Nuit d'exploration (II)

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Je me suis senti bien seul pendant ces trois mois. Je ne pouvais qu’observer et protéger la maison.

Et j’attendais son retour. Ou bien j’attendais sa venue.

Maintenant, petit curieux, tu sais pourquoi cette demeure est abandonnée sauf par moi.

 Il y eut un long silence.

 Tout ce qu’il avait vu et lu jusqu’à maintenant l’avait bouleversé. Il restait immobile devant cette machine à écrire dont les touches s’usaient comme toutes seules et devant cette histoire parlant d’un écrivain dont il n’avait qu’entendu des on-dits et d’un Djinn qu’il avait toujours voulu rencontré mais dont il ne croyait aucunement à l’existence jusqu’à cette nuit. Il était toutefois extrêmement touché et sensible à tout cela même s’il n’avait pas tout compris de leur situation. Il ne comprenait pas grand-chose de la sienne non plus, pour être honnête.

 Il eut alors une pensée qui l’effraya. Ce Djinn protège ce lieu... et il n’avait techniquement rien à faire ici ! Après tout, même s’il ne voulait aucun mal et qu’il voulait juste explorer et rencontrer un Djinn, il s’était introduit ici comme un squatteur, comme un voleur, un pilleur, un tueur. Comme un criminel ! Comme un malpoli… Et un questionnement terrifiant flotta dans son esprit. Il espérait qu’il ne lui voulait aucun...

Non.

 Il sentit soudainement une présence physique. Juste derrière lui. Il fut paralysé. Et il entendit près de son oreille :

 « Non, je ne te veux aucun mal. Ne t’en fais pas. Je t’en aurais déjà fait, sinon. »

 Il se retourna et se retrouva face à face avec un Djinn, qui faisait une tête de plus que lui. Il était comme dans les légendes. Et il était d’une couleur sombre. Il avait une barbichette et les cheveux longs. Et des yeux… Ils étaient si profonds. Il arrivait presque à voir les centaines et centaines d’années de vie de celui en face de lui. Il le découvrait et le connaissait dans tous ses détails. Et il se sentait observé et scruté, il sentait que toute son histoire et toute sa vie se faisait lire et connaître par le Djinn. Il s’enfonçait dedans tout en gardant les pieds sur terre. Et il aimait cela. Il aimait ce regard. Il y avait quelque chose. Quelque chose qu’il n’arrivait pas à identifier. Comme des bijoux et joyaux adjacents à des juteux jasmins enjouées déjà jetés au visage des gens que l’on juge juste et que l’on cajole, injectant de l’amour par un jonglage et jeu de jambes un jour enjôlé comme jamais aux gîtes ou aux majestueux jardins de jadis.

 Et l’odeur… on aurait justement dit du jasmin mélangé à une autre douceur ainsi qu’à une aigreur. C’était quelque chose d’étrange, quelque chose de bizarre, quelque chose de doux, quelque chose de merveilleux. Quelque chose d’envoûtant et de sensuel. Puis il y avait le toucher…

 « Je t’ai observé toute la journée, fit le Djinn avec un sourire.

 - Et je t’ai attendu toute la nuit », il répondit, ne pouvant contrôler ses paroles.

 Grâce à un simple regard et à une simple magie, c’était comme s’ils se connaissaient déjà depuis des années et des années. Et grâce à un simple regard, il put découvrir des milliers de sensations.

 Dont la plus importante était l’amour.

 Oui, il aimait cette créature. Il l’avait découvert toute entière en quelques secondes seulement. Et il savait que ce sentiment était réciproque. Il savait que ce n’était pas un amour impossible comme celui des contes et des histoires d’amour entre mortel et divin. Il savait que c’était lui… Tout cela semblait fou, digne de sortir d’un conte. Il était venu ici pour prendre contact avec un possible Djinn. Et voici le contact qu’il a eut, le contact dont il avait peur mais dont il était aussi sincèrement excité.

 Voici le contact dont il avait rêvé.

 « J’ai attendu plusieurs années pour enfin voir celui à qui je dois m’attacher, fit alors le Djinn. Et j’ai su que c’était toi, bel éphèbe. »

 Tout ceci se passait tellement rapidement… Il n’avait presque pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait…

 Mais il s’en fichait.

 Il était heureux.

 Et il n’était pas contrôlé ou hypnotisé.

 Non.

 Il était toujours en possession de ses moyens.

 Il continua à regarder avec langueur la créature devant lui.

 …

 Il y eut un long silence.

 C’était agréable.

 Ils se dirigèrent vers les rayons de la lune.

 …

 Ils regardèrent dehors.

 Et se regardèrent de nouveau.

 Puis vint le baiser.

 Ce fut lui qui le fit au Djinn.

 Et les choses allèrent au-delà du simple jeu de lèvres pulpeuses.

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