Confessions

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Julien se sépare de moi. Sa virilité se dégage de mon vagin, c'est un premier soulagement. Je suis complètement larguée, incapable de comprendre pourquoi cette queue, qui me faisait tant envie et qui m'a donné ce plaisir inouï, peut se transformer si rapidement en un organe que je trouve malsain et que je ne supporte plus en moi.

Je croise le regard et le sourire de mon ami, je lui réponds de la même manière mais j'ai l'impression que c'est tellement faux, je n'ai jamais vraiment su lui mentir. Je tire mon t-shirt vers le bas, afin de cacher un minimum mon sexe, par pudeur. Je n'ai qu'une envie, sortir de cette chambre et aller me doucher, tout en ayant conscience que ce serait totalement déplacé de ma part de fuir ainsi. Allez, je dois me lancer, je dois lui dire quelque-chose, briser ce lourd silence qui vient glacer l'ambiance et qui n'arrange rien à mon état.

  • " Je m'excuse Ju, je sais pas ce qui m'a pris ! "

Il sourit, fixe son regard en direction du plafond puis me répond :

  • " T'excuse pas, c'était surprenant c'est vrai, mais je pense que je serais pas très crédible si je te disais que ça ne m'a pas plu. "

C'est vrai que le bougre a pris son pied lui aussi et que ça a dû être tout de même un peu plus excitant que la simple branlette qu'il s'apprêtait à terminer.

Un bref rire nerveux s'échappe de ma bouche. Je fixe à mon tour le plafond, j'y distingue une petite toile d'araignée sur laquelle je me focalise, puis, je réponds à mon coloc avec sincérité :

  • " Moi aussi ça m'a plu, mais c'est pas correct de ma part de te sauter dessus comme ça, pour assouvir un besoin ou une envie. Je devrais être capable de me contrôler quand même ? Et puis j'ai peur que ces putains de conneries viennent foutre la merde dans notre relation. "

Je tourne un peu la tête sur le côté, il semble pensif, il réfléchit sûrement à sa réponse. Il prend les quelques secondes nécessaires, probablement afin de choisir les bons mots, puis me dit tout en glissant ses doigts dans sa chevelure épaisse :

  • " Quoi qu'il en soit, je t'en veux pas Cha, mais j'ai besoin de savoir où ça nous mène tout ça ? Qu'est ce que t'attends de moi ? "

Il ne pouvait pas faire comme la fois dernière ? Se limiter à un "on oublie ça ?". Je ne connais même pas la réponse à la question qu'il me pose mais je vais être dans l'obligation d'en trouver une si je ne veux pas passer pour une folle. J'attends quoi de lui ? Qu'il soit mon ami fidèle, ça, c'est certain, mais est-ce que je veux aussi faire de lui un sexfriend ? Je ne pense pas... J'en ai vu des tas de films sur le sujet et ça merdouille toujours à la fin. Un des deux finit toujours par ressentir un malaise, plus encore si l'autre fait une rencontre. S'en suit alors un conflit qui mène soit à une cassure, soit à une belle union utopique avec un beau mariage à la fin. Et pourquoi pas les deux bambins et le golden retriever tant qu'on y est ? Ces deux solutions ne me plaisent pas mais je dois me résoudre à l'évidence, je ressens une attirance physique pour lui, une attraction qui, liée à ma longue période d'abstinence, me fait complètement dérailler…

Bon..., ne trouvant pas de réponse adaptée, j'essaie de lui balancer quelques excuses :

  • " J'en sais rien, j'ai comme des pulsions en ce moment. Je pense que j'ai vraiment besoin de faire une rencontre et de me trouver un mec. Il y a eu cet incident au nouvel an et j'en ai eu terriblement honte mais en même temps, je veux pas te mentir, j'ai pris mon pied. Alors quand je t'ai vu, là, dans ces conditions, j'ai perdu mes moyens et j'ai voulu en profiter à nouveau. "

Il rit puis me répond d'une voix très douce :

  • " C'était super Cha, moi aussi j'ai pris mon pied. Pourtant je vais être honnête avec toi, je ne pense pas qu'on va pouvoir continuer comme ça, et il y a une raison bien précise à ça. "

Son intervention provoque en moi un drôle de mélange de sensations. Je suis à la fois fière qu'il ait pris du plaisir mais presque déçue qu'il puisse me dire que cela ne peut pas se poursuivre. Pourtant ce qui m'intéresse le plus, c'est cette fameuse raison qu'il évoque. Je suis impatiente qu'il vienne soulager ma curiosité :

  • " Je pense pas non plus que ce soit une bonne idée que ça se reproduise, mais tu me connais, je suis curieuse, c'est quoi ta fameuse raison ? "

Je ne regarde plus le plafond, mon visage est tourné dans sa direction, je lui souris en attendant sa réponse. Il me sourit lui aussi, les yeux fixés sur les miens, sa bouche s'ouvre et il avoue :

  • " C'est tout simplement parce que…"

Son sourire disparaît, son air est plus grave, ce silence m'insupporte et m'inquiète. Je suis tellement impatiente que je l'invite à poursuivre :

  • " Parce que quoi ? "

Il inspire et expire profondément puis poursuit :

  • " Parce que ça fait des années que je suis amoureux de toi Cha. "

Mon coeur s'emballe, mes joues s'empourprent, c'est un cauchemar,... une putain de claque que je me prends en pleine tronche. J'en tremble et je ne trouve aucun mot pour intervenir. Mes yeux ne savent plus où se diriger mais reviennent vers son visage sur lequel ses lèvres se plissent. Il ouvre à nouveau la bouche en éclatant de rire :

  • " Je crois que j'ai été trop bon là Cha ! Comment je viens de réussir à te faire flipper !! "

La pression se relâche presque instantanément. Je devrais lui en vouloir pour cette blague immonde mais je suis malheureusement son mentor à ce niveau. C'est moi qui lui ai appris à jouer à ce jeu. Je devrais être une professeure comblée puisque mon élève a assimilé chacune de mes leçons : Choisir le moment idéal, prendre un ton grave, et le plus difficile, garder son sérieux au minimum quelques secondes. Si je peux accepter d'être tombée dans son piège, cela ne m'empêche pas pour autant de l'insulter en riant :

  • " Petit con ! "

Mon satané coloc s'en fiche totalement, il souhaite m'enfoncer un peu plus, toujours en riant bêtement :

  • " T'as vraiment cru que j'étais secrètement amoureux de toi depuis des années ? "

Il veut s'amuser le gaillard ? Je vais me le faire. J'ai envie de jouer un peu moi aussi. Je tente de reprendre au maximum mon sérieux, je prends un regard triste et sincère puis, je lui réponds sur un ton dur :

  • " Pourquoi ? Je suis trop moche ou trop conne pour que quelqu'un puisse tomber amoureux de moi ? C'est ça que tu veux dire ? "

Je suis terriblement fière de moi, je vois immédiatement son sourire s'effacer et la honte s'emparer de lui. Il ne me manquait plus que quelques larmes et un public afin qu'on me décerne l'oscar, j'en suis presque convaincue.

Julien est rouge comme une tomate et tente maladroitement de se justifier :

  • " Euhhh non, c'est pas ça que j'ai voulu dire Chacha, je voulais seulement dire par là que ça aurait été étrange, enfin que…"

Je ne tiens plus, j'éclate de rire à mon tour. Il lui faut quelques secondes afin qu'il comprenne qu'il vient de se faire berner à son tour. Son sourire réapparaît, il m'avoue :

  • " Je l'avais bien mérité ! Par contre, je joue plus là, promis, mais la raison pour laquelle je ne voudrais pas que ça se reproduise existe réellement. "

Je reprends mon sérieux, moi aussi :

  • " Je t'écoute ! "

Cette fois, il garde son sourire puis s'explique :

  • " Pour tout t'avouer, j'ai le béguin pour une fille du boulot. "

Je suis surprise, je ne m'attendais absolument pas à ça. Ce que je viens d'entendre m'amène étrangement à ressentir un paradoxal mélange de bonheur et de jalousie, une jalousie dont j'ignore encore l'origine. Est-ce le fait qu'il puisse avoir des sentiments pour cette fille ou le simple fait que je ne sois personnellement pas dans la même situation que lui, tout simplement éprise d'un beau mâle ? Quoiqu'il en soit, je suis heureuse pour lui et je souhaite évidemment en savoir plus :

  • " Ah oui ? Je la connais ? "

Il semble retrouver une timidité qu'il avait perdu depuis longtemps avec moi. Il se lève du lit, en cachant son sexe à l'aide de ses mains puis va récupérer son boxer et son jean tout en me répondant :

  • " Tu l'as vue il y a quelques semaines au boulot quand t'es passée me chercher après les voeux de la boîte. C'est Clémence, une petite brune, je ne sais pas si tu t'en souviens ? "

En effet, je me souviens très bien de cette fille. Il faut dire que la plupart de ses collègues sont des hommes âgés et bedonnants. En voyant cette petite gueule d'ange aux cheveux mi-longs ondulés dans sa jolie robe noire, elle ne pouvait qu'attirer les regards. Je lui demande confirmation :

  • " Tu parles de la jolie brune en robe noire qui souriait tout le temps ? "

Car oui, c'est aussi cela qui m'avait marquée durant les toutes petites minutes où j'étais présente, le sourire magnifique et sincère de celle qui a charmé mon Juju.

  • " Oui, c'est bien elle, je suis heureux que tu puisses la trouver jolie toi aussi. "

Bon, j'ai bien l'image de cette fille en tête mais ma curiosité a très faim, je compte bien en savoir plus encore :

  • " Et donc, vous en êtes où vous deux ? "

Il est pris d'un rire nerveux, puis presque honteux, il ose m'avouer :

  • " On en est nulle part ! Elle me plaît, c'est tout. J'ai seulement osé lui envoyer un petit mail mais c'est loin d'être concluant ! "
  • " Ah bon, elle t'a répondu ? "

Il s'assied à nouveau sur sa chaise de bureau puis s'active sur sa souris et son clavier avant de m'inviter à le rejoindre d'un signe de tête. Je me lève, je ramasse mon jean et ma culotte que j'enfile rapidement. Je sens un jus s'écouler de mon intimité, ce n'est pas spécialement très agréable mais j'essaie de me rassurer en imaginant la douche très proche. J'approche de lui, il me dit alors :

  • " Tu n'as qu'à lire ! "

J'y lis son mail d'attaque :

Bonjour Clémence,

Je t'envoie ce message afin de savoir si tu aimerais qu'on puisse sortir ensemble un soir.

Bonne soirée,

Julien.

Comment dire ? Je trouve ça… pathétique. Je me garde bien de le lui dire mais je pense que les expressions de mon visage et notamment ma petite grimace sont largement suffisantes pour qu'il puisse aisément imaginer ce que j'en pense. Je sais que Julien n'a jamais été un as de la séduction mais je crois qu'il aurait réellement pu faire mieux pour une entrée en matière.

Il comprend que j'ai terminé de lire, il ose alors cliquer sur la réponse de Clémence, une réponse qui date de ce matin même.

Salut Julien,

Serait-ce un rencard que tu me proposes ?

Si c'est le cas, j'espère ne pas être trop brutale en t'annonçant que ce genre de sortie me semble un peu précipitée. Peut-être faudrait-il tenter de me séduire un peu avant, tu ne penses pas ?

Clémence.

Je trouve la réponse de Clémence plutôt sympathique. Honnêtement, si un mec m'avait envoyé un mail comme celui de Ju, je ne suis même pas sûr que j'aurais eu envie d'y répondre. Cela me laisse donc penser que tout n'est peut-être pas perdu.

Je demande à mon ami :

  • " Tu lui as répondu ? "

Penaud, il me répond :

  • " J'ai commencé. "

Il reprend sa souris en main et dirige le pointeur vers le dossier "brouillon", il clique dessus puis sur le dernier message qui s'affiche à l'écran :

Salut Clémence,

Tu es très sympa, très belle aussi. J'aime beaucoup tes tenues et ton boulot est toujours impeccable. Ils ont vraiment bien fait de te recruter en septembre.

Son texte s'arrête là. Je ferme les yeux et je pose, dépitée, ma main droite sur mon visage en baissant la tête, tout en soupirant. Il y a un sacré boulot…

En constatant ma réaction, Julien me demande :

  • " C'est si nul que ça ? "

Je lui réponds :

  • " Il y a quand même un truc bien dans ton mail. "

Il sourit légèrement, patientant afin de savoir ce que j'ai pu trouver de positif. Je ne suis pas tendre avec lui en apportant ma réponse :

  • " La chose bien, c'est que tu ne l'as pas envoyé Ju. Il faut vraiment que tu fasses un effort ! "

Il soupire, complètement découragé. Je lis la tristesse dans ces yeux et ça me fend le cœur de voir cette lourde déception l'atteindre si durement. C'est finalement si insupportable de le voir dans cet état que je lui propose :

  • " Tu veux que je t'aide ? "

Ses yeux s'ouvrent grands, il semble surpris mais cela ne l'empêche pas de sauter sur cette opportunité :

  • " Tu ferais ça pour moi ? "
  • " Évidemment, si je peux te donner un coup de main, ça sera avec plaisir ! "

Il me sourit puis approche son visage du mien pour me baiser le front, tout en me remerciant :

  • " Merci Chacha, t'es un ange. "

Un ange ? Moi ? Un ange étrange alors. Quel ange irait sauter sur son meilleur ami en train de se masturber et lui proposer ses services peu après pour l'aider à conquérir le coeur d'une autre ?

Cette situation, aussi loufoque soit-elle, a pourtant le don de me rassurer. Elle vient en quelque sorte laver toute l'ambiguïté qui aurait pu découler de cette drôle d'expérience.

Bon, j'ai proposé mon aide mais afin de pouvoir être efficace, je dois en savoir plus encore, je dois donc démarrer l'interrogatoire :

  • " Tu me remercieras si ça marche Ju. Par contre, il faut que tu m'en dises plus sur cette fille. Explique moi un peu comment elle est, qu'est-ce qu'elle fait au boulot ? Quelles sont ses qualités ? et, potentiellement, ses défauts… ? "

J'ai presque l'impression de lui en avoir demandé un peu trop. Je le vois réfléchir, les lèvres en cul de poule et en balançant sa tête de bas en haut. Il frotte sa barbe de trois jours de sa main droite, je trouve le temps long, j'ai encore une douche à prendre et des traces à effacer moi…

Enfin, il se décide à me répondre :

  • " Elle est jolie, sympa, drôle, elle s'occupe des ressources humaines au boulot. Pour les qualités, je les ai déjà données, elle a un humour un peu décalé comme toi, mais pour les défauts, j'ai beau chercher, je ne trouve pas ! "

Je dois me résoudre à me limiter à ces succinctes informations pour lui offrir mon aide. Je tente tout de même de savoir si il connaît un peu ses passe-temps :

  • " Et pour les hobbies ? Tu sais ce qu'elle aime faire en dehors du boulot ? "

Sa réponse est plus rapide que lors de mes précédentes questions :

  • " Elle aime beaucoup lire, dès qu'elle a une pause au boulot, elle se jette sur ses bouquins. Après je ne sais pas trop pour le reste, j'ignore si elle pratique un sport ou une autre activité. "

Ça me fait un petit élément supplémentaire pour essayer d'imaginer ce qui pourrait plaire à cette fille. Je dois avouer que l'idéal aurait été que je puisse la rencontrer et échanger avec elle afin de tenter de découvrir où pouvaient se trouver les failles de son petit coeur. Peu importe, de toute façon, je pourrais difficilement faire moins bien que ce brouillon que Julien m'a montré…

Je m'approche du PC, sans hésiter à pousser légèrement mon ami. Je prends en main la souris que je dirige vers le texte qu'il a tapé, puis, sans la moindre hésitation, j'efface l'intégralité. Je réfléchis quelques secondes et je pose mes doigts sur le clavier pour commencer à taper :

Salut Clémence,

Il faut te séduire ? J'espérais que tu le sois déjà ;-). Peu importe, je comprends qu'avoir la chance de bénéficier de ton magnifique sourire toute une soirée doit se mériter. Je compte bien faire tout ce qui est en mon pouvoir pour gagner cette opportunité.

La question est de savoir de quelle manière je vais m'y prendre. La tâche sera difficile car comment ne pas être intimidé par une fille aussi jolie et pétillante que toi ? Faut-il t'envoyer une lettre de motivation ? Un poème peut-être ?

Quelle que soit ta réponse, je ferais de mon mieux afin qu'au minimum, un petit doute puisse germer dans ton esprit.

Je te souhaite une excellente fin de journée,

Julien,

En constatant que je m'arrête de taper sur le clavier. Julien me dit :

  • " T'es sérieuse ? "

Je lui réponds :

  • " Ben oui, quelque chose ne va pas ? "
  • " Je saurais pas dire, ça me semble "bizarre"... Je crois que je ne pourrais jamais envoyer ça ! "

Mon regard est un peu vicieux. J'ai encore des pertes liquoreuses qui s'écoulent de mon vagin et c'est tellement désagréable que je perds un peu patience en lui répondant :

  • " Ça tombe bien, c'est moi qui vais le faire ! "

Je n'hésite aucunement, je clique sur "envoyer" sous son regard médusé et sa bouche bêtement ouverte. Je me lève, mais avant de courir jusqu'à la salle de bain, je dépose un bisou sur sa joue en ajoutant :

  • " T'inquiète, ça va aller Ju ! "

Puis, je m'éclipse en riant…

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