Chapitre 7 :

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Tu te rappelles de cette musique ? On l'adorait mais on ne l'écoutait que quand on allait mal. Maintenant, je l'écoute toujours. S'il-te-plaît Sam, continue de l'écouter. Je sais qu'au début tu ne le voudras pas car tu penseras que j'ai mis cette chanson le jour où je serais mort, et tu auras raison, mais elle est belle. Tu devrais continuer de l'écouter lorsque cela ne va pas. Tu sais... chaque matin, je me réveille en me demandant si je suis toujours réel dans ce monde. Pourtant, tu sais très bien que je pense que quand on est mort, on n’est plus rien, mais à chaque fois je me le demande parce que cela me paraît presque insensé de continuer de vivre. Des fois j'ai mal partout, et des fois c'est juste mon moral qui est en baisse. Sauf qu'en ce moment, je me rends vraiment compte que ma santé se dégrade : j'ai l'impression constante de m'étouffer comme si j'avais du mal à respirer, je suis tout le temps essoufflé, j'ai super mal à la tête, genre vraiment longtemps, et quelques fois, c'est mon cœur qui me lance. Est-ce que c'est bientôt la fin ? Peut-être bien. Tu pourras sûrement bientôt le confirmer.

Effectivement, Samuel pouvait le confirmer. Peter avait inscrit des annotations sur les notes de son téléphone. Il mit en pause et regarda la date qu'il avait notée sur un bout de papier. En effet, l’enregistrement se rapprochait un peu plus de la date de la mort de Peter. Néanmoins, ce n'était pas la dernière. Samuel n'avait pas eu la force de les écouter entièrement d'un coup. Ce n'était pas pour rallonger un quelconque plaisir, mais juste parce que c'était trop dur. Une par jour, c'était bien. Ou alors, peut-être fallait-il mieux se démoraliser d'un coup ?

Je pense le donner à Iris. Elle t'aime et elle veut ton bien. Elle te les donnera, j'en suis certain. J'espère que votre amour durera toute votre vie, vraiment. Vous allez si bien ensemble, cela serait dommage. Juste, ne lui en veux pas, elle va sûrement hésiter entre te le cacher et tout te révéler. Je ne sais pas ce qu'elle choisira, mais j'espère qu'elle te le cachera. Dis-lui que j'ai confiance en elle, et prévins la, qu'elle a intérêt à prendre soin de toi. De toute manière elle le fera. Je vois bien la manière dont vous vous comportez l'un envers l'autre. Quand tu auras terminé ses cassettes, passe-les à mes parents s’il-te-plaît. Je sais qu'elles te sont déterminées, mais j'aimerais qu'ils en sachent un peu plus sur ce que j'ai vécu, après ils te les rendront. Prends soin de toi.

La cassette s'arrêtait là. Samuel ne comptait pas commencer la prochaine immédiatement. Cela aurait fait trop d'un coup, et de toute manière il avait des choses à faire aujourd'hui. Néanmoins il sortit la prochaine et la posa à côté de lui sur son lit et rangea celle qu'il venait d'écouter. Il referma le petit coffre et le fit glisser sous son lit. Alors qu'il posait la cassette sur sa table de chevet, on toqua à la porte. Iris rentra et referma la porte derrière.

— Tu étais en train d'écouter les cassettes de Peter... est-ce que tu veux que je repasse ?

— Non, t'inquiète pas, j'en ai fini pour aujourd'hui.

Le jeune homme aurait préféré l'accueillir sans être totalement attristé par les cassettes de Peter, mais il ne pouvait pas le cacher. Iris savait que cela ne le rendait pas mieux, sauf qu'elle ne lui disait pas d'arrêter. Tout comme lui, elle savait que c'était important que Samuel les écoute toutes : pour la mémoire de Peter. La jeune fille enleva ses chaussures et grimpa sur le lit pour le serrer dans ses bras. Samuel se laissa faire, lâchant un peu prise. Iris sécha les larmes du jeune homme avant d'encadrer son visage avec ses mains.

— Cela va aller pour aujourd'hui ? s'enquit la surdouée.

— Je devrais écouter cela le soir avant que la journée commence, comme cela je ne risquerais pas d'être perturbé pendant des tâches importantes.

— Pas sûr que tu puisses réussir à dormir après avoir écouté ses cassettes, protesta doucement Iris. Tu n'as pas à t'en vouloir d'écouter les dernières paroles qu'un ami t'adresse, et tu as le droit de les écouter quand tu veux. Puis, ce n'est pas parce que tu as des moments de faiblesse que tout va s'effondrer, tout ne repose pas sur toi, les autres sont là pour te soutenir et t'aider.

— Je me sens coupable de sa mort, confia le jeune surdoué. Je me sens coupable de ne pas avoir vu qu'il n’allait pas bien, de n'avoir rien remarqué.

— Hey, souffla doucement Iris. Peter essayait de te le cacher à tout prix, et, j'ai décidé de ne rien te dire malgré tout mais si je pouvais très bien le faire.

— Tu as juste respecté les vœux de Peter.

— Et je n'ai failli ne pas le faire, avoua Iris. J'ai failli te l'avouer à un moment car il m'avait fait croire qu'il allait voir l'infirmière pour qu'il soit rapatrié, sauf que c'était faux, bien sûr... mais je sentais comme quelque chose de bizarre sans savoir quoi, et je ne voulais pas te voir triste comme maintenant alors que tu risquais de l'être plus tard.

— Je ne t'en veux pas, assura Samuel.

— Je le sais. Ce que je veux, c'est que tu ne t'en veuilles plus car rien n'est de ta faute.

— Je vais essayer, annonça-t-il d'une voix faible.

Iris s'assit les genoux à plat en appuyant son dos contre le mur où le lit était calé. Samuel s'allongea et posa sa tête sur les cuisses de la jeune fille. Il ferma les yeux alors que sa petite-amie passa ses mains dans ses cheveux. Cela lui faisait du bien finalement un petit moment de détente même si cela n'allait pas durer longtemps avec ce qu'il devait faire aujourd'hui avec Amanda. Il y avait une rencontre qu'il devait organiser et faire. Mais il devait aussi parler à Iris, il ouvrit les yeux.

— Comptes-tu vraiment repartir en Dheas ? s'enquit le beau brun.

— Amanda m'a dit qu'elle avait encore besoin de toi, mais qu'après, s'il n'y avait pas d'autres missions pour toi, tu pourrais venir me rejoindre si je partais. Enfin... uniquement si tu es prêt à revenir en Dheas. Je ne veux te forcer en rien.

— Tu sais, je pense que je ne serais jamais capable de revenir à nouveau dans ce pays. En tout cas, pas avant quelques années. La mort de Peter est encore trop récente, et je ne suis pas encore remis.

— Alors je n'irais pas, déclara la jeune fille en approchant son visage du sien.

— Ce n'est pas parce que je ne veux pas venir que tu dois te refuser à y aller. Jusqu'à présent tu en avais envie, puis tu veux veiller sur ton cousin. Amanda n'est pas comme Mme. Keys, elle nous laissera les appareils pour rester en contact.

— Comment je ferais pour te soutenir ?

— Je sais que tu es là pour moi, c'est cela qui compte. Je te promets, je demanderais à Amanda si on pourra garder contact grâce aux appareils de communications. Je suis certain qu'elle voudra. Écoute, je sais que tu ne supportes pas de ne rien faire pour arranger les choses, et c'est peut-être ta seule occasion. Tu dois la saisir.

— Es-tu certain ?

— Oui, puis, tu as aussi ton cousin à surveiller. Tu n'es pas rassurée qu'il y aille et je ne peux que te comprendre. Tu devrais veiller sur lui, je sais que tu t'en mordrais les doigts s'il lui arrivait malheur.

— Sam, tu es vraiment le meilleur, souffla la jeune fille avant de l'embrasser.

— Ah ouais, vraiment ?

— Oui vraiment. Et... si la rencontre tourne mal pour je ne sais quelle raison, essaye de t'enfuir. Je ne veux pas qu'une autre personne à laquelle je tiens finisse aux mains des conseillers, même s'il y a Kilian, je serais bien trop angoissée pour. La dernière fois, cela c'est mal terminé.

— Il n'y a pas de raisons pour que cela se passe mal.

Iris et Samuel finirent par se lever et sortir de la chambre de ce dernier. Iris alla rejoindre son cousin alors que Samuel prenait le chemin du bureau d'Amanda. Il le connaissait bien ce chemin désormais. Il avait la légère impression de devenir peu à peu le bras droit de la nouvelle cheffe de l'association. Finalement, c'était peut-être réellement le cas. Amanda écoutait ses conseils et prenait compte de ses remarques. Elle voulait redresser au mieux les activités de l'association, et elle ne pouvait effectivement pas le faire seule ou avec des personnes en qui elle n'avait pas confiance. Samuel toqua à la porte avant d'entrer. Il y avait Amanda et Maryline qui étaient assises. Maryline semblait aller un chouïa mieux même si ce n'était toujours pas la joie. Samuel n'imaginait pas ce qu'elle avait pu ressentir de perdre Théo. Si cela lui arrivait avec Iris, il ne s'en remettrait pas. Le jeune homme se demandait pourquoi son amie se trouvait là. Si elle faisait partie des personnes qui organisaient la rencontre avec l'autre organisation secrète de l'armée, il n'en avait pas été prévenu avant. Cela avait l'air d'être le cas.

— Je n'ai pas eu le temps de te prévenir que Maryline voulait participer à la réflexion de qui on enverrait sur le terrain avec toi, je n'en ai eu vent qu'il y a deux minutes, annonça Amanda en fermant un dossier pour se consacrer à la décision qui venait de s'ouvrir.

— Tout va bien ? s’inquiéta Samuel en s'asseyant à côté de son amie.

— Oui pas d'inquiétude, affirma son amie. J'ai juste besoin de rester le plus active possible pour ne pas trop réfléchir et faire face immédiatement... puis, si je peux faire quelque chose.

— Cela c'est sûr, je crois que je suis le mieux placé pour comprendre.

Maryline hocha la tête et Amanda se leva. L'adulte paraissait inquiète du bon déroulement de la rencontre. Même s'ils avaient eu la certitude que la lettre était authentique, la jeune femme avait peur que cela soit un piège pour pouvoir attraper des membres très importants de l'association. Cette dernière n'était donc pas rassurée dans l'optique d'y envoyer Samuel.

— Nous pouvons envoyer des militaires de l'association si tu refuses au dernier moment Sam, déclara-t-elle enfin.

— Je dois y aller, affirma le jeune homme. Tes parents ont sûrement dû me décrire à lui. S'il reconnaît l'adolescent qui venait déposer les lettres de sa sœur pour rassurer ses parents, peut-être qu'il se sentira un peu plus en confiance. Il sera plus enclin à expliquer.

— C'est plausible, effectivement... et toi Maryline ? Que voulais-tu me demander avant que Samuel débarque ?

— J'aimerais l'accompagner.

— Attends... c'est possiblement risqué, intervint Samuel. Tu as déjà été emprisonnée, es-tu certaine de risquer encore une fois de l'être ?

— Et toi alors ? Penses-tu vraiment que si on est face à ce cas-là tu réussirais à t'enfuir ? Sam, s'ils veulent vraiment nous prendre comme des traîtres, tu ne pourras pas t'échapper si facilement que cela ! Crois en mon expérience.

— Bien sûr que je te crois, ce n'est pas la question. La question, c'est, est-ce que tu arriverais vraiment à supporter une seconde détention si c'était le cas ?

— Je pense... et toi ? Arriverais-tu à rester loin des gens que tu aimes ? Qui plus est sans savoir si tu vas les revoir un jour. Toi ! Es-tu aussi prêt à prendre ce risque ?

— Oui je le suis, parce que j'estime que cette rencontre est importante pour les deux organisations et que cela pourrait considérablement nous aider. De plus, je me suis investi dans l'association pour x raison, et je ne compte pas l'abandonner maintenant que j'ai trouvé ma place.

— Et bien très bien, pour moi aussi. Donc, je remplace Sandra ? se renseigna Maryline.

— Tu vois vraiment Sandra céder sa place comme cela ? se moqua Samuel. On va partir à trois. C'est peut-être mieux au final.

— Effectivement, vous partirez à trois, confirma Amanda en prenant une feuille de papier pour noter un compte-rendu de cet entre-vu. Vous partez dans une heure, prévenez Sandra d'ailleurs. Sam, je te confie deux lettres. Donne-les à mon frère dès que tu le vois après t'être présenté.

— Pas de problèmes !

Alors que l'adolescente blonde se leva du siège pour partir, Samuel s'empara des deux lettres et les prit à la main. Heureusement qu'il avait prévu d'enfiler sa sacoche avant de partir. Amanda leur répéta de nouvelles mises en garde et leur souhaita bonne chance. Ils n'avaient plus qu'à être performants.

Samuel attendait avec Sandra dans le hall. Maryline n'était pas encore arrivée. L'adolescente avait intérêt à rappliquer prochainement car Amanda était un peu à fleur de peau et elle pourrait très bien lui passer un savon pour ce manque de sérieux. Elle avait intérêt à ne pas traîner. Samuel observait Sandra du coin de l'œil, il trouvait que cela faisait moment qu'il n'avait pas parlé avec Sandra et Lilian sans qu'il y ait personne d'autre. Sandra passait tout son temps avec Lilian ou les jumeaux provenant de la Thuath. Finalement, tout le groupe des surdoués s’était segmenté. Le beau brun était étonné de ne pas voir Lilian avec elle.

— Es-tu certaine de vouloir y aller ?

— Bien sûre. Puis, je pense qu'être à trois peut nous apporter des avantages, affirma la jeune fille avec un sourire.

— OK, mais fait gaffe quand même, si cela tourne mal...

— Si cela tourne mal cela tournera mal et on ne pourra rien y faire. On sera tous traité de manière égale sauf si un de nous se rebelle. On ne peut pas prévoir ce qui va se passer, continua Sandra. Alors autant repousser les limites pour faire le mieux possible. Puis, pour le moment, il n'y a aucun signe qui pourrait montrer que c'est un traquenard.

Sandra n'avait pas tort. Même s'ils ne se parlaient plus, Amanda et son frère étaient-ils aussi en mauvais termes que cela pour se mettre en prison l'un l'autre ? Samuel ne pouvait pas le croire, les liens familiaux représentaient beaucoup pour lui, même s'il ne pouvait plus voir son frère et ses parents. Depuis que son frère se retrouvait dans l'armée, il n'avait, reçu aucune nouvelle. Aucune lettre de sa part ou aucune lettre de l'armée pour annoncer une disparition ou un décès. Samuel se demandait ce que cela pouvait bien signifier. Son frère n'aurait jamais voulu couper les ponts avec sa famille même s’il était en conflit avec leur parent, ce n'était pas son genre. Cela inquiétait souvent Samuel lorsqu'il avait le temps d'approfondir ses pensées sur le sujet. Malheureusement il n'avait aucun moyen d'obtenir des nouvelles de son frère. Il ne pouvait pas encore faire appel à Kilian, sinon ce dernier allait finir par se retrouver dans une mauvaise posture à force d'aider un peu l'association, enfin, plus particulièrement Iris et lui. Kilian était un chic type du point de vue du surdoué, lui porter préjudice ne lui semblait pas vraiment très cool. Il devait donc attendre d'avoir des nouvelles par le processus légal, ou qu'une des personnes aptes à l'infiltration décide de s'intéresser à l'armée et de s'y immiscer. Samuel espérait toujours que son frère soit en vie, il n'y avait pas de raisons contre, la guerre était surtout à distance.

— Samuel ! cria Lilian alors qu'il passait sa main devant son visage.

— Quoi ? grogna le jeune homme en sortant de ses pensées.

— Je te demandais si cela allait, mais visiblement cela n'a pas vraiment l'air d'être le cas. La mission te préoccupe à ce point ?

— Un tantinet, mentit Samuel. C'est juste que je n'ai pas envie de rater. Je veux dire, c'est quand même important.

— Écoute mec, je ne suis pas le meilleur pour rassurer les gens, mais très franchement, tu n'as vraiment pas à t'inquiéter. Tu as toujours réussi tes missions, alors je ne vois pas pourquoi cela commencerait maintenant. Puis, tu es fort, quoi qu'il arrive on sait tous que tu arriveras à tenir le coup.

— Je l'espère.

— Tu es à la hauteur. Sam, je te jure, tu n'as aucune raison de douter de toi.

Le jeune homme hocha la tête alors qu'il se décida à prendre place sur une chaise pour attendre. Il espérait que Maryline n'allait pas tarder à arriver. Finalement, peut-être qu'il y avait un peu de vrai de ce qu'il venait de dire à Lilian. La mission n'était pas ce qui le préoccupait principalement, mais elle en comportait une petite partie tout de même. Samuel regardait Lilian et Sandra parler entre eux comme s'ils se connaissaient depuis toujours alors que cela ne faisait que quelques mois. Il finit par voir Maryline arriver, toute souriante, comme si la mission ne comportait aucun risque. L'adolescente allait mal et Samuel le voyait mais il ne savait pas comment l'aider. Elle ne s'ouvrait pas. Peut-être devrait-elle parler à Iris avant que cette dernière parte pour la Dheas ? Elles étaient amies, cela serait plus simple pour Maryline.

— Quand partons-nous ? se renseigna la blonde en comptant les pièces de monnaies qu'elle sortait de la poche de sa veste.

— Quand Amanda viendra pour nous donner encore des mises en garde, je suppose, répondit Samuel en relevant le regard vers son amie.

— Bien... je vais aller chercher une canette au distributeur. Besoin de quelques choses ?

— Prends n'importe quoi tant que ce n'est pas amer, remercia Samuel.

Maryline lui offrit un pouce levé vers le haut puis salua Sandra et Lilian avant de rejoindre le distributeur le plus proche. Samuel constata qu'il n'était pas le seul à remarquer le mal-être de Maryline puisque ses deux amis se mirent à parler d'elle. Malgré les pensées qui l'assaillaient, Samuel prit part à la conversation. Sandra lui révéla qu'elle avait tenté de lui parler mais qu'elle s'était refermée en disant qu'elle n'avait rien à dire. Il était évident que Maryline souffrait et intériorisait tout pour ne pas se confier. Sauf que ce n'était pas bon, elle souffrait beaucoup, et tout le monde en était conscient. Elle avait perdu Théo. La seule personne qui l'avait aidé pendant sa détention. C'était sans aucun doute un coup très difficile à encaisser. Iris finit par débarquer dans le hall. Le surdoué lui avait dit qu'elle pouvait rester avec son cousin mais cette dernière avait insisté pour le voir avant sa mission. Il restait tout de même heureux de la voir avant de partir. La surdouée fit la bise aux deux autres et Samuel l'attira sur ses genoux.

— Tiens, tu devrais pouvoir le rassurer toi ! s'exclama Lilian à l'égard de la rousse. Il commence à stresser par rapport à la mission, mais je doute que mes paroles aient eu l'effet escompté. Mais toi, je suis sûr que tu peux y arriver.

Samuel vira au cramoisi suite à la phrase de Lilian alors qu'Iris fronça les sourcils en le regardant, surprise. Sandra décida à ce moment de se lever pour rejoindre Maryline et Lilian la suivit en adressant un clin d'œil à son ami qui posa sa tête contre l'épaule de sa petite-amie. Iris ne devait pas vraiment comprendre grand-chose à ce qu'il venait de se dire. Néanmoins elle n'en montra rien.

— Tu aurais pu me dire que la mission te stresse, déclara-t-elle. J'aurais pu t'aider.

— C'est au fur et à mesure que le temps avance, prétexta Samuel. Sur le moment où Lilian m'a demandé, je voulais juste me trouver une excuse et c'est la première qui m'est venue même si ce n'était pas le cas. Mais cela à relancer l'angoisse liée à la mission, mais cela, je peux gérer. Ce n'était pas à cela que je pensais quand Lilian m'a interpellé.

— Tu pensais à ton frère, devina la rouquine en passant une main sur la joue du jeune homme.

— Tu me connais bien dit donc, souffla-t-il en fermant les yeux.

— C'est parce que tu comptes pour moi. Je voudrais te dire que je comprends ce que tu ressens, mais ce n'est pas vrai parce que je suis fille unique... mais je suis là pour toi. Puis, si tu veux, on peut demander à Kilian de faire des recherches quand il en aura le temps, ou alors tu pourras demander au frère d'Amanda quand les liens entre les deux organisations seront bien solides.

— Oui tu as raison... c'est juste que je ne veux pas encore causer de tort à Kilian. Cela était risqué pour faire confirmer à M. Klimb que cette lettre venait réellement de lui. J'attendrais le temps qu'il faut, mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.

— C'est normal, tu t'entends bien avec ton frère. Les liens familiaux sont forts.

— Ouais... oh, en faites, tu pourrais essayer de parler à Maryline ? Elle va mal, et elle refusait d’en parler à Sandra. Sauf qu'à force de tout garder pour elle cela va exploser ou imploser.

— Oui, j'y réfléchissais aussi. On a plus le temps maintenant, mais après la mission je la trouverais. C'est mon amie et je n'aime pas la voir aussi mal.

— Moi non plus.

Iris resta avec lui. Maryline revenait avec une cannette contenant un liquide sucré, pétillant légèrement. Ce n'était sûrement pas au goût de tout le monde mais cela fit l'affaire pour Samuel. Il partagea la boisson avec Iris qui n'avait pas l'air de détester non plus. Maryline avait pris une boisson sucrée alors que Sandra et Lilian revenaient avec du jus de fruit. Samuel se demandait parfois combien de personnes avaient investi dans l'association financièrement parlant. Mme. Keys n'avait pas été la seule à contribuer son argent, mais avec toutes les missions, tous les équipements, tous les lieux... Il y avait dû avoir un sacré paquet de personnes pour que tout cela soit réalisable. Amanda débarqua enfin. Elle portait une blouse blanche impeccable comme si elle s'apprêtait à rentrer dans un laboratoire pour faire des expériences, des recherches ou juste peut-être allait-elle ausculter quelqu'un. Cela devait faire longtemps que l'adulte n'avait pas enfilé son costume de base : médecin-chercheuse. Samuel guetta la réaction d'Iris qui paraissait moins en vouloir à la jeune femme. Il avait eu tort de penser que sa petite-amie aurait du mal à leur pardonner, ou du moins à les excuser. Peut-être qu'au fond elle avait encore des difficultés pour leur pardonner, ce qui était humain, mais elle comprenait tout de même. Iris se dégagea pour permettre à Samuel de se lever et se rapprocher de ses camarades qui se situaient en face de l'adulte.

— Bon, je vous le rappelle bien, mais faites attention. Vous viendrez en amis mais on ne sait toujours pas s'ils veulent vraiment faire amis avec nous. Parlez. Restez sur vos gardes. Méfiez-vous et essayez de récolter le plus d'informations possible. Le trajet ne dura qu'une petite heure, vous ne rentrerez donc pas tard. Il y a déjà une voiture qui est avancée. Bonne chance à vous !

L'adulte leur tendit des pistolets qu'ils saisirent pour les cacher dans leur poche intérieure de leur veste. Samuel confia la canette à moitié vide à Iris avant de l'embrasser et Lilian leur souhaita une bonne chance. Les trois amis poussèrent la porte pour sortir. Samuel regarda une dernière fois derrière lui pour voir Amanda parler à Iris et Lilian. Il se retourna entièrement pour s'approcher de la voiture qui reflétait le soleil brillant. Il ne faisait pas très chaud à cette époque, mais ce n'était pas encore le temps du dégivrage. Samuel gagna la place de copilote et les filles s'installèrent à l'arrière. Ce fut un homme âgé d'une trentaine d'années qui allait les conduire au point de rendez-vous. Samuel n'eut pu s'empêcher de détourner le regard une fois les présentations faites. Cela lui faisait penser à Loan qui les avait conduits jusqu'à la côte. Loan qui les guidait dans leur mission en Dheas. Loan qui était dans le coma avec si peu de chances de s’en sortir. C'était avec ce genre de pensées que Samuel se demandait si l'association valait vraiment la peine d'exister.

Samuel avait bien dormi mais la radio ne marchait pas dans cette voiture. En plus il n'y avait strictement rien à faire à part regarder le paysage soporifique car toujours le même. Il clignait souvent des yeux mais cela ne lui arriva pas de piquer du nez. Il regarda Sandra à travers le rétro qui regardait le paysage rural défiler. L'adolescente réfléchissait peut-être au déroulement de la mission, ou alors à autres choses. Il ne pouvait savoir. Maryline, elle, s'était endormie. À cette heure-là, ils allaient bientôt arriver et il commençait à devenir de plus en plus anxieux. Il ferma les yeux et se concentra pour se calmer. Il ne possédait aucune technique particulière donc il tentait tout ce qui lui passait par la tête.

— On est bientôt arrivé, déclara le conducteur. Je ne serais pas là pour vous accompagner, Mme. Klimb a insisté pour que vous y alliez seul. Apparemment cela ne ferait qu’effrayer les personnes que vous rencontrerez. Mais je vous laisse une marge de deux heures, sinon je lancerai une alerte au cas où quelque chose se passerait.

— Entendu.

Cela était étrange d’entendre quelqu’un appeler Amanda par son frère nom de famille, mais cela allait être comme cela désormais. Certaines personnes ne pourraient jamais s’y habituer. Samuel se contorsionna en se penchant vers l'arrière pour atteindre une jambe de Maryline et la bouger, espérant que seul cela lui permettrait de la réveiller. Heureusement, ce fut le cas et Samuel n'eut pas besoin de se forcer plus. L'adolescent faillit jurer contre lui avant de se rappeler que ce qu'ils allaient faire était important et que tous les trois avaient intérêt à être en forme. Le surdoué espérait que c'était vraiment le cas. Le conducteur gara la voiture près d'une ruine entourée d'arbres et d'herbes moins denses qu'une forêt.

— Attendez... c'est ici ? Pourtant il n'y a absolument rien qui laisse présager que c'est un point de rencontre, protesta Maryline commençant à ouvrir sa portière.

— Au loin je vois un château, affirma Sandra.

— Eh bien allons-y, c'est sûrement là-bas.

Les trois adolescents descendirent et se mirent à marcher entre les arbres pour se rapprocher de la bâtisse. Samuel avait l'habitude de ce genre de milieu. Son village se situait proche de la mer mais aussi d'une forêt. Ils se localisaient sûrement dans un trou pommé que personne ne connaissait. Si quelque chose leur arrivait, cela ne le rassurait pas vraiment. Après une bonne dizaine de minute de marches, ils purent emprunter un sentier qui leur mena à une route pavée en piètre état. Cette fois, ils purent remarquer que ce n'était pas exactement un château mais une vieille demeure très grande. Alors qu'ils gagnèrent un grand portail noir, des hommes surgirent des buissons et des arbres et les encerclèrent ! Une embuscade ? Samuel leva la main pour faire signe aux filles de ne pas bouger, et encore moins de sortir leur arme. Leur ennemi était beaucoup trop nombreux pour se risquer. Cela devait être des soldats, mais Samuel ne pouvait les voir à cause des cagoules. Un homme s'avança et Maryline baissa la casquette qu'elle avait enfilée pour cacher son visage et s'approcha du surdoué qui se mordit les lèvres. Les trois adolescents se lancèrent des regards avant de lever les bras pour leur faire signe qu'ils ne comptaient pas les tuer.

— T'avais peut-être raison de penser que cela pouvait mal tourner, concéda Maryline à voix basse à Samuel alors que Sandra se rapprochait d'eux.

Un homme baissa son arme mais les autres les maintinrent braquées sur le trio. L'homme enleva sa cagoule et Samuel serra les poings sur la défensive alors que Maryline commençait à atteindre une autre arme qu'elle avait apportée. Sandra s'avança à côté et frôlait son arme de la main, hésitant à l'utiliser. M. Past. Leur ancien surveillant fit un sourire, ce qui leur parut bizarre, les déstabilisant aussi. Il s'avança un peu plus.

— Vous ne vous attendiez pas à cela, n'est-ce pas ? Baissez vos armes ! ordonna-t-il ce qui fit suivi par l'obéissance directe des soldats. Amanda n'est pas venue.

— Je la représente, confirma Samuel d'une voix forte.

— J’aurais toujours pensé que dans ce cas-là cela serait Iris. Où est-elle ?

— On n’est pas les seuls à être en mission, justifia Sandra.

Les adolescents doutaient : pouvaient-ils vraiment faire confiance à M. Past ? Après tout ce qu’il leur avait fait, cela leur semblait vraiment compliqué de pouvoir lui faire confiance. Sauf qu’il n’y avait pas d’autres options pour le moment, et s’ils s’enfuyaient maintenant, cela serait une mission ratée plus qu’autre chose. Les autres soldats ne bougeaient pas d’un millimètre, attendant les ordres de leur chef. Tout compte fait, ils avaient choisi l’emplacement parfait. Parfait pour surprendre les visiteurs.

— Je vais les mener à Klimb, vous pouvez rentrer. Suivez-moi, adressa M. Past au trio.

Ils le firent sans broncher. Les soldats se rassemblèrent en une troupe près du portail avant d’entrer en enlevant leur cagoule. Il y avait vraiment beaucoup de personnes qui s’engageaient dans cette organisation, du moins, Samuel trouvait que cela faisait un bon nombre de personnes pour un groupe qui venait de naître. L’état de la route en pavée s’améliorait une fois à l’intérieur de la propriété. L’espace autour de la bâtisse était vaste et servait sûrement aux entraînements prodigués aux membres. M. Past les fit passer sous un porche avant de s’arrêter près d’une colonne sculptée alors qu’un jeune homme s’approchait. Encore un peu loin, Samuel avait tout de même une expression de déjà-vue alors que Maryline se crispa légèrement. Le jeune homme avait le teint plutôt mâte et les cheveux bruns en bataille il arrivait avec une démarche légère mais il semblait assez déprimé.

— Salut Théo, salua M. Past en lui serrant la main. Tu viens avec nous pour voir Klimb ?

— Volontiers. Puis, je devais aussi parler à Arthur.

Past hocha la tête alors que Théo sourit au trio qui restait bouche bée. Samuel le reconnaissait nettement mieux, et même si le concerné ne distinguait pas Maryline avec sa casquette baissée à rat de la tête, cela n’allait pas tarder. Past leur fit signe d’avancer mais Maryline prononça le prénom de Théo avant de se jeter dans ses bras sans même enlever son couvre-chef. Ce dernier le fit à sa place, sa voix lui était bien plus que familière. L’étreinte dura pendant un moment et Samuel crut revoir le Past impatient de ses débuts. Peut-être ne voulait-il juste pas faire attendre le grand chef. Dans tous les cas, le trio allait rencontrer de nombreuses personnes aujourd’hui, après M. Past et Théo, un certain Arthur et le frère d’Amanda. Sandra et Samuel les regardèrent avec tendresse, cela les rendait heureux de voir leur amie s’épanouir à nouveau. Lorsqu’ils se détachèrent le jeune homme chassa les larmes de la surdouée.

— J’ai eu tellement ! Tout le monde pensait que tu étais mort comme Marin. J’ai broyé du noir pendant des jours. Comment as-tu fait pour t’échapper ?

— J’ai la chance de courir assez vite, révéla Théo en souriant. Lorsque je suis reparti avec Marin il était trop lent et il m’a dit de l’abandonner car il n’arriverait pas à atteindre la sortie à temps. Il m’a juste dit de donner une lettre à une certaine Amanda. Elle est dans ma chambre d’ailleurs, si vous voulez la récupérer. Du coup j’ai sprinté jusqu’à la sortie de secours. J’ai quand même été propulsé par l’explosion et je suis resté entre la vie et la mort quelques jours avant de me réveiller dans un hôpital pour militaire. Puis j’ai rencontré Nicolas qui m’a parlé de cette organisation.

— Je t’aime, souffla la jolie blonde en le serrant encore plus fort dans ses bras. Pourquoi n’as-tu pas essayé de me donner des nouvelles ?

— Je ne pouvais pas, c’était beaucoup trop risqué. J’étais surveillé depuis, alors je ne pouvais pas risquer de trahir vos positions.

— Théo, si cela ne te dérange pas, j’aimerais bien que tu récupères cette lettre. Amanda la voudra sûrement si elle a vent de son existence, commenta Samuel.

— Je vais la chercher, acquiesça le jeune militaire. Je vous rejoindrais juste après, je ne prendrais pas trop de temps.

— Je l’accompagne !

Alors que le couple qui venait tout juste de se retrouver s’éloignait, le reste du groupe continua leur route avant d’entrer dans la demeure. Le hall était grand avec du carrelage damé et deux escaliers qui longeaient les murs pour se rejoindre à une sorte de balcon en haut qui permettait l’accès à l’étage. Ils ne montèrent pas à l’étage. Nicolas Past les mena à une porte marron juste en face et l’ouvrit. Samuel laissa passer Sandra avant lui. Il n’y avait pas encore le fameux Arthur dont avait parlé Théo, mais le surdoué se trouvait face au frère d’Amanda. Iris l’avait vu et le lui avait décrit, et il était encore plus intimidant en vrai. Il était rasé de très près et avait une cicatrice qui partait du bas de son front qui traversait pour finir en bas de son œil droit et une autre qui lui barrait la joue gauche. Il avait gagné quelques cicatrices sur les bras. Il dégageait une confiance et une force qui ne donnait pas du tout envie de se frotter à lui. Les adolescents le saluèrent à mi-voix alors qu’il fit un signe de la tête à Nicolas qui refermait la porte.

— Amanda n’est pas venue, constata l’homme en traçant des cercles avec ses doigts sur la table.

— Non. Elle a beaucoup de choses à s’occuper depuis la mort de Mme. Keys, notre ancienne cheffe. Mais elle m’a remis deux lettres pour vous, annonça calmement Samuel s’avançant un peu.

— Tu ne serais pas le garçon qui apportait les lettres de ma sœur à mes parents pour qu’ils ne soient pas inquiétés par les conseillers ?

— C’est bien moi, et c’est aussi pour cela qu’elle m’a envoyé, car vous n’avez aucune raison de vous méfier de nous. On vient pour savoir si nous pouvons faire une alliance, et travaillez ensemble, et non pour se taper dessus ou je ne sais quoi d’autres.

L’homme ne répondit rien et resta pensif. Il fit tourner sa chaise roulante et Samuel s’approcha du bureau en ouvrant sa sacoche et posa les deux enveloppes sur le bureau. Amanda avait signé pour prouver que l’enveloppe provenait bien d’elle, de plus, son frère allait bien voir que c’était son écriture même si cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas lu. Samuel recula de quelques pas pendant que le chef de cette organisation entamait une des deux lettres. Le silence régna un moment alors que le frère d’Amanda mettait du temps à lire. Théo et Maryline débarquèrent main dans la main et le jeune homme tendit une enveloppe bien épaisse que Samuel fourra dans sa sacoche. Finalement, sa vocation devait d’être facteur à ce rythme-là ! Sandra leur expliqua un peu ce qui s’était déroulé pendant leur absence et la salle fut encore plongée dans le silence. Au fur et à mesure, le trio finit par s’éloigner un peu plus de la porte. Puis le frère d’Amanda les fixa avant de se lever.

— Dites à ma sœur d’organiser un rendez-vous dans un de vos quartiers. Nous devons échanger face à face pour mieux décider de ce que nous pouvons faire ensemble. Donnez-nous une adresse et on viendra d’ici une semaine à une semaine et demie.

Les surdoués se regardèrent et Sandra prit un stylo pour marquer l’adresse sur une feuille, en espérant ne pas avoir fait le mauvais choix. Les trois adolescents étaient beaucoup plus en confiance qu’au début. Les membres ne comptaient rien leur faire, et ils voulaient peut-être bien fonder un lien entre l’association et eux. Tout dépendrait de la prochaine réunion si cela se faisait.

— Qu’est-ce que vous faites exactement ? questionna Samuel.

— Pas grand-chose, avoua le frère d’Amanda en contournant le bureau pour s’adosser contre. Essentiellement, on sabote des missions de l’armée qui pourrait causer beaucoup trop de morts. On réfléchit à élargir nos domaines. Et ma sœur, que cherche-t-elle à faire ?

Cela plairait à Iris, pensa Samuel. Et il savait aussi que cela la refroidirait immédiatement si elle apprenait que Nicolas Past faisait partie de cette organisation. Cela lui paraissait encore un peu improbable que Past en fasse partie, lui, qui voulait tant que tout soit droit, carré et obéisse aux conseillers et à la loi.

— Mme. Keys souhaitait ouvrir les yeux aux personnes sur les conseillers, commença Sandra. Finalement, je ne sais pas si on peut vraiment dire que cela a fait l’effet voulu…

— Amanda a envoyé une amie en Siar, sûrement pour mieux s’incruster dans ce pays même si cela a l’air très dangereux et compliqué. Elle est seule d’ailleurs, pour le moment. Iris va partir en mission en Dheas en lien avec la politique et sûrement par la même occasion la maladie.

Samuel ne révéla pas tout. La Siar était un pays ennemi donc il n’y avait aucun risque, mais révéler qu’il y avait toujours des infiltrés dans les bâtiments et dans la politique ne constituait des choses à cacher pour le moment au cas où c’était un piège. Le frère d’Amanda n’apparaissait pas comme idiot, il devinait sûrement que Samuel ne pouvait pas tout lui dire. Il hocha la tête en marmonnant des ‘‘bien’’. Alors qu’ils allèrent repartir, le chef écrivit quelques mots à l’adresse de sa petite-sœur et la porte s’ouvrit marquant l’arrivée du fameux Arthur assurément.

— Sam ?

Un frisson parcourut l’échine de l’adolescent qui se retourna. Le jeune homme qui venait d’arriver n’avait que deux ans de plus que lui et lui ressemblait énormément. Même cheveux, même visage mais pas la même couleur d’œil. Si Samuel tenait ses yeux bleus de leur mère, son frère tenait ses yeux verts de leur père.

— C’était toi le Arthur ! Attends, mais t’aurais pu donner des nouvelles à papa et maman ! s’exclama le surdoué en faisant un pas.

— On n’a pas le droit de communiquer pour le moment. Toutes les familles des membres de l’armée sont surveillées, même si cela m’étonnerait pas que notre famille soit oubliée avec notre trou pommé de village !

— Bien-sûr qu’ils n’ont pas été surveillés j’ai pu rentrer à la maison pendant un jour et j’ai pu retourner au quartier de l’association juste après !

Les deux frères se firent une accolade qui dura un moment. Cela faisait beaucoup trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Son frère aussi avait gagné des cicatrices et Samuel pouvait déjà entendre les réflexions de leur mère qui refuserait qu’il reparte se battre. L’adolescent ne savait pas que les batailles corps à corps pouvaient arriver si souvent.

— Tu as bien grandi petit-frère, murmura Arthur à son oreille.

— Et toi tu es devenu plus baraqué que jamais.

L’aîné afficha un sourire narquois avant de lâcher son petit-frère et de saluer Nicolas et le frère d’Amanda. Pour Samuel, se fit étrange d’admettre que son frère s’entendait bien avec l’ancien surveillant qui avait été plus qu’horrible avec les surdoués. Arthur ne savait sans doute pas tout ce qu’il avait pu faire, mais Samuel restait perplexe, d’autant plus que les deux avaient l’air de très bien s’entendre.

— Depuis quand tu as un frère ! s’écria Sandra avec un mou déçu.

— C’est vrai cela tu nous en as jamais parlé, renchérit Maryline.

— J’en ai juste parlé à Iris, c’est tout. Chaque jour, je me demandais s’il était encore vivant donc je me voyais mal parler de mon frère à tout le groupe et à toutes les personnes que je croisais dans la journée, c’est tout. J’aurais fini par vous en parler mais un peu plus tard.

— Toujours cette manie de se sentir attaquer, n’est-il pas chou mon frère ! se moqua Arthur alors que son cadet levait les yeux aux ciels. Par contre je veux tout savoir, c’est qui cette fille ?

— Ah non ! Pas tes interrogatoires, je t’en supplie ! Si tu viens à la réunion organisée peut-être que je pourrais te la présenter d’ici là, mais pas maintenant ni à cet endroit on parle d’elle !

— Bah attend, Marianne m’a dit que tes parents savaient que vous étiez ensemble, l’enfonça Sandra en rigolant.

Samuel s’appuya contre le mur en fermant les yeux alors que son visage lui brûlait affreusement. Il trouverait un moyen de se venger de Sandra dans les jours à venir, il se le promettait. Si Nicolas et Théo les regardaient, amusés par la situation, le frère d’Amanda le sauva d’une situation extrêmement embarrassante en lui tendant le message qu’il avait écrit à Amanda et le beau brun le rangea dans sa sacoche. Il consulta sa montre et fut soulagé de voir qu’il était dans les temps des deux heures. Nicolas, Théo et Arthur les raccompagnèrent jusqu’à la voiture qui était toujours garée. Le conducteur attendait dans sa voiture, il avait du bien s’ennuyer pendant ce temps. Maryline toute souriante serra une dernière fois Théo dans ses bras alors que les deux frères se parlaient encore un peu :

— Je serais là lors de la prochaine réunion, affirma Arthur. J’espère que tu seras là aussi. Puis, si tu as contact avec papa et maman dans les jours à venir, dit que je vais bien et que je suis en vie.

— Tu sais, ils sont toujours très inquiets depuis le début même s’ils ne veulent pas me dire. En tout cas j’espère qu’ils remettront vite les photos de toi, parce que j’en ai marre d’être le seul à se coltiner les photos à la maison. J’ai l’impression d’être fils unique.

— Sam, tu sais bien que les tensions entre les parents et moi ne viennent pas uniquement du fait d’avoir rejoint l’armée. J’ai fait un choix, cela ne leur a pas plus, et ils veulent toujours que je revienne et cela ne sera pas le cas.

— Vous devriez parler. C’est idiot d’être fâché comme cela, la vie est courte, il faut essayer d’avoir le moins de regret possible.

— Je sais.

— C’était quoi ce choix ? voulut savoir Samuel.

— Cela petit-frère, débuta l’aîné en ramenant une mèche rebelle de son frère dans le bon sens. Tu le sauras peut-être un jour, mais pas pour le moment.

— Fais attention Arthur, et prends soin de toi.

— Toi aussi fais attention, je crois bien que tu es plus en danger que moi dans tout cela même si j’ai plus de cicatrices que toi.

— Elle est en train de partir la mienne, contesta Samuel.

— Fait gaffe à toi quand même. Au fond, les parents m’ont déjà perdu et ils s’en rendent très bien compte, mais toi, cela ferait peut-être un peu dur à encaisser s’il t’arrivait quelque chose. Et moi non plus je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose. Je suis ton grand-frère, je ne peux pas veiller sur toi comme il faut, alors je te préviens. Tu n’as pas intérêt à mourir.

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