Problème n°1

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Au sein de Liverpool, une ville d’Angleterre près de la mer d'Irlande, dans un lycée, construit récemment il y a quelques années pour garçons et filles, le matin était très agité pour deux élèves en particulier. Réunis dans la même classe pour leur première année dans leur tout nouveau lycée, ils ne s'étaient encore jamais parlé. Jamais dans le même groupe pour les travaux en communs, et toujours séparé par leur entourage, ils étaient des inconnus. Leur regard ne font que se croiser par moment dans la classe et dans leur couloir, sans raison apparente.

Les jours passèrent sans qu'ils se parlent, éloignés l'un de l'autre. L'une était dans le fond de la classe, près de la fenêtre et l'autre était assis au premier rang, devant le bureau du professeur.

Jeudi 21 mars : 8 heures 10

Ce matin, Peter McGarden était encore et toujours entouré des filles de la classe, et aussi des quelques garçons qui aimaient sa compagnie, comme à son habitude, tandis que Marie Hamilton entrait bruyamment dans la classe, perturbant la bonne humeur qui régnait en son sein, les bras recouverts de bandages et le visage portant un grand pansement blanc sur la joue. Sur les contours du pansements, sur sa peau matte, on pouvait remarquer un faible couleur bleue, qui passait au vert.

Son uniforme n'était jamais mis correctement, la jupe noire trop longue, lui arrivant à mi-mollet, une chemise blanche chiffonée et mal boutonnée et le blazer bleu déchiré au niveau des manches, et pourtant, personne ne comprenait pourquoi elle souriait toujours, avec énergie. Cependant, cette journée était quelque peu différente, Marie était venue dans la classe avec des yeux gonflées, elle avait pleuré juste avant de venir au lycée.

Le premier cours de la journée venait à peine de commencer, Peter remarquait dans les mains de Marie des petits tournevis entre le bureau et ses cuisses, il ne voyait pas ce qu'elle réparait, mais elle tournait des vis, insérait des photos de visages heureux, bien que celui de Marie s'assombrissait à vue d'oeil. A l'heure suivante, Marie avait disparu avec un grand sourire, personne ne savait où elle était allée, les élèves de la classe savaient juste qu'elle était revenue avec encore plus de blessure. Des bleus qui ne pouvaient être complètement recouvert par des bandages, et un coquard à l'oeil gauche. Peter n'a pas été plus intéressé par elle, pensant seulement qu'elle n'était qu'une fille à problèmes, qu'il fallait éviter à tout prix.

C'est ce qu'il pensait jusqu'à qu'il la voit travailler dans un garage, le front teinté de suie, des gants aux mains, et une tenue taché d'huile avec des dizaines de blessures apparentes sur ses bras fins de jeune fille. Lorsque la mère de Peter allait emmener leur merveilleuse Mercedes au garagiste, il fut surpris de la voir discuter librement avec sa mère, la directrice d'une grande marque de vêtement, comme si elles étaient des copines de longue date. La mère de Peter, Amanda, était une femme raffinée, toujours habillé des vêtements les plus luxueux, un fort caractère avec un sentiment de justice très aiguisé, et à côté, Marie ressemblait à un canard hideux autour d'une horde d'oies élégantes. Amanda présentait Marie à son fils, Peter, qui descendit de la voiture, la salua en tendant sa main. Marie était timide, et anxieuse de serrer la main du garçon qu'elle ne connaissait pas.

- Peter, ne sois pas aussi frustré. Marie n'est pas très habituée aux garçons. Intervint Amanda en caressant la tête de son enfant. Comment va ta mère, à la maison ?

Pour la première fois, Peter vit un soupçon de vide et une froideur profonde sur le visage de Marie en mentionnant sa mère, malgré son sourire imposant qui ne disparaissait jamais. Amanda caressait doucement la tête de Marie, la réconfortant doucement. Marie se rapprochait de la voiture de la femme et remarquait les problèmes qu'elle avait, elle faisait simplement son travail, avec autant de précision qu'un professionnel. Ce qui pouvait parfois attirer la jalousie de ses collègues. Pendant ce temps, dans la grande salle d'attente du garage, Amanda parlait de Marie à son fils, discutant avec lui des nombreuses blessures qu'elle portait sur ses bras.

- Mon fils, tu ne dois pas juger par l'apparence. Marie est très réservée, elle enferme tout, jusqu'à qu'elle ne soit plus capable de tout libérer.

- Et ces blessures, Mère ? demanda Peter, d'un air sérieux, avec un regard accusateur envers Marie.

- Pourquoi ne pas vérifier toi-même ?

Le sourire rare sur les lèvres de sa mère pourfendait son visage féminin, il était étonné par cet enchaînement de coïncidence, il n'arrivait pas à reconnaître que Marie ait réussi à faire sourire sa mère stoïque, que lui n'avait jamais réussi.

Il la suivit discrètement après son travail, il la vit se faire frapper par une casserole au visage, il n'a rien pu faire, rien dire. Le visage de la femme qu'il l'avait frappé, c'était le même que celui de Marie, il a fui tel un lâche lorsque le regard de Peter a croisé celui de Marie. Les rues sombres du quartier luxueux, l'appartement de Marie aux tons crasseux, il voyait très bien malgré l'obscurité la violence familiale qu'elle subissait. Il a voulu fuir la vérité et sans aucune volonté de l'aider, il s'est mis à courir dans l'obscurité de la nuit, la laissant seule.

Vendredi 22 Mars : 8 heures

Le lendemain, Peter voyait Marie entrer dans la classe avec le sourire, comme si de rien n'était, comme si la violence de la veille n'était qu'une illusion de sa part, il se sentait frustré qu'une fille comme elle puisse attirer l'attention de sa "Maman", et sans hésitation, il lui dit :

- Arrête de sourire, ça te rend encore plus hideuse.

La brutalité de ces mots a réveillé Marie, à demi endormie, elle ne s'est jamais attendue à ce qu'il lui parle ainsi, ils ne s'étaient à peine parler. Aucune conversation n'a jamais été créer entre eux. Elle savait qu'il était venu jusqu'à son appartement, hier soir, et qu'il l'avait vu se faire frapper. Elle l'a regardé, s'est incliné légèrement et lui a répondu :

- Excusez moi d'être hideuse, McGarden.

Elle ne parlait pas de ce qu'il avait vu, elle s'excusait simplement, elle se considérait en tort pour avoir pourri leur yeux avec son apparence, qu'elle considérait elle-même hideuse.

La classe devint subitement silencieuse, la voix douce de Marie et ses discours très polis ont surpris la classe, tout en voyant son sourire disparaître, tandis qu'elle regardait par la fenêtre assis à sa place. Elle n'avait jamais vraiment parlé ouvertement ainsi, les seules fois qu'ils l'avaient entendu parler étaient lorsqu'elle répondait au professeur, des réponses précises, sans aucune argumentation.

Pause du midi : 12 heures 30

Les filles qui idolâtraient Peter ont demandé à Marie de les suivre, elle s'est levée subitement et a commencé à courir avec son sac à dos sur son épaule, elle a fui pour ne pas créer de problème, qui traduisait un refus à leur demande. Peter voyait sa présence imposante, dont le sourire avait disparu, il ne pensait pas blesser autant la jeune fille qu'il venait à peine de connaître en un jour, il pensait seulement qu'elle ne devait pas sourire si elle souffrait, il avait emmêlé ses mots.

Il la retint en lui serrant le bras, et avant qu'il ne comprenne, Peter vit la jeune fille s'évanouir au sol, après un gémissement de douleur. Son bras qu'il tenait avait une texture visqueuse, et il vit du bras enroulé de bandage du sang coulé abondamment. Personne ne savait que faire, les élèves l'entouraient soudainement, ils la voyaient se recroqueviller sur elle-même, les yeux plissés. Camille, un grand gars aux cheveux rouges teints, pris Marie sur son dos et l'a emmené jusqu'à l'infirmerie. Peter ne savait plus quoi faire, il se sentait coupable pour ce qui venait de se passer, parce que tout ceci est arrivé après avoir insulté la jeune fille.

"C'est de ma faute"

16 heures 40

Des murs blancs devant elle, la sensation de froideur des draps sur sa peau, et la sensation de sommeil, elle a relevé le buste subitement, la respiration saccadée avec la peur dans la peau. Elle a toujours eu peur de dormir paisiblement sans inquiétude depuis la fin du collège, de peur que sa mère l'attaque dans la nue. Camille était assis sur un tabouret à côté du lit de Marie, il a doucement caressé le dos de la jeune fille pour calmer ses humeurs, tandis que Peter se cachait dans le couloir, ayant eu trop peur d'entrer lorsqu'il a vu Marie se réveiller.

- Mademoiselle Marie, tout va bien ? demanda Camille d'un visage inexpressif en offrant un café noir dans un thermostat à Marie.

Peter, qui écoutait depuis le couloir ne comprenait pas le vouvoiement que Camille, un élève dit turbulant et dangereux, utilisait pour parler à Marie, une élève du même âge qu'eux. Il entendait Marie boire, et l'odeur du café noir arrivait jusqu'à ses narines, les seules pensées qui lui parvinrent furent "Ils se croient dans un café ?". L'inquiétude pour l'état de la jeune fille avait complètement disparu de son esprit.

- Regarde moi sincèrement, mon ami. Penses-tu que je vais bien ? rétorquait Marie en détachant ses longs cheveux blonds.

- Encore ta mère ? Que font tes grands frères et ton père ?

- ...

un regard de dégoût s'est dessiné sur son visage, parler de son père et de ses frères était interdit. Jamais ils n'ont été là quand elle en avait le plus besoin, elle ne les considérait même plus comme sa famille. Pour elle, ce sont simplement des étrangers. Entendant le son de la voix répugnante de sa mère, elle est descendu du lit difficilement et s'est rapprochée de la fenêtre près du bureau de l'infirmière absente. Elle franchissait doucement la fenêtre ouverte, et tournait la tête légèrement vers Camille.

- Ma vie est en péril, si je reste avec Mère.

Malheureusement pour elle, un professeur la surprit et la prit de force pour l'emmener jusqu'à sa mère, qui l'a immédiatement ramené chez elle. Sans aucune pitié, elle se fit insultée d'incompétente, puis frappé brutalement avec des ustensiles de cuisine. Elle crachait sa salive à chaque coup de casserole dans le ventre tandis que sa mère fumait calmement une cigarette. Marie lui suppliait plusieurs fois d'arrêter, en retenant son urge de la frapper en retour, mais dans sa tête, des règles resurgissait tout le temps, lui empêchant de perdre les moyens et d'agir violemment.

Elle reçut le coup final lorsque un couteau large et aiguisé est venu transpercé sa peau blanche au niveau de l'estomac, un cri de détresse a retentit dans l'appartement moindre, elle retirait doucement le couteau et un jet de sang coulai de son corps. Elle relevait la tête vers sa mère, qui avait un grand sourire heureux, tout en léchant ses lèvres recouvertes de rouge à lèvres écarlate. Touchant delicatement son ventre, sa main fut recouverte de sang, ses forces commencaient peu à peu à l’abandonner, et sa vue devenait de plus en plus étroite et floue.

Elle jeta la table sur le corps de sa mère et s'est enfuie aussi vite qu'elle pouvait, elle avait son téléphone en main, et essaya d'appeler quelqu'un. Elle remarquait qu'elle n'avait personne qu'elle pouvait faire confiance, elle était seule dans sa détresse. Si elle appelait son père et ses frères, ils ne répondront pas, et elle n’avait perdu qu’elle pouvait mettre en danger.

Sa seule possibilité était le garage où elle travaillait toujours, marchant aussi vite qu’elle pouvait, trébuchant à chaque pa, elle vit les portes noires du garage quelques mètres d’elle. Sans aucune force restante, elle s'écroula sur ses genoux à l'entrée du garage, tout autour d'elle devint sombre, bien que le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Elle perdait toute force dans son corps et s'endormit sur le sol gras et poussiéreux, entouré de l'odeur de l'huile moteur des machines automobiles autour d'elle, une odeur qui la rassurait. Elle n’entendait plus rien, ne voyait plus rien et ne ressentait plus rien dans son corps balafré et immonde, meurtri par sa mère.

« Vais-je mourir ? » pensait la jeune fille dans la douleur.

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