23 mai - 15 heures

Une minute de lecture

Gabrielle dansait, se déhanchait et pliait sa taille.

Elle levait les mains et les faisait joliment tournoyer dans l'air.

Ses yeux et ses lèvres souriaient à peine.

Sa robe faite de voilage transparent dévoilait plus qu'elle ne dissimulait.

Quelqu'un quelque part l'applaudit.

" Tu es magnifique, Gabriella. Magnifique. Une suggestion, cependant.

- Oui, Luis ?"

Les fesses, les seins, le ventre, tout était enserré dans une fine gaze.

" Tu devrais danser nue, mi corazon.

- Je te vois venir, tesoro."

Gabrielle rit et tournoya encore.

" Il faudrait imaginer avec de la musique, expliqua la cocotte. Des timbales et de la flûte.

- J'imagine très bien, Gabriella," rétorqua l'Espagnol, essoufflé.

La cocotte accentua la danse et se pencha tout à coup en avant. Ses seins pointaient sous le voile et Don Luis Perenna, grand d'Espagne, se tut.

" Cléo de Mérode m'a dit de te rappeler à son bon souvenir, Luis, ricana la femme.

- Qui ?"

Cette fois, le rire éclata dans le bureau du capitaine de la Légion.

Dehors, sur le champ de manoeuvres, les soldats évoluaient. On entendait des ordres et des cris. On percevait le mouvement des régiments et le bruit des pas rythmés.

Pourtant, le rire d'une seule femme dominait l'ensemble de cette cacophonie martiale.

Il ne suffit que de quelques effets de voile supplémentaires pour faire plier le ténébreux capitaine espagnol.

Deux bras vinrent brutalement saisir la taille de la danseuse et une voix dure murmura :

" Basta ! Tu m'as assez chauffé, Gabriella !"

Une bouche empressée vint prendre ses lèvres et des mains cherchèrent ses seins à travers le voile.

" Mhmmm ! Tu crois que je fais suffisament illusion ? Je dois danser pour ces Allemands...

- No. Solo para mi.

- Vraiment ? Et la mission ? Je dois rencontrer Mata-Hari ! Il faut que je remplisse bien mon devoir, mon capitaine.

- Tu me rends fou, mujer !"

Gabrielle rit encore, elle se laissa déshabiller puis son capitaine l'étendit sur son bureau. Avec autorité, il s'empara de cette femme qui jouait ainsi de lui.

La cocotte griffa ses épaules et trouva encore le souffle de lui murmurer dans l'oreille :

" Mon bel Espagnol... Mi querido...

- Ma Gabriella... Mi corazon..."

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