Chapitre 12 :

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Pendant que Fred jouait à l’espion pour les conseillers, Iris avait passé deux semaines à se familiariser un peu plus avec la Dheas. Lors de son premier séjour, elle n’était pas restée longtemps et n’était pas beaucoup sortie. La Dheas était un beau pays avec des coutumes très joyeuses mais Iris se doutait que des choses plus sombres s’y cachaient. Des choses dont elle était chargée de découvrir.

Néanmoins, ce retour était très perturbant pour la jeune surdouée. La mort de Peter la hantait à chaque fois qu’elle retournait au quartier général et qu’elle s’y trouvait. Le moment où tout le monde était rassemblé restait imprimé dans son esprit. Chaque fois qu’elle passait près de la cour intérieure dans laquelle elle n’allait jamais, elle se sentait mal. Auparavant, Iris ne s’était pas rendu compte à quel point elle se culpabilisait de la mort de Peter. Elle l’avait sur la conscience, mais elle préférait en parler à personne. Bien sûr que Samuel aurait compris et aurait tout fait pour la rassurer et lui faire comprendre qu’elle ne devait pas s’accabler, sauf que la jeune surdouée savait parfaitement que c’était encore très tôt pour lui. Puis elle se sentait beaucoup trop égoïste. C’était mal de s’apitoyer sur son sort alors qu’elle n’avait pas été très proche de Peter.

Même si son séjour en Dheas était assez pesant et baissait son moral de jour en jour, la jeune fille était heureuse de pouvoir travailler sur quelque chose pour se sentir utile. Son travail ne portait pas encore ses fruits, mais elle allait insister encore plus. Elle surveillait aussi Damien qui restait avec elle tout le temps. D’un côté, Iris s’assurait qu’il aille bien mais d’un autre elle se montrait beaucoup trop protectrice avec son cousin. En effet, ce dernier le lui avait déjà fait remarquer mais l’adolescente n’écoutait pas ce qu’il lui sortait pour qu’elle cesse de s’inquiéter. Ce pays était toxique et elle ne souhaitait pas avoir encore la mort de quelqu’un sur la conscience. Encore plus celle de cousin, elle finirait dans le même état que son petit-ami au mieux. Le pire… elle ne voulait même pas y penser. Rien que de l’imaginer l’insupportait et la rendait mal.

Ce matin-là, Iris se réveilla très tôt : à six heures du matin. Ce n’était pas son réveil qui l’avait réveillé, non, encore une fois, c’était un cauchemar, toujours le même : la mort de Mme. Keys. La surdouée ne gardait pas de rancœur envers son petit-ami et Amanda, mais cette mort trop violente, sous ses yeux, la marquait définitivement et ce n’était pas pour le meilleur, loin de là. Elle prenait déjà sa douche avant de prendre son petit-déjeuner. Elle dormait dans la même chambre que son cousin et malheureusement elle n’avait pas été assez discrète et l’avait sorti de son sommeil puisque lorsqu’elle sortit de la salle de bain il finissait tout juste de s’habiller.

Mince ! Je suis désolée de t’avoir réveillé, fit Iris en attrapant un élastique pour cheveux.

Pas de problème cousine ! affirma Damien en s’emparant de la brosse. De toute manière, j’ai des choses à faire moi aussi, aujourd’hui. Je vais vagabonder un peu partout dans la ville pour la bonne cause !

Et qu’est-ce que la bonne cause ? se renseigna la rouquine.

Je dois repérer les personnes qui ont des doutes sur leur conseiller, et tenter de m’approcher d’eux sans me mettre en danger. Et je crois que si je récolte des informations sur la maladie, c’est encore mieux.

Bien sûr que c’est encore mieux. Cette maladie peut te concerner à tout moment, rappela la surdouée d’une voix ferme. Comment te sens-tu d’ailleurs ?

Iris ! s’écria Damien en se retournant. Je vais bien, je me porte comme un charme ! À quel moment me vois-tu mourant à ne pas réussir à respirer ? Je pourrais te courir un marathon comme je le faisais quand j’étais petit ! Tout va bien, il n’y a rien à signaler.

Peter allait bien et faisait des blagues avant de se suicider, annonça la jeune fille en baissant le regard. Alors, si tu ne te sens pas bien, si tu as des idées noires, je veux que tu me le dises. C’est important, je veux m’assurer que tu ailles bien. Tu es mon cousin, je ne veux pas te perdre.

Le sourire de son cousin se décrocha et il fit quelques pas pour la serrer dans ses bras. C’était évident que cela réconfortait Iris, mais lors de ces moments-là, elle regrettait que Samuel ne soit pas à ses côtés pour l’épauler. Néanmoins, elle ne lui en tenait pas rigueur, il avait ses propres intérêts et but à servir, elle ne pouvait que l’encourager même si la distance l’affectait.

Je ne savais pas que tu étais aussi proche du meilleur ami de Samuel, souffla Damien en ne la lâchant pas.

Je n’étais pas très proche de Peter non plus, peut-être que s’il était vivant, on aurait vraiment pu être ami. Mais l’état dans lequel Samuel se trouvait après sa mort m’a ébranlée. J’aurais été pareille à sa place et je ne veux pas que quelqu’un me voie dans un état pareil, et je ne veux encore moins que ce soit par ta mort. Je viens de te retrouver, ce n’est pas pour te perdre à nouveau.

Tu ne me perdras pas cousine, murmura Damien. Tu ne me perdras plus jamais.

Iris ne savait pas ce que signifiait vraiment ce qu’il venait de dire, mais elle espérait que ce soit une forme de promesse. La jeune femme attrapa son sac à dos et vérifia que tout ce dont elle avait besoin s’y trouvait. Puis elle s’empara de la tablette et vit la tête d’Amanda s’afficher sur l’écran. Son amie semblait très fatiguée depuis la dernière fois qu’elle l’avait appelé par vidéo. Elle paraissait irritable mais particulièrement tendue. Iris tentait de découvrir la raison, mais la nouvelle cheffe évitait toujours que le sujet soit évoqué. Cela l’agaçait, parfois, elle insistait clairement sur le fait qu’elle n’avait aucune raison pour ne pas lui faire confiance, mais Amanda gardait toujours tout pour elle et cela inquiétait la surdouée, car elle savait par expérience que ce n’était bénéfique. Amanda n’avait pas besoin de cela, elle gérait déjà beaucoup de choses et Iris cherchait à lui enlever le poids qu’elle portait, à le lui partager.

Es-tu certaine que tout va bien ? Tu es toute pâle et toute cernée. Tu devrais peut-être ralentir la cadence, tu sais, conseilla Iris en faisant attention de ne pas se cogner contre quelqu’un dans le couloir.

Je vais bien, c’est juste l’arrêt de la cigarette qui me fait de l’effet, le stress revient un peu plus et je n’ai rien pour me soulager de ce poids, lorsqu’il y aura moins de charge j’irais mieux.

Sauf qu’il y a autre chose, n’est-ce pas ? Amanda… tu étais dépendante à cause de la nicotine, s’il ne s’était pas passé quelque chose d’important, tu n’aurais pas arrêté. Cela ne s’arrête pas aussi facilement que cela, crois-moi, ma mère a eu du mal à tout arrêter. Sérieux, tu peux me parler, tu sais, que se passe-t-il ?

Je regrette Iris. Je sais que je peux te faire confiance, mais je ne peux vraiment pas t’en parler, affirma Amanda encore une fois. J’ai moi-même besoin de temps pour accepter. Mais ne t’inquiète pas, tout le monde finira par le savoir, toi y compris.

Amanda ! soupira la surdouée en manquant de peu de faire tomber la tablette de ses mains en percutant quelqu’un puis le mur. Je ne te demande pas de le dire à tout le monde ! Je te dis juste que tu peux me faire confiance et tout me dire. Tu as été présente pour moi, je suis présente pour toi aussi.

Ce n’est pas cela Iris. Cela sera contre mon gré et je ne pourrais rien y faire. Je t’en parlerai personnellement, mais pour cela, il faut que je te voie en personne. J’aurais des choses à t’expliquer pour que tu comprennes.

Tu m’inquiètes, tu sais.

Il n’y a pas de raisons pour, assura Amanda. Contente-toi de remplir ta mission. De surveiller les opposants des conseillers Dheasiens, les conseillers Dheasiens et s’ils tiennent d’autres choses sur la maladie, il faudra approfondir. Mais je te fais confiance pour réussir. Fais attention à toi.

Toi aussi fais attention à toi.

Je risque moins de choses que toi en ce moment.

Amanda coupa la communication, laissant Iris frustrée encore une fois. Elle ne savait pas comment faire pour que la plus âgée ait confiance en elle. Elle en avait parlé à Samuel mais lui non plus n’avait pas pu savoir. Qu’elle n’en parle pas alertait Iris, elle ne voulait pas que son amie fasse de bêtises. Elle tenta de contacter son petit-ami, mais il ne répondait pas. Soit il ne captait pas à l’endroit dans lequel il se trouvait, soit il venait d’arriver plus tôt en Thuath, mais cela, elle en doutait. Cela l’inquiétait, car les traversées en mer pouvaient être dangereuses. Cela faisait déjà une semaine qu’elle n’avait pas de ses nouvelles. Cela l’inquiétait un tantinet.

Elle ne mangea pas beaucoup au petit-déjeuner même si Damien lui forçait un peu la main. Ce n’était pas que la jeune fille était malade, mais ce pays la déprimait profondément. Elle regarda son cousin partir, prêt à déambuler un peu partout dans les rues de la ville comme si aucune menace ne pesait sur eux. La surdouée se demandait souvent comment son cousin pouvait paraître aussi fauteur de troubles et joyeux alors qu’il avait toutes les raisons du monde pour s’inquiéter de son sort. Iris se rendait compte qu’elle avait gagné en maturité contrairement à Damien et celui-ci ne se rendait pas compte à quel point ce qu’il faisait était dangereux.

Son cousin tentait aussi de connaître la mission de la jeune fille. Amanda ne lui avait pas autorisé à divulguer des détails sur sa mission, même pas à Samuel mais Iris savait que sa mission était étroitement liée à celle de son cousin et peut-être même à celle de son petit-ami. Car, si elle était chargée de découvrir les derniers secrets des conseillers Dheasiens, personne ne savait vraiment à quoi elle pouvait s’attendre. Si cela avait un rapport avec la maladie, la guerre ou encore autre chose.

Iris trouvait que finalement la Dheas semblait être un pays très similaire au sien même s’il n’y avait pas les mêmes ambiances, mais Amanda avait des doutes sur les dirigeants et Mme. Keys aussi avant elle. Peut-être cachaient-ils vraiment des choses au peuple et au monde entier, et Iris se demandait bien comment elle pouvait réussir à les discerner pour les rapporter à sa hiérarchie. Elle ne laissa pas ses pensées s’éloigner et se perdre un peu plus et partit. Elle fut interpellée par David. Le jeune matelot et son capitaine, qui avaient emmené et ramené Iris à chaque fois, étaient hébergés quelquefois par l’association. Les allers-retours devenaient de plus en plus risqués et ils ne pouvaient plus se permettre d’en faire plus souvent. Il lui demanda si elle avait demandé des raisons précises sur le coma de Loan aux médecins mais Iris répondit négatif. Elle n’allait pas voir l’agent grièvement blessé tous les jours, sinon son état la hanterait encore plus avec la mort de Peter ajoutée, mais elle se tenait régulièrement au courant de son évolution. Beaucoup de personnes étaient inquiètes pour Loan, Iris savait que son amie Marianne en faisait partie, néanmoins, très peu prenaient vraiment la peine de prendre de ses nouvelles, et la jeune femme ne voulait pas en faire partie. Elle observa le jeune homme rejoindre Gaspard, espérant qu’elle puisse soutirer des informations. Peut-être qu’on accepterait de les lui donner, ou alors elle serait obligée de demander à Amanda.

L’adolescente tenta de contacter encore une fois Samuel mais son visage n’apparût toujours pas sur l’écran. Cela frustra Iris qui n’était pas habituée à ne pas avoir de liens avec lui. Elle enfila une veste et émergea sur le territoire Dheasien. Si son rôle consistait à trouver les secrets les plus sombres et les plus profonds dissimulés minutieusement par les conseillers, sa mission était aussi une des rares qui n’avait pas été bizarrement préparée. En effet, Amanda l’avait orienté vers des organismes spécifiques. Si elle doutait de ne pas être acceptée dans plusieurs d’entre elle, elle se rendait à un rendez-vous déterminant, car elle avait des chances d’en intégrer une. Et elle ne devait pas la rater celle-là. Pas qu’elle avait hâte de trouver pour partir de Dheas et se faire assigner une mission pour rejoindre Samuel, non, surtout, car elle-même sentait que les raisons que les conseillers Dheasiens cachaient, étaient sombres, très obscures voire peut-être encore plus que ce que la jeune fille pouvait penser.

La jeune fille resta un moment à contempler l’espace devant le quartier général. Cet endroit de la rue lui rappelait aussi un très mauvais souvenir puisque le sang de Loan y avait été coulé abondamment. Beaucoup trop abondamment. Elle balaya ses pensées d’un geste de la main et pressa le pas : valait mieux ne pas être en retard. Elle passa dans des rues où les seuls enfants qui n’étaient pas atteints de la maladie jouaient, et se préparaient pour le prochain carnaval. La surdouée se demandait souvent où se trouvaient ceux qui étaient malades. Chez eux ? Dans un bâtiment spécialisé ? Elle ne possédait pas assez d’informations sur le pays pour en savoir plus. Lors d’un croisement, elle crut apercevoir son cousin et elle recula un peu en vérifiant qu’elle avait le temps. Elle se colla contre le mur et tendit l’oreille. La jeune femme savait bien que son cousin avait une mission à remplir, mais il n’y avait pas que la maladie qui l’inquiétait par rapport à lui, tout l’inquiétait. Son cousin pouvait être, certes très attaché à certaine chose ou personne, l’instabilité le dominait totalement. Il était très bien capable de décider de s’installer ici et de ne plus revenir en Opartisk tout comme partir dans un autre pays. Malheureusement, Iris savait qu’il était à sa charge, et si cela arrivait, la faute serait remise sur elle. Alors elle tendit l’oreille, pour mieux écouter la conversation.

Qu’est-ce que vous entendez par là ? demanda son cousin.

L’État n’est jamais totalement transparent avec son peuple, affirma l’homme qui lui parlait. Même les opposants politiques comme nous, ne savons rien de ce qu’il se passe vraiment. Ils truquent les votes, s’arrangent pour que des alliés à eux soient élus, car ils ont peur, que leurs plus sombres et sordides secrets soient dévoilés. Mais un jour, nous le trouverons, et à ce moment-là, ils vont payer.

Iris n’écouta pas plus. Néanmoins, elle n’alla pas tirer son cousin loin de cet homme : elle n’en avait pas le droit. Non, si même le propre peuple pensait que les conseillers cachaient quelque chose de grave, c’est que c’était vrai. Et de le découvrir, c’était supposé être son domaine. Elle finit par courir pour atteindre le bâtiment où elle était censée se rendre. Un bâtiment qui ressemblait à tous les autres, mise à part que quelque chose qui n’était pas net se passait à l’intérieur. Iris en était convaincue, car au premier rendez-vous, ce n’était pas à cet endroit qu’elle s’était rendue. Elle entra directement dans le bâtiment. Tout était sombre et il n’y avait personne au bureau d’entrée pour l’orienter vers une aile. Elle s’aida des panneaux presque illisibles dans la pénombre et grimpa jusqu’au deuxième étage. Elle ne fit pas attention aux personnes restantes dans le premier étage mais observa ceux qui allaient attendre avec elle. Le second étage s’ouvrait sur une grande salle d’attente, mais étrangement, il n’y avait que trois personnes : Iris, une femme blonde aux deux chignons nattés et un homme brun, très stressé et très hagard comme s’il avait perpétuellement peur. Cela ne donnait pas vraiment envie à Iris de leur faire la conversation, et elle ne le comptait pas d’ailleurs. Ils étaient tous les deux assis l’un à côté de l’autre et paraissaient communiquer par télépathie même si cela n’existait pas. La surdouée ne leur lança pas de regard et s’installa à l’opposer de leur position.



Au moins, elle ne se retrouvait pas en retard ! Avec les informations qu’elle venait d’entendre de la bouche de l’homme qui parlait à Damien, Iris était de moins en moins rassurée pour sa mission. Comportait-elle des risques pour elle ? La jeune fille savait que le risque zéro n’existait pas, mais beaucoup de personnes tenaient à la voir vivante, et elle ne pouvait pas leur faire cela. La jeune fille divaguait dans ses pensées en attendant son tour, pas spécialement sur sa vie mais plutôt sur celle des autres. Elle était aussi inquiète pour Marianne. Effectivement, il lui était impossible de la contacter depuis son arrivée en Dheas, et pourtant, la Siar était le pays bordant la Dheas. La porte s’ouvrit enfin, laissant passer un homme qui semblait assez contrarié qui partit sans un ‘‘au revoir’’, ni même un regard. Une femme d’une cinquantaine d’années se pencha vers le bloc-note qu’elle tenait.

Samantha Lasme ?

Iris avait encore du mal à se faire à son identité de couverture. Cette fois-ci pourtant, elle réussit à répondre naturellement à cette appellation. Elle savait que c’était un détail qui pouvait faire la différence et elle devait aller jusqu’au bout cette fois-ci. Après ce qu’elle avait entendu précédemment, Iris avait encore plus la curiosité d’avoir des réponses. La jeune femme sourit à celle qui faisait passer les entretiens et s’engouffra dans son bureau sous le regard des deux autres. La dame lui pria de s’asseoir et elle contourna le bureau pour gagner sa place initiale. Iris tentait patiemment de garder son calme et attendit que la dame se mette à parler. Et elle mit très longtemps à chercher son dossier et le relut en jetant des coups d’œil à Iris.

Mademoiselle Lasme, votre profil correspond totalement à ce que nous souhaitons pour une personne entrant dans notre organisme, débuta la femme en plantant son regard perçant dans celui d’Iris. Cependant, nous devons vous prévenir que votre jeune âge est proche de la plupart des malades. Il y a donc sûrement des risques que vous contracterez la maladie.

Je suis prête à les risquer, affirma d’emblée Iris même si une voix dans sa tête lui conseillait de faire très attention à elle.

Elle se mordit la lèvre, ne sachant pas si elle lui avait coupé la parole ou si elle avait débuté de justesse après la fin de sa phrase. Néanmoins, l’embaucheuse semblait satisfaite et affichait un très léger sourire. Iris redoutait tout de même, mais dissimula sa peur sans peine, sa détermination prenant le dessus. Cependant elle blêmit lorsque la dame sortit de son tiroir un couteau qu’elle avança sur la table vers la surdouée. Iris ne comprenait pas que cela signifiait. Elle n’allait qu’en même pas lui demander de tuer quelqu’un !

C’est symbolique, informa la cinquantenaire en la fixant droit dans les yeux. Nous sommes très à cheval sur les promesses ici et son symbolisme et après je vous révélerais ce que vous devez savoir pour travailler avec nous. Après vous avoir tout avoué, nous vous implanterons une puce électronique dans votre bras. Les informations que vous saurez si vous acceptez seront dangereuses et strictement confidentiellement. Et cette puce vous rappellera tous les jours que personne ne doit apprendre ces secrets.

Que fera-t-elle exactement cette fameuse puce ? s’enquit Iris sans laisser paraître son angoisse croissante.

On ne peut pas vous surveiller avec, il n’y a pas de traceurs. La puce nous signale lorsque la personne est dans le bâtiment, mais elle nous sert toujours de moyens de pression. Elle a des capacités destructrices, continua l’embaucheuse en détournant le regard cette fois-ci. Savoir nos secrets, c’est se priver d’une petite partie de vos libertés. Si jamais des informations sortent dans le monde, nous saurons de qui cela viendra et cette puce réglera une vengeance : grâce à un système, elle peut facilement mettre dans le coma une personne et dans le pire des cas la tuer. Alors, si un jour, vous avez envie de tout dire… réfléchissez-bien. Avez-vous besoin d’un délai pour réfléchir à cette proposition ?

Était-ce une question piège ? Iris en avait l’impression même si elle ne l’était pas forcément. Elle ne prit pas beaucoup le temps de réfléchir. Certes, il y avait des conditions, des conditions très menaçantes même, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Les réponses lui étaient servies sur un plateau ! Même si elle risquait sa vie, elle ne pouvait pas laisser filer cela. Absolument pas. Donc, elle releva sa manche, s’empara du couteau et s’entailla le bras gauche. Elle porta son bras à son cœur en grimaçant et promit qu’elle ne dévoilerait rien à personne. La dame sourit, satisfaite et sortit un boiter et l’ouvrit. La puce était à l’intérieur et déjà activée. Iris se préparait mentalement à la douleur de l’insertion de la puce qui serait le prix à payer pour obtenir les informations nécessaires. La surdouée n’attendait plus que de savoir.

Votre travail sera bien évidemment de trouver un remède mais la chose la plus importante que vous devez savoir ne se repose pas en cela. Avec le roi de Siar, nous dissimulons quelque chose de grave que les autres pays ne doivent absolument pas savoir, déclara la dame qui commençait à angoisser un peu. La maladie ne provient pas de la guerre.

Comment cela ? s’horrifia Iris en se décomposant totalement.

Après un marché avec le roi de Siar, les scientifiques de notre pays ont créé un virus à sa demande. Mais le roi l’a en réalité déployé partout dans le monde et nous a fait comprendre que si on révélait tout, on perdrait tous nos alliés et que cela serait fini pour nous.

Attendez… vous avez créé le virus de la maladie ?

Des scientifiques l’ont créé et le virus a muté plusieurs fois, ce qui fait qu’il est encore plus difficile de trouver des solutions.

Iris ne rentra pas immédiatement au quartier général. Elle avait du mal à encaisser tout ce qu’elle avait appris. Cela la bouleversait. Elle avait réussi à faire bonne figure, mais elle était partie rapidement pour arrêter de se contenir. Elle était très en colère : Peter et Cassandra étaient décédés à cause d’imbéciles qui ne pensaient qu’à leur petite personne. Cela la contrariait énormément et elle ne pouvait pas se montrer comme cela aux autres agents. Elle s’installa à la terrasse d’un café même s’il ne faisait pas très chaud et commanda un café. Elle n’aimait pas cette boisson sauf qu’elle ressentait le besoin de se calmer un peu et il n’y avait pas mieux que cela à son avis. Elle retroussa sa manche droite et fit parcourir ses doigts le long de la peau de son avant-bras. Elle n’avait pas un stylo pour inscrire l’endroit exact où la puce se logeait, néanmoins l’insertion lui laissait une petite cicatrice sur le bras de la taille d’une pièce de monnaie. Iris ne redoutait pas les réactions des autres. Non. Très égoïstement, elle s’inquiétait pour sa vie. La jeune fille ne serait d’ailleurs pas la seule, mais elle angoissait quand même.

Lorsqu’elle rentra au quartier général, la jeune fille ne croisa pas son cousin qui ne devait sûrement pas être encore rentré. Elle s’empara encore une fois de sa tablette et tenta de contacter Amanda sans succès. La surdouée décida donc de lui laisser un enregistrement vidéo dans lequel elle expliquait exactement ce qu’elle avait appris sans lui omettre l’existence de la puce électronique qu’elle avait en elle. Sauf qu’Iris ne souhaitait pas en rester là, même si elle pensait que cela ne risquait pas d’être validé, elle proposa tout de même :

Je pense qu’il faut agir directement, affirma Iris en vérifiant que la porte était bien fermée. Ils ont mis le monde en danger et absolument le monde entier devrait savoir, tout le monde entier. Ce n’est pas histoire de les virer de leur pouvoir, ajouta Iris sur un ton solennel. Mais il faut faire bouger les choses, car je pense que les Dheasiens aimeraient savoir ce qui se trafique réellement dans leur pays. Si leurs conseillers ont caché cela, ils ont sans doute caché plein d’autre chose ! Je ne sais pas si c’est très bien de se mêler de ces affaires-là, mais peut-être devrions-nous faire quelque chose. Écoute… je ne ferais rien sans ton autorisation, promit Iris avec un petit sourire. Mais si tu penses que l’on doit faire quelque chose, je veux y contribuer.

Après l’envoi de cette vidéo, la surdouée espérait que son amie la visionnerait le plus tôt possible. Les décisions ne devaient pas tarder à être prises. La jeune fille tenta de contacter Marianne avec qui elle n’avait pas parlé depuis plusieurs semaines mais son amie ne répondait pas. Au lieu de commencer à s’inquiéter pour tout le monde elle sortit des feuilles pour organiser et écrire son rapport pour le chef du quartier général : le père de Marianne. Iris ne lui parlait pas souvent mais l’homme lui avait demandé des nouvelles de sa fille lors de son arrivée. Iris savait juste qu’ils étaient en mauvais termes mais son père s’inquiétait beaucoup pour elle apparemment. Puis, alors qu’elle formait la première lettre avec un stylo, elle reçut un appel entrant sur sa tablette. Elle appuya pour répondre et finit son mot avant de s’emparer de la tablette sans savoir qui l’appelait.

Salut toi ! Comment ça va ? questionna Samuel un sourire à la bouche.

Il devait pleuvoir en Thuath, car ses cheveux étaient tout trempés et Iris pouvait presque entendre les gouttes tomber contre l’endroit dans lequel il se trouvait. Il semblait être dans une voiture, et il avait des écouteurs blancs dans ses oreilles, sûrement pour mieux l’entendre.

J’ai flippé tu sais ! s’exclama la jeune fille en s’installant mieux sur son lit. Tu ne répondais pas pendant un moment, j’ai eu peur pour toi.

Je vais bien, assura-t-il en lui offrant un clin d’œil. J’ai essayé de te contacter, mais je n’arrivais pas à te joindre. Je viens d’arriver en Thuath et je suis dans la voiture qui m’emmène au QG, donc j’en profite pour t’appeler… mais dis-moi tu n’as rien fait de risquer cette semaine ?

Rater ! Et même si Iris sentait les reproches de Samuel venir, elle lui raconta toute la vérité. La culpabilité de la mort de Peter lui pesait encore plus dans ce pays et elle n’arrivait pas minimiser la chose auprès de Samuel par honnêteté. Puis, elle devait s’y préparer de toute manière : il ne serait pas le seul.

Iris… je ne sais même pas quoi te dire, souffla Samuel désemparé en la regardant tristement. Je comprends que tu aies envie d’aider le monde et n’importe quelle personne ou quel peuple. Mais cela ne signifie pas risquer ta vie au détriment des autres.

Cela va aller, rassura la jeune fille avec certitude.

Iris, je suis sérieux, reprit Samuel. Tes parents ont besoin de toi, ton cousin aussi. J’ai besoin de toi aussi. Je sais faire bonne figure, faire des blagues comme je le faisais avant, mais je ne peux pas faire comme si j’allais bien si tu n’es pas en vie dans ce monde.

Hey oh du calme ! Pas besoin de faire une crise de panique, chuchota Iris. Tu es chou, et je sais tout cela et je ne compte pas te laisser seul dans ce monde. Il n’y a pas de raison pour qu’ils activent la puce. Aucune. Sans puce ou non, je rétablirais la vérité et je te rejoindrais, c’est promis. Ne t’en fais pas pour moi, fais attention à toi.

Oui mais faire attention à moi passe aussi par te garder vivante malgré tes plans suicidaires, clama Samuel en jetant un coup d’œil par la fenêtre du véhicule. Je crois que je vais bientôt arriver… je te rappelle dès que je peux et tiens-moi au courant sur ce que choisis de faire Amanda du reste de ton séjour.

Tu as intérêt à te protéger, car je veux te retrouver en un seul morceau, OK ? lâcha Iris. Je t’aime.

Bien sûr que je vais faire gaffe, je ne suis pas une certaine jolie fille nommée Iris Smarta qui fait sa tête brûlée, rigola Samuel. Moi aussi, je t’aime. À plus tard.

Elle espérait qu’il ait la bienveillance de l’appeler tous les jours, car il venait de lui remonter le moral et de lui faire retrouver le sourire. À des milieux de kilomètres alors qu’elle se trouvait dans le pays le plus déprimant du monde pour elle, il arrivait quand même à la rendre heureuse ! C’était définitif, son copain était trop fort. Elle ne put toujours pas contacter Marianne et Amanda, ce qui la poussa à finir entièrement son rapport et elle alla le donner en mains propres au père de l’ancienne militaire. Et elle se décida enfin d’aller voir Loan.



Iris se sentait vraiment fébrile, rien qu’à l’idée de le voir. Mais elle ne devait pas laisser tomber l’homme dans l’oubli. Loan avait été là pour l’accompagner avec Samuel et Peter. Il avait tout fait pour les protéger, tout. Elle ne se décidait pas à oublier cela. La jeune femme ne croisa pas David et Gaspard, personne n’était en train de rendre visite à l’agent. Elle ressentit un sentiment de tristesse. Loan était allongé là depuis tellement de semaines… s’il n’y avait pas eu un ensemble de tuyaux permettant de prendre son rythme cardiaque, on aurait pu simplement croire qu’il dormait. Sauf qu’un sommeil de plusieurs semaines était bien plus qu’une simple nuit. Plus les jours passaient, moins il avait de chance de s’en sortir. Iris le savait.

La jeune fille attrapa un tabouret roulant pour le glisser juste à côté du lit du patient pour s’installer un peu plus près. Puis elle attrapa sa main et resta silencieuse un moment en entendant les bruits de la machine qui analysait son rythme cardiaque. Les larmes lui montaient aux yeux et sa gorge la piquait, mais elle toussota. Elle ne savait pas si Loan pouvait l’entendre, mais il n’y avait plus grand-chose à faire dans son cas, donc elle tenta quand même :

Loan, annonça-t-elle d’une voix forte comme si elle avait peur qu’on ne l’entende pas. Tu es fort Loan, vraiment. Tu es l’une des personnes les plus fortes que je connaisse. Et tu peux te battre, je suis sûre que tu peux te battre pour revenir, pour nous, pour tes parents et pour toi surtout. Je… je suis désolée, chuchota Iris d’une voix tremblante. Je suis tellement désolée qu’on ne soit pas venu plus tôt te rendre visite. Mais s’il-te-plaît, comprends-nous ! Après la mort de Peter, il nous était impossible et impensable de te voir dans cet état-là ! C’était trop dur, beaucoup trop dur, murmura la jeune fille en serrant un peu plus fort la main de l’homme. Samuel vit encore très mal la perte de son meilleur ami, il se reproche des choses qu’il ne devrait pas et il est déterminé à trouver une solution à la maladie. Mais il ne t’oublie pas, je le sais. Il pense à toi. Personne ne t’oublie, on ne t’oublie pas. On pense à toi. Puis Marianne… ton état la bouleverse plus que quiconque sûrement. Amanda me l’a dit. Mais tu connais Marianne, elle ne montre rien ! rigola la jeune fille alors que des larmes tombèrent sur ses joues. Mais ton état la touche tellement profondément qu’on ne pouvait pas la laisser se morfondre, c’était trop nocif pour elle. Elle… elle n’a pas encore encaissé ton état, mais quand elle arrivera à mieux le prendre, elle viendra te voir, j’en suis certaine. Mais maintenant je suis là, lâcha Iris. Je viendrai te voir dès que mon emploi du temps le pourrait, et j’espère être là pour t’accueillir avec nous de nouveau. Et Loan, murmura la jeune fille d’une voix tremblante. Bats-toi, vraiment ! Si tu te réveilles un jour, tu réaliseras que tu as manqué plein de semaines, tu vivras un saut dans temps et cela te rongera sûrement… mais cela passera, je te jure que cela passera ! Parce que je te jure, que tu vivras des moments fantastiques dans la vie. C’est vrai, y a des moments déprimants, mais la vie vaut vraiment la peine d’être vécue… et jusqu’à preuve du contraire, la tienne aussi ! Alors bats-toi pour revenir, s’il-te-plaît ! Je sais que tu en es capable, que tu peux le faire. Alors je t’en prie Loan, un jour, revient parmi nous.

Iris lâcha un moment sa main pour essuyer ses joues et releva la tête pour voir le visage navré de l’infirmière qui passait nettoyer les lits vides d’à côté.

Qu’est-ce qu’il a exactement ? questionna la surdouée en reprenant une main de Loan.

Je suis désolée, mais nous n’avons pas le droit de vous le dire, affirma-t-elle en se rembrunissant. Le secret médical, vous savez.

Non je ne sais pas car nous sommes dans l’association. Ce n’est pas comme en Opartisk… mon ami est dans le coma. Et je voudrais bien savoir pourquoi exactement il s’y trouve !

Je ne suis pas autorisée à vous le dire ! répliqua sévèrement l’infirmière avec un regard noir. Revenez avec une autorisation d’Amanda Klimb et là, je vous révélerais peut-être ce dont souffre votre ami !

Je n’y manquerais pas ! grommela Iris alors que l’infirmière partit. Sale peste va.

La jeune fille soupira et regarda l’heure. Elle voulait vérifier si son cousin était rentré. Elle lâcha la main de Loan mais crut sentir celle de l’homme la serrer brièvement avant de la lâcher. Non, elle en était certaine ! C’était ce qu’il venait de se passer… un miracle pouvait-il réellement se produire ?

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