Chapitre 3 :

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Samuel lui cachait quelque chose. Elle ne savait ni quoi, ni pourquoi, mais elle le ressentait. La jeune femme ferma les yeux. C'était officiel, cet après-midi, Kilian deviendrait aux yeux de tous, conseiller, et Mme. Keys ferait une apparition surprise aux yeux de tous pour annoncer l'existence de l'association alors même que la plupart des personnes qui dirigeaient avec elle n'étaient pas d'accord. Iris non plus ne trouvait pas ce choix très judicieux, personne ne semblait sur la même longueur d'onde que la doyenne et créatrice de l'association.

Iris s'ennuyait. Depuis la fin de sa dernière mission, il n'y en avait pas d'autres de prévues, et cela la déprimait car elle voulait faire quelque chose. Pas seulement car elle voulait que la guerre se finisse, mais aussi pour ne pas avoir à penser constamment. Elle se roula sur son lit plusieurs fois, jusqu'à toucher la pointe de son pied droit au sol et se redressa assez avant de faire trembler sa jambe. Elle devenait intenable et n'arrivait plus à ne rien faire. Elle se leva, furibonde et marcha à grand pas dans un couloir étroit qui débouchait vers un hall plus spacieux, elle tourna à sa droite et monta un escalier à toute vitesse avant de se cogner contre quelqu'un et de reprendre son équilibre in extrémiste.

— Cela va Lilian ? s'inquiéta la jeune fille en lui prenant les épaules.

— Ce n'est pas parce que je ressors de l'hôpital que je suis forcément fragile, OK ? déclara-t-il alors que la jeune fille fut rassurée. Samuel a raison, tu as fait des progrès en équilibre à ce que je vois ! C'est dommage si on ne pourra plus te charrier.

— Repose-toi bien quand même. Tu n'es pas passé bien loin de la mort.

— Justement, j'ai plus envie de vivre ma vie comme bon me semble plutôt que de refuser des choses que j'ai envie de faire et qui sont trop dangereuses. Mon état n'influencera pas sur cela.

— Fait attention quand même.

Il sourit et la prit dans ses bras. Iris avait toujours du mal à se dire que certaines personnes avaient pu frôler la mort il y a quelques semaines. En réalité, toutes les personnes qui étaient parties en mission ou qui se trouvaient dans ses bâtiments auraient pu mourir si les bombes avaient été lâchées plus tôt. Elle-même aurait pu mourir, mais ce n'était pas le cas. Certaines personnes avaient été grièvement blessés, comme Lilian ou Samuel avec son bras, et d'autres étaient réellement morts. Maryline souffrait beaucoup de la mort de Théo, et la jeune surdouée avait du mal à s'avouer totalement que Marin et toute sa famille étaient morts. Kilian lui avait appris plus tard, qu’aucun des débris de corps étaient assez identifiables, mais que malheureusement, cela paraissait évident qu'ils soient morts puisqu'ils étaient dans le bâtiment lorsqu'il s'était écroulé. Kilian aussi partageait aussi sa peine, mais elle se demandait comment il faisait pour ne rien laisser transparaître. Peut-être le faisait-il, seulement parce que c'était elle.

En tout cas, elle savait que Mme. Keys allait bientôt arriver au quartier général, et la jeune surdouée savait déjà que sa vieille nourrice souhaitait lui parler en privé. Elle se tenait prête à la rejoindre. La jeune fille continua son chemin et toqua à une porte avant de pénétrer dans la chambre de Samuel. Le jeune homme ne s'y trouvait pas, ce qui n'arrangeait pas Iris puisqu'elle désirait lui parler. La jeune fille soupira et s'assit sur le lit. Elle resta un moment immobile à scruter la pièce et finit par s'étaler totalement sur la longueur. Elle tourna la tête pour ne pas regarder le plafond. Le bureau du jeune homme était vide, aucun papier ni même un téléphone portable. Elle allongea ses bras et sentit du froid lui parcourir la main. Son portable se trouvait donc ici. Iris se releva et arpenta la chambre en réfléchissant à où il pouvait se trouver en cet instant. Alors qu'elle faisait passer le rideau entre ses doigts, un bruit parvient d'une salle à côté et elle sursauta en se retournant vers la source de bruit. Le bruit venait de la salle de bain et la porte finit par s'ouvrir sur Samuel qui passait de sa chambre à la salle de bain. Il était torse-nu, une serviette autour de la taille et les cheveux encore trempés dégoulinaient d'eau. L'adolescent parut surpris et un peu gêné alors qu'Iris tourna en rouge pivoine.

— Iris ? Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je... tu... J'ai toqué, balbutia-t-elle penaude en laissant ses mains sur les joues.

Samuel laissa échapper un rire et s'approche pour l'embrasser.

— Sors un instant, le temps que je m'habille, tu seras moins déstabilisé peut-être, souffla-t-il d'un ton narquois.

Iris ne savait pas si ses joues avaient repris leur couleur d'origine ou si elle avait rougi encore plus. Elle lui déposa un baiser sur les lèvres et un autre sur la joue avant de contourner le lit pour attendre dans le couloir. Iris se mordilla la lèvre en posant sa tête contre le mur. Elle en venait même à oublier la petite colère qu'elle avait ressentie envers lui tellement qu'il la déstabilisait. La jeune fille fixa la porte qui s'ouvrit quelques minutes plus tard. Samuel avait enfilé un pantalon marron clair et un t-shirt bleu marine au initial de l'association. Il s'appuya d'une main contre l'encadrement de la porte et pencha légèrement la tête pour capter son regard. Son sourire trahissait qu'il se doutait qu'elle était venue encore insister sur la même chose qu'auparavant. Il ne pouvait pas lui en vouloir, mais il ne savait plus trop comment gérer la situation.

— Je suppose, que tu es venue me parler de quelque chose, démarra-t-il en passant une main dans ses cheveux.

Iris hésita à faire un sourire crispé et renonça. C'était de quelque chose d'important qu'elle voulait parler, et même si sourire ne coûtait rien, c'était équivaut à installer une ambiance détendue alors que ni lui ni elles ne se trouvaient dans cet état sur le moment. Elle prit la main que Samuel avait passée dans ses cheveux et elle le tira avec elle jusqu'au lit et s'assit en tailleur, l'invitant à s'installer en face d'elle. Le jeune homme ne lâcha pas sa main.

— Je... chercha la jeune fille.

— Tu veux encore essayer de me parler de cela, coupa Samuel en traçant les lignes de la main d'Iris.

— Sam, je t'aime et on est ensemble. Tu ne me dis rien et cela me donne l'effet que tu me mens. Et, je pense que toi non plus tu ne veux pas de cela entre nous. Alors, que cela ait été le sujet d'un marché avec Amanda ou alors que cela doit rester confidentiel, je m'en fiche. Je veux que tu saches, que tu peux avoir confiance en moi. Tu peux tout me dire Samuel, absolument tout.

— Iris, commença Samuel en la regardant dans les yeux. C'est évident que j'ai confiance en toi, et je ne veux pas qu'un gouffre se creuse entre nous. Je ne le supporterais pas. Mais, si je te le dis, tu seras tellement déçue de moi que tu me détesteras.

— Je ne pourrais jamais te détester, Samuel. Et, quoi qu'il arrive, je comprendrais tes décisions... tu le sais bien cela, non ?

— Pas celle-là, je ne crois pas. On a tous des limites d'acceptation.

— Je peux tout accepter si cela vient de toi, contesta Iris.

Iris s'en voulut un moment de pousser Samuel à révéler ce qu'il ne devait pas lui avouer. Mais d'un autre côté, le gouffre dont il lui parlait, elle le sentait un peu. Elle avait peur qu'il s'élargisse encore plus. La jeune fille savait d'autant plus que c'était de sa faute puisqu'elle avait la désagréable impression qu'il ne lui faisait pas confiance. Cette impression l'impactait plus qu'elle ne le souhaitait.

— Juste, ne t'énerve pas, ne hurle pas, ne fais rien et n'en parle pas à Amanda et Marianne, à personne même, la supplia Samuel.

Iris ressentit comme un spasme pendant une seconde. Comme si tout se retrouvait en proie à un tremblement de terre étrange. Puis elle sentait vibrer en elle. Ce n'était pas les battements accélérés de son cœur. Non. Cela passait dans ses veines. Comme la vibration d'une émotion qui submerge. Iris serra encore plus la main de Samuel à lui en broyer.

— C'est promis, je te le jure, affirma-t-elle

— Je ne peux pas tout le dire, car tu n'accepterais jamais que l'on continue ce plan, or, on doit vraiment le faire pour le bien de toute l'association, et si jamais tu devines quoi que ce soit, tu ne dois absolument pas stopper ce plan même si cela ne te plaît pas.

— Si tu ne peux pas me dire qu'est-ce qu'il va se passer au juste, qu'est-ce que tu vas m'expliquer ?

— Pourquoi on le fait. Iris... tu ne peux pas me dire le contraire si je te dis que Mme. Keys commence vraiment à faire n'importe alors qu'elle est à la tête de l'association.

— Oui, ça c'est la vérité.

— Et Amanda ne veut pas qu'elle prenne de mauvaises décisions qui risquent d'impacter dans le mauvais sens tous les agents et leur sécurité. Tu comprends ? En tant que scientifique, elle a émis une hypothèse : qu'elle ait la maladie.

— Je croyais que c'était rare que cela touche les adultes, protesta la surdouée.

— En effet, c'est rare, mais pas impossible. De plus, Amanda l'a donc surveillée méticuleusement et elle a remarqué que ta nourrice contractait certains symptômes de la maladie. C'est pour cela qu'elle agit comme cela, la variante qu'elle a contractée semble être entre les deux versions que l'on connaît : atteinte physique et atteinte mentale. Elle ne sera plus jamais pareille, Iris. Et il va falloir l'empêcher de se montrer aux yeux de tous, cet après-midi, et la laisser en dehors du contrôle de l'association pour le moment.

— Que veux-tu dire par là ? Vous allez faire quoi ?

— Je... Ne t'énerve pas mais...

À son grand soulagement, Samuel n'eut pas le temps de répondre puisque la porte s'ouvrit brusquement, cogna contre le mur et fut projetée dans l'encadrement mais Marianne l'immobilisa avec son pied. L'ancienne militaire semblait assez nerveuse sans trop le laisser paraître, malgré toute la tension qui émanait d'elle, elle affichait un sourire éclatant en s'approchant de ses deux amis qui la fixaient, bouches bées par son arrivée fracassante. Elle repoussa sa mèche rebelle qui se ramena automatiquement devant son œil droit.

— Salut les amoureux ! Contente de vous trouver ensemble tous les deux, parce que franchement, je n'avais pas très envie de devoir faire trente-six mille fois le tour du bâtiment pour vous débusquer un par un.

— Qu'est-ce que tu voulais nous annoncer ? s'enquit Iris en restant assise alors que Samuel se leva, tenant toujours une de ses mains dans la sienne.

— Oh relax les gens ! C'est quoi ses têtes de personnes inquiètes ? Depuis quand vous êtes inquiets pour moi, d'ailleurs ?

— Eh bien, aux dernières nouvelles, tu es notre amie, Marianne. Mais, puisque tu réagis comme cela, j'en déduis que tu ne viens pas nous annoncer une nouvelle super grave et démoralisante ! commenta Samuel en passant son bras le plus proche autour des épaules d'Iris.

— Tu as raison ! Bien au contraire ! J'ai une bonne nouvelle. Enfin, pour moi en tout cas. Je voulais vous annoncer maintenant, car je ne savais pas si j'allais avoir le temps de vous dire au revoir après la petite annonce des conseillers.

— Au revoir pour quoi ?

— Je vais partir en mission, donc je suis désolée les amis mais je ne pourrais plus veiller sur vous avant un long moment.

— Comment ça une mission ?

— Iris… La Siar a un début de remède contre la maladie. Nous ne pouvons pas laisser passer cela. Mme. Keys m'a confiée une mission, et Amanda était d'accord avec elle pour une fois. Donc, si Amanda a posé son accord, c'est que je dois vraiment accomplir cette mission. Amanda ne prend rien à la légère.

— Si tu voulais, en passant, faire un peu de tourisme et découvrir une nouvelle culture, ce n'est pas vraiment le pays idéal, informa Iris.

— À ce point-là ? s'étonna Marianne.

— Écho de Kilian et Fred, je suppose, devina Samuel.

— Ouais, surtout de Kilian à vrai dire. Je l'ai plus au téléphone que Fred. Après, ils n'ont pas totalement détesté leur passage non plus et avec les détails que je sais, je comprends pourquoi. Enfin bref... est-ce que tu sais vraiment en quoi consiste ta mission ?

— Non, je ne la connais pas encore, admit Marianne. Je ne sais pas vers où je vais, ni comment, ni avec qui, ni pour faire quoi. Je sais juste qu'ils enverront quelqu'un quelques jours plus tard avec moi, mais ils ne savent pas encore qui.

— Pourquoi toutes les missions sont si bizarrement prévues et préparées...

— Cela, personne ne le sait vraiment Sam. Bon, venez ! C'est l'heure, il faut que l'on se prépare tous.

— Je dois aller voir Mme. Keys, elle voulait me parler et je suis déjà en retard. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas trop !

Iris embrassa Samuel et serra rapidement Marianne dans ses bras avant de partir de la salle. Elle adressa un pouce vers le haut à son petit-ami pour lui assurer que tout ce qu'il venait de lui dire était bien gardé et ne serait pas divulgué à n'importe qui. La jeune femme accéléra sa cadence pour ne pas se faire trop attendre. Pendant son trajet, elle réalisa que Samuel n'avait pas eu le temps de lui expliquer ce qu'il comptait vraiment faire. Est-ce que ce qui allait se passer allait être plus important que les raisons ou les raisons restaient-elles le plus important ? Elle n'en savait rien, et elle se demandait quand est-ce que cela allait se passer. Si elle se fiait au ton de Samuel, cela ne risquait pas d'être quelque chose de très joyeux. Elle lui avait juré d'en parler à personne, et elle comptait tenir sa promesse. Iris tenta de laisser cette discussion dans un coin de sa tête et pénétra dans le hall où elle espérait retrouver son ancienne nourrice. La vieille dame s'y trouvait, appuyée contre la rambarde de l'escalier. La jeune femme sauta la dernière marche et se plaça face à la vieille dame. Elle devait faire un peu près la même taille qu'elle désormais.

— Pardon, je parlais avec Samuel et je n'ai pas vu le temps passer, prétexta Iris qui espérait ne pas avoir froissé sa vieille voisine.

Andréa lui sourit et lui prit la main comme pouvait le faire une grand-mère. Iris la considérait comme sa grand-mère de substitution, cela faisait des années qu'elle n'avait pas vu ses vraies grand-mères, alors Mme. Keys était tout comme pour la jeune fille. Fut un temps, c'était aussi vrai pour Kilian, mais vis-à-vis de lui, c'était encore un autre cas. Iris n'avait rien dit sur les parents de Kilian à la chef de l'association.

— À l'amour… On espère tous le connaître au moins une fois un jour, et la plupart des gens le connaissent un jour même si cela peut mettre un peu de temps à arriver. Je suis vraiment contente pour toi que tu es rencontrée Samuel !

Iris acquiesça et remarqua que la vieille dame avait l'air plus fatiguée que d'habitude. Était-ce ses hautes fonctions dans l'association qui impactaient sur son temps de sommeil ? Ou alors, Samuel avait raison d'évoquer la maladie ?

— Tu dois sûrement avoir des nouvelles de Kilian ! Comment va-t-il ?

— Bien, le métier de conseiller lui correspond totalement même s'il est très stressé de se retrouver sous les yeux de toute la population d'Opartisk. Il s'en sortira, je le sais. Il est plus fort qu'il ne le paraît. Vous ne m'avez tout de même pas demandé pour parler de Kilian.

— Non, pas vraiment. Je voulais te confier ceci, déclara-t-elle en fouillant dans sa poche.

Elle en sortit deux enveloppes. Une au nom d'Iris, une autre au nom de Kilian. Iris fronça les sourcils et s'empara des deux, sachant très bien que si elle les avait sorties, ce n'était pas vraiment pour rien.

— Pendant l'annonce, je veux te placer près de la scène pour que tu fasses comprendre à Kilian qu'il faut qu'il la récupère un jour. Je ne pense pas qu'il voudrait que je lui la donne en mains propres.

— Pourquoi pas ? se renseigna Iris en rangeant les lettres dans sa poche.

— Tu sais tout autant que moi qu'il garde certaines rancœurs envers moi-même si on ne sait pas spécialement pourquoi.

Iris en avait une certaine idée. Et son hypothèse partait d'un sujet donc Mme. Keys ignorait probablement l'existence, ou alors, elle ne pensait juste tout simplement pas que cela pouvait être cela qui justifiait le comportement de Kilian auprès d'elle.

— Je vous promets que j'essayerais tout pour la lui donner, assura la jeune femme.

Mme. Keys sourit et la serra dans ses bras avant de lui annoncer que c'était l'heure de partir pour la grande annonce. À part, les chefs, Iris, Samuel et Marianne, personne d'autre ne connaissait le sujet de l'annonce des conseillers. Le peuple, qui ne connaissait pas grand-chose de la vie des conseillers, ignorait totalement ce qu'ils pouvaient bien dire. Il y aurait donc, plus d'une annonce. Iris laissa Mme. Keys pour retrouver Samuel et Marianne qui discutaient dans la chambre de Samuel avec Amanda. Cela faisait un moment qu'Iris n'avait pas vu Amanda un peu plus de cinq minutes. La scientifique rayonnait mais prenait une place de plus en plus importante dans l'association, si bien, qu'elle gérait de grosses missions de loin même si elle réclamait d'aller sur le terrain. Néanmoins, la jeune fille avait bien remarqué qu'elle en faisait moins la requête en ce moment. Peut-être y avait-il une raison à cela ? La jeune fille ne se voyait pas vraiment en demander la raison à son amie. Elle ne connaissait pas la vie actuelle d'Amanda, son passé oui, pas son présent. La surdouée ne voulait pas risquer de la froisser. Même si elle adorait Amanda, au fond, la scientifique restait mystérieuse. Iris débarqua donc en plein milieu d'une discussion qui ne semblait pas être très joyeuse puisque son petit-ami semblait assez dépité.

— Iris ! Cela fait un moment que je ne t'ai pas vu, comment vas-tu ? déclara la brune au regard légèrement fatigué.

— Je me sens comme une personne inutile, mais tout va bien.

— Je suis certaine que Mme. Keys va bientôt vous confier une mission. On ne sait plus trop où nous allons, mais notre chère chef a sûrement des idées en tête.

Iris hocha la tête avant de demander à Amanda comment elle allait. La jeune adulte répondit affirmatif et expliqua qu'elle gérait beaucoup de missions infiltrations au sein du gouvernement. Malheureusement, ces missions-là ne débouchaient jamais sur des réussites. Iris finit donc par déclarer que l'association n'avait pas besoin d'infiltrer le gouvernement pour obtenir des informations importantes puisqu'elle était désormais en contact avec Kilian et qu'il n'y avait pas besoin de prendre de risque pour si peu. Néanmoins, Amanda argua qu'ils ne pouvaient pas avoir une totale confiance en Kilian étant donné qu'il était conseiller et qu'il se devait de faire attention aux informations qu'il recevait et transmettait. Iris était frustrée par cet avis, en effet, la jeune fille n'avait peut-être pas tout à fait totalement confiance en Kilian, mais ils avaient réglé leur malentendu, et même si Kilian ne lui disait pas toutes les informations, ce qui semblait normal, elle était certaine que si quelque chose de grave et important arrivait, il le lui dirait directement. Maryline débarqua à son tour pour leur dire que c'était l'heure de partir vers le lieu de rassemblement.

— Est-ce que tu viens avec nous ? demanda Iris à Amanda.

— Oui, mais je ne dois pas être à la même place que vous. Mme. Keys voulait que je surveille plus précisément les partisans des conseillers, alors je ne peux pas vraiment avoir le loisir de choisir avec qui je vais passer cette partie de mon temps.

— De toute manière, je crois que nos places dans la foule ont été prédéfinies, renchérit Marianne en se rongeant les ongles.

— Possible, Mme. Keys m'a dit qu'elle voulait que je sois devant.

— J'espère juste qu'elle ne va pas te faire monter sur scène dans son envie de discours, s'inquiéta Amanda en fronçant les sourcils.

— Si je fais l'équivalence d'une plante, cela devrait aller. Si elle m'incite à parler, cela risque mal se passer après...

Samuel hocha la tête et attrapa sa main avant qu'ils ne sortent à la suite de Maryline. Iris n'avait pas revu Kilian en vrai depuis un moment, et l'imaginer sur la grande scène qui lui faisait face, ainsi que face à une foule aussi dense l'étonnait tout autant. Son ami n'avait jamais vraiment été à l'aise à l'oral. Mais elle lui faisait confiance pour réussir ce défi-là, haut la main. Elle fit le trajet en discutant avec Maryline qui paraissait aller mieux de jour en jour. Iris la connaissait suffisamment pour savoir que ce n'était qu'une apparence.


Lorsqu'ils arrivèrent, il n'y avait personne. L'endroit était en pavé beige, et la scène se trouvait à quelques mètres à peine d'une fontaine. Après être passé par des ruelles sinueuses, ils se retrouvaient dans un grand espace. Ils passèrent au-delà d'un portail et attendirent qu'on les guide à leur place. Il y avait quelques rangées de chaises, mais la plupart étaient des places debout. Amanda partit discuter avec Mme. Keys et la jeune fille les garda du coin de l'œil. Elle repensa à ce que Samuel lui avait dit : quelque chose va se passer. La surdouée ignorait ce qui allait se produire, et c'était peut-être meilleur comme cela, en tout cas, elle en avait le sentiment. Elle ne préféra donc pas reposer de question à Samuel, encore moins dans un endroit aussi vaste et en compagnie d'autres personnes. Elle ne souhaitait en aucun cas le trahir. Un agent qu'ils ne connaissaient pas les conduit vers leur place. Iris se retrouva donc à toucher la scène avec ses bras au côté de Marianne et Samuel qui conversaient. Maryline était au téléphone avec les jumeaux et Kendra, qui ne devaient rejoindre le quartier de la capitale qu'après l'annonce.

Les gens commencèrent à affluer et Iris les regarda se placer d'un regard monotone. Certains semblaient riches, fières avec le dos bien droit et des manières qui ne trompaient pas. Ces personnes-là ignoraient les autres et parlaient entre eux. D'autres personnes, les plus pauvres semblaient mécontentes et énervées. Très en colère même, mais contrairement aux anciens meetings, celui-ci était un minimum filtré. Les opposants ne possédaient ni d'armes, ni d'armes factices et aucune nourriture ou objets à jeter sur les conseillers. Iris savait aussi que le peuple risquait de s'apaiser grâce à cette intervention. Kilian était l'un des leur, une simple personne du peuple tout d'abord. Et non du peuple riche mais du peuple pauvre. Au bout d'un moment elle entendit le portail d'entrée se fermer ce qui la fit sursauter. Elle avait la sensation de se sentir prisonnière de la foule. Samuel posa une main sur son épaule.

— Hey, du calme, pas la peine de sursauter. Cela va bientôt commencer, murmura le beau brun à son oreille en passant un bras autour de ses épaules.

— J'appréhende un peu à vrai dire, confia la rouquine.

— Pour Kilian ou Mme. Keys ?

— Pour les deux je présume... Ce que compte faire Mme. Keys m'inquiète un peu car ce n'est pas une bonne idée.

— J'espère juste qu'elle ne t'entraînera pas dans le devant de la scène, souffla Samuel.

— Pour tout te dire, j'espère aussi. Je n'ai pas très envie de monter sur cette scène devant une foule. Il faut du courage lorsque l'on n'a pas l'habitude.

— Ouais, je peux te dire que Kilian a vraiment du courage. Et s'il arrive à être crédible, il l'est encore plus.

— Oui, déjà que de bases il a du courage.

— On verra bien s'il s'en sort !

La scène fut éclairée un bref instant par les projecteurs alors que le jour illuminait déjà la place. Iris scruta la foule et croisa le regard de sa vieille voisine qui lui fit un clin d'œil. Cela ne la rassurait guère. Quelqu'un murmura quelques chiffres au micro pour vérifier s'il fonctionnait et les conseillers déjà connus de tous firent leur apparition sous un mélange de hués et d'acclamations. Iris reconnut le conseiller Christian et en déduit donc que l'autre homme était le conseiller Baptiste. Elle avait déjà vu la vieille conseillère Sophia et elle savait que la plus jeune se nommait Camille. Les cours de politique que Samuel lui avait fournis lorsqu'ils se situaient dans les bâtiments, étaient en réalité, une très bonne idée ! S'il n'avait pas eu l'idée de l'intéresser à la politique, elle n'aurait même pas remarqué qu'il y était censé y avoir deux conseillers de plus. Kilian prenait la place d'un, et l'autre n'avait pas encore été trouvé. La surprise du reste de la foule se voyait beaucoup. Tout le monde savait que la bande des conseillers n'étaient pas au complet.

La conseillère Camille était sûrement préposée à déclarer ses annonces puisqu'elle s'empara du micro que lui tendait Christian et qu'elle s'avança pour se démarquer de ses collègues. La jeune conseillère semblait calmer la foule, ne serait-ce que par sa beauté. Néanmoins, Iris pressentait une intelligence et un esprit vif que Kilian lui avait confirmés. La conseillère paraissait à peine fatiguée, pourtant Iris savait que c'était trompeur puisque c'était un poste très important.

— Votre attention s'il vous plaît ! clama-t-elle. Nous sommes ici, pour faire trois grandes annonces importantes pour notre pays. C'est aussi pourquoi la télévision filme notre intervention.

Iris décrocha son regard de la conseillère pour fouiller la foule du regard. Kilian se trouvait sûrement en coulisse et elle repéra Fred juste à côté de la scène en face. Elle ne devait pas se faire repérer mais lui adressa un sourire auquel il lui répondit aussi par un autre. Elle ne connaissait pas assez Fred pour essayer d'échanger des informations avec lui par le biais des expressions faciales, néanmoins, son pouce vers les coulisses lui fit comprendre qu'elle avait raison de penser que Kilian se trouvait en coulisse. Son ancien meilleur ami stressait sûrement, ce qui était tout à fait normal, mais elle espérait que la peur ne prenne pas le dessus sur lui. Quelques murmures parcouraient la foule et la conseillère Camille attendit patiemment qu'elle se calme pour pouvoir continue à parler :

— Vous avez dû remarquer, que nous ne sommes pas au complet. En effet, il manque maintenant, deux conseillers. En effet, le conseiller Bertrand, après des années à tenir le poste de conseiller a dû renoncer à son poste par problème de santé.

Iris savait que la jeune conseillère ne disait pas tout. De toute manière, cela n'aurait pas été très judicieux d'expliquer qu'un conseiller à la tête du pays depuis des dizaines d'années était en réalité atteint de troubles psychiatriques et avait essayé de tuer un adolescent. Cela n'était pas une information propice à apaiser la population.

— De plus, la conseillère Victoria est, elle aussi contrainte de se retirer de la vie politique pour problèmes familiaux et de santé qui restent malheureusement incompatibles au poste de conseiller qu'elle tenait.

La foule fit un bruit monstrueux et la migraine apparut très vite dans la tête de certain. Iris se demandait quand est-ce que sa voisine allait intervenir comme cela, et surprendre tout le monde. À en observer Mme. Keys, ce n'était pas encore le moment de se lancer. Alors quand allait être ce moment ? Seule la vieille dame le savait.

— Avec le temps, nous prenons de plus en plus soin à choisir des personnes aptes pour le poste de conseillers. Nous avions fait quelques sélections, mais nous avons trouvé qu'un seul candidat idéal pour ce poste pour le moment. Ce n'est encore qu'un adolescent mais il est pratiquement majeur et très perspicace, malin et intelligent, et je ne doute pas qu'il servira humblement et efficacement notre pays. Par ailleurs, je tiens à préciser que nous essayons de faire venir des conseillers des deux parties de notre pays, que la personne soit riche ou pauvre, car tout point de vue est bénéfice au développement.

Les plus pauvres restèrent bouche-bée. Un souhait émit depuis longtemps se réalisait sous leurs yeux, mais, cela semblait si inimaginable pour eux, qu'ils restaient médusés tellement qu'ils avaient du mal à le croire. Les plus riches, eux, étaient outrés et protestèrent violemment en hurlant. Iris jubilait, Fred aussi. La politique commençait doucement à changer et à s'ouvrir au plus pauvre, et cela, c'était grâce à Kilian.

— Je tiens à dire, que je suis moi-même originaire d'une famille pauvre, déclara Camille ce qui cloua le bec à chaque personne du rassemblement. J'ai été adoptée par une famille de riches influente qui était très généreuse et en quête d'un enfant, mais je suis née dans un orphelinat, et j'ai passé mes premières années dans un orphelinat de la partie sud. Je ne connais pas mes géniteurs, mais ils habitaient dans la partie sud, ce qui revient tout de même à dire, que je suis une représentante des moins aisés d'entre nous.

Les riches grognèrent pour exprimer leur mécontentement alors que les pauvres sifflèrent ou applaudirent. Les caméras zoomaient pour avoir le visage indéchiffrable de la jeune femme en gros plan. Cet extrait du discours tournerait sûrement un moment dans les médias. Cela pourrait même servir de propagande pour l'association, même si le fait que si la politique se diversifiait en origine, cela permettait de calmer le jeu, et l'association en même temps. Mme. Keys avait l'air tous aussi surprise que le reste des personnes, mais paraissait aussi satisfaite par cette grande annonce.

— Je ne suis pas ici pour dire qu'il est préférable d'être de tel endroit, de telle origine ou je ne sais quoi d'autre. Je suis présente pour dire qu'il faut être indulgent et laisser d'autres personnes que des riches aux pouvoirs sans oublier l'égalité, et d'avoir plusieurs classes sociales, et non une seule. Tout cela, pour vous dire, que le jeune homme que l'on vous annonce conseiller, pour de vrai, pour de bon, c'est un choix arrêté, est un jeune homme qui provient de la partie sud.

La jolie conseillère dû s'arrêter un moment à cause de la joie qui explosa dans les spectateurs qui venaient de la partie pauvre. Iris pouvait largement deviner l'état psychologique de ce qui regardait la télévision. La surdouée se demandait d'ailleurs, comme les parents de Kilian allaient réagir. Ce dernier avait réussi à les rayer de sa vie, mais cela ne changeait pas le fait qu'ils le verraient régulièrement à la télévision s'il était un conseiller très apprécié du peuple. Iris ne doutait pas qu'il le serait.

— Il porte le nom de l'ancienne conseillère Victoria car ayant quelques problèmes de familles, elle lui a proposé de porter son nom et il a accepté. Je vous présente donc, le nouveau conseiller, âgé de 17 ans, il se nomme : Kilian Flow.

Elle ne se souvenait pas de l'avoir déjà vu habillé comme cela. Il était bien coiffé avec du gel et portait un jean sombre avec une veste de costard dans les mêmes teintes au-dessus d'un t-shirt blanc cassé. Kilian ne trahissait pas vraiment son stress. Il fallait vraiment le connaître aussi bien qu'Iris et Fred pour savoir que quelques mouvements et quelques tics prouvaient qu'il était stressé. Le jeune homme n'avait jamais aimé être au centre de l'attention, néanmoins, il voulait tout de même se servir de la parole pour transmettre ses idées au peuple. Il fut accueilli chaleureusement par les autres conseillers et par la partie pauvre des spectateurs. Les plus riches n'apparaissaient pas comme hostiles, mais pas non plus comme spécialement ravie. Kilian s'appuyait sur le soutien de Camille qui s'était placée à côté de lui, toute souriante. Iris se demandait bien s'il était prévu qu'il parle, peut-être devait-il déjà démontrer ses talents d'orateur auprès de ses collègues, elle n'en savait trop rien. Elle jeta un regard à Fred qui restait attentif, un sourire plaqué sur la bouche et le regard étincelant. Kilian lui jetait quelques regards ainsi qu'à Iris. Camille commençait à parler un peu et Iris comprit qu'à un moment Kilian devrait parler. Sauf qu'elle observait aussi Mme. Keys et elle s'activait. Iris commençait à perdre ses moyens. Cela ne pouvait pas arriver ici, pas à ce moment-là : pas quand Kilian allait devoir parler. Ce dernier fut interpellé par son visage et reporta son attention sur Mme. Keys et blêmit. Il comprit immédiatement ce qu'il risquait de se passer.

— Et est-ce qu'un jour, vous laisserez le peuple s'exprimer, ne serait-ce que par commencer par un vote ?

La vieille dame tenait déjà un micro à la main et se fit aider pour monter sur la scène. Les conseillers restèrent statiques. Ils n'avaient sûrement jamais dû faire face à une intervention pareille d'une opposante, encore moins, d'une opposante qui se retrouvait à être une vieille dame. Quoi qu'il arrive, cela serait mal vu si cela venait des conseillers. Kilian était sans aucun doute mitigé entre l'angoisse et la surprise et les autres conseillers ne bougèrent pas d'un pouce. Pour une première apparition, ce n'était pas vraiment l'idéal, et Iris déplorait que Mme. Keys apparaisse alors que Kilian venait d'être introduit.

— Vous ne répondez même pas ! Votre manque de justification trahie votre incapacité à vous occuper comme il se doit du peuple Opartiskain. Votre application dans la guerre traduit aussi votre manque de lucidité et de maturité.

— Je ne vous permets pas ! déclara le conseiller Baptiste d'une voix colérique.

Camille exerça une pression sur le bras de son collègue pour qu'il ne dépasse pas les limites en public, encore moins à la télévision. Les caméras filmaient sûrement Mme. Keys et son discours et son apparition subite deviendrait virale. Cela déplaisait sûrement à plus d'un membre de l'association. Néanmoins, elle semblait convaincre le public pauvre alors que les riches restèrent outrés par ses propos.

— Vous ne savez même pas le quart des informations que nous avons pour prendre nos décisions. Nous avons parfaitement conscience du poids de nos choix, et je vous interdis de penser le contraire ! contesta Christian un peu plus apaisé que son collègue.

— Je suis la cheffe de l'association, une organisation créée pour essayer de trouver tout ce que vous nous cachez injustement ! Iris !

Manifestement, elle devait s'avancer, monter sur la scène au côté de son ancienne nourrice. Et elle trouvait, que c'était une très belle grosse erreur ! Samuel lui broya la main comme s'il pouvait la retenir mais elle n'avait pas vraiment le choix de refuser. Kilian la fixa interloqué et ils échangèrent un regard alors que Mme. Keys la tirait sur la scène. Il comprit qu'elle n'était pas du tout au courant de cette partie du plan. La jeune fille aux cheveux auburn resta immobile et n'espérait pas à avoir parlé. Quelque chose lui disait, que tout allait mal tourner. Mme. Keys saisit Iris par ses épaules et la jeune fille vit la ligne de soldats armés derrière les autres conseillers dégainer leur arme. La conseillère Sophia les fit baisser leur arme et Iris en fut soulagée même si, de la façon dont Mme. Keys la tenait, elle avait l'impression d'être prise en otage. Et elle ne semblait pas la seule à le penser, les autres conseillers tentaient de manœuvrer doucement. Seul Kilian savait que la jeune fille n'était pas en danger. La jeune fille balaya des yeux les personnes à qui elle faisait face, elle finit par croiser un regard qu'elle ne pouvait pas oublier : celui de M. Past. L'horrible surveillant qui lui avait causé bien des soucis dans les bâtiments et qui la détestait paraissait totalement rétablie de sa blessure causée par un membre du clan nomade dans lequel Kendra avait été recueilli. Son regard était différent à d'habitude, Iris n'y lisait plus de la haine, mais plus de l'indifférence même s'il gardait toujours une rancœur envers elle. Elle se décida à fixer Kilian pendant l'instant où elle se trouvait face à lui. Il l'observait, désolé de la situation dans laquelle elle se trouvait embarquée.

— Lâchez cette jeune fille, commenta la conseillère Camille d'une voix timide.

Mme. Keys fit tourner Iris pour la montrer au public et la jeune fille se maudit d'être une coqueluche pour une cause. Elle n'était pas née ou ici pour cela. Les regards braqués sur elle, Iris trouva le regard de Samuel qui affichait une mine inquiète. La position dans laquelle elle se trouvait ne le rassurait pas du tout, et encore moins à la concernée. Elle avait l'impression de symboliser... elle ne savait pas vraiment quoi. Si le peuple restait obnubilé par Mme. Keys, les personnes ne furent pas moins surprises en regardant Iris. C'était une adolescente, et Kilian aussi. Les deux ne devraient pas se trouver ici. Iris se demandait comment Mme. Keys faisait pour avoir une once de crédibilité. Elle avait plus de chances de passer pour une vieille folle que d'être sérieuse, mais Iris se rappela qu'elle avait un atout : l'existence de l'association commençait vraiment à se faire connaître.

— Vous vous demandez bien pourquoi ils ont envoyé vos enfants dans le désert, n'est-ce pas ? Ou alors pourquoi cette jeune fille ou ce jeune homme se trouvent ici contrairement à vos enfants ! Vous ne savez pas certaines informations. Mais j'imagine, que vous aimeriez bien savoir ce qui se passe pour vos enfants, ou alors pourquoi nous entrons en guerre subitement !

Le peuple l'acclama en scandant des "oui" et Iris en profita un peu pour se libérer de son emprise. Mme. Keys se retourna une nouvelle fois vers les conseillers, Iris totalement paniquée fit quelques pas sur le côté et fixa Kilian. Le jeune homme avait repris des couleurs mais avait à présent les poings fermés. Iris espérait qu'il ne laissait pas ses rancœurs envers Mme. Keys le submerger. Il ne devait absolument pas.

— Vous ne connaissez même pas un quart des informations à notre disposition. Et pour votre gouverne, certaines informations ont une raison de rester confidentielle et les faire éclater ne réglera pas les problèmes, pire, cela les empirera. Vous ne nous faites pas confiance ? Ce n'est pas cela le problème, nous voulons juste aider le peuple, mais cela ne se passe pas si facilement dans la réalité. Si vous étiez à notre place vous ne réussiriez même pas à maintenir bien les impôts donc je n'imagine pas les autres problèmes !

— Ils t'ont bien retourné le cerveau à ce que je vois. Kilian, tu es plus intelligent que cela. Crois-tu vraiment qu'ils te disent absolument tout ? Tu es nouveau et il te cache sûrement des choses. Veux-tu toujours être la dernière roue du carrosse ?

Iris aurait bien voulu faire taire Mme. Keys, mais elle n'était pas en mesure de le faire. Est-ce que ses faits et gestes auraient une répercussion sur l'assemblée tout comme ceux de sa vieille nourrice ou de Kilian ? Sûrement pas, et elle préférait rester aux oubliettes et ne pas attirer les regards vers elle.

— Je l'aurais été si je vous avais suivis et crus. Je ne l'ai pas fait, je me fais une place dans le gouvernement et ce que je fais est utile et sensé contrairement à vous. Peut-être qu'ils ne me disent pas tout, mais c'est aussi à moi de gagner la confiance de tout le monde pour en être digne. Et, je crois bien que vous ne connaissez pas ce dernier point.

— Après tout ce que tu as vécu et traversé, veux-tu vraiment te ranger du côté des hypocrites ?

— Vous ne savez pas ce que j'ai pu surmonter dans ma vie pour en arriver là, déclara froidement Kilian en s'approchant à quelques mètres de Mme. Keys, Iris s'approcha aussi pour veiller à ce que son vieil ami ne fasse pas de faux pas. Je ne rejoins pas le côté des hypocrites, mais celui de l'action, l'action qui a un vrai impact et vous ne savez rien de ce que nous faisons. Vous vous trompez en n'alliant pas l'association à l'État ou en ne faisant pas part de vos idées à quelqu’un qui pourrait nous les rapporter.

— C'est plus facile de dire cela alors que vous n'êtes pas proche du peuple.

— Je viens du peuple, rappela Kilian. De la partie la plus pauvre, plus exactement. Je comprends leur situation mieux que quiconque.

— Pourtant vous...

Une détonation arriva en même temps que la vision même si la vitesse de la lumière et celle du son ne sont pas les mêmes. Du sang et des morceaux de choses que personne n'aimerait savoir furent projetés un peu partout mais surtout sur Kilian et Iris qui avaient les visages remplis de sang et ils restèrent immobiles, en état de choc. Mme. Keys avait été abattue d'une balle dans la tête, morte sur le coup. La foule s'agitait et regardait dans tous les sens : personne ne savait d'où était sortie la balle. Dans quelques heures, ils le sauraient grâce aux images filmées pour la télévision, mais pour l'heure, la panique était à son paroxysme. L'agitation et la peur écrasaient le calme et Kilian faillit faire un pas vers Iris avant de réaliser que cela serait contraire à sa position. Fred monta rapidement sur la scène sans soucier de se faire filmer et entraîna Kilian dans les coulisses alors que Samuel fit descendre Iris et fondit la foule en se frayant un chemin pour sortir d'ici le plus vite possible. Maintenant que Mme. Keys avait fais son discours, beaucoup de personnes seraient sûrement prêtes à lui parler.

Iris n'avait même pas fait attention au trajet que Samuel leur avait fait prendre pour sortir de la place alors que le grand portail était encore fermé. La surdouée était encore trop abasourdie, elle n'avait même pas encore essuyé son visage maculé de sang et elle se sentait vide. Le corps de Mme. Keys projetant du sang et tomba sans vie devant elle se répétait tout le temps dans sa tête alors qu'elle sentait désagréablement les battements de son cœur cogner très fort. Elle ne fit pas attention aux rues empruntées mais inspira une grande goulée d'air alors que Samuel pressa un peu ses bras en la collant doucement contre le mur.

— Cela va aller ? souffla-t-il en la regardant dans les yeux.

— Je ne sais pas... je ne crois pas, je...

Samuel la prise dans ses bras et essaya de la réconforter.

— Je vais retrouver Marianne, et on va tenter de retrouver Amanda. Tu restes là, OK ?

— Comment tu vas faire pour me retrouver ?

— Ne t'inquiète, je te retrouverais toujours.

Sur cette phrase, Samuel embrassa Iris sur le front malgré le sang puis sans alla et Iris se retrouva seule. Les secondes lui semblaient des minutes et elle se rendit soudainement compte qu'elle avait très froid et que le vent qui soufflait était en réalité tout aussi frais. La jeune fille sentit de l'eau se mêler au sang sur ses joues et elle commença à suffoquer tout en sortant des bruits entre la suffocation et le sanglot. Elle tenta de se calmer sans gros succès et enchaîna entre sanglot et pleur. Elle avait du mal à respirer et avait l'impression de mourir comme si elle n'arrivait plus à respirer et que l'air ne rentrerait plus à ses poumons jusqu'à l’asphyxie. Une main se posa sur son épaule et elle se retourna le visage strié de larmes face à Kilian, tout aussi paniqué qu'elle.

— Kilian... Que... Qu'est... je...

— Chut, chut, calme-toi. Tu ne vas pas mourir, tu es juste en train de faire une crise de panique. Inspire, expire, doucement, murmura-t-il en passant sa main dans les cheveux de son amie.

Après plusieurs minutes, la jeune fille finit par se calmer et sécha ses larmes qui emportaient quelques partis du sang séché même si le reste des traces restaient sur son visage. Kilian n'avait pas pris le temps de nettoyer son visage, il tenait les mains de son amie qui se laissa tomber contre le mur et la suivit par terre.

— Tu vas avoir des ennuis si tu continues de rester avec moi, marmonna Iris en fermant les yeux. Comment ça va ?

— Je n'allais pas te laisser sans savoir si tu allais bien, protesta-t-il. Disons que, la vision reste toujours dans ma tête et je ne pourrais pas l'oublier, mais pour l'instant, l'adrénaline m'aide à rester lucide et à ne pas être en état de choc.

— Elle est vraiment morte, constata Iris la voix vacillante.

— Ouais, et pas de la meilleure des manières en plus, chuchota Kilian. Je crois bien que personne ne mérite de mourir aussi subitement. Elle ne devait même pas s'y attendre, c'est triste.

Iris eut un pincement au cœur. Kilian avait raison, mais quelque chose la chiffonnait sans vraiment qu'elle sache vraiment quoi en réalité. Néanmoins, une sensation lui restait en mémoire : en quelque sorte, la jeune surdouée avec l'impression que Mme. Keys savait que cela allait bientôt se finir pour elle. Comment la vieille dame avait-elle pu le savoir ? Personne ne le saurait, mais Iris voulait découvrir qui était son meurtrier. Elle repensa aux lettres.

— En faites, je crois qu'elle savait qu'elle allait bientôt mourir, révéla Iris en scrutant le visage de Kilian pour détecter une expression quelconque.

— Comment ? Pourquoi ? Fin... Qu'est-ce qui te fait dire cela ?

Iris ouvrit la poche de son manteau et sortit les deux lettres. Elle rangea celle qui lui était destinée et tandis l'autre à Kilian, qui la prit en fronçant les sourcils, intrigué. Il retourna la lettre et traça son prénom qui était écrit avec son index droit, il reconnaissait sans se tromper l'écriture. Il serra la mâchoire avant de la tendre à Iris.

— Ce n'est pas parce que j'ai de la peine pour ce qui vient d'arriver à Mme. Keys que je l'apprécie, répliqua-t-il d'une voix qui laissait transparaître un peu de rancœur envers elle.

Iris soupira et se décolla du mur pour rembarrer la main de Kilian en lui faisant garder la lettre.

— Je ne sais pas vraiment pourquoi tu lui en veux, j'ai mon idée et je respecte. Sauf que tu es le destinataire de cette lettre. Elle te revient donc que tu le veuilles ou non. Tu pourras en faire ce que tu en veux, tu n'es pas obligé de la lire et la garder. Tu peux très bien la brûler ou je ne sais quoi d'autre, cela ne me regarde pas, mais je ne la reprendrais pas.

Il la regarda un moment avant de rouler des yeux et de plier l'enveloppe pour la ranger dans la poche interne de sa veste qu'il avait enfilée avant de la rejoindre. Le mélange veste d'adolescent et costard était très étrange.

— Les autres conseillers ont sûrement remarqué que tu n'étais plus là, souligna Iris inquiète pour son ancien meilleur ami.

— J'imagine que oui, Fred m'a dit qu'il gérait, j'espère juste que les conséquences ne retomberont pas sur lui.

— Je ne pense pas qu'il risque grand-chose contrairement à toi, objecta la surdouée en se relevant difficilement contre le mur.

La jeune fille cligna des yeux et respira à fond. Elle sentait que ce qui venait de se passer allait se répéter indéfiniment dans ses rêves. Elle se demandait si cela allait faire le même effet chez Kilian. Le jeune homme semblait moins impacté, mais elle savait qu'il était sensible. Lorsqu'il fut levé, il l'a prise dans ses bras.

— On va trouver une solution à tout, je te le promets, souffla-t-il.

— J'espère, des fois, j'ai l'impression que tout s'empire entre les guerres et la maladie, confia Iris.

— Aucun surdoué n'a encore été malade, tu es tranquille pour le moment.

— N'as-tu pas peur d'approcher Cassandra alors que tu sais que tu pourrais être malade à ton tour ?

— Au début oui, commença Kilian. Mais c'est mon amie et elle a besoin de mon soutien. Puis, Liam la côtoie et a côtoyé Charles alors qu'il était malade, tu as bien côtoyé Peter alors qu'il l'était aussi. Puis, si un jour je dois tomber malade et que je meure, c'est que cela devait arriver ainsi un jour ou l'autre.

— Oh, salut Kilian ! Content de te voir, cela allait sur la scène ? se renseigna Samuel qui revenait avec Marianne ne laissant pas le loisir à Iris de répondre même si elle ne savait pas vraiment quoi.

— Disons que j'ai connu mieux, répondit Kilian en le saluant d'une accolade.

Samuel et Marianne semblaient assez tendus, et c'était très compréhensible en vue de la situation actuelle. Le couple fit les présentations entre Marianne et Kilian et Iris fut étonné d'observer que l'ancienne militaire n'était pas sèche avec le jeune conseiller.

— On a réussi à récupérer le corps de Mme. Keys avant que les soldats des conseillers le prennent, annonça Marianne.

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