Je suis née une nuit de printemps.
9 mois passés à ruminer, ma mère le disait, elle aurait dû m’avorter.
Je n’ai jamais connu mon père, il a toujours été absent.
Je crois que je suis née avec le cœur brisé, beaucoup de chagrins, et si peu de sourires.
J’ai connu les pleurs et puis les cris.
Les coups, les menaces.
La peur, la terreur.
J’ai vécu dans l’ombre en espérant le lever du jour.
Maman vidait les bouteilles de whisky alors que je rêvais secrètement de partir d’ici.
Et quand elle attrapait celles de vodka, je pleurais amèrement sous mes draps.
J’avais des fissures au cœur, des hématomes à l’âme.
J’étais une Enfant du Ciel, j’ai toujours aimé le bleu.
Oui, j’adorais ça.
Sauf sur mon corps. Sauf dans mes yeux.
Chaque jour dans le miroir, je voyais cet être émietté.
Qui regardait ses joues, petit à petit se creuser, et ses kilos s’envoler.
Et lorsqu’elle tendait les bras, désespérée, elle n’attrapait que du vent.
Et à chacun de ses appels à l’aide, les gens préféraient rester sourds.

<< Une mère peut bien faire ce qu’elle veut à son enfant. >>

Je me souviens des regards insistants des professeurs, de ces faux sourires pour rassurer tous ceux qui me tenait à cœur.
J’étais ce petit oiseau brisé, fracassé.
Celui qui n’a pas encore appris à voler, qui ne rêve que de liberté.
L’oiseau malade qui faisait comme si de rien n’était.

<< Allez, t’inquiète pas. Il va rien m’arriver, j’suis plus forte qu’on le croit, tu sais. >>

Je ne pensais jamais trouver le bout du tunnel.
Et puis Il est arrivé.
Il a balayé mes peurs, emporté mes pleurs.
Et, peu à peu, l’oiseau a déployé ses ailes.
Guérissant mes plaies, réanimant mon âme.
J’ai fini par ne voir du Bleu que dans le ciel.
Et plus sur mon corps.
Mon histoire n’est pas joyeuse, elle est même plutôt scandaleuse.
Pendant longtemps, je n’ai fait que survivre.

Mais aujourd’hui…
Oui, aujourd’hui, je vais vivre.