Chapitre 5

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En revenant dans la chambre d’Océane, l’occupante n’était pas encore présente. Je m’installais au bureau, musique dans les oreilles en attendant son retour pour travailler. L’année scolaire allait bientôt commencer et je devais vérifier que les programmes scolaires étaient correctement préparés. Mais quand l’une de mes chansons préférées se mis en route, j’abandonnais mon stylo pour me mettre à danser et à chanter. Je fus interrompu par un rire. Je me retournais et enlevais mes écouteurs en voyant Océane, assise dans un fauteuil roulant.


— Qu’est-ce qui t’ambiance comme ça ?

— Approche, je vais te faire écouter.

— Tu m’aides à m’asseoir sur le lit d’abord ?

— Bien sûr.


Elle approcha le fauteuil du lit et à l’aide de la force de ses bras et de moi, elle se hissa pour s’asseoir sur le lit. Je m’assis à côté d’elle. Je retirai les écouteurs du téléphone et relança la musique au début. Tout en restant assise, je bougeais les épaules, dansant n’importe comment. Elle éclata de rire et je fis de même. Son rire était contagieux.


— Ça se voit que tu ne sais pas danser et tu ne sais pas chanter non plus, répliqua-t-elle en me tirant la langue.

— Je sais et alors ? Tu n’aimes pas ma danse des épaules ?

— Tu es bête, rigola-t-elle. Mais c’est pour ça que je t’aime.

— Ah oui, tu es comme ça toi ? Bah vas-y, choisit la prochaine musique.

— Puisque c’est comme ça, je suis joueuse.


Sans même m’en rendre compte, je venais de trouver le moyen de connaitre ses goûts musicaux. Elle pianota sur mon téléphone pendant une minute avant de lancer la musique. Elle se mit à danser, comme moi. Je voyais clairement qu’elle se moquait de moi et j’aimais ça.


— Toi non plus tu ne sais pas danser, critiquais-je.

— Saleté.


Elle me poussa du lit et je tombais par terre. Heureusement qu’il n’était pas haut. Par contre, elle, elle en profita pour rigoler à plein poumon jusqu’à s’en faire mal aux abdos.


— Océ !

— Bah quoi ? Me dit pas que tu as eu mal ou je te traite de fragile.

— Continue de dire des bêtises et j’annule la surprise que je voulais te faire.

— Quelle surprise ?

— Si je te le dis, ce n’est plus une surprise, idiote.

— Fragile.

— Tu veux vraiment jouer à ça ?

— Jouer à quoi ?


Elle attrapa ma main et me tira à elle. Je me rattrapais au lit juste à temps et passais une jambe au-dessus d’elle pour ne pas l’écraser.


— Pour toi, ce serait quoi le rendez-vous idéal ?

— Quel genre de rendez-vous ? tenta-t-elle, un sourire en coin.

— À ton avis, idiote, répliquais-je en la frappant.

— Je ne sais pas, peut-être un pique-nique au bord d’un lac sous un magnifique ciel bleu et un grand soleil. Ou alors, une sortie à la fête foraine.

— La fête foraine ? Qu’est-ce que c’est que ce truc encore ? rigolais-je.

— Si j’ai bien regardé la date, ça commence demain à Glenharm. Il y a des attractions, qui font peur parfois et pleines de bonnes choses à manger.

— Gourmande. Quel genre de manèges ? Je dois t’avouer que je n’en ai jamais vu même si je sais ce que c’est.

— Vraiment ? Tu sais ce que c’est ?


Je m’allongeai à côté d’elle, un bras sous ma tête et de l’autre main, je caressais délicatement le dos de la main d’Océane.


— Dans les livres que ma mère m’autorisait, repris-je, des manèges été évoquer. Train fantôme, grand huit, tu vois le style. J’ai essayé une fois de découvrir ce que c’était grâce à l’ordinateur de la bibliothèque mais ma connexion s’est coupée dès que j’ai validé ma recherche.

— Tu peux m’attraper mon téléphone sur la table de nuit de ton côté ?

Je tendis le bras droit pour attraper son téléphone. En voyant sa photo de fond d’écran, j’en restais bouche bée. Elle était habillée d’une magnifique robe bleue à bretelle, longue jusqu’aux chevilles. Une écharpe partait de son épaule droite à sa taille gauche où il était inscrit en gros ‘‘miss Glenharm’’. Elle portait aussi une couronne en argent avec des reflets bleus.

— Allo la terre ici la lune, rigola la propriétaire du téléphone.

— Excuse-moi.

— Tu as fini de me mater ?

— Mais tais-toi. C’est pas vrai !


Je venais de faire le lien entre la photo et une phrase que m’avait dit Emma peu de temps avant la mort de ma mère.


— Qu’est-ce qu’il y a ?

— C’est toi la miss de Glenharm ? Un jour Emma m’a dit que j’étais plus belle que la miss beauté de sa ville, donc de Glenharm. Mais elle avait tort. C’est toi la plus belle, je n’ai aucun doute là-dessus, expliquais-je des étoiles plein les yeux.

— Oui c’est moi. Enfin celle d’il y a deux ans. Tous les ans, une nouvelle miss est élue. Mais toi aussi tu es belle Elena, n’en doutes pas.

— À tes yeux oui mais…

— Non, pas de mais, je ne veux rien savoir. Ne te dénigre pas. Si je t’aime, c’est qu’il y a une raison, tu ne crois pas ?

— Moi aussi je t’aime et promis, je vais arrêter de me dénigrer. Mais c’est bien parce que c’est toi qui me le demandes.


Elle m’embrassa avant de cliquer sur l’icône galerie de son téléphone en souriant. Elle fit défiler un grand nombre de photos avant d’en sélectionner une et de me tendre son téléphone. Je le prix et observa attentivement. Une petite fille était assise sur un manège les bras levés avec un grand sourire. À côté d’elle, une femme qui ressemblait beaucoup à Océane regardait la petite fille avec amour.


— C’est toi ?

— La petite ou l’adulte ?

— Si je ne t’avais pas en face de moi, j’aurais dit l’adulte. C’est toi et ta mère, c’est ça ?

— Bien vu. J’avais six ans et on est sur l’un des manèges qu’il pourrait y avoir à la fête foraine.

— Ta mère à l’air de beaucoup t’aimer sur cette photo.

— C’est le cas. Nous étions très proches avant qu’elle soit emmenée par l’armée. J’étais plus proche d’elle que de mon père.

— Je vais me renseigner pour la fête foraine.

— Merci.


J’observais un instant la photo, détaillant au maximum le visage de la femme qui avait mis au monde celle que j’aimais. Océane avait le même blond qu’elle, le même nez et le même sourire. Je ne connaissais pas si bien le beau visage de ma bien aimée, j’aurais pu les confondre. Je lui rendis son téléphone et me tournais vers elle. Une main sur ma tête, l’autre caressant délicatement son ventre plat du bout des doigts.


— J’aurais aimé connaitre ta mère. Ça devait être une femme incroyable pour que tu sois celle que tu es aujourd’hui.

— Et je suis sûr qu’elle t’aurait apprécié.

— Tu as des photos d’elle et de toi plus âgées ?

— Je dois avoir ça oui. Si tu veux, je te fais un regroupement de plein de photo pour te parler de moi et de ma famille. En attendant, tu prépares notre sortie, si le Dr Langstone accepte.

— Avec plaisir.


Elle posa son téléphone sur la table de nuit qui était proche d’elle et se tourna vers moi pour m’embrasser. Pour qu’Océane soit la femme merveilleuse qu’elle était, celle de qui j’étais tombée amoureuse si vite, sa mère devait l’être tout autant. Le type de mère que j’aurais aimé avoir à la place de celle qui m’avait enfermée, rabaissée et humiliée pendant vingt ans.

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