Brise

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 Au delà de mes frontières, le vent se lève. Je ne le vois pas. Je ne le sens pas. Mais il est là. Je l'entends. Une tempête approche. Elle semble inévitable, inévitablement violente. Ce genre de phénomène qui dévaste tout sur son passage, qui ne laisse rien. Que des ruines.

 J'en ai connu des tempêtes. Elles semblent toujours lointaines et inoffensives. On se persuade que cela ne sera pas si terrible. Au début. Lorsque le vent se lève, il semblerait presque agréable. Une petite brise qui vous caresse. Qui vous parait douce. Elle l'est. Ce petit sifflement caractéristique la porte, ce sifflement de silence, c'est agréable. On se sent comme dans un rêve, caressé. Cette force qui vous entoure semble vous porter. Alors vous vous laissez faire.

 Mais je sais. Je sais que ce calme ne dure jamais. Soudain, le vent forcit. Il forcit encore... Et encore. Cette brise, cette sérénité, ne sont plus que de lointains souvenirs. Le brassement devient alors insupportable. Cette force qui vous portait, désormais vous ballotte. Je le sais... De mon expérience. Elle me dit qu'il faut s'en protéger, et tout faire pour l'éviter. Cette force est dangereuse, imprévisible. Parfois, elle se contente de vous frôler. Parfois, elle vous percute de plein fouet. Elle cherche sans arrêt à se rappeler à vous, pour vous montrer qu'elle est là. Avec tout ce que j'en sais, il faudrait que je sois fou pour oser m'en rapprocher à nouveau. Pourtant...


 Pourtant, au plus profond de mon être, je ressens ce besoin d'aller à sa rencontre. Mon esprit me dit que je ne dois pas. Mon coeur me dit : vas-y, fonce, ne te retourne pas. Laisse toi porter par ce vent. Pourquoi cette contradiction ? Comment puis-je penser quelque chose, et ressentir son contraire ? Je sens quelque chose qui m'attire. Qui m'attire au delà de ces frontières. Mais je sens aussi ces chaînes qui me retiennent. Ou peut-être sont-ce mes amis ? Ils ne veulent pas que je me mette en danger. Moi non plus, je ne veux pas. Enfin, je pense. Je pense que je ne veux pas, mais j'en ressens le besoin. Que faire ?

 Ces frontières, je les ai déjà brisées. À de maintes reprises. J'ai souffert. Beaucoup. Je m'en souviens. Et je veux y retourner. Je dois être fou. J'ai été mis à terre de nombreuses fois. Mais je me suis toujours relevé. Peut-être est-ce là la réponse ? Cette fois-ci, je n'aurais peut-être pas besoin de me relever. Je l'affronterais sans tomber. S'il le faut, je me relèverai. Une nouvelle fois.

 Le même sentiment revient sans cesse. Si je ne vais pas l'affronter, je le regretterai. Je ne veux pas ressentir le regret. Il est fourbe. Il vous convainc de rester cloitré, pour mieux vous ronger. Je ne le laisserai pas m'atteindre. J'irai au devant de ce qui m'est proposé. Quand au delà de mes frontières, le vent se lève, je les brise, et me laisse porter par cette douce brise.

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