3 mai - 15 heures

2 minutes de lecture

Les journaux faisaient le bilan du 1er mai. On comptait plusieurs arrestations pour outrage et violence envers les forces publiques.

Gabrielle du Plessis n'était pas une femme violente, elle n'avait pas poussé à la révolte ni à l'agression. Il y avait des jours dans l'année où la colère parlait aux coeurs et manipulait les esprits.

L'inspecteur Javert tournait autour d'elle et faisait claquer le talon de ses bottes. La cocotte leva les yeux et sourit à son ami. Elle venait de finir de lire la presse.

" Je ne vois nulle part de femmes arrêtées. Juste 9 arrestations, c'est un petit score.

- Tais-toi, Gabrielle !, claqua le flic.

- Tu crois vraiment que je risquais quelque chose ?

- Avec ton écharpe rouge et tes cheveux lâchés ? Oui.

- Je suis plus forte que tu ne crois !"

Javert soupira et se frotta les yeux, fatigué.

" Je sais. Mais je connais mes collègues. Tu es trop belle pour ton bien.

- Pffff."

L'inspecteur offrit un café encore chaud à sa compagne.

" Une femme qui chante un chant communard, qui se pavane en chemise et qui danse devant le barrage des flics, que crois-tu que tu risquais, ma joliette ?

- Une gifle ?

- C'est Puchot qui t'a vue, il m'a envoyé te chercher. Le daron n'est pas au courant."

Gabrielle se tut et apprécia le café. Javert le faisait bien, il l'aimait corsé et noir.

" Je vous remercie Puchot et toi, dans ce cas. Mais je suis sûre que vous exagérez, les poulets.

- Un poulet pour défendre une cocotte, c'est bath, non ?, sourit Javert.

- Merveilleux ! Surtout quand ils sont deux ! Et M. Lenormand ?

- Il régle ses comptes au Ministère des Colonies.

- Comment ça ?

- Une promotion, ma joliette. Un poste de gouverneur en Cochinchine. Cela ne se refuse pas !

- En Cochinchine ?

- A Saïgon, ma joliette. A Saïgon."

Gabrielle baissa la tête, le café devenait difficile à boire. Trop fort, trop dur.

Javert se pencha vers son amie et lui sourit de son mieux. Un sourire affreux.

" Allons la joliette ! Un flicaillon ? Tu as d'autres jobards dans ta poche, non ?

- Tu es un salopard, parfois, tu sais ?

- C'est ma marque de fabrique !, claqua l'inspecteur. Et tes mômes ?

- La campagne leur fait du bien !

- Tu ferais bien de les rejoindre, ma joliette."

Vivre à la campagne ? Pourquoi pas ?

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