Scène II

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  On entend à nouveau la même chanson provenant du vieux juke box :

Hear the jokes, have a smoke, (Entendre les blagues, fumer un clope)
and a laugh at the clown (et rire du clown)

  Les deux femmes, une maigre et l’autre bien roulée et l’homme, quelconque, qui occupaient les tabourets montent sur l’estrade sous les applaudissements. Une table et deux chaises ont été placées sur l’estrade, Du pain, un jambon, une bouteille de vin et trois verres complètent le décor.

La 1ère femme – Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai une petite faim !

L’homme - Il sert le vin, sans rien dire, prend un couteau et coupe de fines tranches de jambon qu’il pose sur des morceaux de pain.

La 1ère femmeElle prend un morceau de pain avec du jambon, le mange et dit : merci mon ami, il est fameux ce jambon !

La2ème femme – Ce n’est pas bon pour le régime, ni le vin.

L’homme - Tu serais pas un peu rabat-joie, voire pisse-vinaigre toi ?

La 2ème femme – Vous pensez ce que vous voulez, ça ne change rien au fait ! Quand vous aurez fini de bâfrer, on pourra peut-être jouer ?

La 1ère femme – Il a raison, qu’est-ce que tu peux être chiante ! Bon ! On en était où ?

L’homme - À Aurore, les fesses à l’air, couchée dans le champ avec guignol et les sept lutins ! Elle adore ça se coucher dans les champs...

La 2ème femme – Putain les mecs ! Vous êtes vraiment obsédés ! c’était pas Aurore mais Eva

La 1ère femme – Mais pas du tout, c’était Lutécia et c’était pas guignol mais Gnafron et Madelon !

La 2ème femme – Ah bon ! Un mec et une meuf ! Elle bouffe à tous les râteliers celle-là ?

L’homme - C’est pas bientôt fini ces commentaires déplacés sur la vie sexuelle des unes et des autres ! On en était à Charlotte qui sort de la gare avec son héron cendré…

La 2ème femme – Il était pas mort celui-là ? Bouffé par un crocodile flambard, ou étouffé dans un cul de baleine, je sais plus trop ?

La 1ère femme – Mais non ! Électrocuté par une aiguille, l’électrochoc quoi !

L’homme - Y aurait comme une anguille sous roche là, mais avançons un peu, Nwar en sortant de la gare hèle un taxi en maraude…

Une spectatrice (Hel) – Y’en a marre maintenant de vos allusions ! Je suis ni une taxi girl ni en maraude. Maraud vous-même !

L’homme – Je vois que Mademoiselle a la répartie à fleur de peau, pourtant personne ne songe à la vexer ni à la prendre pour une taxi girl ou une fille en maraude, oublions ce malentendu et poursuivons, Gigi demande au taxi de la laisser rue du Mexique…

La 1ère femme – T’as rien compris ! Elle en vient, elle n’y retourne pas !

L’homme – Ne m’interromps pas, Cornélie descend du taxi, le vent ébouriffe sa belle chevelure, elle se dirige vers une maison plutôt cossue, appuie sur la sonnette, un homme ressemblant à d’Ormesson vient ouvrir…

La 2ème femme – Alors lui, je suis sûre qu’il est mort, j’étais à son enterrement…

L’homme – J’ai dit « ressemblant » ! Anavell suit Johnny dans la maison…

Un spectateur - C’est qui ce Johnny ?

La 1ère femme – Si vous le laissiez parler, vous l’apprendriez peut-être !

L’homme – Je reprends, Elderwé et Guignol s’installent sur le grand canapé et commencent à manger des chips…

La 2ème femme – Les chips c’est pas bon non plus, pleins d’huile et de sel, il vaudrait mieux croquer une pomme…

L’homme – Et merde ! À force, pour les interruptions !

La 2ème femme – Tu pourrais rester poli, vu que t’es pas joli !

L’homme – Tu t’es vue, on dirait un jeu d’osselets !

La 1ère femme – Tsss Tsss, je vous rappelle qu’on est sur scène pas dans les loges ! S’adressant au public, excusez-les, le climat est un peu électrique ce soir ! Allez, mon ami, reprends !

L’homme – Donc Sortilège offre une pomme à Guignol qui, n’étant pas tombé de la dernière ondée, la repasse aussi sec à Cannelle. (la pomme, pas l'ondée bien sûr !). Violette venue avec sa fille, spécialiste de balèti, envisage de la faire cuire (la pomme, pas sa fille) avec du miel, à l’étouffée dans son four solaire mobile…

Une spectatrice – C’est quoi « un four solaire mobile » ?

La 2ème femme – Qu’est-ce qui vous chiffonne ? Qu’il soit solaire ou qu’il soit mobile ?

La spectatrice – C’est parce que je dois changer le mien et un four solaire ça paraissait pas mal et si en plus on peut le déplacer…

Une autre spectatrice – Ah oui ça a l’air bien ! Et on peut le trouver où ce four?

La 2ème femme – C’est vrai quand on y réfléchit, un four solaire mobile..

L’homme – C’est pas bientôt fini ces conneries ! On n’est pas chez Brad Pitt ou Kung Fu !

La 1ère femme – C’est quoi ce délire ?

L’homme – Pour pas faire de pub aux vendeurs d’électroménager, genre Brad Pitt et réal et Kung Fu rama.

La 2ème femme – Je vois, continuons !

La 1ère femme – Ah, non ! D’abord y a plus de jambon ni de pinard et puis la scène est terminée, je sors !

La 2ème femme – Comme un vieillard !

La 1ère femme – Comment ?

La 2ème femme – Tu sors de scène comme un vieillard en sort ! C’est un kakemphaton de Victor Hugo.

L’homme – Oui et il ajoutait « tout en faisant des vers comme un vieillard en f'rait. »

  Ils sortent de scène sous les rires et les applaudissements

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