Ekki Múkk

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Við höldum andanum
Eins lengi og
Við getum náð


Ne crie pas ne pleure pas
ne tremble pas
ce que tu tiens contre ta
poitrine et entre tes bras
est un corps sans vie
ignore-le encore un peu
fais comme si tu n'avais
pas compris et enfonce-toi
encore les herbes folles
jusqu'aux mollets sous ce ciel
d'orage où le vent te pousse
dans le dos pour t'enfoncer encore
la clairière est grande mais
tu approches des arbres
en lisière et tu distingues déjà
les saveurs du sous-bois
l'odeur des mûres et de la résine
celle secrète qu'une averse a tiré du sol
le parfum profond de l'intimité de la terre

Les coups de feu sont derrière toi

Comme un animal traqué tu geins
ressers ton étreinte et te hâte sous le vent
qui fait trembler ce ciel d'orage qui te menace
lourd comme ton petit fardeau qui
ne bouge plus qui ne pleure plus mais qui
saigne encore avec lenteur pour ne pas te presser
tu respires fort comme pour te noyer
l'odeur de sa gorge ressemble à l'odeur de la terre
d'un secret découvert

Les ronces t'attendaient là à l'orée du bois
attendaient que tes jambes nues étanchent
leurs soifs
pourquoi crois-tu que les mûres laissent
les doigts rouges
tu sais maintenant de quoi elles s'abreuvent
ne t'arrête pas ou elles ne te laisseront pas
repartir elles voudront que tu restes avec elles
ou que tu le laisses derrière toi et tu sais que tu ne peux pas le lâcher
car il est ton frère

Tu le remontes contre toi sa fourrure
poisseuse épouse ta peau son museau
se repose dans ton cou
il ne vient plus comme avant lécher doucement
ton menton comme pour te dire de ne pas crier
de ne pas pleurer et de ne pas trembler de t'enfoncer encore et encore
dans ce monde où le tonnerre roule au loin
où les arbres étirent leurs feuillages pour te faire une cabane
et où les ronces préparent ton lit

Il pleut maintenant il pleut encore
une pluie froide qui réveille ton ventre
et qui te donne envie de tomber sous la pluie tu ne peux plus
l'ignorer tu le vois bien qu'il ne se débat plus
contre ton torse que son corps ne dort pas
tu vois bien que son sang est noir que ses poils ont terni
qu'il ne couine plus jusqu'où vas-tu
encore fuir pour le sauver pour le guérir des hommes
dans quel pays dans quelle vallée dans
quelle langue lui parler pour le rassurer de toi
combien de temps avant que tes forces n'abandonnent
ta route tes genoux saignent et sont couverts de boue
cette boue qui colle même à tes paupières

Il y a ce chêne si tu regardes bien juste là-
bas un peu plus loin au bord de ce trou ce creux de terre où flotte un voile
de brume regarde comme ses racines sont rondes comme
elles sont larges et accueillantes comme les bras de ta mère tu
ne peux plus aller plus loin sans sommeil alors tu t'allonges là
entre l'écorce blotti contre le bois et tu sers ton frère contre ton visage il
ne te réchauffe plus comme avant et
seules tes larmes de bravoures enflamment tes joues

Si tu t'endors ici
Tu le sais
dis-le
Tu ne te réveilleras jamais
Tu restes ici avec lui
Tu restes ici
avec lui
Animaux
Les mains rouges rouges de son sang
enfouies dans sa fourrure d'automne
morte morte et rêche comme un vieux rêve
qu'on aurait serré trop fort
Plein de boue
tu demandes pardon
D'être homme
et lui renard

Je m'endors
sans savoir

Andann köfum niður
Og leggjumst


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