Comme un soir d'été

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Je n’ai pas vu de lumière blanche, je n’ai pas vu de tunnel noir, je n’ai pas vu de nuages ni d’hommes ni de royaumes dans le ciel ni de portail. Je n’ai vu que toi, Mère, je n’ai vu que ton visage sans pouvoir le toucher et ton sourire sans pouvoir te répondre. Je me suis levé de cette pierre basaltique réchauffée par le soleil et j’ai crié ton nom. Aucun son n’est sorti de ma bouche, seulement une onde qui a traversé le paysage et a atteint le premier tronc devant moi. Pourquoi es-tu partie, Mère?  Me vois-tu encore ? M’entends-tu ?


Je suis seul, devant moi les arbres, la forêt, la terre ferme et ivoire sous mes pieds et les rayons filtrant à travers les branches, épées de cristal qui touchent ma peau. Et comme un derviche-tourneur, je tourne sur moi-même, tourne de plus en plus vite et ferme les yeux pour mieux revoir les tiens, et ta bouche et tes cheveux. L’air est doux comme un soir d’été, ces soirs que j’aimais tant tu le sais, quand je ne voulais pas rentrer et que je souhaitais profiter encore des teintes du ciel et retenir un peu de lumière. Que je voulais me rouler dans l’herbe, jouer encore, marquer un dernier but, danser, chanter, connaître les plantes et les oiseaux. Repousser le temps.


‘Joue, danse, chante, viens. Viens. Il est temps’. C’est toi, oui, je t’entends. Je cours, tout droit, je cours vers toi Mère, je cours et tu m’encourages comme sur le bord de la piste, je cours tout droit et écarte les branches de mes mains, je souris et je cours pour ne pas t’oublier. Le chemin monte et ton souffle est de plus en plus chaud, le chemin monte doucement et je ne souffre pas. Il n’y a plus que le sol, la lumière et cette chaude atmosphère. Non, je n’ai pas peur, je continue et tu me portes dans les airs. Il n’y a plus de sol, il n’y a plus d’arbres, il n’y a plus de course, il n’y a plus de corps. Il n’y a plus que ta voix.


« Tu seras le premier souffle de l’enfant-né, tu seras une montagne, tu seras un fleuve charriant les sédiments anciens et sédiment ancien tu seras, tu seras cette poignée de main fraternelle, tu seras la sève du séquoia, tu seras l’inspiration du savant, tu seras le cri d’amour de la prostituée pour sa fille, tu seras le sourire de l’élève qui apprend, tu seras la main du peintre, tu seras le sable de la plage, tu seras les jambes du guépard, tu seras la joie du repas, tu seras le souvenir du monde. Et tu resteras mon Fils. »


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