Chapitre 16 :

21 minutes de lecture

Maryline estimait cela très étrange de dormir dans le lit d’Iris, dans la chambre de son appartement ainsi que de côtoyer ses parents. Elle n’était pas aussi proche d’Iris que Samuel, mais elles avaient été très amies dans les bâtiments, et l’adolescente savait que la rousse serait là pour elle si elle avait besoin… C’était juste que Maryline voulait régler ses problèmes sans elle et toute seule. Lilian et Sandra avaient aménagé l’appartement de Mme. Keys et restaient avec elle tout le temps. L’adolescente ne pouvait pas se détacher d’eux, ils la suivaient donc, même lorsqu’elle préparait des choses risquées. Après s’être préparée elle fit le lit d’Iris et y resta assise un moment. Cela la gênait d’être dans sa chambre, l’emprunte d’Iris y demeurait toujours et Maryline avait toujours l’impression qu’elle allait la voir débarquer d’une minute à l’autre. La jeune fille débarqua dans la salle à manger, Mme. Smarta préparait le petit-déjeuner et son mari dressait la table. La surdouée leur fit la bise et s’installa à une place. Peut-être était celle d’Iris habituellement ? Son amie ne parlait que rarement de sa famille.

Des nouvelles d'Iris ou Samuel ? s'informa l'adolescente alors que la mère de son amie posa des œufs brouillés sur la table et prit l'assiette pour la remplir.

Par Amanda oui, confirma la mère d'Iris en jetant un regard à son mari. Tu sais, ce n'est pas vraiment la propriété d'Iris de nous donner de nouvelles. Mais apparemment elle avance dans sa mission et elle va bien…

Vous savez, je suis sûre qu'elle voudrait vous parler de temps en temps, rassura Maryline en salant les œufs brouillés. C'est juste qu'elle a été directement propulsée par Mme. Keys comme un membre actif de l'association. Et Iris est toujours extrême lorsqu'elle fait quelque chose.

Sauf que la discussion est rompue depuis un petit bout de temps maintenant, déplora la mère de son amie en s’installant à son tour et que son mari les rejoignait. On n’a pas pu être vraiment présents pour elle. C’est peut-être bien sa façon de nous le faire payer… c’est une adolescente et on n’a vraiment jamais été atteint par ses crises. Celle-là doit nous viser particulièrement.

Je ne pense pas que ce soit dans les intentions d’Iris, ou alors elle le fait inconsciemment, défendit Maryline en se servant de l’eau. Certes, Iris est quelqu’un qui n’a pas d’attache, pour personne à part peut-être bien Samuel, mais vous devriez essayer de la contacter. Si vous lui montrez que vous vous inquiétez, vous pourriez peut-être engager un dialogue avec elle.

Maryline pouvait sûrement se reconvertir comme psychologue sans problème. Les parents d’Iris lui faisaient de la peine. Cela lui faisait repenser à sa famille… ses parents étaient sains et saufs, n’étant pas dans le bâtiment qui s’était effondré, malgré tout, son père continuait à récupérer. Il avait été très gravement blessé par un des conseillers. Elle ne savait même plus lequel d’ailleurs ! Mais elle n’oubliait pas ce mal-là, et elle comptait bien se venger de cela aussi. Son père ne méritait pas ce traitement. L’adolescente restait aussi particulièrement frustrée de la mort de sa tante et de celle de sa cousine. Et cela aussi, elle mettait cela sur le compte des conseillers. La jolie blonde en avait plus qu’assez que son pays soit dirigé par des incompétents qui oppressaient le peuple. Elle ne voyait plus leur effort, juste leur erreur. Amanda avait refusé sa demande d’amorcer une petite révolution. Heureusement pour elle, elle avait réussi à recruter des gens pour l’aider. Déjà, Lilian et Sandra l’aidaient dans sa démarche. Elle ne souhaitait pas leur porter préjudice mais ils avaient insisté pour l’aider. Elle ne s’en plaignait pas, cela la soulageait. Lorsqu’elle termina son repas, elle salua les parents d’Iris et sortit pour aller dans l’appartement d’à côté.

Elle retrouva Lilian et Sandra, allongés sur le canapé à rayures jaunes et bleues de Mme. Keys. Les deux surdoués vivaient juste dans les lieux et n’avaient fait aucune transformation. Maryline s’assit dans un fauteuil à côté d’eux et observa Alma, son mari et Angelo qui la saluaient, déjeunant calmement autour de la table de la cuisine. La jeune fille ne savait pas comme cela se passait les enterrements pour les clans de nomades, mais cela serait sûrement difficile pour eux d’enterrer Gabriel. Maryline ne savait pas vraiment combien de décès ils devaient déplorer, mais elle savait aussi que cela aurait pu être bien pire que cela.

L’enterrement de Kendra a été repoussé, informa Lilian d’une voix lente en se redressant.

Comment cela se fait-il ? demanda Maryline en triturant le bout de sa chemise, assez mal à l’aise de parler de cela en présence des amis de la petite fille.

Ils ont pensé que cela serait préférable d’attendre le retour de Samuel et Iris pour procéder à l’enterrement. Kendra les adorait, et ils seraient sûrement tristes de n’avoir pas pu être présents, supposa Sandra en attrapant une balle rebondissante qu’elle fit rebondir du sol jusqu’à sa main.

Ils sont en missions et les trajets durent un bon moment… peut-on vraiment laisser les corps autant de temps ?

Je ne sais pas ! Mais s’ils l’ont décidé, c’est que cela est possible.

Maryline rapporta ce que les parents d’Iris avaient dit sur elle mais les deux amis restèrent tout de même inquiets, malgré tout ils avançaient dans leur propre projet. Cela faisait déjà un petit moment que le trio s’occupait de cela, et la blonde sentait qu’ils arrivaient enfin à l’achèvement de leur attente. Les trois adolescents avaient observé les conseillers à chaque fois que les enregistrements vidéos les leur permettaient. La surdouée se stressait, car elle pensait n’avoir la chance qu’à un seul allé donc elle se disait qu’elle devait absolument réussir. Amanda serait après au courant, et même enceinte elle serait capable d’aller la rattraper pour lui dire qu’elle faisait quelque chose de mal. Sandra reçut un appel d’Amanda et s’isola un peu pour pouvoir lui parler. Maryline ne s’en étonna pas, son amie faisait souvent cela quand la cheffe l’appelait.

Êtes-vous sur de vouloir venir ? Insista Maryline auprès de Lilian. Si on se fait chopper, on se retrouvera en prison… et crois-moi, ce n’est pas cool là-bas !

Et toi ? Tu prends le risque d’y retourner, et cette fois-ci, il n’y aura pas Théo pour t’aider lors de ta détention. Il ne pourra pas faire comme s’il allait revenir puisqu’il est censé être mort pour eux !

Je suis habituée, et je n’ai plus rien à perdre…

Tu devrais lui parler, affirma son ami en parlant de Théo.

Bien évidemment qu’elle avait parlé de son plan à Théo. Même s’il ne le jugeait pas correct, il ne lui avait pas fait de reproche et avait insisté pour l’accompagner et la surveiller de loin. Au moins, elle était certaine qu’il serait là pour l’aider même si elle ne voulait pas lui causer de problèmes. Sandra fut de retour et détailla les nouvelles sur Iris et Samuel, ainsi que notamment sur Marianne. Maryline ne la connaissait pas très bien, mais elle savait qu’elle s’entendait très bien avec ses deux amis donc elle était navrée pour elle. La jeune fille repartit dans la chambre d’Iris pour trouver des billets et retrouva Lilian et Sandra en bas de l’immeuble. Les parents d’Iris les accompagnaient gentiment à la gare où ils pourraient se rendre à la capitale, ils attendaient juste qu’ils soient prêts.

Et où est-ce qu’on le garde quand on l’aura ? Non parce que, déjà le prendre cela va être le compliquer, rien que de le garder cela le sera encore plus ! lâcha Lilian

On le gardera dans une salle du quartier de la capitale. Avec tous les bouleversements que l'on connaît en ce moment, personne n'y prêtera attention.

Sandra et Lilian ne semblaient pas aussi convaincus que cela. Maryline avait peur des reproches d'Amanda si elle l'apprenait, mais cela ne serait pas le cas avant un moment même si la cheffe de l'association sortait bientôt de l'hôpital. L'adolescente voyait bien que ses amis la surveillaient d'une manière ou une autre, mais Maryline ne voulait pas être protégée. Elle se retrouva entre ses deux amis à l'arrière de la voiture. Les parents d'Iris faisaient toute la conversation, manifestement, ils souhaitaient connaître un peu mieux ses amis à défauts de ne pas pouvoir converser avec leur fille. Ils allaient aussi rendre visite à Amanda. Ils les déposèrent devant la gare et repartirent. Maryline tenta de repérer Théo dans la foule mais il y avait beaucoup trop de gens dans la gare malgré les mineurs envoyés dans le désert. Ses deux amis l’entraînèrent avec eux à leur station. L’adolescente scrutait les personnes, elle aperçut rapidement un individu dissimulé sous une capuche mais ne le retrouva pas. Lorsqu’ils s’arrêtèrent pour attendre, la silhouette réapparut et s’approcha d’eux. Tête baissée, mais démarche normale, cela ne pouvait qu’être Théo. Il s’arrêta devant eux et pivota brusquement avant de se rapprocher si près de Maryline qu’elle put sentir son souffle sur ses joues.

Je crois que j’ai réussi à éviter toutes les caméras à reconnaissance faciale, murmura le jeune même s’il paraissait préoccupé. Je ne sais même pas quand est-ce que je pourrais dire à ma mère que je suis vivant… Victor ne veut pas prendre le risque pour le moment. Je pense qu’il espère toujours pouvoir passer un pacte entre les conseillers et nos deux organisations. J’espère qu’il n’espère pas pour rien.

Tu es fort, je sais que tu vas tenir le coup, souffla Maryline en glissant une main sur la joue de Théo qui replaça bien sa capuche. Puis… pourquoi ne pourrais-tu pas voir ta mère ? Elle n’est pas obligée de dire à tout le monde que tu es vivant si c’est cela qui vous inquiète.

Chérie, je te rappelle que je viens de la partie nord, murmura doucement Théo en rapprochant plus son visage de celui de Maryline. Nous n’avons pas les mêmes mœurs que vous. Si ma mère apprend que je suis en vie, elle le fera apprendre aux personnes qui m’ont permis d’être surveillant de la prison secrète.

Maryline haussa la tête en soupirant et le prit dans ses bras pour le réconforter. Sandra et Lilian s’étaient éloignés pour leur laisser un peu d’intimité et elle leur fut reconnaissante. Même dans le train les menant à la capitale, ils restèrent discrets et elle pouvait discuter avec Théo. Ce dernier s’inquiétait beaucoup pour elle, mais la jeune fille lui rappela qu’il la surveillerait. Néanmoins, l’adolescente surprit les regards anxieux échangés par ses amis et son petit-ami.

Arrivés à Satoprik, la capitale, le quatuor s’installa rapidement dans le quartier général. Les surdoués avaient déjà séjourné là-bas donc il n’y eut aucun problème d’attribution des chambres, Théo occupant celle de Maryline, tout se déroula très vite. Ce dernier insista pour les accompagner mais la blonde refusa toujours catégoriquement. Il les suivrait de loin, mais il n’avait pas à prendre de risque lui aussi. Ce n’était même pas une mission initialement prévue par Amanda ou un autre chef de l’association. S’il arrivait quelque chose, cela pourrait semer la zizanie entre les deux organisations. Et ils devaient rester soudés face au conseiller même si Maryline estimait qu’il ne faisait absolument rien pour dévier l’État. La jeune fille ferma les yeux quelques secondes et revit les corps inertes de sa cousine et sa tante qu’elles pensaient avoir vus sur les vidéos que M. Past l’avait forcé à visionner. Sa mère lui avait confirmé qu’elles étaient décédées toutes les deux, alors sa vision avait dû être bonne malheureusement… pour elles aussi, elle devait agir contre les conseillers. Faire plus que des manifestations dans tout l’Opartisk. Ils devaient faire plus, elle comptait faire plus. La jeune femme glissa un couteau dans la poche cachée de sa veste et elle vit Sandra débarquer dans sa chambre grâce au miroir dans lequel elle contemplait leurs deux reflets. Sandra avait été là pour elle mine de rien, elle savait que dans d’autre circonstances, elles auraient pu faire un incroyable trio avec Iris. Sauf que cette dernière faisait cavalière seule, et Sandra s’assurait toujours si elle allait bien.

Es-tu vraiment certaine de vouloir faire cela ? se renseigna la jeune fille en faisant quelques pas pour se rapprocher de son amie.

Et vous ? Êtes-vous vraiment prêts à m’aider ? Je ne vous force pas tu sais…

Oui, mais nous sommes tes amis, affirma Sandra en lui prenant la main alors qu’elle se retournait. Écoute, on s’inquiète parce que tu ne parles pas trop… et on aimerait vraiment pouvoir t’aider. Mais je sais qu’il y a certaines choses qui te perturbent. Donc, on aimerait vraiment savoir comment tu vas réellement.

Tu ne me dirais pas ça parce qu’Amanda te l’a demandé ? s’enquit Maryline en serrant un peu plus la main de Sandra.

Amanda nous a demandé de veiller sur toi, admit franchement la brune. Mais elle nous a chargés de cela car elle savait qu’on s’inquiétait pour toi, bien avant cela ! Je te dis cela en tant qu’amie. Pas en tant que pseudo flic.

Merci, murmura Maryline alors que Sandra la prenait dans ses bras.

Bien évidemment qu’elle se doutait qu’Amanda lui avait assigné des surveillants pour qu’elle ne fasse pas de débordement, mais malgré tout, Lilian et Sandra l’aidaient. Elle ne connaissait pas leur motivation, mais elle était infiniment reconnaissante à ses amis de l’accompagner dans ses projets et de ne pas la laisser seule. Les deux amies sortirent de la chambre et rejoignirent Lilian qui les attendait dans le hall. Maryline comptait bien garder un œil sur lui, elle savait que depuis sa blessure, il n’hésitait plus à prendre des risques, qu’ils soient insensés ou non. Maryline prit un mini GPS portatif pour pouvoir se repérer dans la capitale puisque aucun des trois y était originaire et ils se mêlèrent dans la foule afin de paraître moins suspect.

Ce fut au bout d’une bonne heure qu’ils trouvèrent la rue qui les intéressait, et encore, la jeune fille n’était pas certaine qu’il s’y trouverait aujourd’hui. Du moins, elle espérait que si. Elle jeta un regard derrière elle mais fut incapable de repérer Théo : il devait bien se cacher pour ne pas être vu de face par les caméras. Ils s’arrêtèrent près d’un banc abîmé, Sandra appuya un pied contre en observant les alentours alors que Lilian s’éloignait un peu des deux filles. Maryline réprimait l’agacement qui montait en elle : elle n’avait qu’aujourd’hui ! Au moment où elle se tourna vers une impasse, elle fit la personne qu’elle cherchait y sortir.

Venez ! ordonna-t-elle naturellement à Sandra et Lilian qui la rejoignirent vite.

Les trois adolescents se mirent à le suivre. Malgré les menaces que Maryline lui avait laissées pour l’effrayer, le jeune homme marchait tranquillement dans les rues de Satoprik comme s’il n’y avait aucun risque pour lui. Ils augmentèrent la cadence pour s’approcher un peu plus de lui. Lilian et Sandra arrivèrent à son niveau et l’empoignèrent par les bras, le forçant à couper une conversation téléphonique qu’il entretenait. Lilian termina la conversation et rangea le portable dans sa poche puis Maryline appuya son couteau dans le dos du jeune homme pour le dissuader de se débattre pour s’enfuir. Ses deux amis le firent retourner vers elle, et il ne semblait pas plus inquiet que cela, ou alors, il le cachait extrêmement bien.

Ne tente rien, et tu vas nous suivre bien gentiment là où on veut t’emmener, déclara froidement Maryline en remontant le couteau à la hauteur du visage de son interlocuteur.

Il ne répondit que par un hochement de tête avant que Lilian et Sandra l’entraînent avec eux. Maryline rangea son couteau, satisfaite. Elle n’avait pas encore d’idée pour la suite, elle s’était surtout concentrée surtout sur l’étape du kidnapping qui était plus importante. Maintenant, elle allait devoir décider les informations qu’elle devait soutirer, et cela… elle en avait plein d’informations en tête, donc elle devrait trier.

Ils l’avaient laissé enfermer dans la chambre de Lilian. Étrangement, le jeune homme n’avait pas tenté de s’enfuir. Maryline jugeait ce comportement suspect, mais ses deux amis ne s’étonnèrent pas de la réaction du captif. Le trio était réuni dans la chambre de Sandra. C’était une chambre basique, avec un lit à une place et deux armoires et quelques chaises. Elle n’était ni petite, ni grande mais beaucoup trop lumineuse au goût de Maryline. Celle de Lilian était plus sombre. Théo s’était proposé pour surveiller l’adolescent. Maryline l’avait laissé faire même si elle aurait aimé qu’il soit là pour débriefer. L’après-midi s’était déjà écoulée de moitié et les trois surdoués n’avaient encore rien décidé.

Une chose est sûre, c’est que l’on ne peut pas le garder trop longtemps… ils ont déjà dû localiser son téléphone portable, fit Lilian en tenant le portable du jeune homme dans la main. Il va falloir qu’on agisse vite avant de griller le repère de l’association et plus d’une centaine de membres aussi.

Quelqu’un a-t-il tenté de le contacter ? Se renseigna Maryline en posant son regard sur une photo que Sandra avait.

Sur cette photo, son amie était entourée de ses parents et de ses cousins et sa grande-sœur. Maryline se rembrunit en songeant qu’elle devait prendre des nouvelles de ses parents. Elle ne savait pas vraiment s’ils étaient sortis de l’hôpital eux-aussi, mais ils se trouvaient en voie de guérison, cela, elle le savait bien. Même si elle s’inquiétait, elle ne risquait plus de les perdre. Les conseillers n’avaient plus aucune raison de s’en prendre à eux.

Kilian a tenté de le joindre une dizaine de fois, répondit Lilian en faisant glisser son doigt sur le téléphone pour vérifier un peu plus l’historique des appels. Il a dû deviner ce qui s’est passé, Maryline. Il n’est pas idiot.

Pourquoi connaîtrait-il Kilian ?

Pourquoi ne le connaîtrait-il pas ? rétorqua Sandra. Il est le fils d’un conseiller donc il doit tout les avoir rencontrés. En plus il a l’âge de Kilian et Iris. Ils ont dû sympathiser grâce à cela.

En clair, ils devaient faire quelque chose. La jeune fille se leva et sortit de sa chambre pour aller dans celle de Lilian. Elle retrouva son copain et Ethan en train de discuter calmement. Théo sur le lit du jeune homme, le fils du conseiller sur la chaise pour le bureau. Ils s’arrêtèrent lorsque les surdoués rentrèrent et Théo se leva pour embrasser Maryline avant de sortir de la salle pour appeler le frère d’Amanda. La blonde prit la place qu’occupait son petit-ami alors que Sandra et Lilian restèrent debout, appuyés contre le mur en ouvrant bien les oreilles. Ethan les observa en silence, attendant qu’un d’eux prenne la parole.

Dis-moi ce que tu sais, ordonna catégoriquement Maryline sur un ton plutôt aimable malgré tout.

Je connais beaucoup de choses donc c’est vaste ta question. Poses en des plus précises et peut-être que je te répondrais.

Bien, fit Maryline en fixant le jeune homme. Pourquoi es-tu aussi calme ?

Pourquoi ne le serais-je pas ? Ton but n’est pas de m’effrayer mais d’effrayer mes proches, mon père et ses collègues. Crois-tu être la première à envoyer des messages de menaces de ce type ? Je savais que cela allait arriver. Cela arrive au moins une fois par an depuis ma naissance.

Maryline prit le temps d’assimiler la réponse. Cela ne la surprenait pas plus que cela : il y avait toujours des personnes pour avoir un avis politique divergeant. Elle n’était pas la première, et ne serait pas la dernière non plus.

Mes parents ont été blessés et torturés par un des conseillers et ma tante et ma cousine sont mortes à cause d’une attaque, soupira Maryline en le regardant dans les yeux en sentant la haine monter en elle. C’est la faute des conseillers. Toi-même tu le sais. Alors j’aimerais bien qu’ils agissent un peu au lieu de se cacher et de laisser le peuple mourir par tout cela.

OK… mais désolé je ne vois pas très bien pourquoi vous m’avez enlevé ? rétorqua Ethan en fixant son téléphone que Lilian tenait dans sa main.

Je veux que les conseillers m’écoutent et écoutent le peuple. Et qu’ils arrêtent de faire ce qu’ils m’ont fait et ce qu’ils ont fait à Marin et sa famille, affirma Maryline d’une voix plus sûre d’elle.

Apparemment, Ethan ne semblait pas être au courant de ce qui se passait en coulisses. Les conseillers les plus âgés faisaient sûrement tout leur possible pour dissimuler cela à leurs proches. Maryline trouvait cela. Tout se cachait en politique. La vérité n’était jamais foncièrement annoncée. Il fallait toujours se méfier. Ethan se leva et s’approcha un peu plus de l’adolescente.

Je suis ami avec Kilian et aux dernières nouvelles, il est conseiller, débuta Ethan en les regardant avec un regard noir pour ne pas être coupé dans sa proposition. On avait prévu le coup. Alors voilà ce que je te propose : je le fais venir en lui demandant de ne pas divulguer l’emplacement de votre quartier et lorsqu’il aura répondu à toutes tes questions, on pourra partir tout les deux. D’accord ?

Il ne se moquait pas d’elle, il était sérieux. Il tendit sa main vers elle et Maryline se décida à jeter un coup d’œil vers ses amis qui ne paraissaient pas voir d’un mauvais un œil cette proposition. Alors elle lui serra la main malgré tout et le fils du conseiller se dirigea vers Lilian pour récupérer son portable et passer l’appel :

Kilian, je t’envoie par message les coordonnés. Amène Liam avec toi, on se retrouve tout à l’heure.

C’est à ce moment-là que Maryline réalisa vraiment qu’elle avait décroché un rendez-vous avec un conseiller.

Maintenant, c’était sûr qu’elle allait se faire disputer par Amanda : Kilian était déjà venu ici à la mort de Mme. Keys, des gens le reconnaîtront sûrement. Amanda l’apprendrait et la première personne à qui elle pensera sera Maryline car Iris se trouvait en Dheas. Elle devait s’apprêter à recevoir un sermon et un interrogatoire, mais cela allait en valoir la peine. Elle en était sûre.

Maryline attendait donc à l’entrée avec Théo. La jeune fille ne savait pas vraiment comment se comporter avec Kilian. C’était l’ancien meilleur ami d’Iris qui les avait trahis, néanmoins elle ne lui avait jamais vraiment parlé, même au temps des bâtiments puis elle n’en avait plus eu l’occasion après. Il n’était pas venu la voir dans sa cellule non plus… Elle fut coupée dans ses pensées lorsque Théo posa ses mains sur ses épaules. Elle releva la tête pour le voir en se disant qu’elle avait la chance de l’avoir alors que son sourire lui réchauffait le cœur.

Je suis fière de toi, souffla-t-il avant de la prendre dans ses bras. Et j’accepte ce que tu fais même si je flippe à certains moments comme ce matin. Mais je te comprends.

Je suis désolée de te faire si peur, murmura Maryline en s’agrippant un peu plus à son petit-ami.

On frappa à la porte et Maryline sut immédiatement que cela allait être le jeune conseiller qui se pointait pour récupérer son ami. Un agent n’aurait pas tapé. Elle se détacha de Théo et ouvrit la porte. Kilian n’était pas seul. Il y avait un autre type avec lui. La surdouée se rappelait vaguement. Charles ou Liam. Elle ne savait plus mais un de ces prénoms était sûrement juste. Kilian semblait un peu fatigué mais une tension émanait de lui, il paraissait inquiet mais confiant. Elle le salua et les entraîna dans la chambre de Lilian. L’ancien meilleur ami d’Iris fut soulagé de voir Ethan sain et sauf. Par ailleurs, il finit par reconnaître Théo et ce dernier n’osa pas lui demander d’oublier qu’il était vivant. Kilian resta au côté de son ami alors que Liam aspectait la chambre.

Que veux-tu ? demanda Kilian d’un ton neutre en croisant les bras.

Savais-tu que tes collègues torturaient des gens pour obtenir des informations de leurs prisonniers ? débuta doucement Maryline. Apparemment non ! Je veux que tu me fasses le serment que cela n’arrivera plus ! Et je veux que vous nous vengiez.

Venger de quoi ?

De la Siar qui nous a infiltrés et qui a tué beaucoup de membres dans notre QG il y a quelques jours.

L’incompréhension puis la colère passèrent sur le visage de Kilian avant de reformer une expression faciale impénétrable. Il devait sûrement s’imaginer des milliers de situations et de conséquences. Mais la première chose qu’il dit ne fut pas de demander des renseignements sur comment cela avait pu arriver ou qu’étaient devenus les assaillants :

Comment vont Iris et Samuel ?

Iris est en Dheas et Samuel en Thuath. Ils ne risquent rien, affirma sèchement Maryline. Bon, Iris cherche un remède à la maladie en travaillant pour la Dheas et en passant à deux doigts de la mort comme d’habitude et Samuel fait de même, plus raisonnablement.

Maryline remarqua directement un changement de ressentis face à sa révélation. Serait-ce de l’intérêt ? La surdouée savait que la meilleure amie d’Iris et Kilian était décédée de la maladie, ils ne pouvaient donc plus rien faire pour elle. Elle se rendit compte que Kilian venait de s’approcher d’elle seulement lorsqu’il s’arrêta devant elle et qu’il la fixait sans la lâcher du regard. Il échangea un rapide regard avec ses deux amis et Liam hocha la tête.

On devrait passer un marché, assura fermement Kilian alors que Maryline roula les yeux.

Et pourquoi te ferais-je confiance ? répliqua sèchement la jeune fille en se déplaçant vers Ethan. Tu es peut-être conseiller, mais tu n’es pas à ton avantage ici.

Mon copain a la maladie, soupira Kilian agacé comme s’il devait le répéter souvent aux gens. Je voudrais pouvoir contacter Iris et Samuel pour connaître leur avancée, insista-t-il avec un regard presque si désespéré que Maryline fut directement tentée d’accepter sa proposition, mais elle se reprit.

Et je ne vois pas ce que je gagne là-dedans, rappela Maryline en empoignant Ethan par le bras.

J’ai des comptes à régler avec Jean-François II car il me cause aussi des ennuis. Je peux tenter de savoir ce qui s’est passé, et je peux peut-être faire quelques choses…

Fait moi le serment, le coupa précipitamment Maryline en revenant vers lui. Dis ce qu’il a encore fait d’autre et promet moi de nous venger.

Étrangement, Kilian n’hésita pas. Il devait sûrement trouver la situation urgemment grave pour ne pas prendre le temps de réfléchir. Cela satisfaisait Maryline et elle en apprit un peu plus sur Jean-François II et les collègues de l’adolescent tout en promettant de ne rien divulguer à personne d’autre. La jeune fille partit chercher une tablette et son chargeur et la confia à Kilian en lui expliquant où est-ce-qu’il devait taper pour joindre Iris et Samuel. Cependant, elle l’avertit sur le fait de faire attention aux horaires pour qu’il ne les appelle pas pendant leur travail et qu’il fasse attention de n’appeler personne d’autre pour son bien à lui mais aussi pour ses intérêts à elle et ses amis.

Je ne sais pas vraiment s’ils ont avancé, souffla-t-elle en jetant un coup d’œil à Sandra qui poursuivit.

Tout ce que je sais, c’est qu’Iris est dans une position délicate. Après, je n’en sais pas plus. Mais tu devrais l’appeler. Elle sera sûrement contente d’avoir de tes nouvelles, ajouta la brune.

Les trois surdoués raccompagnèrent Liam, Kilian et Ethan vers la sortie. Kilian tenait le poignet d’Ethan comme s’il avait peur que finalement, ils le reprennent.

N’oublie pas Kilian. On compte sur toi pour en finir avec la Siar, appuya Maryline en ouvrant la porte.

Oui… je comprends que tu traverses quelques choses de dur Maryline… je ne peux pas t’empêcher de te rebeller contre le gouvernement, mais fait attention. Ils ne feront plus du mal aux prisonniers, j’y veillerais, mais ne plonge pas l’Opartisk dans un néant directionnel. Si le système politique s’effondre, le pays aussi. Ce n’est pas le moment. Alors attend un peu.

La blonde hocha la tête et l’ancien meilleur ami d’Iris s’arrêta avant de sortir et se retourna et pointa son doigt vers Théo avec un petit sourire.

Ne t’inquiète pas, ton petit secret est bien gardé, affirma-t-il. J’attendrais jusqu’à la fin de la guerre civile pour aller voir ta mère, à moins que tu y ailles d’ici là.

Puis ils partirent. Avec la lourde mission de venger l’association et tous ses morts, mais aussi avec la peur que les informations soient divulguées. Mais Maryline le jugeait comme quelqu’un de bien. Elle ne révélerait rien à ses compatriotes. Elle se chargerait juste que la révolte n’empire pas pour le moment. Le plus dur ne la concernait pas. Il le concerne lui, ainsi qu’Iris et Samuel. Et pour une fois, Maryline ne rêvait plus d’être aussi importante que ses deux amis.

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