Brisée. Morcelée. Fragmentée. On m'a dit de suivre mon coeur, mais quel bout ? On m'a dit de ne pas quitter mon chemin, en ai-je déjà eu un ? Cette fille m'a fait perdre la tête, elle m'a fait perdre la raison. Elle m'a détruite tellement de fois, chaque jour un peu plus, que je n'existe plus. Je pense à elle et j'ai mal. J'ai mal parce que je l'aime encore, la douleur m'anéantis, me vide de mon souffle, me vide de mon sang. Je ne suis qu'une statue de glace abandonnée par le temps.

 Juste sous mes yeux, elle a embrassé une autre fille, son regard braqué dans mes larmes. Quelqu'un m'a bousculé et je suis tombé à terre, il pleut et mes vêtements sont pleins de boue. Elle a continué à l'embrasser, personne n'est venue m'aider alors que je perdais pied... Des taches opaques ont obscurci ma vision quand un coup de talon m'a perforé l'estomac, un cri muet s'est échappé de mes lèvres ensanglantées quand j'ai senti une semelle de chaussure me frapper le visage. Impuissante j'ai essayé de me protéger avec mes bras frêle, en vain. Mais de toute cette douleur, de tous ces hématomes, le pire a été de la voire me regarder, puis me tourner le dos, le bras sur la hanche de sa partenaire. Que pouvais-je faire ? Perforée par l'amour que je lui portais j'ai sauté dans le vide. Ce même vide que je pouvais voir dans ses yeux quand elle me regardait. Quand on ne regarde rien, on contemple le vide. Je ne suis rien, je suis le néant. La preuve, sous tous ces coups d'injustices je pars, et personne ne me pleurera. Je suis une putain de poussière !