sa splendeur ancienne

Une minute de lecture

  Kundera - ce fin explorateur de la psyché humaine -, nous indique deux voies pour faire face aux attaques de la vieillesse : ou bien accepter avec fatalisme la lourde charge des ans, courber l’échine sous les fourches caudines, ou bien se livrer à l’illusion qui fera de soi le porteur d’anciens emblèmes - beauté, jeunesse, énergie, rayonnement -, dont il ne demeure plus que quelques oripeaux battus par le vent acide de la folie. Oui, de la folie car toute dépossession entame inévitablement la royauté de l’homme, le faisant passer, successivement, de l’état de suzerain à celui de vassal et, bientôt, à celui de miséreux, cette condition si proche d’une perte de conscience ou bien de son altération.

   Dans le portrait d’un vieillard acculé par les ans, que reste-t-il de sa splendeur ancienne, sinon cette spoliation du corps et de l’esprit soufflant dans l’enceinte du corps à la façon d’un vent mauvais ? Les deux « solutions » pointées par l’auteur de « La plaisanterie », ce livre plein d’humour et de tragique liés - l’un ne peut s’exonérer de l’autre -, sont également indigentes. Toujours il s’agit de « faire semblant », de mésuser la loi existentielle,  c'est-à-dire de s’arranger avec la réalité et, en définitive, avec la vérité. Il semblerait que le mensonge soit le « cache-misère » dont le grand âge se doterait afin de métamorphoser sa perte abyssale en un gain qui soit acceptable. Ceci se nomme « hypocrisie » ou bien « mythomanie », à savoir s’inventer un présent  à la mesure de ses propres désirs, doué des mérites et des vertus dont, par nature, à l’instant même de son crépuscule, l’on est dépossédé. Il n’en reste que d’étiques tessons, bribes d’archéologie qui ne disent rien tant que leur propre détresse. La source de la joie est tarie et bien des veines sont têtues qui n’indiquent aux baguettes des sourciers qu’une glaise dure d’où ne sourdra jamais qu’une interrogation, nulle réponse.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire jean-paul vialard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0