Chapitre 5

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V

 

 

J’entends une voix m’appeler par mon nom, comme un écho lointain.

Je me réveille doucement. Je reconnais ce timbre de voix si familier.

J’ouvre les yeux et découvre mon épouse, la tête penchée vers moi, ses longs cheveux blonds épousant mon visage. Elle est radieuse et belle, comme lors de notre première rencontre.

— Tu te réveilles enfin ?

— Oui… J’ai fait un rêve très étrange.

— Ah, et qu’était-ce donc ?

Je passe une main dans ma barbe naissante, puis frotte mes yeux, tout en souriant avec malice.

Je sens que ma femme est intriguée. Elle ne m’a pas vu aussi enjoué depuis bien longtemps.

— Une histoire qui m’a appris beaucoup de choses.

— Quoi donc ?

Je m’assieds dans le lit, et regarde du coin de l’œil ses yeux me dévisager avec curiosité.

— Je suis d’abord très heureux d’être avec toi, mon petit nuage adoré. Après mon accident, dans ce train, j’avais peur… Cette blessure… et ces stigmates à vie… Tout cela me déprimait. Mais je crois que cela ne devrait pas nous empêcher de réaliser nos rêves et de vivre, tout simplement. Et…

Je m’interromps.

Les réminiscences de mon rêve refont soudain surface. Sans doute me reviennent-elles à l’esprit pour m’encourager dans la voie de la guérison, et surtout de l’acceptation.

Ma femme sourit.

— Quoi d’autre ? Tu m’as l’air bien enthousiaste ce matin. Je suis étonnée, mais j’en suis aussi très contente.

Je prends sa main fine et pâle dans la mienne.

— Je suis heureux d’être en vie et d’être ce que je suis. J’ai tout ce qu’un homme peut espérer. (Je l’embrasse sur le front.) On devrait se lever et discuter du voyage que nous voulions faire avant cet accident.

Elle fronce les sourcils, et esquisse une légère grimace.

— En es-tu sûr ?

— Oui. On ne peut plus sûr.

Un sourire parcoure mes lèvres. Mon épouse en fait de même à son tour.

— Je ne suis pas seul, et j’ai toute une vie à remplir de moments magnifiques avec toi et nos enfants.

Tandis qu’elle se lève, je m’assieds sur le rebord du lit. Mon sourire s’efface et je prends une inspiration.

Après des semaines sans avoir le courage de regarder, j’ose enfin poser les yeux sur mon poignet, privé à jamais de sa main.

Je l’accepte, dorénavant. Et même sans elle, je continuerai à avancer sur le chemin de la vie, pour ma famille et aussi pour moi-même.

J’avais sauvé une fillette, et le prix à payer m’avait paru d’abord effroyable.

Mais après ce rêve, je me sens fier. Surtout en repensant au moment où elle m’avait remercié et que ses parents m’avaient pris dans leurs bras, en larmes, à l’hôpital. Je m’en souviens avec encore plus d’insistance après cette nuit.

C’est ce moment, le plus lumineux de ces souvenirs pénibles, que je veux garder en mémoire, à tous jamais.

Je crois que je n’oublierai pas ce rêve étrange, et, surtout, ce qu’il m’a apporté.

Le ciel est toujours au-dessus de ma tête, et la terre sous mes pieds.

La vie continue, tant que le cœur bat.

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