Sur un antique canapé

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Sur un antique canapé que recouvre un linge imprimé, deux vieux sont assis qui ne savent plus ni leur âge, ni le lieu de leur naissance. Leur mémoire est enkystée, sorte de roche gélive qui ne parvient plus à assembler, en une pelote logique, les événements du passé. Le passé est si loin qui fait son bourdonnement, sa vibration de frelon contre les nervures sidérées d’une feuille. Deux double faisceaux de brume sortent faiblement des narines, ponctuent le vide d’un rythme si assoupi qu’il pourrait bien s’éteindre d’un moment à l’autre dont nul n’aurait été averti. « Trois p’tits tours et puis s’en vont », comme dans les jeux d’enfants, comme dans les comptines qui égrènent le temps de leur touchante complainte. « Trois p’tits tours », comme on dirait « une valse s’épuise et échoue à girer ». Le constat que tout mouvement humain, par essence, est infiniment corruptible, soumis aux joutes temporelles. Elles sont intestines qui avancent de l’intérieur selon la logique d’une néantisation. Mesure du rien.

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