Chapitre 1

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Musique dans les oreilles, j’étais assise derrière un bureau installé dans l’infirmerie. Je travaillais actuellement sur la réorganisation du système judiciaire. Avec l’aide de la Reine Stephania et des autres dirigeants, j’avais accès aux documents de leur système judiciaire respectif pour mettre en place le mien. Dans cette pièce où je me trouvais en permanence, un deuxième lit médical avait été installé. Quand le Dr Langstone posa sa main sur mon épaule, je sursautais et enlevais mes écouteurs.

— Excusez-moi, Majesté, je ne voulais pas vous faire peur, commença-t-il.

— Ce n’est rien. Je n’aurais pas dû mettre ma musique trop forte.

— Est-ce que vous avez dormi cette nuit ?

— À peine une heure.

— On va dire que c’est mieux que rien. Essayez au moins de vous reposer quelques heures cet après-midi.

— Quand est-ce qu’elle va se réveiller ?

— Vous savez très bien que je ne peux pas vous donner de date exacte.

— Alors vous savez que je ne dormirais pas tant qu’elle ne sera pas réveillée. Maintenant, laissez-moi, j’ai du travail.

Je remis mes écouteurs en place et me reconcentrais sur mon travail. Six mois qu’Océane était dans le coma et ça faisaient seulement deux mois qu’elle respirait seule. En six mois, j’avais presque réussi à supprimer les inégalités. Des hôpitaux et des écoles avaient été construits sur l’ensemble du territoire et certains bâtiments étaient toujours en construction. Aujourd’hui, tout le monde avait accès à l’éducation et à la santé. Il ne restait plus que la justice. Une demi-heure plus tard, c’est Emma qui me fit sursauter en posant un verre juste devant moi.

— Si tu mettais ta musique moins forte, tu m’aurais entendu et…

— Je pourrais dormir. Je sais, tu me le répètes tous les jours.

— Pourquoi tu ne m’écoutes pas alors ?

— J’ai du travail Emma.

— Pas à deux heures du matin. Si tu continues comme ça le Dr Langstone va devoir te mettre des somnifères dans tout tes dîners.

— Et bien qu’il le fasse, ça met égale.

— Elena, soupira-t-elle. Tu ne peux pas te permettre de ne pas faire attention à ta santé. L’empire a besoin de toi et Océane aura aussi besoin de toi quand elle se réveillera.

— Et quand ? Quand est-ce ce qu’elle se réveilla ? m’énervais-je, à fleur de peau. Ça fait déjà six mois que j’attends ! Six mois qu’elle est allongée dans se lit et que je ne peux rien faire !

Me sentir complètement inutile était le pire sentiment. Et en ce moment, avec Océane, c’était exactement ce que je ressentais. Je n’étais pas médecin, ni magicienne. Je ne pouvais rien faire à part attendre.

— Si, tu peux faire attention à toi, ne pas sauter de repas et dormir convenablement. C’est quand la dernière fois que tu as mangé un vrai repas ?

— J’ai mangé ce matin.

— Je ne te parle pas d’un sandwich fait à la va-vite, mais d’un vrai repas. Assis à une table et où tu prends le temps.

— Il y a une semaine.

— Dans ce cas boit ce que je t’ai apporté.

— Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?

— Ne pose pas de questions et bois.

— Bon très bien.

Même si je me doutais que ce n’était pas que de l’eau, je le bus quand même pour faire plaisir à Emma. Quelques minutes plus tard, un vertige commença et la fatigue prit le dessus.

— Allonge-toi, Elena, enchaîna en désignant le deuxième lit médical. Il faut que tu dormes.

— Un somnifère, j’aurais dû m’en douter.

L’écoutant je m’allongeais et m’endormis rapidement. Peu de temps après l’arrestation de Julien, celui-ci avait été condamné à vingt ans d’emprisonnement par un juge de Thérénia et il était actuellement enfermé là-bas. Désormais, les sœurs d’Emma faisaient toutes les études qu’elles voulaient. J'aidais aussi Nathan à subvenir à ses besoins, en l’absence de sa sœur et il venait la voir tous les week-ends après les cours.

J’avais aussi retrouvé d’autres disparus, hormis mon père. Quant à ma grand-mère, je voulais que ce soit Océane qui m’aide à la retrouver. Depuis le début de son coma, j’écrivais dans un carnet tout ce que j’avais à lui dire, pour qu’elle sache que j’avais toujours été là pour elle. Océane était une femme forte, je savais qu’elle finirait par se réveiller un jour ou l’autre. Je l’attendrais toujours, peu importe le temps que ça prendrait.

J’avais aussi enfin fini par réaménager le château, à le rendre plus joyeux et convivial. À plusieurs endroits, j’avais accroché des photos d’Emma et moi. Quant aux photos avec Océane, je les gardais précieusement cachées dans le carnet destiné à la femme que j’aimais plus que tout. À celle pour qui je serais prête à me sacrifier et à tout abandonner, même mon trône et mon titre d’Impératrice.

À mon réveil, j’eus un horrible mal de tête. Je voulus me redresser mais Emma appuya sur mon épaule pour que je me recouche.

— Si tu ne restes pas allongé, je te redonne une dose de somnifère.

— C’est bon, j’ai compris. Et ça, c’est pour quoi ? demandais-je en remarquant la perfusion dans mon bras.

— Ne t’occupe pas de ça.

— Emma !

— Non Elena, je n’ai pas envie de te retrouver inconsciente dans un couloir juste parce que tu ne dors plus et que tu ne manges plus ! Tu t’inquiètes pour Océane, je comprends, mais il serait peut-être temps de penser un peu à toi !

— Très bien. Je vais manger, dormir et travailler depuis ce lit, ça te convient ?

— Tu devrais prendre ta santé plus au sérieux Elena. Tu ne bouges pas, je vais te chercher de quoi manger.

— Je peux au moins finir mon travail ?

— Elena !

— C’est bon, j’ai compris ! Je vais t’attendre en ne faisant absolument rien.

— J’espère bien.

Dès qu’Emma fut sortie de l’infirmerie, je me levais tout de même pour récupérer mon téléphone sur le bureau. Une dizaine de minutes plus tard, c’est le Dr Langstone qui entra. Il s’attarda quelques minutes sur Océane avant de revenir vers moi.

— C’est bon signe pour votre amie. Quant à vous, si je vous conseille de vous reposer pendant minimum deux jours, vous m’écouterez ?

— Deux jours sans travailler et c’est l’apocalypse, docteur, exagérais-je.

— Et bien dans ce cas, je ne vous laisse pas le choix. Soit vous prenez ses deux jours de repos soit je vous laisse sous perfusion et somnifère pendant une semaine. C’est à vous de voir.

— Je ne peux pas m’arrêter, docteur. Je préfère autant prendre des somnifères tous les soirs.

— On part sur ça alors. Je viendrais vous en donner tous les soirs à vingt heures pendant une semaine. Pendant ce temps-là, faites-moi le plaisir de manger correctement.

— C’est promis.

— Bien.

Quand Emma revint à son tour, elle portait un plateau rempli de nourriture. Elle le posa sur une table amovible qu’elle plaça ensuite au-dessus de lit. Je n’avais pas très faim mais je devais de manger un minimum pour qu’elle cesse d’être sur mon dos en permanence.

— Je veux que tu manges au moins une part de quiche, après tu fais ce que tu veux.

— Très bien.

— Tu vas prendre deux jours de repos ou une semaine de somnifère ?

— Les somnifères. Je ne peux pas me permettre de m’arrêter, il y a tellement de choses à faire.

— Justement Elena, il y a beaucoup de travail et tu es la seule à pouvoir le faire. Si tu mourais maintenant, il n’y aurait personne pour te remplacer sur le trône et ce serait l’anarchie. Tu as tellement fait pour cet Empire en un an et deux mois que ce serait une catastrophe sans toi. Les habitants ont confiance en toi, ils t’admirent. Mais tu dois aussi faire attention à toi, si tu veux pouvoir réparer les erreurs de ta mère et les aider le plus longtemps possible. Est-ce que tu comprends ce que ta santé implique ?

— J’ai compris, je vais faire plus attention.

Finalement, après avoir mangé ma première part de quiche, j’en repris une autre. Après avoir bien mangé, je repris mon travail, cherchant toujours le meilleur moyen d’égaliser les peines judiciaires.

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