Chapitre 140 : Le temps des semailles, quatrième semaine sixième jour (Loup) (1/3)

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Chapitre 140 : Le temps des semailles, quatrième semaine sixième jour (Loup) (1/3)

« Cul de basse-fosse, dernier sous-sol de la citadelle du dieu unique »

Levé dès potron-minet, Loup est déjà depuis plusieurs heures à suivre les enseignements de celui qui s’est présenté à lui comme Wulfoald le dernier suzerain de Dragonne.

Les premiers jours ont été difficiles, déjà du fait que le jeune apprenti avait du mal avec la langue utilisée par Wulfoald qui apparemment ne connaissait ou tout du moins ne voulait utiliser que la sienne.

Loup comprit très vite que c’était nécessaire pour son apprentissage qu’il n’ait plus comme jusqu’à présent à retraduire les mots dans sa langue, mais bien que ses pensées trouvent tout de suite leur chemin pour engendrer des sorts beaucoup plus puissants.

Bien sûr Wulfoald n’était alors pas conscient du potentiel extraordinaire du jeune et frêle damoiseau, tout souriant et humble qui lui a porté secours, jusqu’à ce qu’il apprenne par le hasard d’une conversation l’existence d’un frère jumeau maître guerrier au temple de Linn.

***/***

« Retour d’une bonne semaine et demie en arrière. »

Le jeune Loup commençait alors à mieux le comprendre, aussi Wulfoald s’est-il permis quelques questions restées sans réponse depuis que l’anneau de contre-pouvoir lui a été ôté du doigt et qu’il n’a plus ressenti cette douleur qui depuis si longtemps l’empêchait de pouvoir aligner deux réflexions d’affilée.

La souffrance qu’il ressent encore n’est plus que celle de son corps meurtri, vieillissant et affamé, n’ayant plus rien à voir avec celle qui était devenue sa seule compagne au fil des décennies.

- Je sais qu’il existe un second anneau comme celui que j’avais au doigt, pourquoi l’archiprêtre ne te l’a-t-il pas mis à toi aussi ?? Peut-être n’est-il plus en sa possession ??

Loup essaie de mettre les mots qu’il entend bout à bout afin d’en comprendre le sens, une fois chose faite il prépare une réponse qui devrait satisfaire la curiosité du vieillard.

- J’étais dans le corps de mon frère et lui dans le mien, je n’ai donc ressenti la souffrance que par le biais du médaillon que je portais au cou et qui me reliait à mon jumeau, lui par contre de par sa formation au temple de Linn a pu faire en sorte de ne pas montrer celle nettement moins forte qu’il ressentait.

Les yeux du vieil homme se révulsent soudainement, ses bras dans un réflexe involontaire le faisant reculer jusqu’au fond de son cachot.

Loup répète alors sa phrase, pensant qu’il a dû y donner un sens incorrect et de ce fait a amené ce mouvement de répulsion, mais aussi de terreur insidieuse sur les traits déjà fortement marqués de son compagnon de cellule.

Rien n’y fait et l’homme continue à le regarder comme le dernier des pestiférés, se plaquant en tremblant contre les murs du cachot dès qu’il entamait le moindre mouvement dans sa direction.

Ils sont restés deux longs jours chacun de leur côté, avant que Wulfoald comprenne que peut-être il était différent et ce devant les attentions particulières du jeune garçon à lui amener des fruits et de l’eau à portée de main, toujours avec un sourire troublé aux lèvres.

Loup a alors eu les explications qu’il attendait, il a compris aussi ce jour-là que le royaume qu’il cherchait désespérément dans ses souvenirs et sur la carte de Penn en possession de Dogon mais qu’il a apprise par cœur, n’était en fait que le véritable nom non-déformé par le temps de l’île des rois dragons.

Quelle ne fut pas sa stupeur en comprenant que l’homme qui partage son infortune n’est rien de moins que le dernier roi dragon, alors que tous sur Goth ne parlaient plus d’eux que comme des contes racontés aux enfants durant les longues veillées hivernales et venant d’un passé si lointain que plus personne ne croyait même qu’ils aient pu avoir réellement existé.

Maintenant Loup se rappelle également qu’il en était de même pour les Gnomes, alors qu’il est bien placé pour savoir ce qu’il en est.

C’est en pensant à Tilbo, à Kazbo et à son père, qu’une autre question ce jour-là eut une réponse si terrible que c’est Loup cette fois qui s’en retrouva prostré.

Wulfoald lui indiquant tristement comment son serviteur a mis fin à ses jours en comprenant mais surtout en ne pouvant supporter le martyre de son maître, alors qu’il ne pouvait lui venir en aide enfermé qu’il était dans la même geôle où Loup s’est retrouvé emprisonné.

Il s’est rappelé alors du petit tas d’ossements qui finissait de pourrir sur le sol humide de la cellule, ossements qu’il a lui-même fait disparaître en voulant améliorer la détention de son frère.

Bien sûr la question fut posée de savoir comment l’archiprêtre d’alors avait bien pu l’y enfermer, la réponse laissa encore une fois Loup dans l’expectative quand il apprit qu’un traître à sa race doté de forts pouvoirs avait tout orchestré, comme il avait orchestré la fabrication des deux anneaux.

Le sourire lui est toutefois revenu quand Wulfoald lui a appris quel sort il lui a été réservé par celui-là même qui l’avait détourné de son honneur, comprenant alors l’utilité du deuxième anneau.

Son calvaire dura quelques dizaines de « doubles lunes » avant que l’archiprêtre de cette époque ne le fasse passer à trépas pour récupérer l’anneau dans le but de l’utiliser aux fins où il sert encore à ce jour.

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