Chapitre 2 : Loren

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Au cours des instants qui suivirent, je n'eus pas conscience de grand-chose. J'entendis juste le cri de Stacy, sans comprendre ce qu'elle avait dit. Puis ce fut comme si je voyais défiler à toute allure les immeubles, les devantures et les façades des rues avoisinantes, alors que nous étions à pied, marchant certes d'un bon pas, mais à pied seulement. Snoog m'avait pris la main et m'entraînait vers je ne savais quelle destination hormis qu'il devait s'agir, comme objectif final, de me mettre dans son lit.

Une fois, j'ouvris la bouche pour dire quelque chose, quelque chose comme "je ne suis pas de ces filles-là", mais aucun son n'en sortit.

Enfin, il marqua un bref arrêt devant la porte d'un hôtel, adressa quelques mots au gardien, puis se tourna et fit un signe à quelqu'un qui devait être derrière nous. Je n'eus pas le temps de regarder qu'il franchissait le seuil et m'entraînait toujours. Après réflexion, je me dis que la personne derrière nous devait être un garde du corps, voire deux. L'hôtel appartenait à une de ces chaînes de bon standing, au hall des plus neutres, mais bien tenu. Il fila sans ralentir devant l'accueil, pour s'arrêter seulement devant un ascenseur. Nous y entrâmes et il appuya sur le bouton 7. Il me regarda alors et dit :

- J'aime bien quand on peut dormir au septième étage d'un hôtel. Septième étage, septième ciel, tout ça... fit-il avec un petit moulinet de la main.

Je le fixai un instant, puis j'éclatai de rire. Sa tirade était à la fois pleine d'humour, mais aussi de promesses.

Je ne savais pas encore que, moi, je lui ferais la plus étrange des promesses.

**

L'ascenseur s'arrêta et nous nous retrouvâmes dans un large couloir aux murs crème et à la moquette épaisse. Il s'y engagea sans hésiter, sortit une carte magnétique de sa poche arrière et l'instant d'après, nous nous retrouvâmes dans une vaste chambre. J'avais rarement dormi à l'hôtel et jamais encore avec un tel confort et je restai un peu interdite, alors que Snoog, m'ayant lâché la main, s'avançait dans la pièce.

- Alors, Loren, dis-moi...

Je reportai mon attention vers lui, après que mon regard avait fait le tour de la pièce : un grand lit, un petit sofa dont les coussins paraissaient moelleux, un mini-bar, une longue table qui devait pouvoir faire office de bureau, et une porte ouvrant sur le mur à ma droite - sans doute la salle de bain. Il me fixait de son regard bleu délavé.

- Oui ? fis-je en levant légèrement un sourcil.

- T'as vraiment vingt- cinq ans aujourd'hui ?

- Depuis deux jours exactement. Vous auriez pu faire un effort et jouer précisément il y a deux jours. Tu veux voir ma carte d'identité pour être sûr ?

Il éclata de rire et me prit dans ses bras avant de m'embrasser langoureusement. Ses lèvres étaient gourmandes, et il partit à la découverte de ma bouche sans que je puisse protester. Puis une de ses mains remonta sur ma nuque, glissant dans mes cheveux.

Et je me rendis compte que je n'avais pas du tout envie de protester.

**

Il me poussa lentement et nous fit entrer dans la salle de bain, sans rompre notre premier baiser. Ses lèvres abandonnèrent les miennes pour venir mordiller mon cou, jouer avec le lobe de mon oreille, alors que ses mains partaient à l'aventure. Mon blouson tomba au sol dans un bruit sourd, puis il glissa ses mains sous mon t-shirt sans marquer la moindre hésitation et les fit remonter jusqu'à ma poitrine. Mes tétons durcirent dès qu'il les effleura et je sentis une onde chaude couler dans tout mon corps.

Mon t-shirt vola bien vite au-dessus de nous alors qu'il m'embrassait à nouveau. Ne voulant pas être en reste et désormais bien curieuse et déterminée, je fis de même et découvris son torse qu'il avait précédemment exposé à nos yeux lors du concert. Pas de doute, il était bien musclé et ses abdos saillaient sous mes doigts. Je les parcourus un instant puis fis remonter mes doigts jusqu'à sa poitrine. Ma paume effleura l'un de ses tétons, lui arrachant une plainte sourde. Il rompit notre baiser, planta son regard dans le mien tout en faisant descendre ses mains sur mon ventre, jusqu'à déboutonner mon pantalon et le faire glisser à mes chevilles. Il s'agenouilla alors, me retira mes chaussures, mes socquettes et fit passer chacune des jambes de mon pantalon. Il repoussa le tout sur le côté, avant de laisser son regard remonter lentement jusqu'à mon visage. Il ne me touchait plus, mais ma peau s'enflamma comme si c'étaient ses mains et non ses yeux qui m'avaient parcourue. Je ne portai plus que mon petit slip en dentelle blanche, sans doute bien plus sage que ceux qu'il voyait habituellement.

Il vint poser son visage contre mon ventre et je sentis son souffle chaud effleurer ma peau. Je fermai les yeux un instant, me retenant à grand-peine de vaciller. Mon cerveau tenta une ultime défense, me rappelant en un flash que je me trouvais quand même avec le chanteur d'un groupe de hard-rock, que j'étais son loisir d'après concert, mais je fermai la porte à la raison avant d'avoir tout entendu. J'étais déjà sur une autre planète. Une planète où Dylan n'existait pas, du moins, je le crus.

Oui, j'oubliai jusqu'à Dylan alors que les lèvres de Snoog effleuraient mes dentelles et que la pulpe de ses doigts remontait lentement de mes chevilles à mes hanches, frôlant et caressant, me faisant frémir.

- Hum... Délicieux parfum, souffla-t-il en frottant doucement son nez contre le tissu qui protégeait encore mon intimité.

Mais maigre protection que celle-ci et les dentelles blanches rejoignirent sans plus tarder le reste des vêtements. Il me regarda encore, et ses yeux bleus devinrent comme de la braise. Puis il se redressa lentement, tel un fauve prêt à bondir sur sa proie. Il commença alors à déboutonner son pantalon, le retira lentement et, dans le même mouvement, ôta son caleçon. Je me mordis les lèvres à le voir nu devant moi, tel un dieu sorti d'une mythologie païenne lointaine. Un sourire amusé se dessina sur sa bouche et il me poussa doucement sous la douche.

De baisers enfiévrés à caresses fort peu chastes, il alluma l'incendie que l'eau, ruisselant sur nos corps, ne put éteindre. Le lit nous accueillit, encore humides, mais bientôt couverts de sueur. Je n'étais plus maîtresse de rien, mon corps ne m'appartenait plus, mais devenait tout à la fois ferveur, brasier, cocon et merveilleux instrument de plaisir. L'extase me terrassa, une fois, deux fois, trois fois, sans avoir le sentiment que c'était trop. Lui allait et venait, découvrant mon corps et me le faisant découvrir comme jamais, éveillant, réveillant des zones érogènes que je ne soupçonnais guère ou que je n'avais fait que soupçonner.

Dylan était vraiment loin.

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