marchés”, elle le dépose au même endroit :

–Moi, je suis dans une fac de droit, me dit Taïba.

David ensuite me dit ce que je savais déjà :

–L'infographie et l'audiovisuel.

Cynthia me répond en s'asseyant :

–Moi, c'est l'informatique.

Je regarde Aziz :

–Et donc toi aussi ?

–Non, moi, c'est le management en restauration. Cynthia et moi avons des devoirs spéciaux à rendre.

–Ils vous emmerdent encore avec ça ? Demande Max en râlant.

Cynthia soupire :

–Et ouais, que veux-tu, on ne peut jamais en sortir complètement.

–Ça fait combien de temps maintenant ? Leur demande Taïba.

Aziz lui répond :

–Normalement, c'était fini il y a un mois.

–C'est toujours comme ça l'administration, ça fait tout traîner pour que tu sois en tort si quelque chose arrive. Ajoute Cynthia :

–Et du coup Shu, il étudie quoi ?

–Il est en fac de lettres, me répond Max.

Le repas se finit tranquillement, tout le monde débarrasse, moi y compris, David nous prévient :

–Appelez-moi dès qu'il est rentré, pour qu'on puisse élaborer notre plan d'attaque.

–Pas de soucis, je déclencherais l'alarme si nécessaire, lui dit Taïba en rigolant.

Max s'assoit sur le même fauteuil où je l'ai vu pour la première fois, un livre à la main. Il est concentré sur sa lecture, Cynthia se pose sur le canapé, un ordinateur portable sur ses genoux avec une cigarette entre les lèvres. Elle tape énormément de mots à la seconde, Taïba est à côté d'elle en train de regarder son téléphone, Aziz prend la dernière place sur le canapé, il sort un paquet de cigarettes et en place une entre ses lèvres. Je m'assois à la dernière place de libre dans le dernier fauteuil, Aziz me tend son paquet :

–T'en veux ?

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