Le jeune homme arracha - plus qu’il n’accepta - la tasse des mains du bénévole. A travers ses vieux gants de laine, la porcelaine réchauffait ses doigts gelés. Il porta la boisson à hauteur du visage. Un parfum fort, envoûtant, le fit saliver.

Il amena le breuvage à ses lèvres, avala une gorgée et s’étrangla. Il toussa et pesta contre sa gorge brûlée. L’homme passa plusieurs fois sa langue râpeuse contre son palais et avala sa salive à plusieurs reprises.

Puis, il souffla sur la boisson. Une vague de chaleur submergea son visage creusé. Il y trempa à nouveau la langue, prudemment, et but une seconde fois.

Le liquide avait atteint une température agréable. Une bouffée d’arôme un peu amer, formé de notes exotiques, passa de l’intérieur de sa bouche jusqu’à l’arrière de son nez, lui procurant une sensation de plaisir qu’il n’avait pas ressentie depuis longtemps. Puis il sentit la douce vapeur descendre de sa bouche et envelopper son corps ankylosé. Un après-goût plus suave, moins agressif, lui chatouillait la bouche.

Il se surprit à être un peu déçu. Le breuvage n’avait pas le goût de son odeur enivrante. Mais il but le reste de la tasse goulûment. Au vu de sa situation actuelle, il ne pouvait pas se permettre d’être difficile.